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1 octobre 2017 7 01 /10 /octobre /2017 14:45
Photo Sud-Ouest

Photo Sud-Ouest

Edmond Maire à la librairie Mollat à Bordeaux en compagnie de Dédé Dorléans (ex-action revendicative au Sgen-CFDT, au côté de Roger Lépiney)  le 29 avril 1987

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Georges Marchais, François Mitterrand, Robert Fabre, Edmond Maire et Michel Rocard à la manifestation contre le coup d'état au Chili le 12 septembre 1973 à Paris, France.

Le petit secrétaire national de la branche PEGC-Voie III - le dernier - du Sgen-CFDT ne croisa Edmond Maire qu'à l'occasion de manifs (à l'époque unitaire avec la CGT) ou lors du Congrès d'Annecy en 1976, congrès du recentrage syndical. Mais il donnait une image de simplicité et, pour reprendre un terme de son ami Michel Rocard, il parlait vrai et sobre.

MANIF 1975

Edmond Maire
Edmond Maire

MANIF Printemps 1976

Edmond Maire
Edmond Maire
Edmond Maire
Edmond Maire
Edmond Maire
Edmond Maire
Edmond Maire
Edmond Maire

MANIF Fonction Publique automne 76

Edmond Maire
Edmond Maire

"J'apprends à l'instant le décès d'Edmond Maire.
A mes yeux, c'est le syndicaliste le plus exigeant et l'homme de gauche le plus original que j'aie jamais connu. Il appartenait à une génération de syndicalistes intellectuels qui faisaient du débat et de la compréhension des enjeux un préalable indispensable. L'indépendance syndicale était pour lui une pierre angulaire, tout autant que le "syndicalisme de transformation" où la pensée de l'intérêt général doit primer sur l'étroitesse des corporatismes. « Le socialisme, disait-il, n’est pas un taux de croissance mais une manière de vivre. » Pour lui, la fin était dans les moyens, point barre. Mitterrand et lui se sont supportés mais jamais compris, et pour cause.
Quand Patrick Rotman et moi avons publié "La deuxième gauche", Pierre Mendès France m'a appelé, souhaitant nous rencontrer. Il avait lu le livre et l'avait jugé utile. "Edmond Maire, nous a-t-il dit, est l'homme le plus courageux de la gauche actuelle". Mendès est mort six jours plus tard.
C'est Edmond, à présent, qui s'en va. Toujours six pieds au-dessus de ses pairs, c'était un fameux joueur de poker."

Hervé Hamon

Congrès d'Annecy 1976

Edmond Maire
Edmond Maire
Edmond Maire
Edmond Maire
Edmond Maire
Edmond Maire
Edmond Maire
Edmond Maire

Avec Eugène Descamps, son prédécesseur qui avait mené la déconfessionnalisation.

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A l'époque Jacques Julliard était proche d'Edmond Maire et partageait les options du Sgen-CFDT, qu'il vilipenderait aujourd'hui.

Edmond Maire

SALUT CAMARADE

Edmond Maire

En complément

Une tribune d'Edmond Maire dans Le Monde diplomatique

Le Monde diplomatique

Système de décision, conception du développement, méthodes d’action

Une voie nouvelle : enrichir la revendication

 

Face à l’explosion scientifique et technique, au développement du nombre des salariés très qualifiés, à la croissance du secteur tertiaire, à l’extension du travail en continu, à la condition des ouvriers spécialisés, à la prise de conscience grandissante de millions de femmes, aux 2 millions de travailleurs immigrés, le syndicalisme français est-il adapté dans sa conception, ses revendications, ses structures ?

La C.F.D.T. a conscience des modifications à apporter au syndicalisme français, encore dominé par les ouvriers qualifiés d’industrie qui l’ont construit, pour le rendre représentatif de la classe ouvrière de notre temps. Elle pense même avoir emprunté la bonne direction pour le faire.

D’abord en introduisant, dans sa pratique et ses structures l’ensemble des salariés et anciens salariés qui subissent l’exploitation et la domination. Les laissés-Pour-compte de la société briseront leur isolement et leur surexploitation s’ils s’insèrent à part entière dans les luttes, si le mouvement ouvrier se révèle capable de mettre en cause le conditionnement culturel millénaire qui subordonne la femme à l’homme, le racisme que subissent les immigrés, la loi d’airain qui réduit à la misère économique et sociale la masse des personnes âgées.

