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4 janvier 2016 1 04 /01 /janvier /2016 21:42

79 ans après, les Reines Mages – Liberté, Égalité et Fraternité –étaient de retour à Valence.

Dimanche 3 janvier 2016, le Maire de Valence, , Joan Ribó, a l’issue d’un défilé dans les rues de la ville, a reçu à l’Hôtel de ville, les trois Reines Mages. Cette “Setmana de la infantesa” – semaine de l’enfance – faisait revivre une célébration laïque qui avait eu lieu pour la deuxième et dernière fois en 1937. Cette initiative a profondément déplu au PP (Parti Popular) qui l’a considérée comme une provocation.

« Digne touche finale de la semaine de l’enfance organisée par le ministère de l’instruction publique » titrait le journal El Mercantil Valenciano du mardi 12 janvier 1937 pour saluer la parade qui la concluait. Cette semaine avaient pour but de distraire les nombreux enfants qui, fuyant la guerre civile, étaient réfugiés à Valence, avec des activités distractives mais aussi artistiques.

La Societat Coral el Micalet, qui a ressuscité cette semaine de l’enfance a expliqué qu’elle voulait récupérer la fête du solstice d’hiver qui se célébrait à Valence en janvier 1937 et que ces trois Mages, Liberté, Égalité, Fraternité, représentaient les trois principes de bases de sa vision du monde : liberté d’expression et possibilité de critiquer toutes les idées, égalité de tous devant la loi et dans la société quelles que soient la race les croyances ou le sexe, et fraternité pour partager avec tous toutes les merveilles du monde !

Des centaines d’enfants étaient réunis dans les rues du centre de Valence pour assister à ce joyeux défilé qui a donc abouti à la Place de l’Hôtel de Ville où les trois dames, Mages de Janvier, comme on les nomme pour gommer toute référence religieuse, sont apparues au balcon au côté du Maire. Mais la cavalcade de dimanche concluait une semaine riche d’activités incluant des concerts – avec notamment des chants des années 1936 et 37 - les lectures de poèmes, des expositions et des ateliers de bricolage ou d’origami pour les enfants.

Le PP local, sans vergogne, a crié au scandale ! Alors que Valence du temps des « bigotes » a été l’épicentre de l’affaire Gürtel avec un Camps plongé dans la corruption jusqu’aux cheveux, le PP local, loin de faire profil bas clame par la voix de sa secrétaire générale, Beatriz Simón, que ces manifestations offrent un spectacle ridicule et provocateur qui offense nos traditions ! Pour la dirigeante du PP, ce que Ribó a mis en scène n’est autre que son refus personnel de la nativité et des Rois mages ! Et selon un procédé politicien des plus déplacés, elle a lancé qu’il ferait mieux de s’occuper des problèmes des Valenciens, toujours là depuis 1937, quand les espagnols et en particulier les jeunes n’ont rien à faire d’une époque historique dont personne ne peut être fier. Faut-il rappeler qu’entre 1937 et 2015, outre le franquisme bien sûr, le PP a été à la tête de Valence depuis la transition démocratique (1979) et, en particulier, avec la calamiteuse Rita Barberá de 1991 à 2015 ?

Ribó a réaffirmé, dans son discours du haut du balcon, les valeurs de la seconde République. Il a rappelé que 2016 marque le 80e anniversaire du soulèvement franquiste. Le Maire a souligné que dans toutes les cultures proches une fête dédiée aux enfants était traditionnelle. La crèche comme les rois Mages sont liés à la religion chrétienne. Le multiculturalisme, la diversité des religions, mais aussi l’existence de nombreuses familles sans aucune croyance religieuse, donnent une signification particulière à cette caravane des Mages de janvier et à leur arrivée à Valence.

« Nous voulons être une ville où tout le monde s'insère, où tout le monde se sente à l'aise, où les enfants pourront obtenir leur bien-être sans aucune forme de discrimination ».

