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18 septembre 2014 4 18 /09 /septembre /2014 16:41
Onfray et Bourge même combat !

Onfray et Bourge même combat !

Michel Onfray, fils naturel de Jean-Paul Brighelli et de Farida Belghoul ? s’interroge L’Express après ses propos sur France Inter, le 12/09/2014. Du lourd, il est vrai ! Puisque non content de déplorer « la disparition des notes, la disparation des copies, la disparition des profs », il prétend qu’à l’école « il faut apprendre la théorie du genre ». Enfoncé Finkielkraut, enfoncée Polony. Avec Onfray, le pire est toujours sûr.

 

Propos de comptoir tenus de bon matin après un café trop arrosé, comme on en boit aux petites heures en Normandie, que ces affirmations qu’à l’école on n’apprend plus à lire et à compter ? Que nenni ! Car sauf à imaginer que le penseur normand ne carbure qu’au calva, il a écrit pire dans le un, n° 23.

Vers 6'

« Si je suis devenu ce que je suis devenu, je le dois à l’école républicaine et aux bourses… Aujourd’hui, un enfant issu des classes modestes n’a sociologiquement presque aucune chance de sortir de son milieu. Les analyses de Bourdieu (…) restent d’une cruelle actualité : l’école ne permet quasiment plus à un élève de s’élever l’âme, l’esprit, le cœur, l’intelligence. Panne d’ascenseur social… 

J’ai eu la chance d’apprendre à lire avec la méthode syllabique… j’ai pris connaissance de l’histoire de France avec les images d’Epinal… »

 

 

Les héritiers de Bourdieu et Passeron date de 1964, donc la réalité que ce livre analyse est bien sûr celle d’avant Mai 68 dont Onfray nous compte tous les méfaits qu’il a subis de plein fouet. Un prêtre salèsien aux méthodes pédagogiques mystérieuses, une université de Caen où sévissaient des soixante-huitards décoiffés !

Et figurez-vous que dans l’école où ses malheureux compagnons de fac  de philo, devenus instits, sévissent le tableau noir et la craie ont disparu, plus de plume et d’encrier, plus d’armoire avec un crâne (?), plus de carte de France… mais rassurons-nous « Pas question, bien sûr, de tenir des propos réactionnaires » !

 

Pas plus de théorie du genre que de beurre en branche !

 

Faisons un sort d’abord, à la néfaste théorie du genre qui, la vilaine, nous vient des Etats-Unis et qui nous dirait que la nature n’existe pas ! sauf qu’il n’y a pas plus de théorie du genre que de beurre en branche, malgré ce que disent nos prélats, les dirigeants de l’école privée, ou Mmes Boutin, Bourge et de La Rochère et les cagots. « Il existe en revanche un champ de recherches universitaires, nommé "études de genre", qui s’intéresse à la construction des identités féminine et masculine, et à la perpétuation de clichés qui font, par exemple, qu’une fille qui fait du rugby ou un garçon qui fait de la danse classique sont jugés "anormaux" ». (Le Monde 12/09/14)

Certes on trouve le mot "genre" à l’école, mais en grammaire !

 

Le principe de non contradiction ne doit pas faire partie de l’arsenal méthodologique du philosophe bas-normand. En effet, il est certes le fruit de l’école républicaine, mais aussi d’un enseignement secondaire et supérieur absolument pervertis par un mai 68 négativiste, nihiliste. Et ce sont donc les salèsiens ou les soixante-huitards décoiffés qui ont contribué à faire de lui ce qu’il est. Et quand il évoque Bourdieu, à propos de l’ascenseur social, il oublie que ce que le sociologue étudie c’est une société, une école, d’avant Mai 68, et même si La Reproduction est postérieure, elle ne peut pas, dès 1970, mesurer les supposés méfaits des chevelus dans les écoles.

Mais quand il dit que de nos jours on s’autorise de soi-même à parler de livres qu’on n’a pas lus*, peut-être pratique-t-il l’autocritique.

