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26 octobre 2018 5 26 /10 /octobre /2018 15:26
Un élève du Lycée Branly pointe une arme factice sur une enseignante

Un élève du Lycée Branly pointe une arme factice sur une enseignante

ou un tsunami de rumeurs et de rancoeurs

Pas de Vague

L’hashtag – en Français le mot-clé - #PasdeVague aurait dû s’appeler #balancetonprotal car il s’est traduit par une mise en accusation d’une « hiérarchie », à commencer par la plus proche, le chef d’établissement.

Pas de Vague

La vraisemblance n’est pas toujours au rendez-vous, ainsi de ce prof qui affirme sans rire qu’un élève l’a traîné devant le CPE dans un Lycée d’Hayange (la localisation géographique étant sans doute censée donner une touche d’authenticité), élève qui l’aurait insulté devant un CPE prenant son parti…

Caractéristique aussi ce témoignage d’une professeure qui, ayant mis une jupe – telle Adjani dans La journée de la jupe – dit avoir été traitée de pute par un groupe d’élèves dans un couloir : la professeure principale de la classe desdits élèves aurait ri, quant au proviseur, il lui aurait répondu qu’à son âge, elle devrait être flattée. Passons sur la supposée goujaterie du chef d’établissement, pour en revenir au rire de sa collègue qui dénote soit un manque évident de solidarité, soit le peu de sérieux qu’elle prête à ses plaintes.

Clovis – c’est le pseudo qu’il se donne – illustre au-delà de la caricature, ce type de prof qui peut insupporter dans la salle des profs, par ses incessantes jérémiades ! Lui, ce ne sont plus les élèves, mais les collègues syndiqués qui s’arrangent pour avoir les meilleures classes ne laissant aux nouveaux arrivants que les classes les plus dures et les plus chargées, avec la complicité du protal bien sûr ! Mais il se plaint aussi de la messagerie rectorale, de la formation continue, des professionnels venant dans le cadre de l’orientation incapables de tenir une classe de 37 élèves ( !), de la pré-rentrée et des neurosciences… S’il se comporte ainsi, en salle des profs – ce qui n’est pas sûr du tout : ce compte anonyme lui sert sans doute de purgatif – il ne peut qu’avoir une solide réputation de casse-pieds.  Et les personnels de direction et d’éducation du bahut ont peut-être tendance à envoyer paître le vindicatif personnage.

Pas de Vague

Donc, une agrégée en fin de carrière, avec des collègues dans la même situation, tous harcelés par un proviseur, ne l'envoient pas paître, proviseur missionné pour pousser à la retraite les hauts salaires ?

Et notre Clovis illustre bien la dérive de ce #PasdeVague qui, partant d’un fait-divers isolé au sein de ce lycée, voulait montrer que l’institution ne cherchait qu’à mettre la poussière sous le tapis, en fermant les yeux sur les violences des élèves envers les professeurs, se transforme en une dénonciation d’une hiérarchie harceleuse.

Pas de Vague
Pas de Vague

Ainsi, pour contrer Luc Cedelle, journaliste du Monde, un-e « Carpe Diem » sort un prétendu témoignage sourcé ! Or ce qu’il-elle cite fait penser à cet échange entre Francis Blanche et Pierre Dac dans le fameux sketch du Sar Rabindranah Duval :

- Pouvez-vous me dire quel est le numéro du compte en banque de monsieur ?

- Oui.

- Vous pouvez le dire?

- Oui!!

- Vous pouvez le dire ?

- Oui!!

- Il peut le dire!!! Bravo! Il est extraordinaire, il est vraiment sensationnel.

Car le témoignage consiste comme on peut le lire à ce que le prétendu témoin assure qu’il est prêt à…témoigner ! Et de retouitter un assez crapoteux appel à témoignage d’un parano de l’académie de Rennes.

Pas de Vague

Et certains témoignages, qui demanderaient pour le moins vérification, sont commentés comme des faits avérés, y compris par des personnes se disant journalistes. Donc une MurielA fait état d’une agression sexuelle de trois élèves envers un quatrième. Le Conseil de discipline ayant exclu les trois élèves, le rectorat aurait imposé la réintégration d’un des trois agresseurs. Or, comme il se doit dans un état de Droit, une famille (ou un élève majeur) peut faire appel auprès du Recteur d’une décision du C.D. (appel non suspensif) et le Recteur, après avis de la Commission académique, doit se prononcer dans un délai d’un mois. Si la décision du C.D. a été en partie amendée, le Recteur a dû motiver cette modification. Faute de cette motivation – sans parler de l’imprécision sur la nature exacte de l’agression – les commentaires sont nuls et non avenus.

Pas de Vague

Pour avoir émis quelques doutes sur ce déferlement de touittes après le « braquage » de la prof du Lycée Branly, le journaliste du Monde, L. Cedelle, s’est fait allumer dans la touittosphère, par de courageux anonymes, mais aussi par Laurent Bouvet co-fondateur du Printemps(prétendument) républicain.

Pas de Vague

Le proviseur aux bonbons

Dans l'émission putassière d'Ardisson, une menteuse pathologique affirme que des élèves qui prennent "à bras le corps" (sic) une table et la jette on suppose sur une prof se voient récompenser par des "bonbons" par le proviseur.

Faut-il rappeler à la fillonniste masquée qu'un proviseur ne dirige pas une maternelle et qu'on le voit mal distribuer ses bonbons à des gaillards de 15,16,17, 18 ans et plus ?