 

 

Sources :

El Plural

via Saltimblanquiclicclic

El Mundo

Libertad digital

Diario información

El Diario

 

 

En complément

Les ROIS MAGES traditionnels ont défilé dans les rues le 5 janvier 2016.

En Espagne, ce sont eux qui apportent les cadeaux aux petits enfants.

 

Les Rois Mages débarquent sur la plage de La Zurziola à San Sebastian

 

Le Roi Balthazar recueille les lettres des enfants au Moll de la Fusta - promenade le long de la mer - à Barcelone.

Quelques bédouins participant au défilé des Rois Mages d'Orient à Séville.

 

Les Rois Mages à Pampelune sur le pont romain La Magdalena avant d'emprunter une large avenue vers le centre-ville.

 

Les Rois Mages saluent les centaines d'enfants qui les attendent au port de Valence.

 

Le Roi Gaspar salue du haut de son char sur l'Avenue de la Castellana à Madrid.

 

 

Des danseuses de l'Inde accompagnent le Dragon Patacas durant le défilé sur la Castellana à Madrid..

 

Le Roi Melchior salue l'assistance à Barcelone.

 

Le Roi Gaspar et son page saluent l'assistance à Madrid.

 

 

Manuela Carmena, Maire de Madrid, est attaquée par le PP - comme son collègue de Valence - pour avoir fait défiler des Rois Mages peu orthodoxes ! La bêtise au front de taureau semble être l'apanage des ce parti frère de nos Ripoublicains !

 

 

 

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3 décembre 2015 4 03 /12 /décembre /2015 21:59
Sanctissime Con insoumis

L'affaire du Con insoumis (Coño Insumiso), classée d'abord sans suite, connaît un rebondissement en appel !

Péché ou délit ? Blasphémer équivaut-il à commettre un délit dans un état en principe non confessionnel ? Une prétendue offense religieuse doit-elle être poursuivie en vertu du code pénal ? Question que pose la plainte d’une Association d’avocats chrétiens contre un groupe de féministes (et des syndicalistes) pour un supposé délit d’atteinte aux sentiments religieux : le 1er mai 2014, dans une parodie des manifestations de la semaine sainte, elles avaient organisé la Procesión del "Coño Insumiso" !

Trois féministes et deux responsables syndicaux (CGT) ont été inculpés par la juge d’instruction 10 de Séville pour un délit contre les sentiments religieux pour avoir porté en procession un vagin géant en plastique durant une manifestation du 1er Mai ! A la suite de la plainte de l’Association des avocats chrétiens, elle avait demandé à la police d’identifier formellement les organisatrices de cette joyeuse mascarade. Les femmes inculpées sont membres d’une Association du Sabbat féministe sévillan qui rend un culte au « Santísimo Coño Insumiso », au Sanctissime con insoumis !

 

 

 

 

 

 

 

La plainte des fondamentalistes cathos contre la procession blasphématoire à leurs yeux se fonde sur un article 525 du Code pénal espagnol, objet de controverses entre juristes, qui stipule qu’encourent une peine de prison de 8 à 12 mois ceux qui, pour offenser les sentiments des membres d’une confession religieuse, se livrent, en paroles, par écrit ou par tout autre moyen, à des railleries sur les dogmes, croyances, rites ou cérémonies ou s’en prennent à ceux qui les professent ou les pratiquent.

Le secrétaire général de la CGT de Séville, Miguel Sevillano, et le Secrétaire à l’organisation de la CGT en Andalousie, Félix Cervera, sont aussi inculpés de délit contre les sentiments religieux et de délit de provocation à discrimination, la haine et la violence pour des motifs liés à la religion ou aux croyances. Ils se défendent en disant que des associations qui ne dépendent pas de la CGT se sont jointes librement à la manifestation du 1er mai.

Mais l’instruction a eu beau jeu de rappeler que le 10 avril, la CGT avait déjà organisé une procession de l’Anarcofradía del Santísimo Coño Insumiso y el Santo Entierro de los Derechos Sociolaborales (L’anarcho-fraternité du con insoumis et du saint enterrement des droits sociaux des travailleurs) !