 

Au moyen âge ... la masse espérait en Dieu et maintenant la masse espère qu’elle va être massivement promue par l'école : à l’ancien jeu, il suffisait d’être pauvre pour être élu et l’on n’avait même pas besoin des bourses.

 

Michel Delord, Marx et les sciences de l’éducation, Octobre 1998

Le mythe de l’ascenseur social tombé en panne par la faute de Mai 68 et des pédagogogues, comme dit Julliard, est un grand poncif de la rétropensée. Combien de fils d’ouvriers agricoles de la fin des années 50 ont connu un destin à la Onfray ?

On constate certes, depuis les années 90 un blocage, voire une régression ces dernières années, de la proportion des enfants d’ouvriers et d’employés dans l’enseignement supérieur. Mais imputer cet échec à Mai 68, plutôt qu’aux difficultés économiques – même boursier l’étudiant fils d’ouvrier connaît des conditions matérielles difficiles – voire une inhibition de l’ambition scolaire - avec un baccalauréat scientifique obtenu à l’heure ou en avance (soit une population relativement triée), plus de la moitié des fils de cadres (contre 30,5% pour les filles) s’orientent en classe préparatoire aux grandes écoles, ce qui n’est le cas que de 20,8% des fils d’ouvriers (et 9,3% des filles) (M. Duru-Bellat) -  est assez douteux. Et on peut même ajouter que les enfants d’ouvriers obtenant un mastère de philo doivent être plus nombreux aujourd’hui  que du temps d’Onfray, car si la proportion est moindre, ils sont, en valeur absolue, plus nombreux.

 

La baisse de niveau n’atteint jamais l’étiage !

Sauf que, là encore, les faits démentent ces assertions chères à nos contempteurs de l’école. Si l’on en croit l’INSEE, les personnes âgées de 18 à 29 ans ont de meilleurs résultats que les générations plus âgées en lecture et en compréhension orale. En 2011, en compréhension orale, seulement 11 % des moins de 30 ans ont réussi moins de 60 % des exercices proposés contre 17 % des 50-59 ans et 24 % des 60-65 ans. Les plus jeunes ont également de meilleurs résultats à l’écrit, la part des personnes sans difficulté allant de 76 % pour les 60-65 ans à 89 % pour les moins de 30 ans. Donc la méthode syllabique chère à M. Onfray n’a pas porté, chez tous, les bénéfices qu’il lui prête.

Onfray, philosophe de comptoir !

Pour autant, la situation de l’école française est loin d’être satisfaisante. Les vagues successives de résultats de PISA montrent un système de plus en plus inégalitaire. En schématisant, une moitié des élèves de 15 ans est au niveau des petits finlandais – ou presque – mais le dixième du bas est à celui des péruviens. Ce qu’expliquaient déjà C. Forestier et J. C. Emin, dans « Que vaut l’enseignement en France ? » (Éditions Stock, coll. «Essais - Documents»,‎ 2007) : Notre système est parfaitement adapté pour la moitié de nos élèves, pour les autres nous ne sommes pas capables de les aider correctement. (entretien avec J.C. Forestier).

 

Mais il n’est pas sûr que la conception méritocratique de M. Onfray, cible déjà de Bourdieu-Passeron, que F. Dubet considère comme américaine, entendez étatsunienne (La seconde conception de la justice sociale, plutôt américaine, considère que la justice sociale est avant tout la promotion de l’égalité des chances méritocratique : chacun doit pouvoir réussir en fonction de son mérite.) permette de résoudre ce problème. Au contraire !

 

* Quand il réduit Roland Barthes à un lapidaire « la langue est fasciste », on peut se demander s’il en a lu une ligne.

M le magazine du Monde 20/11/2014

M le magazine du Monde 20/11/2014

Voir aussi les Décodeurs du Monde qui ont inspiré le titre de l'article.

Prof de philo de 1983 à 2002 au Lycée technique Sainte-Ursule (Caen)

Prof de philo de 1983 à 2002 au Lycée technique Sainte-Ursule (Caen)

Notre philosophe de comptoir persiste et signe dans un débat*, qui l’oppose à Fabienne Brugère, sur la prétendue théorie du genre dont il fait une « idéologie d’état ».