Ensuite, exiger l’égalité totale des droits entre les travailleurs de races et sexes différents, revendiquer la mixité de toutes les professions, les équipements et les prestations nécessaires à l’exercice du droit au travail des femmes, un revenu pour les retraités au moins égal au minimum vital arraché à grand-peine pour le travailleur actif, c’est bien sûr lutter pour les droits matériels et moraux de catégories sociales délaissées. Mais c’est en même temps lutter pour une société excluant la domination, où chacun puisse vivre, individuellement et collectivement, dans des relations diversifiées et égalitaires d’où seront bannis les modèles culturels privilégiant les détenteurs de la force.

Contre toutes les conceptions hiérarchiques

Deuxième angle d’attaque : le système de décision. Partout, dans l’organisation de l’entreprise, comme dans la vie sociale, dans l’école, la famille ou l’armée, la hiérarchie fait ses ravages.

Comment en serait-il autrement dans un monde où l’autorité s’est toujours imposée d’en haut, au nom de Dieu d’abord du temps de la monarchie, puis en vertu de l’argent dont le règne n’a été vaincu dans une partie du monde que pour laisser la place à l’appareil du parti et au clan des technocrates ?

Les prérogatives accordées au commandement déterminent à la fois l’échelle des revenus, l’organisation dite scientifique du travail qui sépare conception et exécution, le système de qualification et le statut social. Par rapport à cette situation de fait, réduire l’éventail des salaires, contester fondamentalement le contenu des emplois et de l’organisation du travail, montrer au personnel « d’encadrement la logique impitoyable à laquelle le système le contraint, relèvent du même combat.

Alors que l’entrée progressive des jeunes dans l’enseignement supérieur constitue une conquête majeure des travailleurs, tout exige la transformation des rapports et systèmes hiérarchiques. Les explosions de révolte ne peuvent faire échec à la sélection sociale. Accès massif à l’enseignement supérieur et refus de toute sélection sociale ne sont conciliables qu’en réinventant toute la conception des emplois et de l’organisation du travail.

A l’heure où l’innovation collective est la clé du progrès, où la liberté devient une technique de production, selon le mot de David Rousset, les revendications anti-hiérarchiques réconcilient progrès technique et progrès humain. Mais il ne leur suffit pas d’être dans le courant de l’histoire pour s’imposer, car c’est l’« ordre » capitaliste lui-même qui est enfin et de plein fouet frappé par cette dynamique.

Troisième front : le type de développement.

La lutte pour les salaires, aussi énergique et nécessaire soit-elle, si elle se limite là, n’est rien d’autre qu’une puissante incitation à l’expansion capitaliste et à la modernisation.

Mais lier la progression du niveau de vie à la transformation du mode de vie a un tout autre sens. La croissance considérée comme celle des seuls biens rentables, l’augmentation du pouvoir d’achat conçue comme devant être absorbée totalement par le besoin d’évasion de la ville polluée, encombrée et déshumanisée, ou par la nécessité inculquée dans la tête des gens de consommer les produits imposés par la publicité, autant d’aberrations masquant le besoin fondamental de rapports sociaux égalitaires et désaliénés dans un environnement construit pour le développement de la personnalité de chacun.

L’action pour une augmentation du salaire minimum plus rapide que celle du salaire moyen, pour la priorité aux équipements collectifs, pour une fiscalité correctrice des inégalités et orientée en fonction de la satisfaction des besoins essentiels, pour le développement de l’emploi non industriel, par exemple dans la santé et la culture, pour des transports collectifs primant la voiture individuelle, pour la prise en compte du coût humain des activités économiques, pour l’introduction de l’impératif de non-pollution dès la conception de l’usine, pour une ville qui soit celle des contacts humains, de l’enrichissement social et culturel, pour l’utilité sociale de l’emploi en même temps que le plein emploi, ces quelques pistes d’action encore largement explorées deviennent progressivement celles du travailleur-usager, du citoyen-producteur.

A l’échelle de l’Europe occidentale, la convergence commence à apparaître entre un nombre croissant de travailleurs et d’organisations pour qui la tour de Babel des mots autogestion, cogestion, contrôle ouvrier, démocratie industrielle, collective bargaining, recouvre une réalité proche : celle de la révolte contre le type de travail et le mode de vie imposés.

Mais la revendication ne s’enrichit pas spontanément. Un travailleur aliéné ne trouve de solution qu’aliénée. L’objectif de l’action collective n’est pas dissociable de sa forme. C’est aussi dans l’entreprise que doit être conquis le droit d’expression, de réunion. En 1968, la discussion collective est entrée en France dans l’entreprise. Elle n’en sortira plus.