Et l’Association des avocats cagots de s’indigner de cette parodie des processions de la Semaine Sainte, mise en scène sur le ton de la dérision, avec de fausses pénitentes, marchant au rythme des tambourins et portant sur leurs épaules le présentoir d’un vagin en plastique de plus d’un mètre de haut, drapé comme une Sainte Vierge !

La Fraternité du Sacré Con Insoumis à l’exploitation et à la précarité proclame : « Nous sommes les louves, les folles, les étudiantes, les putains, les précaires, les chômeuses, les hétéros insoumises, les vieilles, les fillettes, les grosses, les maigres, les mauvaises et incorrectes, les migrantes, les sorcières, les mères, les avorteuses, les noires, les lationoaméricaines, les gitanes et les musulmanes, nous sommes les violées, les mortes, les battues, les écorchées, les cachées, les interdites, les insensées, les féminazis, les radicales, dignes d’être brûlées sur le bûcher… »

La défense stupéfaite

Luis de los Santos, avocat des inculpés a exprimé sa stupéfaction pour cette utilisation du droit pénal basée sur des intérêts politiques prédémocratiques de la part des l’association des avocats chrétiens ! Il réclame le non-lieu. Il n’y aucun délit. Cette manifestation était dénuée de tout caractère religieux (“no tiene nada que ver con la religión”). Le code pénal est instrumentalisé pour criminaliser la liberté syndicale et la liberté d’expression.

Sources :

  • El PLural (27/11/2015) : Imputadas las tres feministas que procesionaron el ‘Santísimo Coño Insumiso’ en Sevilla
  • Kaosenlared (02/12/2015) : ¿Delito o pecado? Un vídeo evidencia el tono festivo del ‘Santísimo Coño Insumiso
  • Saltimbanqui (El circo) (26/11/2015) : Imputadas las tres feministas que sacaron en procesión el ‘Santísimo Coño Insumiso

Des membres de la confrèrie

Le tribunal de Séville ordonne de ré-ouvrir l’affaire de la Procession du ‘Con insoumis

Sanctissime Con insoumis

La Cour Provinciale de Séville a décidé de rouvrir l’affaire de la procession d’un vagin de plastique* de 1m de large sur 2m de haut, imitant une statue de Vierge Marie, dans la manifestation du 1er mai 2014, organisée par la CGT, d’après l’Association des avocats chrétiens à l’origine de la plainte.

Ainsi, dans une ordonnance le tribunal a estimé partiellement recevable le recours présenté par cette association contre la décision du 7 juin 2016 de la juge d’instruction de classer l’affaire sans suite considérant que « ne pas croire dans les dogmes et le manifester publiquement fait partie de la liberté d’expression ».

Devant cette affirmation des inculpés que leurs actes relevaient de la liberté d’expression, le tribunal a allégué que ce droit n’est pas absolu, mais qu’il était soumis aux « droits fondamentaux reconnus par le titre I de la Constitution espagnole dont celui de liberté idéologique, religieuse et de culte ».

L’Association des avocats bigots, par la voix de sa présidente Polonia Castellanos – la même qui a mené la croisade contre les Drag queens – que la seule chose qu’ils exigent c’est « le respect de la foi des chrétiens, leurs dogmes et leurs croyances ». « Nous acceptons la critique, mais toujours dans le dialogue, non dans la vexation, la moquerie ou l’offense. » a-t-elle ajouté.

Bilbao

La juge Pilar Ordóñez, qui avait classé la plainte, avait considéré que les faits dénoncés par cette association ne constituaient pas un délit et avait donc relaxé les trois femmes qui avait été identifiées comme porteuses du vagin en plastique et les secrétaires syndicaux CGT de Séville et de l’Andalousie, Miguel Sevillano et Félix Cervera.