Il se contente de redire les contre-vérités déjà énoncées, tout en en ajoutant une. « J’ai démissionné de l’éducation nationale », affirme-t-il. Or M. Onfray a été enseignant de 1983 à 2002 dans le lycée technique privé catholique Sainte-Ursule de Caen.  Certes, établissement sous contrat, donc avec des enseignants payés par l’état (mais pas fonctionnaires). Mais s’il a bel et bien « renoncé à un salaire », il a démissionné de l’enseignement confessionnel et non de l’enseignement public, comme le laisserait supposer sa formulation volontairement ambigüe.

 

* Le Monde 12-13/10/2014 « Une rébellion d’un nouveau genre ? »

 

Quelques exemples d'études de genre pour l'édification de M. Onfray :

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 17:34
Sciences-Po sur la sellette !

Collision dans l’actualité : on apprenait  que Richard Descoings, charismatique patron de l’IEP, dit Sciences-Po, s’offre un confortable salaire et que la sacro-sainte épreuve de culture générale est supprimée aux épreuves écrites d’entrée.

L’ineffable Pierre Bénichou, à l’organe puissant mais qui sonne creux, en a fait des tonnes sur l’inculture des étudiants. « Ils ne savent rien »* dit-il de 15 (selon la version papier du Nel Obs du 12/01) ou 16 étudiants (dans la version  orale chez Ruquier). Etudiants qui ne sont pas touchés par une réforme qui va se mettre en place en 2013. Ceux-là d’ailleurs ont été recrutés à bac+2 selon une autre procédure que le concours d’entrée en 1ère année. Ils ont tous eu au moins la mention bien au bac. Mais « ils ne savent rien ». Le ton méprisant de cette outre gonflée de son importante bêtise qu’est devenu Bénichou suffit à expliquer le mutisme des malheureux qui l’ont subi.

Bénichou à Science-Po c’est Morano au collège de France.


Il a en revanche parfaitement raison de s’étonner qu’un certain Jean-François Fogel et qu’une certaine Agnès Chauveau, responsables du secteur journalisme de l’IEP, aient pu penser à un bouffon comme lui, tombé non de Charybde en Scylla, mais de Bouvard en Ruquier, en tant qu’intervenant. Ils leur suffisaient de lire, ce qui est présenté comme ses meilleures répliques pour être édifié. Comme il dit : « il vise bas ».

 

Echantillons :


Berlusconi a été entendu par le parquet, mais quand sera-t-il entendu par la moquette ?
Si j’avais le cul comme t’as la gueule, j’aurais honte de chier. ça, c’est des injures d’homme.
Un mec qu’est pas pédé, j’sais pas s’il peut rentrer au parti socialiste. Ou alors il est mal vu.
Le clitoris, je connais bien. J’en ai toute une collection. Faut dire que dans ma famille, les femmes sont toutes excisées.
Le Jamel Comedy Club, j’irai quand ça s’appelera le Dupont Comedy Club ! (copiés-collés)


Du x ième degré, on suppose ?

Mais ça ne l’empêche pas de prendre des positions ô combien sérieuses : « Moi je ne crois pas qu’on puisse rire de tout. Personne n’ose rire avec les fours crématoires (…) La religion musulmane dit : ‘moi, il ne faut pas toucher mon Mahomet et si vous touchez mon Mahomet, vous verrez’. Qui est le grand responsable ? C’est l’Eglise catholique ! L’Eglise catholique a été tellement tellement vilipendée et n’a rien dit. On peut montrer le Christ dans des positions épouvantables ! Elle a donné l’exemple : on peut tout dire des catholiques. Mais moi, si j’étais catholique, mais je deviendrais fou ! » Le pitre est capable de dire demain tout le contraire, il ne fait que résonner !

Dans la foulée du tonitruant on a eu droit à une double page d’opinions dans Le Monde. Le Figaro avait été en pointe avec Natacha Polony, la « Eric Zemmour » de Ruquier, quelle surprise. La malhonnêteté intellectuelle est le dénominateur commun de Zemmour et de Polony.

