Le carnaval de Las Palmas (Canaries) a connu son point d’orgue avec un Gala de Drag Queens qui couronnait les meilleures prestations. Le premier prix était à forte connotation religieuse avec un crucifié et une madone plus quelques pénitents. Il n’en fallait pas moins pour provoquer la sainte ire de l’épiscopat local et la plainte d’une obscurantiste association d’avocats chrétiens. Plainte heureusement mise à la poubelle par le parquet.
L’association des avocats chrétiens avait porté plainte auprès du Parquet de Las Palmas contre la performance attentatoire du groupe Drag Sethlas, le gagnant du gala Drag Queens, à l’issue du Carnaval, pour son numéro mettant en scène la vierge Marie et le Christ crucifié.
Cette association d’avocats cul-bénits est une habituée de ce genre de démarche puisqu’elle avait déjà déposée une plainte contre un groupe de féministes (et des syndicalistes) pour un supposé délit d’atteinte aux sentiments religieux : le 1er mai 2014, dans une parodie des manifestations de la semaine sainte, elles avaient organisé la Procesión del "Coño Insumiso".
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Cette association considérait donc que cette performance Drag était une manifestation de haine à l’encontre des sentiments religieux. Et elle espérait que le Parquet agirait contre ce délit de haine de la religion avec la même célérité qu’il avait montré pour empêcher l’autobus d’ Hazte Oir de circuler dans les rues de Madrid.
Polonia Castellanos, sa présidente, a affirmé que des milliers de personnes se sont montrées offensées et elle a invoqué la nécessaire protection de ces personnes devant des actes qui attentent à leur sentiment religieux, en invoquant la Constitution espagnole et la Convention européenne des Droits de l’Homme !
Une église homophobe
Bien que ses cardinaux donnent, dans les grandes cérémonies, dans le style drag queen – to drag : traîner – avec leurs ridicules immenses traînes portées par des larbins ensoutanés, l’épiscopat ibère donne, lui, dans une homophobie qui attente, elle, à la dignité des personnes gays ou lesbiennes.
Ainsi l’évêque de Saint Sébastien, José Ignacio Munilla, a écrit un livre intitulé Le sexe avec son âme et son corps, dans lequel il affirme que les pratiques homosexuelles ne peuvent être approuvées ; dans une image hardie il compare le sexe hétéro et le sexe homo à deux variétés de jambons : jamón de jabugo et jamón de paleta* ! On peut supposer que pour arriver à cette conclusion culinaire et gustative, l’évêque a testé lui-même diverses postures et pratiques homo et hétérosexuelles : fellation, cunnilingus, copulations à la grecque ou la française, et bien sûr à la missionnaire...
Le cardinal Fernando Sebastián avait, lui, qualifié l’homosexualité de sexualité déficiente et recommandé un traitement médical et psychologique pour résoudre ce problème. Pour un homme dont la sexualité journalière, en principe, est à zéro, il ne fait pas de doute que l’adjectif déficient n’incite en aucun cas les gays et lesbiennes à baiser davantage ou à se masturber à deux mains. Il veut dire qu’il ne doivent pas se masturber et encore moins baiser !
La liste des déclarations homophobes des évêques espagnols est sans fin. Leur indulgence, en revanche, devant la pédophilie de leurs prêtres est constante. Mais ne trouble pas nos avocats chrétiens.
Le Parquet classe la plainte sans suite
Avocats qui ont essuyé un revers cinglant, puisque le Parquet de Las Palmas a classé leur plainte sans suite. Il a estimé que la performance des Drag Sethlas ne manifestait pas une volonté d’offenser, mais juste une critique acide de la religion, dans un contexte de carnaval. Dans ses attendus le Parquet a précisé que le délit supposait une claire intention d’offenser et ne pouvait reposer sur un sentiment d’offense manifesté par un collectif de croyants : l’application du code pénal ne peut se fonder sur la plus ou moins grande sensibilité de ceux qui professent une religion déterminée !
Faut-il ajouter que même si le carnaval envahit les rues, nul n’est obligé de le regarder et encore moins de se rendre au gala qui l’a conclu ?
* Le jambon de Jabugo est le nec plus ultra des jambons : selon les scientifiques, un jamón de jabugo éveille jusqu'à 20 goûts différents dans notre palais ; en revanche le jambon de palette, c'est-à-dire de l'épaule et non de la cuisse, est en fait, un faux jambon (CQFD).
Sources :
Y los obispos, reminiscencias de drag queens
La Fiscalía archiva la denuncia contra Drag Sethlas porque no ve "voluntad de ofender"
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