La magistrate dans ses attendus s’appuyait elle aussi sur la Constitution espagnole qui garantit certes la liberté religieuse, mais dans un état a-confessionnel : les pouvoirs publics doivent aussi bien garantir que les citoyens puissent professer, en privé comme en public, une religion déterminée que d’empêcher que quiconque soit obligé de professer une religion, la Constitution proclame également le principe d’égalité et interdit une quelconque discrimination pour cause de religion ou d’opinion.

De son point de vue, cette parodie n’avait pas pour but de porter atteinte aux sentiments religieux, ni d’humilier ou blesser. Ne pas croire dans les dogmes d’une religion et le manifester publiquement fait partie de la liberté d’expression. La juge constatait l’absence de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence dans la manifestation.

Quant aux deux cégétistes, elle constatait que si ce syndicat avait bien provoqué la manifestation du 10 avril 2014, elle avait pour objectif de protester contre les licenciements dans l’entreprise Damas. Quant au 1er mai 2014, le groupe féministe s’était joint à la manifestation syndicale à la hauteur du Parlement andalou, après avoir eu son propre parcours, indépendamment donc de la CGT.

Ce sont donc ces attendus de la Juge d’instruction que remet en cause le Tribunal Provincial, qui s’appuie sur le fameux article 525.1 du Code pénal espagnol pour cette raillerie publique des dogmes et rites religieux. La magistrature espagnole est bien divisée entre une aile conservatrice et une aile libérale. La destitution, naguère, du juge Garzón montre que l’héritage du franquisme dans ce corps judiciaire est encore bien pesant. Et les actions répétées des avocats bigots montrent aussi que le national catholicisme est toujours prêt à réapparaître.

* Ce vagin en plastoc massif eût-il été signé Jeff Koons qu'il eût été acheté à prix d'or par François Pinault et même exposé à Versailles où il aurait plus que "Dirty corner" mérité d'être baptisé "le vagin de la reine" !

 

Source : http://www.huffingtonpost.es/2017/03/31/la-audiencia-de-sevilla-ordena-reabrir-la-causa-por-la-procesion_a_22020500/

 

 

Pour compléter :

La Procesión del Coño Insumiso y el Virgo de sus Cofrades

 
Se ha reabierto la causa contra las autoras de la protesta, que en su día fue archivada al reconocer su carácter festivo y reivindicativo. Se les juzga ahora por "escarnio al dogma de la santidad y virginidad de la Virgen María"
https://saltimbanquiclicclic.blogspot.fr/2017/07/la-procesion-del-cono-insumiso-y-el.htmlhttps://saltimbanquiclicclic.blogspot.fr/2017/07/la-procesion-del-cono-insumiso-y-el.html
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15 octobre 2015 4 15 /10 /octobre /2015 10:12
Cañizares, un cardinal espagnol, antipape, contre les réfugiés

Le cardinal archevêque de Valence, Antonio Cañizares, sorte de drag queen ecclésiatique, feint de s’interroger : « Est-ce que cette invasion de migrants et de réfugiés c’est toujours du ‘bon grain’ ? » Et, tel un Finkielkraut, un Zemmour, sans parler de Renaud Camus, chantre du grand remplacement, il considère que c’est un cheval de Troie dans les sociétés européennes. L’antithèse parfaite du pape François qui lui appelle chaque paroisse à accueillir un réfugié. Mais l’incarnation caricaturale d’une église espagnole non défranquisée.

Cañizares, un cardinal espagnol, antipape, contre les réfugiés

Ce cardinal s’était déjà distingué par sa condamnation de l’IVG !

Tout en prétendant ne pas interférer sur les votes des électeurs catalans, le prélat, avant les élections en Catalogne,  avait appelé les fidèles du diocèse à « prier pour l'Espagne et son unité » et convoqué à cet effet une veillée à la Cathédrale et demandé à toutes les paroisses des prières dans cette même intention à toutes les messes. À son avis, il n'y a aucune justification morale à la sécession. Exemple quasi chimiquement pur de cléricalisme, d’immixtion  dans le débat citoyen.

