Avec une postface
Ce n’est pas la première fois* que Zemmour provoque un scandâââle par ses propos nauséabonds. Et à chaque fois, celui qui dénonce les bobos, la gauche bien pensante et le politiquement correct, se dit victime du Maccarthysme ! «On parle des discriminations, moi, ça ne me choque pas : la discrimination, c’est la vie, c’est le choix, et c’est la sélection. Donc, voilà, il n’y a pas à lutter contre les discriminations; ça, c’est un mythe» proférait-il sur une chaîne de télé, il y a peu. Or, n’en déplaise au vibrionnaire polémiste multi-cartes, les discriminations (à l’embauche, au logement, etc.) sont des délits. Et là ce sont, comme il dit, les arabes et les noirs qui sont les victimes !
Dans le n’importe quoi, il fait fort. Ainsi, ayant lu que des instits emmenaient leurs gamins de 8 ans "à une rencontre lutte", il s’écrie que "C'est un véritable scandale, c'est du polpotisme". Pour lui, ces instits-khmers emmenaient les CE2 à une manif ! Or, il s’agissait d’aller voir des épreuves de lutte sportive.
Il est vrai que dans la haine viscérale de l’école républicaine et de mai 68, il le dispute à un autre petit homme tout aussi agité que lui. “Depuis Mai 68, la gauche a décidé que l’école n’était plus un sanctuaire du savoir, mais que la vie devait y entrer, en tout cas sa conception de la vie.[…]La pression idéologique sur les enfants est souvent insupportable. On hurle au totalitarisme à propos des pays communistes de jadis, où les profs incitaient les élèves à dénoncer leurs parents qui ne pensaient pas selon la ligne du Parti. En sommes-nous si loin ? Pas tant que ça, c’est une très vieille habitude à gauche. Il faut se souvenir que la République de Jules Ferry a fondé l’école publique et obligatoire pour éduquer les enfants, évidemment, pour les instruire, mais aussi et surtout pour arracher les consciences à l’Église […] Depuis 68, la gauche pense que la révolution politique passe par la subversion de la morale traditionnelle, d’où son offensive sur les plus jeunes, les esprits malléables, afin de les conditionner.”
Car il ne dit pas que des conneries… il en écrit aussi. Ainsi dans son dernier dégueulivre, celui qui se dit d’origine juive berbère, se révèle fils de Pétain, "louangé pour avoir attendu les Américains en 1917, il est vilipendé pour avoir refait le même choix en 1940".
Faut-il voir un auto-portrait dans une des déclarations de ce logorrhéique agité : "L'être humain est très primaire. Nous avons un cerveau archaïque, nous avons un cerveau reptilien. Il faut en tenir compte. A vouloir le nier, nous créons des générations d'impuissants, d'homosexuels et de divorcés."
Car comme un Sarko qui, entouré de ses gardes du corps, interpelle un pêcheur perché d’un martial « Descends de là si t’es un homme », le chroniqueur du Figaro-Magazine, de RTL, d’I-Télé, etc., du haut de ses propres talonnettes, donne dans le virilisme de comptoir.
Avec « Le 1er sexe », autre dégueulivre du nabeauf, on atteint les sommets d’une bêtise non seulement assumée, mais revendiquée.
"Privé de ses propres mots, l'homme (mâle) a été peu à peu privé d'une pensée propre. […]Des hommes avec ou sans majuscule au temps d'une société patriarcale. Et puis, dans un second temps, on suggère la supériorité évidente des « valeurs » féminines, la douceur sur la force, le dialogue sur l'autorité, la paix sur la guerre, l'écoute sur l'ordre, la tolérance sur la violence, la précaution sur le risque. […] La société unanime somme les hommes de révéler la « féminité» qui est en eux. Avec une bonne volonté confondante, suspecte, malsaine, les hommes font tout ce qu'ils peuvent pour réaliser ce programme ambitieux: devenir une femme comme les autres. Pour surmonter enfin leurs archaïques instincts. La femme n'est plus un sexe mais un idéal."
On peut lire en creux l’idéal du petit homme, mais ce n’est rien à côté de ce qui suit : "Les mêmes mots, les mêmes rejets, les mêmes engouements se retrouvent ainsi chez les militants homosexuels et les féministes, au point que l'on peut parler d'alliance objective. Les rares hommes politiques qui assument ou revendiquent leur homosexualité sont aussi les féministes les plus ostentatoires. Il y a une rencontre sociologique, au cœur des grandes villes, entre homosexuels, militants ou pas, et femmes modernes, pour la plupart célibataires ou divorcées. Le cœur de cible de ce fameux électorat bobo. Mêmes revenus, mêmes modes de vie, même idéologie «moderniste», « tolérante », multiculturelle. À Berlin, Hambourg et Paris, ces populations ont élu comme édiles trois maires homosexuels - et fiers de l'être - qui ont la conviction de porter un nouvel art de vivre, une nouvelle renaissance. Peu à peu, la production, l'activité industrielle, toute activité productive ou même du négoce de marchandises ont été expulsées de ces villes transformées en musée pour touristes ou casino virtuel pour prédateurs de la finance - l'industrie c'est sale, c'est noir, c'est un travail d'hommes aux mains calleuses et aux mœurs rudes. Peu à peu, les ouvriers puis les classes moyennes ont été expulsés de ces paradis par la spéculation immobilière, il ne reste plus que les gens très aisés, les fameux bobos et les familles immigrées, avec ou sans papiers mono ou polygames, peu importe, puisque leur rôle est de servir - à bas prix - les nouveaux maîtres de la culture et de la fête." Un petit marquis de la droite extrême parlant de mains calleuses, un régal.