Ainsi, à Canal +, dans « La nouvelle édition », non contente de couper la parole, sur un ton très professoral, au jeune étudiant de l’IEP (19 ans), elle arguait que la proportion d’enfants d’ouvriers avait diminué dans les « grandes écoles » (signe pour elle que l’école d’autrefois –années 50 ? – était plus « démocratique ») feignant d’oublier que Sciences-Po avait, avec les conventions « Education prioritaire » (CEP) qu’elle doit honnir, ouvert ses portes aux enfants des quartiers dits défavorisés.

Ces CEP, qui ont dix ans d’âge, avaient connu le même tollé à leur création. Elles sont d’ailleurs toujours attaquées dans un article de Wikipédia sur R. Descoings. Elles modifiaient le mode de recrutement (qui ne se limitait déjà pas au concours d’entrée de 1ère année). L’IEP, sous la direction du discuté Descoings, a abandonné la politique malthusienne des grandes écoles.  10 000 étudiants, dont 4000 étrangers ; sept collèges universitaires dont six en province, avec trois années d’études dont une à l’étranger + master en deux ans. Et non seulement la culture « générale » a été abandonnée à l’écrit du concours, mais c’est l’écrit lui-même qui a disparu dans les six « campus » à vocation internationale (campus européen franco-allemand de Nancy, par exemple) : examen du dossier et entretien.

« Ce barnum est-il si grave ? », se demande F. Reynaerts. En lui-même, non. L’exercice de culture générale relevait du grand flou à peine artistique. Les épreuves restantes – histoire, langue et au choix philo, lettres ou maths – doivent déjà permettre de cerner les connaissances acquises ; l’étude du dossier et l’entretien doivent permettre de déceler des aptitudes telles que la curiosité intellectuelle, la capacité d’adaptation, le sens du jugement… toutes qualités qui permettent justement de se « cultiver » et non pas d’afficher ce vernis culturel cher aux lecteurs du Figaro.

 

Ce barnum est cependant symptomatique du mépris de ces prétendues élites à l’encontre des jeunes dont, c’est bien connu, le bac est bradé. Ils ne montrent, à travers leur mépris de caste, que leur ignorance crasse. Si le nombre des bacheliers augmente, c’est dû aux bacs technos et surtout aux bacs pro. La proportion des bacs généraux stagne depuis de nombreuses années. Et le niveau d’exigences des bacs S ou L est au moins équivalent à celui des bacs Philo ou Math-élem d’autrefois.

 

* « Nous sommes ici dans l'identitaire de droite de base : les-jeunes-ne-savent-plus-rien, ça ne fait jamais que 2 000 ans qu'ils le pensent, ça ne nous rajeunit pas. » François Reynaert

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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 10:25

Copereac

 

Le bruit court, dans les milieux bien informés, qu’après ses déclarations au Parisien, Jean-François Copé, serait pressenti pour devenir ministre de l’éducation et de la régression nationales* ; il aurait soumis son accord à l’obtention du titre de ministre d’état.

 

En effet, le chef du groupe parlementaire UMP, annonçant que son « club Génération France » organisait un débat sur l’éducation, déclarait : « Je veux défendre une idée forte : l’entrée au collège ne doit se faire que pour l’enfant qui maîtrise totalement les savoirs fondamentaux. Mon idée est de créer un examen de fin de CM 2, d’évaluation des enfants. Ce serait un examen de passage en 6e. On réorganiserait complètement le programme du primaire dans cette perspective. Si on n’a pas acquis ces connaissances (NDLR : lire, écrire, compter…), mieux vaut redoubler, pour protéger l’enfant, que le faire passer au collège et lui faire courir un vrai risque de décrochage. » Le Parisien 24/10/10

 

La NDRL donne le ton des réactions des journalistes qui parlent de certificat d’études alors qu’il n’avait rien à voir avec l’examen d’entrée en 6e, supprimé en deux temps : en 1956 pour les élèves de CM2 ayant la moyenne ; en 1963, pour tout le monde (par Christ-hihan –comme disait Le Canard – Fouchet, sous De Gaulle !).