Cañizares, un cardinal espagnol, antipape, contre les réfugiés

Mais là, il atteint sans conteste les sommets de l’odieux. Faisant référence à la parabole du bon grain et de l’ivraie, et en employant sciemment le mot invasion il feint de s’interroger : tous ces migrants et réfugiés sont-ils vraiment du bon grain (todo trigo limpio) ? Plutôt de l’ivraie, car il appelle les gouvernements à la prudence face à ce cheval de Troie pour les sociétés européennes ! Et cela devant un Fórum Europa-Tribuna Mediterránea. Pour être bien compris il demande ce que l’Europe deviendra avec ce qui se passe maintenant : c’est son histoire et son identité qui se jouent. Et quand on lui objecte que ces réfugiés sont persécutés, il rétorque que bien peu le sont !

Pour le porte-parole du HCR (Haut-Commissariat aux Réfugiés –ONU), en Espagne où le racisme et la xénophobie sont moins ancrés que dans d’autres pays, ce type de message est très négatif, puisque encourageant des attitudes de rejet agressif des réfugiés. Alors que des organisations laïques et religieuses de toutes confessions sont mobilisées pour aider les réfugiés, les doutes du cardinal peuvent causer des dégâts significatifs. Et le HCR rappelle à cet archevêque peu chrétien que les valeurs de tolérance, de solidarité, de respect de la diversité sont des valeurs fondamentales de l’Europe !

Mais plutôt que de se référer à Zemmour, Finkielkraut et son ami Renaud Camus, c’est dans l’histoire séculaire de l’église espagnole que ce cardinal-archevêque s’inscrit. Cette église qui au lendemain de la chute de Grenade exigea des rois catholiques - Ferdinand II d'Aragon et Isabelle de Castille - qu’ils violent leur engagement, pris lors de la reddition de la ville, de laisser les musulmans pratiquer librement leur culte.

  Ce Cañizares est un héritier de Jiménez de Cisneros, l’archevêque de Tolède, conseiller de la reine, qui la convainquit de convertir de force, les musulmans d’Espagne.

Ce « cheval de Troie » qu’il redoute ce sont les réfugiés musulmans. Ils viennent altérer la limpieza de sangre*pureté du sang ») que les bûchers de l’inquisition, instaurée en Espagne dès 1478, avait obtenu en grillant morisques et marranes.

Digne héritier aussi de cette église qui bénissait les canons de la rébellion franquiste ! Eglise complice active du vol ou du martyre des enfants sous Franco !

 

* Certes cette pureté de sang est d’ordre religieux : un vieux sang chrétien doit couler dans les veines de ceux qui aspirent à de hautes charges. Mais la suspicion perpétuelle qui pesait sur les morisques – musulmans convertis – ou les marranes – juifs convertis – et l’interdiction de fait pour leur descendance d’accéder à certains postes faute d’un sang chrétien ancien ne fait guère de différence avec le racisme !

Sous domination musulmane, chrétiens et juifs– les dhimmis –  étaient soumis à un statut inférieur mais ceux qui le dénoncent anachroniquement maintenant oublient que le code indigène qui sévissait dans nos belles colonies était pire.

 

Sources :

El cardenal Cañizares: "¿Esta invasión de emigrantes y de refugiados es todo trigo limpio?"

La ONU ve “preocupantes” las declaraciones del cardenal Cañizares sobre los refugiados políticos

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7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 14:20
Les Espagnols pour l’adoption par des couples de même sexe
Les Espagnols pour l’adoption par des couples de même sexe

Adoption par les couples mariés d'un même sexe

Dix ans après l’adoption d’une loi pour le mariage pour tous, 3 Espagnols sur 4 sont pour permettre l’adoption à des couples homosexuels. Après quatre décennies de national-catholicisme franquiste et malgré le poids d’un haut clergé particulièrement obscurantiste, une majorité de catholiques, y compris les catholiques pratiquants, est aussi d’accord. Et quand la question est posée sous l’angle de l’intérêt de l’enfant, ils sont huit sur dix à estimer que l’orientation sexuelle des adoptants n’a pas à être prise en compte.