On ne peut construire une société de liberté et de responsabilité par des moyens d’action qui maintiennent le mode hiérarchique, la chape de plomb qui pèse sur l’intelligence, la sensibilité, la capacité d’innovation de chacun. Les droits d’expression et d’action sont à conquérir pour tous les travailleurs et pas seulement pour leurs délégués. Les mots d’ordre commandés du sommet doivent faire place à des propositions élaborées en fonction du mûrissement des luttes de base.

La grève devient active, moment privilégié qui n’est plus celui de la révolte précédant la passivité, mais de la prise de conscience entraînant l’action pour des objectifs plus riches.

La marche au socialisme autogestionnaire réclame des acteurs et non des exécutants. La lutte pour un pouvoir partagé entre tous ne peut se satisfaire de structures syndicales où le pouvoir ne soit pas diffusé égalitairement, où les responsables du mouvement ouvrier jouiraient de privilèges, où l’on ferait fi de l’apport de chacun à la construction quotidienne de l’avenir, où l’on freinerait la possibilité pour chacun de faire émerger sa liberté à travers l’action collective.

Telle est la voie nouvelle. Mais est-elle vraiment originale ou ne fait-elle que revenir à l’inspiration originelle du mouvement ouvrier français ?

On a pris l’habitude, tant avec la tradition léniniste qu’avec la social-démocratie, de considérer que le parti jouait le rôle majeur dans la transformation sociale, le syndicat étant là pour faire mûrir, à travers la lutte de classe, la victoire du parti.

Mais la tradition syndicaliste française est celle qui lie revendication immédiate et réforme profonde, qui définit elle-même le type de société à bâtir et la stratégie pour y parvenir, qui sait que l’efficacité suppose à la fois convergence de but et de luttes avec les partis de gauche et totale autonomie de pensée et d’action.

La C.F.D.T., à partir de cette conception, a élaboré à travers sa pratique son projet de société socialiste démocratique et autogestionnaire. C’est cette démarche qui lui a permis de lutter contre l’asservissement à un parti et contre son corollaire, la réduction de la société à l’Etat, caractéristique de la vision sociale des courants léninistes ou sociaux-démocrates. C’est cette démarche qui lui a en même temps évité les pièges de l’intégration. C’est ainsi que, à travers les tâtonnements et les difficultés, mais portée par l’espérance autogestionnaire fondamentale – la maitrise de l’avenir par chacun et par tous – l’action collective s’enrichit peu à peu et propose des solutions d’aujourd’hui aux problèmes de notre temps.

Il reste bien du chemin à parcourir. Tant mieux. Car il reste bien du monde à associer à ce combat...

Edmond Maire

Secrétaire général de la C.F.D.T
 
MAI 1973
 

Emprunté à CFDT Cadres

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16 juin 2015 2 16 /06 /juin /2015 14:33
sic !

sic !

Dans la série comparaison stupide, le CIC – vous savez la banque qui nous présente un banquier anonyme et incompétent que son client abandonne pour l’agence CIC, comme par hasard de l’autre côté de la rue – fait très fort.

 

Si l’on lit bien, en 1980 même pas 3 candidats sur 10 obtenaient le bac, plus de 70 % d’échecs ! Tandis qu’en 2014, ce taux d’échecs est tombé à 12 %.

 

Or, sont en fait comparés le taux de bacheliers dans une génération en 1980 avec le taux de réussite aux bacs – généraux, technologiques et professionnels - en 2014.

Avec, en plus, une erreur, puisque la proportion de bacheliers dans une génération n’était que de 26 % en 1980. En revanche le taux de réussite global, la même année, était de 64 %

En 2014, : le pourcentage de bacheliers dans une génération s'approche des 80%.

 

Bac : comparaison stupide

Il est vrai que ce type d’erreur n’est pas commise que par des banquiers. Ainsi, Caroline Brizard, a fait plus fort encore : « en  1936 : moins de 3 % de reçus, en 2007 : 83,3 % »Faut-il supprimer le bac ? » Nel Obs 17/01/08).

Or Mme Brizard était censée être une journaliste spécialisée du Nouvel Observateur, ce qui ne l’empêchait pas d’émettre cette splendide stupidité. Il est sûr que les candidats au bachot de 1936 n’étaient pas minables au point d’échouer à 97 % ! En revanche, si la proportion de bacheliers dans une génération était d’à peine 3% en 1936, elle était de 64% en 2007, et non de 83,3.

Inutile de dire que la gentille lettre rectificative n’est jamais parue dans le Courrier des lecteurs du Nel Obs à l’époque et Mme Brizard n’a même pas jugé bon de publier un bref erratum.

