Valeriano et Gustavo-Adolfo Bécquer
Sur le cabinet de curiosité, je tombe sur une série d’aquarelles intitulée Carlos Marfori y Callejas. Recherche. Ce Carlos n’est pas un peintre, mais un ex-boulanger devenu maire de Madrid puis Ministre de l’outremer, dans la 2e moitié du XIXe siècle. En fait le favori de la Reine Isabel II. Et les aquarelles sont tirées d’un ouvrage Los Borbones en pelota attribué aux frères Bécquer, Gustavo Adolfo pour les textes et quelques illustrations, Valeriano pour l’essentiel des aquarelles.
: "Por probar de todo... de tirarse a un pollino encontró modo".
La pauvre Reina est présentée comme une nymphomaniaque, à faire pâlir d’envie Lars Von Trier. Telle une héroïne de Musset (Gamiani), elle va jusqu’à se faire tirer (tirarse) par un âne dans l’écurie. Pourtant ses amants sont présentés montés comme des ânes. En particulier, le fameux Carlos Marfori.
Isabel II et Napoléon III
Les bourbons à poil, voilà un titre à faire frémir Copé !
L’ouvrage démontre la vigueur de la littérature sous le manteau chez les contemporains de notre Napoléon III qui apparaît d’ailleurs dans quelques images, participant aux partouzes royales.
L’illustrateur portraitise fidèlement les proches d’une reine qui, malgré son tempérament attesté par des historiens, est aussi très portée sur la religion.
Son confesseur, le futur saint Antoni Maria Claret, ne se contente pas de donner l’absolution.
La Sœur Patrocinio, de son vrai nom María Josefa de los Dolores Anastasia de Quiroga Capopardo, ne s’est pas non plus confinée dans son rôle de conseillère spirituelle. Ou elle a justifié la fameuse formule « toute mystique est une érotomane qui s’ignore », sauf que là elle ne l'ignorait pas.
Bien sûr, le mari, le roi consort, Francisco de Asís de Borbón, surnommé Paquillo Natillas, avec vers à l’appui :
"Paquillo Natillas,
que es de pasta flora.
Se mea en cuclillas,
como una señora."
Et Carlos Marfori y Callejas, l’amant omniprésent.
Mais aussi, plus surprenant, le Président du conseil des ministres, González Bravo, qui aurait donné un sérieux coup de main à un Gustavo Adolfo Bécquer, peu reconnaissant.
Isabel II con su intendente Carlos Marfori. Fco de Asís. A la derecha espera un batallón de guardia.
Tout ce beau monde, aidé parfois par des gardes ou autres comparses dévoués, essaie de satisfaire une reine insatiable.
L'anticléricalisme, tel que le pratiquait en France Les Corbeaux, par exemple, n'est pas absent de l'ouvrage.
Antoni Maria Claret (confessor de la reina), sor Patrocinio (consellera espiritual de la reina), semblent des plus dévergondés qui participent aux royales partouzes.
La soeur pousse même très loin son rôle de conseillère spirituelle, payant de sa personne pour calmer les royales ardeurs.
Le roi consort, Francisco de Asís, est représenté le chef orné de magnifiques bois avec comme légende : premier branleur de la cour.
Le contexte historique où se situe cette oeuvre est bien illustrée par cette planche où Luis González Bravo soutient dans les airs le reine au bout de sa verge qui la pénétre par derière.
¡Fue su último sostén!
Métaphore d'une grande subtilité de la situation vécue par la reine à la mort du Général Narvàez en 1868, quand elle nomma Gonzàlez Bravo à la tête du gouvernement, le considérant comme le dernier politique capable de maintenir l'ordre et d'éviter un révolution qui, cependant, éclatera et finalement triomphera cinq mois plus tard.
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Pio Nono bénit l'accouplement de la reine avec son favori, Carlos Marfori, avec le Président du conseil et le roi consort agenouillés, sous les regards de sor Patrocinio
Portée par son amant, son mari avec le petit prince en faune portant une grappe, le président du conseil tapant un tamboutin et à l'arrière plan Claret et la sor.
Le triangle reine, amant cocu, avec Gonzalez Bravo.
Carlos Marfori besogne la reine sur son trône, avec son confesseur caché derrière, sous les yeux du roi branleur, avec Gonzalez bravo qui attend son tour et la soeur nue à l'arrière-plan.
Francisco de Asis à gauche sort avec le pot-de-chambre Isabel II sur le lit fornique avec le Padre Antonio Maria Claret et Carlos Marfori queue roide attend son tour. La reine s’exclame "¡Oh viejo que estás jodiendo! / al infierno vas cayendo".
Tandis que son amant a un verre de vin à la main, la reine nue l’attend une jambe jetée sur un bras du fauteuil, derrière elle son époux se fait sodomiser par son confesseur, tandis que le président du conseil lutine Sor Patrocinio. Au sol, deux petits chiens cherchent à copuler.
Mêmes acteurs, mais il semble que le confesseur s'apprête à faire un "lavement à moustache" à la reine qui, elle, s'apprête à tailler une pipe à son amant, tandis que Gonzalez Bravo branle la sor Procinio, tout cela sous les yeux des gardes et d'un mystérieux civil.
La reine dénudée danse-t-elle le cancan devant Napoléon III qui, accompagné de Claret et Marfori, exhibe un phallus impressionnant, tandis que, dans un coin, Francisco de Asis tente de se couper le sien ?
Sur la deuxième aquarelle, nous sommes retournés au palais. Faut-il voir une métaphore politique avec Napoléon III sodomisant le président du conseil espagnol qui lui-même s’attaque à un fantôme surpris ? Isabel II et son amant forniquent à cheval sur le roi consort ; la reine a attrapé le vit de Claret qu’elle semble guider vers le séant de son époux.
José Luis Castro Lombilla, à qui j’ai emprunté une partie des descriptions, conclut une présentation de l’œuvre par une condamnation de la monarchie actuelle* (Isabel II est une ancêtre pas si lointaine que cela de Juan Carlos). Monarchie qu’il estime anachronique au XXIe siècle dont les membres, estime-t-il, sans vergogne ni pudeur exhibent une vie privilégiée tandis que les citoyens paient des impôts pour maintenir leurs privilèges.
Et il aspire donc à une Troisième République.
* Le petit fils d'Isabel II et le grand-père de Juan Carlos fait parfaitement la liaison : Alphonse XIII un roi porté sur le porno !
Pour compléter deux documents en pdf :
http://www.wikiblues.net/sites/default/files/LosBorbones.pdf
http://ifc.dpz.es/recursos/publicaciones/32/48/_ebook.pdf
Le second, le plus complet, est une présentation suivie d'une étude image par image (et publié par l'Institución Fernando el Católico) mais c'est, bien sûr, en Espagnol.
et la série complète :
A noter qu'en 1840, à la fin de la 1ère guerre Carliste fut créé l'ordre des pajilleras de la caridad :les branleuses de la charité ou plutôt les charitables branleuses, dont la tâche était de masturber les soldats blessés.
Petit montage des images tirées du Cabinet de curiosité (pour des raisons qui m'échappent, il démarre automatiquement : attendre donc qu'il s'achève pour le relancer et le voir intégralement).
Pour compléter : une série d'images qu'on retrouve dans le 2e document téléchargeable
dont voici un échantillon
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