Nous ne dirons pas que M. Darcos est un menteur : en ces temps de poursuites pénales pour insultes et outrages ce serait prendre un risque inutile. Disons donc qu'il manie la contre-vérité avec une habileté remarquable.
Le sarkozysme est-il un humanisme ? Pardon, le sarkozysme est l'allié de l'école*. Déjà l'emploi de ce mot de sarkozysme, s'agissant d'école, surprend. Qui aura le courage de relire sa Lettre aux enseignants sera bien en peine de dégager une ligne directrice. Si ce n'est économies ! économies ! et, tels les médecins de Molière, Dr Darcos pratique la saignée pour soigner le mammouth.
Autre trait du sarkozysme, c'est la pratique du « plus c'est gros, mieux ça passe ». Là, le sarkozyste n'y va pas de main morte. Ceux qui s'opposent aux programmes bâclés du primaire ne veulent pas que les enfants apprennent à lire, à écrire et à compter. Il a lu ça où, le Xavier ? Les pédagogues, les vrais, pas les rétropenseurs bornés (pléonasme) qui ont inspiré ces programmes rétrogrades, ont-ils tort de rappeler que les programmes actuels ont été élaborés, en toute transparence, par des personnalités qualifiées de divers horizons. Il se pourrait même qu'un certain Xavier Darcos les ait approuvés. Rien à voir avec cette élaboration en catimini, par une petite clique. Et la suppression de deux heures hebdomadaires, que dénonce Antoine Prost, est passée sous silence. Il ira même jusqu'à oser écrire que l'on donne plus aux élèves du primaire !
Toujours aussi gros, l'attaque sur le fonctionnement absurde de la carte scolaire. Puisque vous êtes si sûr de vous sur cette question, que ne laissez-vous publier le rapport de deux de vos collègues IGEN sur le sujet, M. le Ministre ? La carte scolaire était victime de multiples contournements (le plus massif étant le recours au privé) : multiplions-les et favorisons de nouvelles implantations du privé pour mieux ghettoïser encore les collèges des quartiers dits défavorisés ! L'affirmation de la priorité aux boursiers est une contre-vérité flagrante. Le Recteur Quenet, dans son communiqué de victoire (fort controversé), donnait comme critère premier, alimentant ses ordinateurs, les résultats (40 %).
Nous n'échappons pas, bien sûr, à la sempiternelle attaque sur l'élève que les vilains pédagogistes ont voulu placer au centre, lui prêtant "une forme de prescience égale au savoir du maître". On croirait lire du Finkielkraut. Et comme lui, aucune référence à un écrit ou déclaration quelconque. M. Darcos serait bien inspiré de (re)lire Antoine Prost « La problématique des études place au centre de ses préoccupations l'élève en tant qu'il apprend. Comme la problématique de l'enseignement, elle est donc du côté des savoirs, mais non, si l'on peut dire, des savoirs apolliniens, solaires, étincelants, tels que des maîtres éminents peuvent en apporter la révélation. Elle est du côté des savoirs laborieux et pénibles, sans cesse complétés et précisés par l'élève qui les apprend, les construit et finit par s'en emparer pour les utiliser à sa guise. Comme la problématique de la vie scolaire, elle s'intéresse donc aux élèves, mais plus aux élèves dans leur cheminement cognitif, dans le travail par lequel ils maîtrisent peu à peu et s'approprient les savoirs, que dans leur affectivité. » (Eloge des pédagoques Points Actuels). Cela ne mettra pas, hélas, un terme à ce faux procès, la mauvaise foi étant inaccessible à un débat honnête.
Mais tout cela n'est sans doute qu'un exercice de flagornerie à peine masqué, avec des variations sur sarkozysme, sarkozyste et Nicolas Sarkozy (le projet pédagogique de(sic) ; voulue par ; a levé le tabou) ! La place de premier ministre a été clairement remise sur le marché à terme. Il serait temps de prendre des options.
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