Dix ans après l’adoption du mariage pour tous, les Espagnols sont de plus en plus nombreux à approuver cette loi : 68 % en juin 2015 contre 58 en mai 2013 et ceux qui s’opposent à toute forme d’union pour des personnes du même sexe tombent de 10 à 4%. Reste que ceux qui approuvent le mariage pour tous sont majoritairement à gauche : 85% des votants potentiels du PSOE, 91 % de ceux de Podemos, alors qu’au PP ils ne sont que 42 % et à Ciudadanos (C’s) 48% (49% admettant cet union mais pas sous le nom de mariage).

Par âge c’est quasi unanimement que les 18-34 ans approuvent ce mariage (90%), le pourcentage tombe à 51 chez les plus de 55 ans.

Même chez les catholiques pratiquants une majorité relative (48 %) admet le mariage homo et seuls 11% sont farouchement opposés à toute union homosexuelle. Chez les non croyants l’approbation est massive à 87%.

Les Espagnols pour l’adoption par des couples de même sexe

Adoption par des couples du même sexe : répartition par courants politiques

Mais le paradoxe est qu’alors que le mariage homo n’est encore approuvé que par les 2/3 des espagnols, 3/4 sont cependant d’accord pour que les couples de même sexe puissent adopter des enfants ! Ce qui veut dire qu’une partie de ceux qui n’admettent pas encore que l’on nomme « mariage » un couple du même sexe sont cependant d’accord pour qu’ils puissent adopter.

On retrouve les clivages entre une gauche massivement d’accord (PSOE 89%, Podemos 93%) mais C’s se montre nettement plus libéral avec 61% que le PP où, néanmoins, une majorité relative est pour à 48%).

Les Espagnols pour l’adoption par des couples de même sexe

Adoption par des couples du même sexe : répartition par tranches d'âge.

La répartition par âge offre une petite surprise puisque les 18-34 ans sont un peu moins nombreux à approuver l’adoption qu’ils n’étaient à le faire pour le mariage entre personnes du même sexe (87% contre 90%) ; les 35-54 sont dans la moyenne ; les plus de 55 ans, bien que plus réticents, sont majoritairement pour à 64 %.

Les Espagnols pour l’adoption par des couples de même sexe

Adoption par des couples du même sexe : l'opinion des catholiques.

Mais la révélation de ce sondage est que les catholiques pratiquants sont une majorité à être d’accord avec l’adoption pour les couples homosexuels. De quoi faire frémir d’horreur nos grenouilles de bénitiers – Bourge, de la Rochère, Boutin et les autres – mais également Mme Agacinski, farouchement opposée aussi à l’ouverture du droit à l’adoption aux couples homosexuels, qu’elle oppose à une parentalité « naturelle » ! Certes, ils ne sont que 51%. Loin donc des 87% des non croyants. Mais dans un pays marqué par le cléricalisme d’une église non défranquisée – et même compte tenu de la marge d’erreur – ce résultat est un désaveu pour les prélats ultra-réactionnaires.

Les Espagnols pour l’adoption par des couples de même sexe

Le bien de l'enfant prime

Et quand la question est posée sous l’angle de l’intérêt de l’enfant, le oui est encore plus franc et massif puisque presque 9 Espagnols sur 10 estiment que c’est le climat protecteur et aimant offert à l’enfant qui est primordial ! Le clivage par famille politique subsiste avec l’unanimité à Podemos et 94 % au PSOE, mais même ceux qui se reconnaissent dans le PP sont plus de 7 sur 10 à privilégier l’intérêt de l’enfant et 65 % à considérer que l’orientation sexuelle des adoptants ne doit pas entrer en ligne de compte.

La société espagnole évolue donc dans le sens d’une ouverture à plusieurs modèles familiaux, guidée par le sort de l’enfant. Pour autant la situation n’est pas encore idyllique. Si l’on en croit l’analyse de Violeta Assiego, les cas d’harcèlement et d’agressions sur l’orientation sexuelle ont augmenté dans les écoles et ces agressions sont aussi en tête des plaintes déposées à la police.

