Les “haters” – anglicisme que je traduis donc, grâce à P. Dac et F. Blanche, par « Têtes d’haineux » - prolifèrent sur la toile.
Sur les sites de la mouvance du Nouvel Obs, le pire des hebdos à l’exception de tous les autres, je me suis heurté à un(des)anonyme(s) aux pseudos divers - Serpico, Search and destroy, Autist je ne sais plus quoi et quelques autres - même hargne, mêmes obsessions, mêmes citations. S’il ne s’agit de la même personne sous ces pseudos, ils chassent en bande en hyènes qu’ils sont.
Mais il arrive de tomber sur le hater solitaire.
Un incertain Jacques Gaillard avait attiré mon attention pour un réquisitoire assez bien senti sur les fameux « bonnets rouges », dans Bakchich. Coup d’œil sur ses articles. Je tombe sur « HISTOIRES D’HISTOIRE » qui démarre sec avec : « On commémore, et ça ricane. Evaporée des programmes scolaires, l’Histoire passe pour être le dernier refuge des réacs. C’est à voir… » Le chapô laisse présumer de la suite.
Je me contente de laisser un bref commentaire :
« Pauvre Cicéron convoqué en conclusion de ce galimatias d’un imprécateur en mal de copie.
Grandes affirmations, fortes accusations, qui ne s’appuient que sur une citation soigneusement choisie. Pourfendons donc le « politiquement correct », en anglais political correctness : ça fait plus chic ! Inventons un adversaire caricatural que l’on pourra facilement contrebattre : quel est ce fameux "political correctness de gauche" qui a décrété « que l’histoire de France était l’apprentissage du nationalisme, l’éloge du colonialisme et la célébration de l’inégalité. » ? En toute bien-pensance, bien sûr.
Inventons aussi un enseignement de l’Histoire tout aussi caricatural où on parlerait « de moins en moins de la Révolution et de plus en plus de la Terreur ». Evolution de l’enseignement d’autant plus bizarre que l’imprécateur affirme d’entrée que l’Histoire s’est « évaporée des programmes scolaires ».
Du Finkielkraut, avec tous les poncifs habituels. »
Le premier commentateur – « Anonyme (hélas) »(sic) - approuve l'article :
« Merci pour cette analyse du désastre que je subis au quotidien dans mon métier (professeur d'histoire en collège et lycée). (…) ma matière d'étude a basculé vers une domination de la repentance gauchiste (…) Mais ces gens-là, qui prétendent limiter notre liberté pédagogique au nom d'un égalitarisme niveleur, possèdent un pouvoir que je n'ai pas.
Alors il ne reste plus à certains, comme moi même, que la résistance passive, dans notre coin, en dépit des invectives de tout bord : élèves incultes qui prétendent imposer ou refuser des thèmes d'étude ; parents tout aussi vindicatifs que leurs rejetons (depuis quand les chiens font-ils des chats ?) ; et administration veule, sans autre charisme que celui donné par leurs supérieurs hiérarchiques, qui font la pluie et le beau temps de leurs carrières, but ultime et indépassable de leur (in) conscience. (…) La bataille de l'instruction semble perdue. Le triomphe de la lobotomisation des conscience* semble écrasant. Mais un certain général, un certain 18 juin, a prouvé que du plus profond des abysses, il est toujours possible de se relever...»
A un tel degré de débilité arrogante, je me contente d’un « Affligeant.
Ce prétendu prof nous sort tous les clichés ressassés sur les élèves qu'il méprise.
Quel est donc cet "égalitarisme niveleur" qui limiterait sa "liberté pédagogique" ? Le vilain inspecteur ? il ne passe au mieux qu'une fois tous les trois ans (en annonçant sa venue, d'ailleurs) ? La veule "administration" - entendez le principal ou le proviseur ? Elle n'a aucun droit de regard sur la classe.
Commentaire méprisant donc méprisable. »
Que n’avais-je fait ?
Flagrant délire
J’ai droit en riposte à un déferlement que je cite intégralement:
« Mon pauvre Monsieur... Votre violence verbeuse n'est que le reflet de votre aveuglement et de votre haine à l'égard de chose* que vous ne comprenez pas. Oui, je suis réellement professeur, depuis 11 ans et actuellement TZR (remplaçant) pour être exact, et que ce soit des principaux ou des proviseurs, tous se complaisent dans la lâcheté, ou presque. Qu'ils soient en collège, en lycée, en lycée pro (j'y ai enseigné aussi, et avec plaisir, contrairement à ce que vous pourriez en dire) ; cela ne change rien à l'affaire. Certes, en théorie, ils n'ont aucun droit de regard sur la classe, mais croyez-moi, la théorie et la pratique, ça fait deux. Je ne compte même plus les fois où mes cours sur la laïcité ont été contesté* dans leur existence même, mes notes ou appréciations modifiées à mon insu, une moyenne une fois carrément annulée car une élève de la classe avait raté un devoir, étant malade. Toute la moyenne de toute la classe a été annulée par le principal, dont j'ai appris après coup qu'il était ami personnel de cette famille. Et tout cela je l'ai découvert au conseil de classe !