Car ce #PasdeVague a été accueilli par beaucoup de médias, comme parole d’évangile. Même à France culture par un éditorialiste politique, qui, tout en reconnaissant « que l'anonymat, comme pour tout témoignage, peut mêler le bon grain et l'ivraie », se réjouit que « ce cri d'alarme [qui]  vient de la base […] se joue des hiérarchies, des corps intermédiaires que sont les syndicats. Il se fait sans eux, et même parfois contre eux. » « … le hashtag dit que c'est grave, mais aussi que c'est courant. Il a la puissance évocatrice du fait divers, et la force statistique du nombre. Il devient dès lors impossible à ignorer pour le politique. Un ministre peut recevoir des représentants syndicaux, il peut réunir des parents d'élèves, faire descendre la température... Mais que peut-il contre un mot-clé sur twitter, dont le succès amène encore chaque minute de nouveaux témoignages ? ».

Inutile d’objecter que cette vague un peu nauséabonde qui coule dans les égoûts de touitteur, n’a que la force statistique que lui prête M. Says, ramenée au nombre total d’enseignants. Car, de fait, le Ministre Blanquer, après avoir prôné une école de la « bienveillance », au côté d’un Castaner, Ministre de l’Intérieur qui se la joue mode Valls, veut maintenant "rétablir l'ordre et l'autorité" qu’on ne savait pas si menacés dans l’éducation nationale, au lieu de tenir le discours de raison qu’on était en droit d’attendre de lui.

Il serait, bien sûr, angélique que de croire que tout n’est qu’ordre et bonté dans nos écoles, collèges et lycées. Même dans les établissements les plus calmes, on n’est jamais à l’abri d’un acte isolé de violence extrême.  Il arrive aussi qu’un Recteur abuse de son pouvoir, qu’un IA attrape le melon, que des chefs d’établissement se conduisent comme des petits chefs, que des Inspecteurs pédagogiques soient odieux… Sauf que, le statut – comme d’ailleurs les syndicats, si décriés pourtant – protège l’enseignant. Le pouvoir hiérarchique d’un chef d’établissement sur un prof est quasi nul ; et l’inspecteur ne vient, au mieux, que tous les deux ans. Professeur est un métier semi-libéral, en fait, semi par la garantie de l’emploi qu’il assure, libéral, car l’enseignant fait ce qu’il veut ou presque dans sa classe. Avec pour corolaire un individualisme corrigé par les réflexes corporatistes. Mais réflexes qui s’émoussent quand un collègue est incapable de tenir sa classe, comme on dit.

Pas de Vague

Et cet incident dramatique, sur lequel surfent donc les harcelés du net, n’est représentatif ni du Lycée où il a eu lieu, ni des violences scolaires globalement. Gageons que les enseignants du Lycée Branly de Créteil qui ont tenu à dire ce qui se passe vraiment dans leur lycée vont se faire traiter de complices du #PasdeVague de la hiérarchie. Quand à France Info, après les vitupérations de Mélenchon, elle va se faire incendier par les chevaliers masqués du hashtag. Il est quand même remarquable – et assez scandaleux – d’entendre le Ministre Blanquer affirmer « qu'il y avait des politiques du chiffre pour essayer d'avoir le moins de conseils de discipline possible », alors que "Dans chaque département d'Ile-de-France, on a un collège fantôme d'élèves exclus par jour (entre 400 et 800)" (B. Moinard).

Pas de Vague

Et la plus grande, la plus scandaleuse des violences est celle que subissent les élèves des milieux dits défavorisés. Hongrie exceptée, la France est, parmi les pays étudiés par l’OCDE, la plus inégalitaire.  Plutôt que d’entonner le grand air populiste de l’ordre et l’autorité, plutôt que de détruire systématiquement, les avancées de ses prédécesseurs, le Ministre Blanquer ferait bien de se pencher un peu sur les systèmes éducatifs canadiens ou finlandais pour tenter, non de trouver des recettes, mais au moins des pistes pour introduire un peu plus d’égalité des chances !

Un de mes talentueux contributeurs, Pascal Bouchard, m'écrit :

"pour compléter ton papier, te souviens-tu de Nicolas Revol, qui avait eu son heure de gloire dans le Figaro magazine, où il racontait son calvaire de prof dans un LP, anonymement bien sûr, jusqu’au jour où un de ses élèves tente de l’étrangler. De son lit d’hôpital, il écrit un livre à succès

Ses collègues ont envoyé à Libé et à moi une lettre… « si tu arrivais quelquefois à l’heure, si tu préparais tes cours, si tu ne balançais pas de vannes racistes, si tu avais accepté notre aide… » , etc, etc. 
Tout était faux"
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5 avril 2016 2 05 /04 /avril /2016 21:51
Caroline Fourest : laïque pas liberticide !

« Caroline Fourest, cette figure centrale de la domination intellectuelle d'aujourd'hui, qui a table ouverte dans toutes les radios et toutes les télévisions du service public » comme dit salement Schneidermann, est la cible des hyaineux de tout bord. Elle n’est pas exempte d’excès, mais ceux qui l’accablent tout autant ! Et elle s’explique avec sérénité sur Info-Halal.

C’est grâce à un touitte de l’excellent Luc Cedelle que j’ai découvert ce long entretien de Caroline Fourest avec ce site, pour moi inconnu, mais se référant visiblement à l’islam. Un Luc Cedelle heureusement surpris par le ton de l’essayiste.

copie d'écran

copie d'écran

Or, contrairement à une réputation faite par d’aucuns, s’agissant de laïcité, elle a, sur l’essentiel, fait preuve de mesure. D’entrée, alors que ce groupuscule haineux n’avait pas encore révélé tout son vrai visage xénophobe, elle a pris soin de se distinguer de Riposte prétendument laïque : « Quand Cassen a créé Riposte laïque, j’ai été l’une des premières à dénoncer son discours anti-musulmans. Je le fais régulièrement. Ce qui me vaut d’être l’une des cibles de cette organisation d’extrême droite », avec des attaques des plus ignominieuses, spécialité de ces zélotes de l’anti-islam.