 

Ici on peut conseiller à nos banquiers de se consacrer aux taux actuariels bruts ou pas plutôt qu’aux taux de réussite au bac ! Qu'ils laissent aux Finkielkraut, Julliard et consorts le soin de nous abreuver de déclarations outrancières à base de données biaisées.

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27 août 2010 5 27 /08 /août /2010 18:02

 

chagrindecole

Un peu comme le cancre, en état d’hébétude devant sa fraction, je traîne depuis des mois  le projet de rendre compte de deux livres essentiels – Chagrin d’école et Composition française – projet très velléitaire. Toujours remettre au surlendemain, ce que je projetais de faire l’avant-veille. Mme Ozouf ne m’en voudra certainement pas si j’essaie de surmonter mon aboulie en m’attaquant d’abord au Prix Renaudot 2007.

 

Et c’est justement le choix de l’angle d’attaque qui me bloquait.

 

Ma pente polémiste me pousserait à clamer : voilà un livre qui nous change des diatribes de Finkielkraut* ou de Julliard sur les pédagogues, l’un ne connaissant de l’école que la Polytechnique, où il enseigne d’ailleurs une matière récréative, et l’autre de collège que le Collège de France ! Tandis que Daniel Pennac, lui, il a enseigné en collège ou lycée pendant plus d’un quart de siècle et il continue de se confronter avec des élèves d’établissements de banlieue dans des rencontres sur son œuvre.

 

chagrin-ecfole-poche  Autre angle, rebondir sur un fait divers, pour démarrer par une belle citation, toujours d’actualité, quand le ministre, malgré des assises sur la violence à l’école aux conclusions riches et nuancées, se cantonne dans des proclamations de « tolérance zéro ».

« Il n’est pas surprenant que la violence physique augmente avec la paupérisation, le confinement, le chômage, les tentations de la société de satiété, mais qu’un garçon de quinze ans prémédite de poignarder son professeur – et le fasse ! – reste un acte pathologiquement singulier. En faire, à grand renfort de unes et de reportages télévisés, le symbole d’une jeunesse donnée, dans un lieu précis (la classe de banlieue), c’est faire passer cette jeunesse pour un nid d’assassins et l’école pour un foyer criminogène ». Et encore « je refuse d’assimiler [aux] images de violence extrême tous les adolescents de tous les quartiers en péril, et surtout, surtout, je hais cette peur du pauvre que ce genre de propagande attise à chaque nouvelle période électorale. Honte à ceux qui font de la jeunesse la plus délaissée un objet fantasmatique de terreur nationale ! Ils sont la lie d’une société sans honneur qui a perdu jusqu’au sentiment même de paternité. »

 

La tentation de faire du détournement de compte rendu pour se raconter est grande aussi. Ainsi quand il évoque ce professeur de sciences naturelles. « Se plaignant de ce que la moyenne générale de “cette classe” n’excédât pas les 3,5/20, il avait commis l’imprudence de nous en demander la raison. […] J’ai levé un index poli et suggéré deux explications possibles : ou notre classe constituait une monstruosité statistique (32 élèves qui ne pouvait dépasser une moyenne de 3,5/20…) ou ce résultat famélique sanctionnait la qualité de l’enseignement dispensé. » Comment ne pas conter ce conseil de classe de 5e, où le chef d’établissement, tablo-graphomaniaque que j’étais, projetait les résultats des devoirs communs. La classe concernée avait une moyenne en math significativement plus basse que les trois autres. Le prof de maths – un agrégé – de prendre à partie les délégués des élèves en reprochant à la classe sa faiblesse. Je lui fis remarquer que dans les autres matières de ce contrôle commun, les résultats étaient très, très proches des autres 5e et même un poil supérieurs. S’il se tut, je ne suis toujours pas persuadé qu’il ait compris que ce n’était pas la classe à mettre en cause, mais son propre enseignement.

 

Le cancre étalon

Mais finalement, puisque ce beau métier, professeur, va être le seul où aucune formation professionnelle ne sera dispensée, comment ne pas recommander sa lecture** à tous ces futurs enseignants lancés dans le bain sans aucun rudiment de nage. Tant pis pour ceux qui se noient.

Les éléments autobiographiques, qui forment la trame du livre, leur feront découvrir le « cancre » qu’ils n’ont pas été. Car ce livre raconte « la douleur partagée du cancre, des parents et des professeurs, l’interaction de ces chagrins d’école ».