Sommes-nous sûrs cependant que la société française, dans un pays qui se targue d’être à l’avant-garde de la laïcité donc le moins soumis au cléricalisme, ait évolué aussi profondément dans l’ouverture aux nouveaux types de famille et le respect du droit de l’enfant ?

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 13:56

Les affaires sexuelles qui agitent l’opinion et l’église catholique ne doivent pas masquer des scandales encore plus graves et qui ne mettent pas en cause des individus défaillants – même couverts par leur hiérarchie - mais l’institution elle-même. « L’église était le franquisme » dit un historien qui raconte l’enlèvement de milliers d’enfants sous Franco. Tout un système de maltraitances d’enfants – amérindiens arrachés à leur famille au Canada, orphelins ou enfants de « filles-mères » (à qui on les avait arrachés) en Irlande et ailleurs – mis en place par une église arrogante et inhumaine.

 

 

brillantinedrrojaPetite anecdote pour commencer : ça se passe à Saint-Jo, l’école privée de mon bled, nous sommes en 9e (car les « chers frères » ne parlent pas de CP, CE ou CM), J.-C., fils d’un entrepreneur local (qui crache généreusement au bassinet de l’église), arrive avec ses cheveux blonds luisant de brillantine ; le Frère Hubert, fou de rage, fonce vers la cuisine, revient avec une bassine d’eau froide et un bloc de savon et, vitupérant, shampouine sauvagement le malheureux, avant de le traîner de classe en classe, vociférant, pour achever son humiliation ! Ce psychopathe pouvait, en toute impunité, terroriser toute sa classe.

Nous étions dans les années 50, en Anjou.

 

 

 

 

 

 

 

 

Rien à voir avec « Les enfants volés du franquisme ».

O-F 13-04-10 franquisme

Ouest-France 13 avril 2010

 

 

espagnoleL’historien Ricard Vinyes chiffre à 21 000, rien que pour 1942 et 1943, les enfants enlevés de force à des mères républicaines par le régime franquiste avec la complicité active de l’église catholique.

 

Un document d'une institution religieuse, cité par Baltazar Garzon, chiffre à 30.960 au cours de la décennie 1944-1954 le nombre d'enfants de prisonnières politiques placés sous tutelle de l'Etat. Selon ce magistrat, c'est "un nombre indéterminé" d'enfants qui, de manière "systématique, préconçue et avec une volonté véritablement criminelle", auraient été soustraits à des familles "qui ne s'ajustaient pas au nouveau régime [franquiste]". Des milliers de femmes républicaines venues accoucher dans les hôpitaux ressortent sans bébés. ("La madre biológica entraba por un lado y la adoptiva salía con un bebé por otro").  Tous, sont déclarés morts nés. En fait, l'enfant, bien vivant, est placé sous la tutelle d'une famille proche du régime franquiste, pour être rééduqué. Ce sont les religieuses qui sont chargées de voler les enfants, elles utilisaient leur influence et l'autorité de l'Eglise pour faire taire les plaintes des mères. C'étaient elles aussi qui venaient annoncer « votre enfant est mort ».

 
Garzon relate cet épisode du début des années 40 basé sur le témoignage de espagne milicienne guerre civile espagnoleFélix Espejo, ancien mineur des Asturies: "Un jour, les mères [prisonnières] sortirent avec leurs enfants dans la cour [de la prison de Saturraran]. Les religieuses leur dirent que les enfants devaient rester à l'intérieur pour une révision médicale. Il y en avait une centaine. Lorsque les mères rentrèrent, ils n'étaient plus là. Concepcion [une prisonnière], qui n'avait pas d'enfant, fut impressionnée par les scènes de douleur et par les cris des mères qui réclamaient leurs petits. Ils les menacèrent en leur disant de se taire si elles voulaient rester en vie. Une femme d'Oviedo libérée peu après vit sa fille dans une maison de militaires, à Valence, mais on ne sait pas si elle a pu la récupérer ou non".