Sur l’affaire dite de la burka, elle manifestait la plus grande prudence quant à la nécessité d’une loi : « Une loi symbolique contre le voile intégral aurait l'inconvénient d'être particulariste et prendrait le risque d'être inapplicable. » Et elle préconisait des mesures pragmatiques autorisant, par exemple, les commerces à pouvoir obliger toute personne y entrant à s’identifier pour raisons de sécurité ; même chose bien sûr pour récupérer son enfant à la crèche, chercher un colis à la poste, prendre le bus, etc. et elle concluait « En dehors de ces situations, libre à elle de porter un voile pour se protéger de la colère d'un dieu misogyne, ou de la grippe A. Libre aux autres de continuer à dire ce qu'ils en pensent. »

 

L’attribution d’un « Y’a bon awards », en 2012, a aussi contribué à brouiller (salir ?) son image*. Ce prix satirique est censé récompenser les pires déclarations racistes prononcées par une personnalité dans l’année. Parmi les lauréats précédents, on comptait Éric Raoult, Pascal Sevran, Alain Finkielkraut, Ivan Rioufol, Jacques Séguéla, Éric Zemmour, Brice Hortefeux, Jean-Paul Guerlain, Robert Ménard…

On conviendra que se retrouver en si charmante compagnie puisse sembler quelque peu déshonorant.

Elle avait, en 2010, dans une intervention sur l’égalité et la laïcité, cité l’exemple d’un maire (UMP) ayant mis à disposition d’une association proche de l’UOIF une salle de sports, pour un tournoi de basket féminin inter-mosquées, dont les spectateurs masculins étaient exclus (certes sa formulation montre une certaine méconnaissance du sport puisqu’elle parle de « concours de basket non mixte », or c’est le lot de toute compétition sauf en double mixte au tennis). Le but du tournoi était de récolter de l’argent pour une organisation d’aide aux orphelins palestiniens, pour elle émanation du Hamas. Après un article dans Le Parisien, le Maire avait retiré l’autorisation et l’association organisatrice avait plaidé un dysfonctionnement interne. Cependant, les faits évoqués étaient réels, contrairement aux allégations sur la piscine de Lille. Et le côté raciste – sauf à considérer que toute attaque d’une association musulmane ou du Hamas est raciste – de ce propos est nettement moins évident que l’équipe de France black, black, black, chère à Finky ! D’autant que dans le même temps, elle attaquait fermement le FN justement sur son racisme antimusulmans, ce qui lui valait des attaques assez ignobles.

Elle a aussi beaucoup souffert, chez certains, d’avoir été proche de Val. Sauf que, c’était du temps où Charlie-Hebdo faisait paraître les caricatures dites du Prophète (paradoxe d’ailleurs que l’on puisse les nommer ainsi puisque - en principe - le prophète Mohammed n’a jamais été représenté !). Mais un Schneidermann – assez langue de pute – écrira, alors qu’elle venait de subir, à la gare de Nantes puis à celle de Paris-Montparnasse, les assauts haineux de la clique curetonne de Civitas du coup : « Fourest "harcelée, pourchassée, traquée" se lamentait ce lundi matin sur France Inter, la station de son ami Philippe Val. »

Ce qui explique sans doute la relative surprise de Luc Cedelle devant ses propos que n’aurait pas désavoués, je pense, Jean Baubérot !

Caroline Fourest : laïque pas liberticide !

Islamophobie ou racisme antimusulmans

Elle clarifie, d’abord, et bien mieux que Madame Badinter, son rejet du terme « islamophobie ». « Je suis antiraciste de conviction, donc anti-"phobes" en tous genres. Mais [dans mes travaux j’ai dénoncé] l’intégrisme (juif, chrétien ou musulman). Ce qui m’a valu d’être traitée d’« islamophobe » par des islamistes, de « christianophobe » par l’extrême droite catholique et d’avoir été dépeinte en « collabo des nazis » par des extrémistes juifs lorsque j’ai critiqué la politique de la droite israélienne (…). (…) comme l’accusation d’antisémitisme peut parfois servir à disqualifier la critique d’une certaine politique israélienne, l’accusation d’« islamophobie » (…) peut servir à amalgamer tout propos simplement critique envers l’intégrisme, l’instrumentalisation politique et liberticide du religieux avec une forme de rejet de l’Islam ou des musulmans. » Mais elle ajoute « Le racisme antimusulmans existe. »

La laïcité de la loi de 1905

Certes elle s’égare quand elle reprend les accusations de Valls – qui ont d’ailleurs fait long feu – sur le rôle joué par l’Observatoire de la laïcité.

Mais sur les cantines scolaires elle tient un discours de bon sens sur l’impossibilité de servir des repas par religion des parents, car il faudrait plusieurs cuisines, pour séparer vraiment les ustensiles, pour que cela soit vraiment casher ou halal. Et elle propose de donner le choix entre un menu avec ou sans viande. . Si possible entre plusieurs plats. Pour ceux qui veulent respecter des interdits alimentaires (religieux ou médicaux). Pour qu’ils puissent manger tous ensemble. En bref les propositions d’Yves Jego.

Et elle ajoute : Je ne suis pas souvent d’accord avec Jean Baubérot, mais je pense moi aussi, (…), que nous ne devons pas aller trop loin dans la norme et l’interdit. J’ai soutenu la loi de mars 2004, mais j’ai pris position pour le droit des mères voilées à participer aux sorties scolaires (…) et je suis contre l’interdiction du voile à l’université. C’est un lieu où, contrairement au collège et au lycée, des élèves majeures font l’apprentissage d’expression publique et politique.

On est donc loin, très loin, de certains faux apôtres d’une laïcité liberticide qui ajoutent l’interdit à l’interdit. Loin donc de Mme Badinter. On peut – même si son dessin est très ambigu par l’amalgame avec le terrorisme – ironiser avec Plantu sur l’attrait mercantile de certaines marques pour une mode dite islamique. On a le droit de trouver ridicule le burkini** qui n’est ni burka ni kini.

