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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 18:10

Le « courrier des lecteurs » du Monde (2-3 juillet 2011), normalement très sélectif, a cependant accueilli la lettre d’un-e certain-e Claude Bourse d’une malhonnêteté intellectuelle égale à son indigence.

 

retropenseur.jpgLe bon ou le mauvais œil ?

Mettre l'élève au centre du système éducatif, invention des pédagogistes, est une négation de l'instruction. Ces novateurs le disent clairement et l'explicitent de la sorte : « On n 'a rien à apprendre magistralement à un élève, à lui de se former sous l'œil de son enseignant.» En 1989, la loi d'orientation de Lionel Jospin, ministre de l'éducation nationale, allait déjà dans ce sens en stipulant : «L'enfant peut, par sa propre activité, ludique si possible, reconstruire seul les savoirs accumulés par l'humanité depuis des millénaires. » {Bulletin officiel du 4 août 1989). Aujourd'hui, le résultat de pareilles aberrations est le suivant : Alain Bentolila, professeur en linguistique, dans une tribune « Le supérieur malade de l'école » (Le Monde du 27 juin 2007) écrivait : « Certains de mes étudiants en licence restent de médiocres lecteurs et de piètres scripteurs. » Ces étudiants à bac +3 ont sans doute été victimes de professeurs « ayant le mauvais œil ». En langage cher aux pédagogistes, on dirait : « L'œil était dans un lieu de vie et regardait l'apprenant. » Ce que Victor Hugo aurait sans doute intitulé : « L'inconscience ».

Claude Bourse, Montpellier

 

 

 

Sur le fond du sous-Brighelli, sur la forme un puéril jeu sur le mot œil à partir d’une citation bidon. Le septimaniaque reprend un procédé finkielkrautien, qui consiste à attribuer à d’anonymes auteurs, ici « les novateurs », des positions caricaturales. Sans user de guillemets, toutefois, comme ce ou cette septimaniaque.

 

Or cette phrase a bien été écrite, mais par un rétropenseur de son espèce qui, dans le blog de L. Cedelle, en avril 2009, attaquait le nouveau programme de maths en seconde. Un certain Michel Delord* qui prêtait à de néfastes constructivistes ce on n’a rien a apprendre magistralement à un élève, à lui de se former sous l’œil de son enseignant et il ajoutait sans vergogne (c’est fou comme ces élitistes ont le souci des élèves défavorisés à qui ils flanquent une moyenne morbide tout au long de l’année) tant pis si son environnement personnel ne lui permettra pas de progresser dans sa solitude : vivent les riches ! Le nommé Delord serait bien incapable de dire quel constructiviste a produit la phrase, pas plus que le-la nommée Bourse pourra nous dire quel novateur l’a dite ou écrite.

 

Non content de cela, ce Claude Bourse, nous assène une deuxième citation sur l’enfant qui peut en jouant reconstruire seul les savoirs accumulés par l’humanité, en se référant à un BOEN du 4 août 1989. Or elle est tirée de la prose insane de Mme Fanny Capel  qui ose assurer : « Ce sont les termes mêmes de la loi d'orientation de 1989 de Lionel Jospin (BO numéro spécial du 4 août 1989). ». Référence fausse puisque le BO spécial n° 4 sur la loi d’orientation est sorti le 31 août. Et la délirante dame a purement et simplement inventé cette citation absurde !

 

Seule authentique citation, celle de Bentollila qui reprend la vieille antienne du niveau qui ne cesse pas de baisser sans jamais atteindre l’étiage.

 

Ce courrier est donc une véritable imposture, mais qui témoigne de la mahonnêteté et de l’indigence intellectuelle de ces rétropenseurs**.

 

 

* Deux éminents journalistes m'assurent, l'un que M. Delord, "quoi qu’on puisse penser de ses positions et de son goût pour les postures radicales, ne peut être qualifié d’élitiste" ; l'autre qu'il "a des opinions tranchées, mais  est un honnête homme, pour autant que j'en puisse juger"....

 

 

** Ce mot-valise a été fabriqué par R. Mallerin, membre fondateur d'Education & Devenir

 

 

N.B. Un des deux journalistes cités à propos de M. Delord, Pascal BOUCHARD (ToutEduc) ajoute :

"ton papier, Jean-François, pose deux problèmes de fond, sur lesquels j'ai pas mal travaillé, mais que je n'ai pas résolus
- comment un mensonge devient une vérité à force d'être répété? 
(je pense aux "150 000 jeunes qui sortent sans qualification du système éducatif, alors qu'ils ne sont "que" 50 000, ce qui est beaucoup trop, mais qui ne suffit pas à disqualifier notre système scolaire)
- pourquoi les pédagos se contentent-ils de parler aux pédagos? Je sais que la prose qu'on leur oppose est indigente, mais il faut essayer de comprendre pourquoi des arguments nuls ont un tel impact.".
 
Sans avoir la réponse, il me semble que l'épisode GUEANT, sur, justement, les sorties du système scolaire sans qualification avec 2/3 d'enfants immigrés a été repris dans de nombreux médias ; un seul journal a dénoncé le mensonge délibéré et quand l'INSSE s'est enfin décidée à démentir Guéant, l'impact de ce démenti a été quasi-nul.
Les propos des rétropenseurs sont au diapason des préjugés populaires (ils sont d'ailleurs, parfois, au niveau de propos de bistrot), ils n'offrent prise à aucune argumentation puisqu'ils n'utilisent que l'argument d'autorité, l'anathème et l'insulte. Et certains de leurs porte-paroles ont une audience médiatique dont aucun "pédago" ne bénéficie.
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