Le féminisme a détruit "l'héritage judéo-chrétien.[…] On explique en général la stagnation intellectuelle et économique de l'Europe par le vieillissement de sa population. Mais Cervantes écrivit Don Quichotte à soixante-quinze ans; de Gaulle revint au pouvoir à soixante-huit, et le chancelier allemand Adenauer à plus de soixante-dix. On ne songe jamais - ou on n'ose jamais songer - à sa féminisation."
"Tout s'est passé comme si les hommes français et européens, ayant posé leur phallus à terre, ne pouvant ou ne voulant plus féconder leurs femmes devenues rétives, avaient appelé au secours leurs anciens « domestiques » qu'ils avaient émancipés. Tout s'était passé comme si la France, et l'Europe, devenue uniformément femme s'était déclarée terre ouverte, attendant d'être fécondée par une virilité venue du dehors." Et quelle est cette virilité ?
" Renoncer à assimiler les immigrés et leurs enfants, c'était renoncer à leur imposer - virilement - notre culture. Devant cette ultime preuve de faiblesse française, si féminine, les enfants de ces immigrés préféreront renouer avec la loi de leur père idéalisé, les venger. Leur mère les approuvait. Ils seraient leur revanche. Pour cela, ils transgresseront allégrement la loi française, cette marâtre qu'ils haïssent. Ils seront, eux, des hommes, dans cette société de « zessegon ». Ils vont « niquer la France ». La France, cette femme, cette « salope », cette « putain ». Eux, les hommes."
Alors, sa dernière flatulence chez Ardisson n’est finalement que peu de chose à côté de cette immense flaque de vomi d’une pensée putride !
A lire : "Les petits calculs d'Eric Zemmour" C. Fourest Le Monde 26/03/10
On ne voit que ce qu'on regarde Journal d'un avocat (Maître Eolas)
En marge de ce débat (à moins que ce soit au coeur de ce débat) une étude de l'INED sur les discrimination subies par les "minorités visibles"
* "Il a dit, commentant le palmarès des personnalités préférées des Français : «Dans les dix, il y a une seule femme et encore, la seule femme, c'est Mimie Mathy. » C'est passé. Il a dit : « La réalité des mariages, aujourd'hui, c'est un nombre incalculable de mariages arrangés pour faire obtenir les papiers à des gens en Algérie, en Afrique, tout le monde le sait. » C'est passé. Il a dit : «Le ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, qui ne veut surtout pas culpabiliser les femmes qui choisissent d'avorter, veut faire de l'IVG une composante obligatoire de l'offre de santé, sans doute parce que tomber enceinte... est une maladie grave.» C'est passé. Il a dit : « A la sacralisation des races, de la période nazie et précédente, a succédé la négation des races. Et c'est, d'après moi, aussi ridicule l'une que l'autre. ( ... ) Vous êtes de la race noire, je suis de la race blanche. » C'est passé. Il a dit à propos des contrôles policiers incessants en banlieue, toujours sur les mêmes : «Pourquoi on est contrôlé dix-sept fois ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs ou arabes, c'est comme ça, c'est un fait. » Et là, ça a coincé."
"Peut-il tout dire ?" Véronique Groussard Nel Obs 25/03/10
Postface 05/01/15
Le nabeauf a évidemment depuis 2010 persévéré : son dernier dégueulivre connaît un succès inquiètant, bien que tissé de niaiseries. Mais, celui qu'un autre nabeauf, Ménard, avait invité à Béziers a fini pas se faire virer d'I-Télé. Aussitôt, les UMPENISTES ont osé brandir la liberté d'expression menacée !
"Le plus curieux, c’est que certains osent invoquer la liberté d’expression pour protéger l’omniprésence médiatique du «polémiste». A leurs yeux, la décision d’i-Télé est comparable au fait que l’Etat interdise Eric Zemmour de s’exprimer. Or, la liberté d’expression n’a rien à voir avec le fait que les médias financent et promeuvent les idées de Zemmour. Cette liberté serait en cause si l’Etat et sa justice empêchaient cette perle nationale de s’exprimer." Zemmour sauvé par le «pluralisme» Marcela Iacub
"La liberté d’expression est un principe politique qui stipule que l’Etat se refuse à infliger une sanction à quelqu’un pour ses propos, quels qu’ils soient.* Il s’agit d’un principe juridique qui contraint l’Etat à se limiter dans l’exercice de son pouvoir, et non pas d’une exigence morale adressée aux particuliers pour qu’ils se montrent «tolérants», «pluralistes» ou «à l’écoute» les uns des autres.(...) la liberté d’expression exige que l’Etat ne condamne pas les propos de M. Zemmour, quels qu’ils soient*, mais certainement pas qu’un et même plusieurs médias (car M. Zemmour ne manque pas de tribunes) lui donnent la parole.
(...) Mon attachement inconditionnel à la liberté d’expression ne m’empêche même pas d’espérer qu’un jour nous n’entendrons plus du tout Zemmour et ses semblables sur les ondes. Oui, j’espère (sans grand optimisme) qu’ils seront un jour réduits au silence, d’où ils n’auraient jamais dû sortir. Mais, je souhaite que cela soit une conquête culturelle et non pas une contrainte juridique. Autrement dit, je souhaite qu’Eric Zemmour suscite une répugnance si grande de la part de la très grande majorité d’entre nous, une répugnance similaire par exemple à celle que susciterait un Hibernatus hitlérien des années 30 dégelé pour l’occasion, qu’il ne trouve que d’obscurs fanzines numériques pour lui donner la parole." La liberté d’expression sans Eric Zemmour Patrice MANIGLIER Philosophe 28 décembre 2014
* Sous réserve qu'ils ne soient pas contraire à la Loi : ainsi Zemmour fut condamné pour incitation à la haine raciale ; le racisme n'est pas une opinion mais un délit.