Mais, s’il y a de vrais combats à mener, contre tous les intégrismes, c’est sur l’homophobie (dont, hélas, le Maroc vient de faire preuve), le mariage pour tous, l’IVG, le droit à une mort digne, etc. Combats laïques, au demeurant, contre les cléricalismes qui veulent imposer leurs dogmes à toute la société.

* Dans le jury de ce "y'a bon awards" on trouvait Jean Baubérot (que diable allait-il faire dans cette galère ?) Dans sa riposte, C. Fourest le qualifiera de pape des accommodements raisonnables à la canadienne.! Outre que le titre de pape pour un parpaillot affirmé est cocasse, il est plus que probable que C. Fourest, du coup, emprunte la vision caricaturale des rrrépublicains intransigeants sur ces accommodements.

Et on conviendra que le Ministre de la Défense du Canada, un Sikh, avec son beau turban rouge, ça a de la gueule. Son premier ministre, Justin Trudeau, avait eu cette riposte face à son adversaire conservateur pendant la campagne : « M. Harper, je trouve que vous avez du cran (...) de parler de défense du droit des femmes. Il y a plus d'hommes dans votre caucus qui sont contre l'avortement que de femmes qui portent le niqab au Québec. »

 

 

Source :

http://info-halal.net/2016/03/caroline-fourest-se-devoile-interview-partie-1/

http://info-halal.net/2016/03/caroline-fourest-se-devoile-interview-partie-2/

** Sur le burkini et son interdit par quelques maires ripoublicains, elle reste sur une position non liberticide :

 

À propos du burkini et du grotesque

 

Les arrêtés pris par la mairie de Cannes et d'autres mairies de droite du sud pour interdire le burkini, juste après l'attentat de Nice, ont fait sourire Outre-manche et Outre-Atlantique. En France aussi, beaucoup y ont vu une polémique dérisoire, preuve d'une focalisation aberrante sur l'Islam. Il est vrai que la démarche interroge quand elle vient de maires se souciant des droits des femmes l'été, à la plage, mais soutenant les mouvements intégristes ayant retiré les enfants des écoles en raison de programmes voulant les sensibiliser aux stéréotypes de genres le reste de l'année...

La plage n'est pas l'école. Les nageuses ne sont pas des élèves ni des mineures. Refuser qu'on se couvre la tête dans un lieu civique, d'éducation à la citoyenneté et à l'égalité, est une chose. Obliger quelqu'un à se dévoiler dans un lieu de plaisance est plus excessif […]

Comme pour le voile à l'université, ceux qui croient pouvoir faire reculer la mode intégriste en l'interdisant partout se trompent. Ils obtiendront l'effet contraire à celui recherché : faciliter la propagande victimaire et donc la mode du burkini chez les plus jeunes ou les plus influençables.

Extraits Huffington Post 16/08/2016

 

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4 février 2016 4 04 /02 /février /2016 16:24

De profundis circonflexus ?

 

Ô Muse prête ta lyre à Pascal Praud et consorts, lancés dans un des combats des plus fameux qui se déroule sous nos cieux : la disparition de l’accent circonflexe !

En effet, ce grand journaliste sportif, se lance dans un sport de combat très pratiqué dans l’hexagone : la lutte contre toute retouche, fût-elle minime, de l’orthographe !

La bataille du cirCONflexe

Kôlôssâle finesse que ce chomage qui ne baisserait pas plus s’il avait perdu son accent inutile ! D'autant plus Kôlôssâle que le o n'est pas concerné !

 

Aussitôt le chœur des rétropenseurs se déchaine !

Et à lire les réactions on constate que la microcéphalie a fait des ravages bien avant le virus Zika.

La bataille du cirCONflexe

Un appel martial à la mobilisation générale est lancé par un grand défenseur de la langue française qui a choisi un pseudo anglo-saxon et qui s’emmêle dans ses majuscules (marseillais, Chti).

La bataille du cirCONflexe

Madame Parisot donne dans une sobriété très Sully-Prudhommesque : « Le vase où meurt cette verveine/D'un coup d'éventail fut fêlé » ; pour elle c’est sa douce âme qui est fêlée ; âme qui, cependant, gardera son accent !

La bataille du cirCONflexe

Passons sur le brave garçon qui n’ayant rien lu a peur que l’on confonde sur et sûr !

La bataille du cirCONflexe

Dans le même style de stupidité on a la touitteuse qui redoute que l’on confonde et du sauf que comme sûr l’accent est maintenu.

La bataille du cirCONflexe

Ne passons pas, en revanche, sur ce gâs de la marine qui révèle ses tendances pédophiles ! Et comme le prédécesseur il n’a pas lu le texte qu’il attaque sottement.

La bataille du cirCONflexe

Subtilement un autre réussit à rapprocher l’accent prétendument exclu avec  des migrants reconduits à la frontière (humour de droite ?), sauf qu’il met en cause le pôv Finkie qui n’y est, du coup, strictement pour rien !

La bataille du cirCONflexe

Outre que le texte académique – au sens propre – ne prévoit pas la suppression de ce vénérable accent pondre un # en anglais de bazar pour le défendre est cocasse.

La bataille du cirCONflexe

Là on va atteindre le sublime ! le Môsieu, dont la réflexion sur la langue doit tendre asymptotiquement vers le zéro, nous annonce le commencement de la fin : l’anarchie nous menace, comme les chars soviétiques en 1981!

La bataille du cirCONflexe

Ce semi-lettré qui n’a pas dû lire une ligne du paragraphe sur ce fameux accent, donne dans la même veine catastrophiste. Un seul accent vous manque et la langue est ravagée !