 

Exemple flagrant d’obscurantisme !

 

Toutes les études scientifiques démontrent l’inefficacité globale du redoublement. Ainsi PISA (dont les rétropenseurs nous rebattent les oreilles pour démontrer l’état catastrophique de l’école française, mais oublient d’aller y voir de plus près) montre que les pays où le redoublement est proscrit réussissent mieux ou aussi bien que ceux qui le maintiennent.

En effet, si le redoublement était utile, s’il valait mieux que les élèves faibles redoublent parce qu’ils ne «pourraient pas suivre», les pays sans redoublement, devraient avoir un niveau moyen plus faible. Par ailleurs, selon l’argument de l’épée de Damoclès, privés de l’aiguillon du risque de redoubler, les élèves devraient se mobiliser moins sur le travail scolaire dans ces pays. C’est l’inverse qu’on observe. Les compétences en lecture et en maths sont plus fortes au Japon, dans les pays scandinaves et au Royaume Uni qu’en France et que dans les pays latins en général. Certes ce n’est pas absolu, l’Autriche, ou le Québec, où on redouble, obtiennent des scores honorables en lecture et en maths, la Norvège, pays sans redoublement, obtient un score inférieur à celui de la France en maths. (d’après D. Meuret)

 

Et le redoublement accroît les écarts entre les élèves les plus forts et les plus faibles. Les pays qui ne pratiquent pas du tout le redoublement, et eux seuls, présentent des inégalités sociales de compétences moins marquées que les autres. C’est le principe même du redoublement qui accroit les inégalités sociales devant l’école. (d’après D. Meuret).

 

« De façon générale, la pratique du redoublement en France constitue un des facteurs explicatifs de ce résultat moyen [aux] enquêtes PISA […]. Lors de l’enquête PISA 2003, près de 40 % des élèves français âgés de 15 ans avaient ainsi déjà redoublé une fois ou plus au cours de leur scolarité : les élèves français qui n’avaient aucun retard dans leur scolarité obtenaient en fait d’excellents résultats, supérieurs aux performances moyennes des pays placés en tête (Finlande, Corée du Sud, Pays-Bas, Japon) ; à l’inverse, les élèves ayant un an de retard se situaient juste devant les résultats moyens de la Grèce, et les élèves ayant deux ans de retard étaient au niveau moyen du Mexique, pays qui obtenait les moins bons résultats. » écrivait la Cour des Comptes, qui n’est pas considérée comme un repaire de gaucho-anarchistes.(L’éducation nationale face à l’objectif de la réussite de tous les élèves Mai 2010)**.

 

Difficile, avec ce personnage cynique, de faire la part du calcul et de la conviction. L’idéologie méritocratique - pour qui l’égalité des chances consiste à mettre sur la ligne de départ celui qui a ses deux jambes et l’unijambiste et que le meilleur gagne !- est très prégnante à droite. Déjà Fillon avait redonné la main aux profs pour le redoublement, ce qui dans certains établissements était redoutable (des taux de 20 % en seconde, avec 7 à 10 % de « réorientation », se sont vus, il y a peu et, dans les années 80, un collège, que j’ai dirigé un peu plus tard, affichait 30 % de redoublants en 6e).

Copé, dans sa logique rétrograde, va être amené – car il faudrait bien faire quelque chose des élèves qui iront d’échec en échec : on ne peut les laisser en CM2 jusqu’à 16 ans – à recréer des classes aménagées, des CPPN, des CPA (pas toutes disparues d’ailleurs).

 

Mais c’est surtout l’impact populiste qui est cherché, sur un terrain – l’éducation – où la gauche de gouvernement présente des propositions solides.

 

Frein à la démagogie le coût du redoublement (en primaire 5440 € par élève) qui a poussé d’ailleurs le ministère à tenter de les limiter (un collégien c’est près de 8000 €, un lycéen plus de 10000 €). D’autant qu’il y a une règle d’airain dans notre système : qui a redoublé, redoublera ; un redoublant de CP augmente ses risques de redoubler ultérieurement.

