26 octobre 2016 centième anniversaire de la naissance de François Mitterrand
8 janvier 1996, 20 ans donc, François Mitterrand mourrait d’un cancer diagnostiqué peu après son élection en 1981.
Mes clichés remontent à 17 et 18 années plus tôt.
De janvier et février 1978 à Bernay et Louviers dans l’Eure.
Puis, l’année suivante, du Congrès de Metz en avril.
Mitterrand fut sans doute avec De Gaulle, le seul homme d’état de la Ve république. Ni Pompidou, ni Giscard n’ont eu cette stature. Encore moins Chirac. Ne parlons pas de Sarkozy !
Hollande s’y est hissé il y a un an, après les attentats de Charlie et de l’Hyper Casher. Lors de la manifestation géante où il avait su réunir de nombreux chefs d’état et de gouvernement, le comportement grotesque et indécent, eu égard aux circonstances, de son prédécesseur, eût dû le disqualifier à jamais.
Hélas, en septembre, Hollande n’a pas su retrouver le souffle de janvier. Il s’est enlisé dans une opération politicienne à courte vue.
Certes De Gaulle comme Mitterrand savaient aussi, en laissant faire pour l’un ou en s’y employant pour l’autre, s’adonner à de petites manœuvres politiciennes. Voire à de franches crapuleries. Le SAC, officine de basses œuvres, est apparu sous l’œil distrait de De Gaulle. Comment excuser Mitterrand d’avoir mis sur orbite Tapie uniquement pour savonner la candidature de Rocard à des élections européennes et ainsi le disqualifier pour les présidentielles ?
Gageons que les roquets habituels des deux extrêmes remettront la Francisque sur le tapis. Alors que Mitterrand fut un indéniable résistant*. L’Algérie aussi reviendra sur le tapis, comme si, en 1954, beaucoup avaient pris conscience de l’enjeu des évènements.
En face, les thuriféraires mettront, en avant, à juste titre, l’abolition de la peine de mort. 1981 s’inscrivit aussi dans la continuation de 1936 avec la 5e semaine de congés, les 39 h, la retraite à 60 ans. Il vaut mieux oublier, en revanche, les calamiteuses nationalisations à 100 %, qu’un Bérégovoy puis un Jospin liquidèrent plus tard.
Mais homme d’état il le fut lors du fameux virage de 1983 en faisant le choix de l’Europe.
Choix qui se symbolisera dans la fameuse image de Mitterrand et Kohl à Verdun : le couple Franco-Allemand devint vraiment le moteur de la construction européenne.
Mitterrand, homme d’état, il le fut aussi lors de la crise des euromissiles. « Les pacifistes sont à l'Ouest et les euromissiles à l'Est. » ironisait-il en soutenant une réponse ferme à l’installation des SS-20 soviétiques en Europe de l’Est. Il le fut encore en appuyant la riposte états-unienne à l’annexion de Koweit par Saddam Hussein.
Pour en revenir à mes clichés, il est à noter qu’à Louviers Mitterrand venait soutenir un jeune loup Rad-Soc à l’époque, François Loncle – surnommé plus tard mini-tonton - qui obtiendra aussi la visite de Pierre Mauroy. Il avait de l’entregent le jeune journaliste qui devra cependant attendre la déferlante rose de juin 1981 pour conquérir l’ancienne circonscription de Pierre Mendès-France.
L’année suivante, le Congrès de Metz sera marqué par l’affrontement Mitterrand-Rocard. Mépris et haine réciproque marqueront leur relation.
Mitterrand saura cependant faire appel à Rocard comme 1er ministre, mais en faisant tout pour lui compliquer la tâche, avant de le démissionner pour le remplacer par la plus calamiteuse 1ère Ministre – la 1ère et unique dans la fonction – Edith Cresson.
Panthéon 21 mai 1981
S’il faut garder une image de François Mitterrand c’est celle où, seul dans la crypte du Panthéon, ce 21 mai 1981, après Jean Moulin et avant Jean Jaurès, il va déposer une rose sur la tombe de Victor Schoelcher. Et toute cette cérémonie qui pouvait sombrer dans la pompe grandiloquente, pour tous ceux qui depuis des années œuvraient pour que cette victoire advienne**, fut un grand moment d’émotion. Comme une apothéose.
Même si nous savions qu’ « Enfin les difficultés commençaient pour nous ! » et que, contrairement à Marceau Pivert à qui Rocard prêtait cette citation, nous savions aussi que tout n’était pas possible.
* Proche il est vrai de Frenay et Bénouville dont Cordier a pu décrire le rôle nuisible qu’ils ont joué à l’encontre de Jean Moulin dont Mitterrand honorera la mémoire au Panthéon.
** Une pensée toute particulière pour les camarades de Mont-Saint-Aignan puis de Vernon avec qui j'ai collé des milliers et des milliers de Poing-et-la-Rose, distribué des tonnes de tracts, organisé des campagnes, etc. Sans oublier l'Avant-Seine brièvement évoquée avec Yvan Parrault.
D'un des contributeurs du site
Deux petites remarques histoire de polémiquer un peu.
Aussi sympathique soit son auteur le témoignage de Cordier n'est pas parole d'évangile et la personnalité un peu rugueuse de Frenay a conduit à instruire un peu vite son procès. (J'en conviens les communistes participèrent à ce sournois discrédit dont il fut la victime). Il râlait c'est vrai contre Jean Moulin mais il avait pour lui la connaissance du terrain intérieur, ce qui n'était pas toujours le cas des gens de Londres qui parfois se faisaient un peu tirer l'oreille pour apporter leur aide ou au moins qui sous estimaient l'ampleur des besoins.
Ton jugement très sévère sur Edith Cresson est juste sans doute mais il ne doit pas occulter la responsabilité de Bérégovoy, furieux de ne pas avoir été nommé, et qui ne cessa de lui savonner la planche (pas celle à billets). De surcroît, Edith ne disposait guère du soutien des barons du PS qui avaient, eux, leur propre écurie. Il est vrai qu'elle ne les ménageait pas et qu'elle n'avait pas, comme Rocard plus tard, l'art de passer entre les gouttes.
YS
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