La bataille du cirCONflexe
La bataille du cirCONflexe

Là, avec nos deux ripoublicains, on atteint le sommet de l’abjection qu’on frôlait avec la comparaison avec les migrants : « Je suis Charlie », détourné par ces deux gaillards qui récitent visiblement des éléments de langage*, c’est assez indigne.

La bataille du cirCONflexe
La bataille du cirCONflexe

On peut noter au passage que notre grand journaliste sportif n’hésite pas à relayer de grands défenseurs non seulement de l’accent prétendument menacé, mais aussi de la nation qui ne l’est pas moins ! Qu'il reçoive leurs messages, soit, mais qu'il les reprenne à son compte montre que les préventions à l'encontre du FN ont disparu, en tout cas les siennes, s'il en a jamais eu !

La bataille du cirCONflexe

Le mur du çon cher au Canard est pulvérisé par ce personnage (qui a quand même oublié de fustiger la fossoyeuse du latin, du grec et du français, la remplaçante de Madame Taubira comme tête de turc de la droite et de l’extrême-droite, Madame Najat Valaud-Belkacem, mais c’est implicite).

L’immortel auteur des Rois maudits, l’ex Ministre de la Culture de Pompidou qui fustigeaient les directeurs de théâtres qui venaient avec la sébile dans une main et le cocktail molotov dans l’autre, doit se tordre de rire dans son tombeau de passer pour un fourrier de l’anarchie ! Car c’est lui, Maurice Druon, secrétaire perpétuel de l’Académie française, qui avait officiellement présenté le rapport sur les rectifications de l’orthographe, le 19 juin 1990 devant de Conseil supérieur de la langue française.

Ce texte publié au Journal Officiel de la République Française le 6/12/90 était en fait déjà applicable en principe depuis cette date.

Extraits du rapport concernant l'accent circonflexe.

Si M. Praud et ses émules s’étaient donné la peine d’aller LIRE le texte de l’Académie française, ils auraient pu, dans la partie concernant le fameux accent circonflexe, constater que la réforme est des plus timides. On conserve donc cet accent sur la a, e et o ! L’âme de Mâme Parisot (comme dirait Sarko) doit être rassurée. On ne le supprime que pour i et u, sauf dans les mots pris pour faux exemples par les supporters de Praud : jeûne, sûr, dû, etc.  (et bien sûr dans les conjugaisons).

 

Je laisse la conclusion à M. Luc Cedelle.

La bataille du cirCONflexe

* éléments de langage : la preuve en est donnée avec les deux frères (ennemis) de la côte Estrosi et Ciotti, unis dans la sottise crasse !

Tiré d'Arrêt sur images

Tiré d'Arrêt sur images

Le Figaro mérite une mention spéciale dans l'ordre de la çonnerie qui est surpris par une réforme qui date de 1990 !

Tiré d'Arrêt sur images

Tiré d'Arrêt sur images

Les ripoublicains ont donc foncé à l'assaut. On trouve aussi, bien sûr, Brighelli et le SNALC. Et, à l'extrême droite, le groupusculaire syndicat étudiant UNI qui trouve le moyen de faire deux fautes d'ortografe dans son communiqué.

A noter que Mme Valaud-Belkacem, à qui s'en prennent les imbéciles d'UNI, avait 13 ans quand ces rectifications de l'orthographe ont été adoptées, non pas par le Ministère de l'Education nationale qui n'a pas pouvoir en la matière, mais par le Conseil supérieur de la langue française.

Tiré des Décodeurs du Monde

Tiré des Décodeurs du Monde

Cerise sur le gâteau, Florian PHILIPPOT, le faraud du FHaine, qui croit subtil de faire une belle phrase avec pas moins de quatre ^ qui, tous les quatre, restent, démontrant, si besoin était, qu'il n'a pas lu une demie ligne du texte qu'il attaque bêtement.

La bataille du cirCONflexe

Rassurons Estrosi, Ciotti, Brighelli, Philippot et les autres : le mot ÂNE garde bien son accent circonflexe !

En complément :

A lire Du génie françois et de la querelle du tilde circonflexe

 

Extrait

 

"Pour un tilde circumflexe, un trait d’union, et de menus changements, ce sont les troubles de religion que l’on déclenche. Et l’on invoque, contre tout sens commun, l’histoire, les racines, Dieu, Mont-joie et saint Denis. Pour une Pipistrelle devenue chauvesouris et une feuille de lotus, grimée en nénufar, on crie à Valmy, à la Patrie en danger, à la ligne Maginot."

 

Johan HUFNAGEL

 

La ridicule et dérisoire nouvelle guerre de l'orthographe

 

Extrait

 

"La bataille de l’orthographe est donc relancée, mais de façon particulièrement dérisoire. Quel tintamarre en effet! Toutes les oies de la capitale criaillent, comme si les barbares étaient dans nos murs, qu'ils menaçaient d’égorger les enfants, de violer les femmes, de mettre le feu à notre civilisation. Les vaches sacrées meuglent à fendre l’âme de la France, tel l’académicien Jean d’Ormesson qui dénonce une réforme de l’orthographe, pourtant validée il y a plus de vingt ans par l’Académie française à laquelle il appartenait déjà, ce qui devrait être une sérieuse garantie d’immobilisme. Ça n’empêche pas "Jean d’O" de faire rouler des yeux bleus du tonnerre et des imprécations éclairs : « On ne réforme pas l’orthographe quand il y a des paysans qui se suicident », a-t-il tonné sur RTL. Pardon, Saint Jean Bouche d’OOOOOR, mais qu’est-ce que cette tragédie sociale de la paysannerie  a à voir avec l'orthographe ? Rien, cela va de soi. Les agriculteurs en souffrance servent juste à D'Ormesson d'effets de manche - ou  de mouchoir - pour régler d’autres comptes, mener d’autres combats!"