 

Copé, l’homme du grand bond… en arrière.

 

* Il serait même en train de constituer son cabinet : Brighelli serait son Guéant, Finkielkraut son Guano mais Alain Bentolila est aussi sur les rangs, on parle encore de Natacha Polony à la communication, un ex-directeur de l’école de Merdrignac est aussi sollicité comme conseiller pour le primaire…

 

Le "Professeur Alain BENTOLILA" m'envoie le message suivant, intitulé "erreur et mensonge" : "Vous devriez savoir, si vous m'aviez entendu (Demorant Europe1) ou pris la peine de me lire que me mélanger avec Brighelli est assez scandaleux. J'ai dénoncé la nostalgie de l'examen de 6° avec force et me bas pour qu'une chance soit donné aux plus fragiles de nos élèves.J'ai été profondément choqué par cet amalgame imbécile."

 

J'invite à relire l'article d'Ouest-France où après avoir rappelé  "que nos étudiants ont été enfants de maternelle, élèves du primaire et du secondaire"., il prévoit une "sélection" dans les universités "d'autant plus cruelle qu'elle aura été inconsidérément différée." (certes ça peut être entendu :  comme on a trop attendu pour la mettre en place à l'entrée des universités, mais plus loin il énumère les exigences de l'aval vers l'amont et notamment "l'engagement de l'élémentaire à livrer (sic) au collège des élèves lisant, écrivant et s'exprimant avec pertinence", on peut donc comprendre qu'il déplore que le tri sélectif a été différé trop longtemps à tel ou tel niveau).

 

** Sur ce sujet lire ou relire « Que vaut l’enseignement en France ? » de Christian Forestier et Jean-Claude Emin (Stock)

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22 janvier 2008 2 22 /01 /janvier /2008 16:46

Un collègue et néanmoins ami, à moins que ce soit l’inverse, nouvellement nommé dans un collège ZEP décrit une situation très inquiétante : inscriptions odieuses visant une collaboratrice, cailliassage des logements de fonction, début d’incendie de nuit dans le collège, ce qui démontre qu’après des années de rodomontades de l’ex-ministre de l’intérieur, la situation loin de s’améliorer, se dégrade encore.

 

Implicitement, il met cette montée de la violence en parallèle avec une montée de l’ "islamisme" : maman maintenant voilée alors qu’elle ne l’était pas, demande de viande hallal, réaction de bigotisme musulman d’une élève, tag « vive l’Algérie et le Maroc » (l’union de ces deux pays dans la même inscription ne reflète pas la franche inimitié qui les unit !). Ce qui montrerait, que contrairement à ce que semble croire notre chanoine de Latran, la montée de l’emprise du religieux n’est pas synonyme d’apaisement, pour autant que les deux phénomènes soient corrélés.

Un autre ami et néanmoins collègue, lui aussi en ZEP, constate que le trafic de substances interdites est plus garant de la tranquillité du quartier. L’opium du peuple est moins efficace que les marchands d’opium (bien sûr, il s’agit plutôt de shit ou de coke).

 

Trouvé sur un site de droite extrême (à noter que la photo a été pillée sur un ancien site d'Education & devenir, prise à Lille en 2003 par votre servieteur)

 

Le 1er invitait à une relecture du « rapport Obin ». Dans ma réponse – bien qu’il se défendait de généraliser, c’était, de mon point de vue, le sens général de son message et de cette référence – je lui disais assez banalement : ton expérience - et tu le sais, venant comme tu dis, d'un établissement dans un contexte plus serein - ne décrit pas obligatoirement la réalité, tout aussi difficile mais autre, que certains peuvent vivre dans d'autres ZEP.

Ce que confirmait son collègue qui lui se trouve face au conflit entre enseignants qui veulent enseigner et élèves qui ne veulent ou ne peuvent faire les efforts demandés et affronte donc de nombreuses difficultés de vie scolaire.

 

Puisque le rapport Obin était cité, je rappelais que, d’entrée, il y était indiqué qu’il n’avait pas valeur de sondage scientifique, même si son auteur a eu tendance à oublier cette précaution méthodologique*.

