Les affaires sexuelles qui agitent l’opinion et l’église catholique ne doivent pas masquer des scandales encore plus graves et qui ne mettent pas en cause des individus défaillants – même couverts par leur hiérarchie - mais l’institution elle-même. « L’église était le franquisme » dit un historien qui raconte l’enlèvement de milliers d’enfants sous Franco. Tout un système de maltraitances d’enfants – amérindiens arrachés à leur famille au Canada, orphelins ou enfants de « filles-mères » (à qui on les avait arrachés) en Irlande et ailleurs – mis en place par une église arrogante et inhumaine.
Petite anecdote pour commencer : ça se passe à Saint-Jo, l’école privée de mon bled, nous sommes en 9e (car les « chers frères » ne parlent pas de CP, CE ou CM), J.-C., fils d’un entrepreneur local (qui crache généreusement au bassinet de l’église), arrive avec ses cheveux blonds luisant de brillantine ; le Frère Hubert, fou de rage, fonce vers la cuisine, revient avec une bassine d’eau froide et un bloc de savon et, vitupérant, shampouine sauvagement le malheureux, avant de le traîner de classe en classe, vociférant, pour achever son humiliation ! Ce psychopathe pouvait, en toute impunité, terroriser toute sa classe.
Nous étions dans les années 50, en Anjou.
Rien à voir avec « Les enfants volés du franquisme ».
Ouest-France 13 avril 2010
L’historien Ricard Vinyes chiffre à 21 000, rien que pour 1942 et 1943, les enfants enlevés de force à des mères républicaines par le régime franquiste avec la complicité active de l’église catholique.
Un document d'une institution religieuse, cité par Baltazar Garzon, chiffre à 30.960 au cours de la décennie 1944-1954 le nombre d'enfants de prisonnières politiques placés sous tutelle de l'Etat. Selon ce magistrat, c'est "un nombre indéterminé" d'enfants qui, de manière "systématique, préconçue et avec une volonté véritablement criminelle", auraient été soustraits à des familles "qui ne s'ajustaient pas au nouveau régime [franquiste]". Des milliers de femmes républicaines venues accoucher dans les hôpitaux ressortent sans bébés. ("La madre biológica entraba por un lado y la adoptiva salía con un bebé por otro"). Tous, sont déclarés morts nés. En fait, l'enfant, bien vivant, est placé sous la tutelle d'une famille proche du régime franquiste, pour être rééduqué. Ce sont les religieuses qui sont chargées de voler les enfants, elles utilisaient leur influence et l'autorité de l'Eglise pour faire taire les plaintes des mères. C'étaient elles aussi qui venaient annoncer « votre enfant est mort ».
Garzon relate cet épisode du début des années 40 basé sur le témoignage de Félix Espejo, ancien mineur des Asturies: "Un jour, les mères [prisonnières] sortirent avec leurs enfants dans la cour [de la prison de Saturraran]. Les religieuses leur dirent que les enfants devaient rester à l'intérieur pour une révision médicale. Il y en avait une centaine. Lorsque les mères rentrèrent, ils n'étaient plus là. Concepcion [une prisonnière], qui n'avait pas d'enfant, fut impressionnée par les scènes de douleur et par les cris des mères qui réclamaient leurs petits. Ils les menacèrent en leur disant de se taire si elles voulaient rester en vie. Une femme d'Oviedo libérée peu après vit sa fille dans une maison de militaires, à Valence, mais on ne sait pas si elle a pu la récupérer ou non".
Cette politique d'enlèvements, pour rechristianiser les enfants de mères rouges, s’est ensuite, avec toujours la complicité des « bonnes sœurs » et de leur hiérarchie, transformée en véritable trafic d’enfants. «Ce qui commence comme une sorte de vengeance politique et de mise au pas de la société se transforme au fil des années en un vrai «commerce» qui aurait perduré y compris jusqu’au début des années 80», explique Hector Rojo (revue Diagonal). Ainsi Isabel, mineure et enceinte, dans la très catholique Espagne de 1974, a dû obéir à ses parents : accouchement discret et un bébé qui disparaît, confié par les religieuses, sous une fausse identité, à une famille bien sous tous rapports. (http://www.tdg.ch/actu/monde/enquete-vols-enfants-espagne-franquiste-2009-10-14).
Cette église franquiste, loin de tout repentir, continue d’afficher son cléricalisme avec la même morgue, pour tenter de bloquer les lois qui lui déplaisent. Le soutien du Vatican ne lui a jamais fait défaut. La radio contrôlée par la Conférence épiscopale espagnole prend très systématiquement position contre le gouvernement de Zapatero, défend, sur un ton souvent très violent, des positions proches du PP. (http://www.regards.fr/article/print/?id=3157).
J’ai déjà évoqué le sort fait à 150 000 enfants amérindiens, enlevés à leur famille et confiés à des pensionnats majoritairement dirigés par l’église catholique. En Irlande si 2000 enfants et adolescents furent victimes d’agressions sexuelles, au moins 35 000 furent placés dans les institutions catholiques où beaucoup subirent de mauvais traitements.
Il arrive cependant, parfois, rarement, que, pour un comportement moins criminel que celui d’enlèvements systématiques d’enfants, un prélat fasse entendre la voix du repentir : "Dans le passé, en Vendée, l'Eglise était trop présente, occupait l'espace social et laissait peu de place à des manières de penser et de vivre la vie humaine et la foi d'une manière différente. Des hommes et des femmes ont souffert de cette emprise de l'Eglise sur leur vie personnelle et sociale. Je pense aussi aux personnes séparées, divorcées, divorcées remariées, à d'autres qui vivent une orientation sexuelle qu'ils n'ont pas choisie". M. Michel Santier, ancien évêque de Luçon, pourrait servir d’exemple à la grande majorité de ses collègues du monde entier. Mais l’acte de contrition n’est pas une pratique courante par l’église catholique.
24/XII/2010
Le Monde daté du 24/XII titre en page 3 "Les enfants volés d'Espagne"
Les associations de victimes estiment à 300 000 adoptions irrégulières et vols d'enfants entre 1940 et 1990 (donc le trafic a continué après la fin du franquisme). L'article raconte qu'une femme, sur les conseils du curé de la paroisse, a simulé la grossesse, avant d'"adopter" un enfant.
"Le vol de bébés a surgi en Espagne avec le franquisme mais, par la suite, il semble qu'il se soit transformé en un pur commerce, extrêmement lucratif, qui se serait nourri de la vulnérabilité de certaines catégories de personnes : mères célibataires ou mineurs, couples analphabètes [...] Ce qui a commencé comme un crime idéologique s'est transformé en une véritable mafia" Enrique Vila cité par Le Monde.
En complément :
Espagne ou les mémoires interdites
Espagne: reportage sur les enfants volés du franquisme, l'un des derniers grands tabous d'Espagne
Un documental que muestra la crueldad del franquismo a la hora de reprimir principalmente a los niños de republicanos que lucharon para defender la democracia, todo ello se hizo desde el principio con la convivencia de la iglesia católica que, era parte fundamental de aquel sufrimiento que el régimen dio todo lo que fuera, republicano, ateo, sindicalista, comunista, anarquista y un largo etc... En conclusión, todo lo que no fuera el Nacional-Catolicismo era despojado de su humanidad para luego ser aniquilados.
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