 

Nicolas Domenach

L'Académie française UNANIME

Grave ou circonflexe


Voici une bonne polémique comme la Frrrrâââânce éternelle en a le secret !
L’académie française (repaire de gauchistes comme chacun sait...) a voté il y a 25 ans en 1990 une "orthographe rectifiée". Le bulletin officiel spécial de l’Education nationale n°11 du 26 novembre dernier (celui où sont publiés les nouveaux programmes) rappelle (pages 23, 114 et 236) que “L’enseignement de l’orthographe a pour référence les rectifications orthographiques publiées par le Journal officiel de la République française le 6 décembre 1990.”. TF1 dans un texte sur son site (le 03/02/16) puis un reportage présente comme un scoop le fait que les manuels scolaires vont devoir enfin en tenir compte et porter un macaron portant la mention "Nouvelle orthographe". Il semblerait que des éditeurs de manuels, en mal de publicité et dans des stratégies de concurrence, aient communiqué sur ce fait comme le souligne Marie Estelle Pech dans Le Figaro du Vendredi 5 février : “Comment faire parler de soi à peu de frais lorsqu’on est un éditeur de manuel scolaire en quête de ventes ? Promettre que la « réforme de l’orthographe » sera appliquée dès la prochaine rentrée dans tous les manuels de primaire…”. En fait, c’est en principe déjà le cas depuis 2008 (même si c’était plus discret et que tous les manuels ne le faisaient pas). Notons par ailleurs que le nouveau socle commun et les nouveaux programmes de 2014-2015 ont eux-mêmes été rédigés en respectant ces recommandations orthographiques (et les Cahiers Pédagogiques l’appliquent aussi depuis longtemps !). Donc, si on résume, il n’y a rien de neuf et d’original dans cette information, ce qui est présenté comme une “réforme” (le mot qui fait peur aujourd’hui) est la continuité d’un processus engagé depuis 25 ans ! Mais tout le monde (ou presque) s’est engouffré dans ce pseudo buzz qui combine tous les ingrédients des polémiques actuelles notamment dans l’éducation : immédiateté, non vérification des sources et copiage circulaire, nostalgie, déploration, sentiment d’expertise de tous...
Si cette polémique est le résultat d’une stratégie marketing et d’une logique médiatique, elle a aussi un soubassement politique et idéologique. Très vite, on a vu sur les réseaux sociaux des hommes politiques et des syndicats de droite s’indigner contre cette “réforme” (pourtant initiée par Maurice Druon !) et fustiger la “baisse du niveau”, le “nivèlement par le bas” et la politique égalitariste et laxiste de la Ministre (qui devait être elle même à l’école primaire en 1990) parce que l’on rectifie l’orthographe de 2000 mots et qu’on supprime quelques accents circonflexes. On retrouve des ingrédients déjà présents dans la composition de la polémique autour du latin : défense de la “Culture éternelle” forcément menacée, référence à l’élitisme républicain, déploration, attaque contre des experts jugés irresponsables et méconnaissant le terrain. Michel Lussault, président du Conseil Supérieur des Programmes interviewé par Sandrine Chesnel de L’Express y voit clairement une manipulation politique et déclare “Je suis très choqué de voir que des enseignants, des éducateurs, n’hésitent pas à falsifier la réalité en faisant un rapprochement qui n’a pas lieu d’être avec la réforme du collège. Chacun a le droit de critiquer l’action du ministère, mais cette critique ne peut pas reposer sur des mensonges éhontés. ”. Plus largement, cette polémique sert aussi de révélateur à tout un tas de rancœurs exprimées de manière de plus en violente et excessive. Et on a même l’impression que la Ministre semble désormais catalyser sur sa personne les haines qui étaient jusque là concentrées sur Christiane Taubira...
Le cabinet de la Ministre devant l’emballement a aussi été obligé de produire un communiqué. A moins que la manipulation politique et médiatique l’emporte, on peut espérer que le soufflé retombe aussi vite qu’il est monté. Heureusement, à côté des articles et reportages télévisés surfant sur la nostalgie on a vu très vite apparaitre (sans ^) des articles faisant un vrai travail d’investigation et de mise en contexte et dégonflant le buzz et les fausses rumeurs. Ainsi, c’est le cas, d’un article de la rubrique “Les Décodeurs sur le site du Monde ou encore une intervention sur Europe1 ou on parle de “ tempête dans un verre d’eau”. Plus surprenant, le titre de Marianne : Quand Twitter s’excite pour rien. Signalons aussi le texte de Louise Tourret sur Slate.fr ainsi qu’un billet du blog Charivari à l’école J’enseigne en nouvelle orthographe et... tout va bien. et pour finir on peut aller lire le texte plein d’humour et d’ironie de Johan Hufnagel dans Libération . Je vous le laisse découvrir, un pur régal.
Pour nous résumer, ce qui se passe depuis trois jours est le produit d’une double logique. D’abord une logique de marketing : certains éditeurs de manuels scolaires ont décidé de communiquer là dessus pour relancer un peu de publicité et surtout reconquérir des parts de marché en mettant en difficulté ceux qui ne voulaient pas appliquer ces recommandations. Ensuite une logique médiatique. TF1 a construit de A à Z le " buzz" autour de cette info en prospérant sur terreau très fertile de la nostalgie et de la déploration (" tout fout le camp, ma bonne dame, même les accents circonflexes !”) et tous les journaux et les réseaux sociaux s’y sont engouffrés.
Débat classique dans l’éducation aux médias : si on peut rétorquer que dès l’instant où c’est en débat dans l’opinion il faut que la presse en parle, on peut aussi considérer que les journalistes ont une responsabilité dans le choix de ce qu’ils mettent à l’agenda ou pas et dans la hiérarchie de l’information…
On aurait pu se dispenser de tomber dans ce double piège et éviter de s’exciter sur le circonflexe pour mettre l’accent sur des difficultés plus aigües et des causes bien plus graves...