 

EspagneCette politique d'enlèvements, pour rechristianiser les enfants de mères rouges, s’est ensuite, avec toujours la complicité des « bonnes sœurs » et de leur hiérarchie, transformée en véritable trafic d’enfants.  «Ce qui commence comme une sorte de vengeance politique et de mise au pas de la société se transforme au fil des années en un vrai «commerce» qui aurait perduré y compris jusqu’au début des années 80», explique Hector Rojo (revue Diagonal). Ainsi Isabel, mineure et enceinte, dans la très catholique Espagne de 1974, a dû obéir à ses parents : accouchement discret et un bébé qui disparaît, confié par les religieuses, sous une fausse identité, à une famille bien sous tous rapports. (http://www.tdg.ch/actu/monde/enquete-vols-enfants-espagne-franquiste-2009-10-14).

 

Cette église franquiste, loin de tout repentir, continue d’afficher son cléricalisme avec la même morgue, pour tenter de bloquer les lois qui lui déplaisent. Le soutien du Vatican ne lui a jamais fait défaut. La radio contrôlée par la Conférence épiscopale espagnole prend très systématiquement position contre le gouvernement de Zapatero, défend, sur un ton souvent très violent, des positions proches du PP. (http://www.regards.fr/article/print/?id=3157).

 

J’ai déjà évoqué le sort fait à 150 000 enfants amérindiens, enlevés à leur famille et confiés à des pensionnats majoritairement dirigés par l’église catholique. En Irlande si 2000 enfants et adolescents furent victimes d’agressions sexuelles, au moins 35 000 furent placés dans les institutions catholiques où beaucoup subirent de mauvais traitements.

 

 

santiermIl arrive cependant, parfois, rarement, que, pour un comportement moins criminel que celui d’enlèvements systématiques d’enfants, un prélat fasse entendre la voix du repentir : "Dans le passé, en Vendée, l'Eglise était trop présente, occupait l'espace social et laissait peu de place à des manières de penser et de vivre la vie humaine et la foi d'une manière différente. Des hommes et des femmes ont souffert de cette emprise de l'Eglise sur leur vie personnelle et sociale. Je pense aussi aux personnes séparées, divorcées, divorcées remariées, à d'autres qui vivent une orientation sexuelle qu'ils n'ont pas choisie". M. Michel Santier, ancien évêque de Luçon, pourrait servir d’exemple à la grande majorité de ses collègues du monde entier. Mais l’acte de contrition n’est pas une pratique courante par l’église catholique.

 

24/XII/2010

Le Monde daté du 24/XII titre en page 3 "Les enfants volés d'Espagne"

Les associations de victimes estiment à 300 000 adoptions irrégulières et vols d'enfants entre 1940 et 1990 (donc le trafic a continué après la fin du franquisme). L'article raconte qu'une femme, sur les conseils du curé de la paroisse, a simulé la grossesse, avant d'"adopter" un enfant.

"Le vol de bébés a surgi en Espagne avec le franquisme mais, par la suite, il semble qu'il se soit transformé en un pur commerce, extrêmement lucratif, qui se serait nourri de la vulnérabilité de certaines catégories de personnes : mères célibataires ou mineurs, couples analphabètes [...] Ce qui a commencé comme un crime idéologique s'est transformé en une véritable mafia"  Enrique Vila cité par Le Monde.

 

En complément :

Espagne ou les mémoires interdites

Espagne: reportage sur les enfants volés du franquisme, l'un des derniers grands tabous d'Espagne

 

Un documental que muestra la crueldad del franquismo a la hora de reprimir principalmente a los niños de republicanos que lucharon para defender la democracia, todo ello se hizo desde el principio con la convivencia de la iglesia católica que, era parte fundamental de aquel sufrimiento que el régimen dio todo lo que fuera, republicano, ateo, sindicalista, comunista, anarquista y un largo etc... En conclusión, todo lo que no fuera el Nacional-Catolicismo era despojado de su humanidad para luego ser aniquilados.

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