Quant aux inspecteur*, je vous rejoins sur ce point, ils passent rarement et sont complètement à côté de la plaque. Ils n'ont que le pédagogisme éculé à la bouche, quand ce n'est pas leurs sempiternels programmes. De véritables incapables. Une professeur que j'ai remplacé* il y a trois* (elle devenait inspectrice) me l'a d'ailleurs confirmé : elle ne supportait même plus les élèves dans un bon lycée de centre-ville ...
Sur le mépris dont j'aurai fait preuve, sachez monsieur, que je ne méprise que ceux qui le méritent, et certainement pas les élèves (dont ce n'est pas la faute), mais plutôt les pervers qui ont saboté l'école de la république par un noyautage systématique des leviers de commande, contre l'avis majoritaire des personnels de terrain. Elle est belle la démocratie... Alors on pourra toujours me dire que nous sommes d'affreux conservateurs, et c'est en partie vrai. Mais vouloirs faire table rase du passé n'est rien d'autre qu'une idéologie criminelle, surtout en histoire-géo.
Et enfin, sur votre deuxième post, tout aussi haineux que le premier, il n'y manque plus que la reductio ad hitleram pour être complet. Mais heureusement que vous êtes là pour démasquer les "crypto" facho et consort. Le monde avait besoin de vous pour cela ...
Ce n'est parce qu'on n'est pas de votre avis, Monsieur, que ça fait de nous des hitléro-trotskistes, des hyènes dactylographes et j'en passe ! La caricature n'est pas un argument, c'est l'expression d'une pensée appauvrie, sauf quand elle est à vocation humoristique. Mais en possédez-vous seulement le sens ?
Voilà, j'en ai fini avec vous. Vous ne méritiez pas tant d'attention, mais votre outrance m'était insupportable. Je retourne à mes copies, elles méritent plus d'attention que vous. Votre esprit borné est déjà irrémédiablement pollué. Mes élèves, eux, ont (encore) l'avenir devant eux. Et je vais essayer encore plus de leur inculquer cet esprit critique des Lumières, qui seul, donne accès à la Raison dont vous êtes si visiblement dépourvu. Salutations, Monsieur l'outrancier ! ».
Ce « Monsieur l’outrancier » final s’imposait. Le personnage s’est donc enfermé dans une sorte de délire verbal totalement dément. Que veut dire cette haine à l’égard de chose singulièrement singulière que je ne comprendrais pas ? Faut-il mentionner ces principaux ou ces proviseurs qui tous se complaisent dans la lâcheté (venant d’un anonyme, cette accusation de lâcheté prend tout son sel) ! Les exemples qu’il donne laissent dubitatif. Des notes et appréciations modifiées : de fait si ses appréciations sont du style « esprit borné déjà irrémédiablement pollué », on peut comprendre que le chef d’établissement corrige ses excès. Faut-il mentionner l’attaque sur le pédagogisme éculé si ce n’est pour inciter ce soi-disant prof à lire l’ouvrage d’un grand historien Eloge des pédagogues !
Mais tout cela n’est que broutilles, à côté de ce reductio ad hitleram et le déchaînement qui suit, sans aucun rapport avec les commentaires que j’ai laissés où, ni de près, ni de loin, je frôle le fameux point Godwin et encore moins les outrances staliniennes qu’il écrit. Et ça se conclut par des injures hyaineuses.
Une diatribe inquiétante quant à la santé mentale de son auteur. Mais révélatrice du climat de plus en plus haineux qui sévit sur la toile.
Ici, visiblement, l’auteur de l’article, le dénommé Gaillard, donne – c’est sa marque de fabrique en quelque sorte – dans le style polémique. Il peut cogner juste ou ne révéler, comme ici, que des préjugés assez répandus au demeurant (Brighelli, Polony, Fanny Capel et même Caroline Brizard dans ses fréquents mauvais jours, sans oublier bien sûr Finkielkraut et Jacques Julliard illustrent bien cette rétropensée).
Style polémique qui muscle les commentaires.
Qui n’autorise pas à écrire n’importe quoi. Mais l’anonymat, presque automatiquement, amène à toutes les outrances. Ici, on a en quelque sorte un phénomène d’auto-allumage où le personnage visiblement très perturbé se débonde. Peut-être d’ailleurs que cet épandage a pour lui une vertu en quelque sorte purgative. Du commentaire en guise de lavement !
Mais c’est de la guimauve par rapport à ce qu’on peut lire chez les souchiais prétendument laïcs ou franchement cagots !
* Toutes les citations sont des copiés-collés ; mais c’est moi qui ai mis en relief quelques passages.
P S J'ai même eu droit à la "Corée du Nord", mais le gâs visiblement est à l'Ouest !