P. Watrelot

Revue de presse du CRAP Cahiers pédagogiques

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25 octobre 2008 6 25 /10 /octobre /2008 11:05

    Les enseignants se plaignent souvent du manque de reconnaissance de leur travail par leur hiérarchie. On a pour une fois la preuve incontestable  du contraire. En effet, on apprend que Xavier Darcos, le ministre chargé de faire entrer l'éducation dans la logique autoritaire et libérale du sarkozysme (ce qui lui vaut le surnom de Darkozy), va élever (il était temps diront certains) l'instituteur breton Marc Le Bris au grade de Chevalier de l'Ordre national du Mérite (décret du 16/5/08). Or, qu'a donc fait ce dernier pour être le récipiendaire ("récipient d'air" pour beaucoup d'autres) de ce que certains appelleront rapidement une "merdaille" ?

 

Des colloques avec l'UMP (comme la journée de convention de février 2006), un bouquin complètement rétrograde "Et vos enfants ne sauront pas lire... ni compter !", du militantisme arriéré pour "Sauver les lettres", une contribution aux "nouveaux" programmes dans la droite, très "droite" ligne de la rétropensée en vigueur et un aveuglement qu'il voudrait faire passer pour du courage ("Les travaux scientifiques de pédagogie de moins de trente ans ne sont pas scientifiques [...] C'est une catastrophe culturelle. [...] Seulement voilà, je n'ai pas de chercheurs récents à citer. Je n'ai que mon expérience têtue d'instituteur")...

Donc, l'intéressé ne semble pas s'être distingué par son travail (très contesté et mal noté, il s'en vante dans une paranoïa pathétique) mais par des écrits et des propos outranciers, souvent ridicules, en tout cas mensongers, mais appréciés en haut lieu pour justifier la politique rétrograde mise en place.

 

Un ministre éclairé aurait pu s'y opposer et même envisager des sanctions (ce que je ne réclame pas) après certaines affirmations totalement délirantes de Marc Le Bris sur le travail fait en classe par les collègues. Bien au contraire, cette décoration est le couronnement officiel de l'antipédagogisme, c'est-à-dire la condamnation de toute réflexion visant à comprendre pourquoi un enfant ne comprend pas, pourquoi pour certains la chose scolaire ne va pas de soi. C'est l'anathème jeté sur tout ce que peuvent défendre et entreprendre les mouvements d'éducation populaire.

 

Luc Cédelle, journaliste au MONDE et auteur du fort recommandable "plaisir de collège" publié au Seuil, nous rappelle sur son site de quels arguments use et abuse  Marc Le Bris.  

 

« Pouvait-on prévoir qu'il y aurait un jour des cadavres jetés par milliers dans le Mékong ? Aurait-on pu éviter les camps de la mort ? » Si vous ne voyez pas bien le rapport avec la méthode syllabique, lui le voit. Il poursuit : «L'histoire, certes, ne se répète jamais. Et je ne saurais dire aujourd'hui ce que sera demain. Je vois seulement que notre société subit maintenant le dénigrement de la culture qui a précédé quelques sinistres périodes. » Un peu plus loin, il évoque le «projet d'école », imposé aux établissements primaires par la loi Jospin de 1989, et qu'il conteste. Il le fait en ces termes : « Infamie, manipulation intellectuelle digne du temps de l'Inquisition. » Et le financement de ces projets lui inspire cette phrase : «Les distinctions et les récompenses attribuées aujourd'hui à certaines écoles qui ont un "bon projet", au détriment d'autres qui n'en ont pas, sont la chemise brune ou le petit livre rouge des enseignants modernistes. »

 

En attendant, c'est bien Marc Le Bris qui se voit décerner - sans qu'on en soit jaloux ! - "distinctions et récompenses" de la main d'un ministre qui de l'autre s'acharne à détruire des milliers d'emplois pour mieux démanteler notre système éducatif. Le message ne pouvait être plus clair à un moment où le hasard nous joue un sale tour, tout cela survenant le jour de l'annonce du décès de l'ancien assistant d'Henri Wallon, Jacques Lévine  (président de l'association des groupes de soutien au soutien et cofondateur du Collège international de psychanalyse et d'anthropologie)... Tout un symbole.


Voici donc l'école entrée à son tour dans la mode "bling-bling" avec la remise d'une breloque au croisé de l'anti-pédagogisme . Mais après tout "chevalier", "ordre", "national", "mérite", ça lui va bien !

Sylvain Grandserre

 

Et, en hommage à Monsieur le chevalier de l'ordre national du mérite et à tous ceux que M. Darcosy a voulu honorer à travers lui : www.youtube.com/watch?v=Ajq4PmPcJ8c

 

 

 

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15 février 2008 5 15 /02 /février /2008 15:28

Ou la vraie fausse information

Le 2 février je reçois un courriel, transférant une lettre d’un Principal d’un collège ZEP « Ambition réussite » dont voici des extraits.

Vous vous souvenez tous de la promesse de notre président de la République pour ne pas laisser les "orphelins de 16 heures" à la rue ?
Vous vous souvenez des annonces de M. Darcos, Ministre de l'Education nationale, à propos de la mise en place de l'accompagnement éducatif, ce dispositif devant accueillir tous les collègiens de 16 heures à 18 heures ?


La circulaire a paru au journal officiel le 13 juillet 2007. Je l'ai découverte en détails au moment même où je prenais mes fonctions au Collège X fin août, comme tous mes autres collègues Principaux de Collèges en Education prioritaire (près de 1500 Collèges dans toute la France).