 

Quelle politique de civilisations ?

Etait cité aussi une opinion de Samir Naïr, dans Libé (http://www.liberation.fr/rebonds/304626.FR.php) Quelle politique de civilisations ? qui était supposée me faire hurler. Je répondais donc que certes, en filigrane, on pouvait retrouver des thémes propres aux soi-disant Rrrrrrépublicains (« un rôle accru de l’Etat en tant que vecteur du bien-être collectif » comme si les autres collectivités territoriales, sous réserve d’un système de péréquation, ne pouvaient aussi être ces «vecteurs », mais tu le vois, tu me pousses à chercher la petite bête). Remplacer la très mauvaise traduction d’affirmative action, cette discrimination positive, par redistributions ciblées non pas sectorielles mais vers les banlieues stigmatisées, les quartiers marginalisés ou les zones urbaine abandonnées pourquoi hurler ?

Puis-je avouer que cette idée d’un espace public laïc, qui respecte croyants et non-croyants, constituant l’horizon indépassable de la liberté de conscience est d’une généralité telle que je ne vois là rien qui puisse me faire sortir de mes gonds ?

Mais le fait même que ce point de vue soit supposé me faire bondir démontrait un sérieux malentendu sur ce que j’ai pu commettre sur la laïcité.

 

Laissons de côté, la conception des soi-disant rrrépublicains qui, dans un amalgame qui ressemble à de la bouillie pour les chats, récusent le droit à se réclamer de la laïcité si, par exemple, on n’est pas noniste. Ce n’est plus de laïcité qu’il s’agit, mais de sectarisme.

En revanche, la distinction entre public (« espace public laïc » écrit Sami Naïr) et privé (domaine des convictions religieuses et/ou philosophiques), que j’ai récusée, en m’appuyant notamment sur la Loi de 1905 et les débats qui l’accompagnèrent, a peut-être été la cause de ce malentendu.

 

une-marianne.jpg

Entre deux trains, je me suis laissé attirer par la couverture de Marianne (hebdo que je ne prise guère : le centrisme imprécateur de son fondateur me hérissant, sans parler de la dame Polony, plus Brighellienne que Brighelli).

Dans un long article sur le discours du chanoine de Latran (discours qui date du 20 décembre, l’article du 19 janvier), je suis tombé sur un encadré « Propos blessants » de Catherine Kintzler**. Il permet de bien éclaircir cette question en distinguant la puissance publique et l’espace civil. « La loi, la puissance publique, les affaires politiques sont disjointes de toute croyance et de toute incroyance […] en conséquence la puissance publique s’oblige à un devoir d’abstention. C’est précisément en vertu de cette abstention […] que, partout ailleurs dans la société civile, les opinions, les croyances et incroyances sont libres » dans le respect de la loi.

 

Je n’échapperais pas, cependant, à une lecture symptomale, comme disait le camarade J. Julliard, à laquelle je dois sans doute aussi me livrer. Nobody is perfect !

 

* "Un commentaire méthodologique s’impose ici. Le panel d’établissements visités ne constitue donc en aucun cas un échantillon représentatif des établissements français, ni sur le plan de l’étude ni d’ailleurs sur aucun autre. […]

Cette étude ne peut donc prêter à généralisation et à dramatisation excessive : les phénomènes observés l’ont été dans un petit nombre d’établissements. Pour autant, les établissements visités constituent sans doute un panel assez représentatif de cette marge particulièrement active du système éducatif quant à l’objet de notre étude : ce sont le plus souvent des collèges, lycées et lycées professionnels qui recrutent la totalité ou une partie significative de leurs élèves dans des quartiers dont la « ghettoïsation » est largement entamée, voire achevée ; ce qui s’y joue, insistons-y, ne peut donc être généralisé." (page 6)

** Cette distinction ne règle évidemment pas tout car il faut savoir où se situe la "frontière" puissance publique/espace civil : en témoigne la nouvelle pseudo affaire du voile (Sus à la halde)

 

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