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Aucune fatalité sociologique :

« Non seulement mes antécédents m’interdisaient toute cancrerie mais, dernier représentant d’une lignée de plus en plus diplômée, j’étais socialement programmé pour devenir le fleuron de la famille. » Père polytechnicien, mère au foyer, trois frères ayant tous connus la réussite scolaire « j’étais un cas d’espèce. [ ] J’étais un objet de stupeur, et de stupeur constante car les années passaient sans apporter la moindre amélioration à mon état d’hébétude scolaire. [ ] j’étais un mauvais élève. [ ] mes carnets disaient la réprobation de mes maîtres, [ ] dernier de la classe [ ] je rapportais à la maison des résultats pitoyables que ne rachetaient ni la musique, ni le sport, ni d’ailleurs aucune activité parascolaire. »

« Un cancre sans fondement historique, sans raison sociologique, sans désamour : un cancre en soi. Un cancre étalon. »

 

Daniel-Pennac.jpg  Ce cancre étalon, malgré la gaieté qu’il affichait, souffrait. « L’avenir, c’est moi en pire, voilà en gros ce que je traduisais quand  mes professeurs m’affirmaient que je ne deviendrais rien. » « L’image de la poubelle, tout compte fait, convient assez à ce sentiment de déchet que ressent l’élève perdu pour l’école. »

 

Pennac décrit bien ceux qui l’ont sorti de la poubelle.

« Ils accompagnaient nos efforts pas à pas, se réjouissaient de nos progrès, ne s’impatientaient pas de nos lenteurs, ne considéraient jamais nos échecs comme une injure personnelle et se montraient d’une exigence d’autant plus rigoureuse qu’elle était fondée sur la qualité, la constance et la générosité de leur propre travail. [ ] L’image du geste qui sauve de la noyade [ ] est la première qui me vient quand je pense à eux. En leur présence – en leur matière – je naissais à moi-même ».

« Ce n’était pas seulement leur savoir que ces professeurs partageaient avec nous, c’était le désir même du savoir ! Et c’est le goût de sa transmission qu’ils me communiquèrent. Du coup, nous allions à leurs cours la faim au ventre. Je ne dirais pas que nous nous sentions aimés par eux, mais considérés, à coup sûr « respectés », dirait la jeunesse d’aujourd’hui. »

En ces lignes – toujours la tentation de se conter – je retrouve un François Lebrun, professeur d’Histoire avec les M’ – classe poubelle – que nous étions, les équipes de Gasny bien sûr, Coincoin et Mme Foldingue, les cousins matheux, et combien d’autres, tous pétris de leur matière et de leurs élèves !

 

Nos néophytes, qui, pour la plupart, deviennent prof du secondaire par passion de leur « matière » ne pourront qu’être rassurés.

« Ma conviction m’est restée qu’il fallait parler aux élèves le seul langage de la matière que je leur enseignais. Malheureux à l’école ? Peut-être. Chahuté par la vie ? Certains, oui. Mais à mes yeux, faits de mots, tous autant que vous êtes, tissés de grammaire, remplis de discours, mêmes les plus silencieux ou les moins armés en vocabulaire, hantés par vos représentations du monde, pleins de littérature en somme, chacun d’entre vous, je vous prie de me croire. »

 

Mais, arrivera-t-il à convaincre que « La sagesse pédagogique devrait nous représenter le cancre comme l’élève le plus normal qui soit : celui qui justifie pleinement la fonction de professeur puisque nous avons tout à lui apprendre, à commencer par la nécessité même d’apprendre ! »

 

Vous le constatez, je n’ai pas l’art du compte rendu auquel vous a habitué celle qui tient la rubrique MLF où je joue le coucou. Car, malgré l’abondance des citations, j’ai négligé la plus grande part de la richesse de cet essai autobiographique. Une plume qui fait que ce livre se lit « Comme un roman ».

 

Daniel Pennac Chagrin d’école 2007 Gallimard Collection Blanche et en poche « folio »

 

Pour compléter, une lecture de l'auteur :

http://www.telerama.fr/livre/20939-daniel_pennac_lit_un_extrait_de_cancre_ecole.php

  et une excellente présentation du livre avec un entretien avec l'auteur :

 

 

 

* Pennac consacre les pages 205 à 214 (collection Blanche) à une réaction typique de Finkielkraut. 

  

elogedespedagogues

** Et puisque je joue, sans légitimité aucune, le donneur de conseils, la deuxième lecture que je leur recommande est Éloge des pédagogues, d’Antoine Prost (Le Seuil, Points Actuels)

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