Je me suis mis en quatre pour mettre en place ce dispositif, car je suis un fonctionnaire responsable. J'ai mis mes opinions de citoyen dans ma poche, et j'ai tout fait pour que ce dispositif soit un succès.
Je rappelle à tous que cet accompagnement éducatif devait concerner les élèves volontaires, encadrés par des enseignants volontaires.
Sur 365 élèves, j'ai réussi à en convaincre 225: 61,5 % de l'effectif total. La moyenne dans le Rhône tourne autour de 28 %.
Sur 47 enseignants, j'en ai convaincu 29. Je suis allé solliciter la MJC du quartier pour mettre en place un atelier de danse urbaine. J'ai sollicité le Centre social pour mettre conjointement en place l'aide aux devoirs, 3 fois par semaine. 100 % des élèves de 6ème étaient inscrits à cette dernière action. J'ai sollicité une compagnie artistique pour mettre en place un atelier d'écriture. Les professeurs ont ensuite proposé un atelier de sciences physiques, un club journal des collégiens, une activité escalade, trois groupes de soutien en mathématiques, deux groupes de soutien en français. J'étais en pourparlers avec un club d'échecs et un autre de rugby pour enrichir l'offre.

 

L'Inspection académique et le Rectorat nous ont transmis courant octobre 2007 une enveloppe d'heures pour les professeurs et les intervenants extérieurs (pour ces derniers, ces heures devaient être transformées en vacations, payées 15 € de l'heure).
Je disposais de 1476 heures. C'est à partir de cette enveloppe que je n'avais pas demandé que j'ai construit mon offre. J'ai informé les parents d'élèves, et le 12 novembre, les actions se sont mises en place. L'aide aux devoirs avait commencé dès le 20 septembre. Les élèves étaient pour la plupart d'entre eux très heureux.
Début décembre, j'ai mis en paiement auprès du Rectorat les heures effectuées en septembre, octobre et novembre: 398 heures.
Cet après-midi, mardi 29 janvier 2008, réunion officielle à l'Inspection académique. L'inspecteur d'Académie préside la réunion, flanqué de ses deux adjoints et de deux chefs de service. Configuration inhabituelle. Curiosité puis inquiétude.
L'Inspecteur d'Académie ne le dit pas explicitement, car nous sommes tous soumis au même devoir de réserve. "Le dispositif n'est pas supprimé, mais on a réduit la voilure". On a seulement supprimé les heures pour le faire fonctionner. Au lieu des 1476 heures, je n'en ai plus que 397 pour terminer l'année scolaire. Cela vient directement du Ministère. C'est identique dans toutes les Académies, l'Inspecteur d'Académie nous l'a confirmé, comme s'il voulait nous consoler. Tous mes collègues sont dans la même stupeur (40 Principaux de Collège abasourdis).


J'ai dépensé 1 heure de plus que ce à quoi j'ai droit. Et les heures effectuées en décembre et en janvier ne sont pour l'instant pas honorées (j'ai compté 221 heures pour ces 2 mois). Je n'en ai plus les moyens. C'est noble le bénévolat, mais, là, on atteint des limites...
Concrètement, dès lundi prochain, 4 février 2008, toutes les actions décrites ci-dessus s'arrêteront, faute de moyens. Je ne vous fais pas de dessin.

 

L’Expresso du Café pédagogique du 12/02/08 titre Crédits d'accompagnement éducatif : à qui profite le hoax ? et poursuit :

« Si vous êtes abonné à une liste de discussion d'enseignants vous l'avez sans doute croisé. Il s'agit d'un message censé venir d'un principal d'un collège du Rhône expliquant qu'il n'avait plus de quoi payer les heures d'accompagnement éducatif.  Au Café nous avons refusé de le publier : l'origine du message était pour le moins incertaine puisque dans aucune version l'expéditeur était l'auteur.

Le Monde a enquêté. Selon Luc Cédelle, à l'origine il y a bien une lettre authentique d'un chef d'établissement, remaniée et publiée sans l'accord de l'intéressé victime d'un cafouillage administratif réparé depuis.   Le ministre confirme : il a bien les crédits pour payer les heures d'accompagnement éducatif de cette année.

Or la lecture dudit article qui commence par « L’information est fausse » montre que cette affirmation première est à nuancer fortement.

  • Le courriel de départ est AUTHENTIQUE.
  • La situation qu'il décrivait, à l'époque, était réelle.
  • Et - ô miracle - il  a permis de s'apercevoir que l'IA - quel étourdi quand même - avait oublié de se renseigner auprès du rectorat pour savoir exactement quelle était l'enveloppe.

Mais tout est bien qui finit bien : le rectorat a confirmé que tout serait financé.

Parler de "hoax" (canular) pour ce courriel est un peu exagéré.

Décortiquons un peu plus : au départ (29/01/08), il s’agit bien d’un courriel authentique : "il a bien été écrit par un collègue chef d'établissement, mais dans un contexte purement privé et il circule sans son accord", confirme la représentante locale du SNPDEN. Passons sur la circulation (sans son accord, mais avec son désaccord ?).

Les faits qu’il dénonce, au moment où ce courriel est envoyé sont-ils faux ? Que nenni, si on lit bien : « Xavier Darcos, attribue l'incident à un cafouillage local, l'inspecteur d'académie ayant omis de "faire le point avec son recteur sur les enveloppes budgétaires" disponibles. » Donc, cet IA-DSDEN a bien annoncé ce qui était indiqué dans le courriel originel. Or cet IA-DSDEN, à la tête d’un très gros département depuis plus de sept ans n’est pas du genre à sortir sans parapluie quand le temps est couvert. Et ce courriel primitif qui a circulé à l’insu du plein gré de son auteur a eu un effet quasi immédiat : « Le recteur, alerté par les réactions, a adressé le 1er février une note aux chefs d'établissement concernés ».

Evolution, il y a eu (il fallait bizarrement « faire le point » sur des enveloppes en principe annuelles). Avant le 29/01, ou après vu les réactions ? mais l’IA n’a jamais pu dire ce qu’il a dit si des restrictions n’avaient pas été annoncées.

L’information était vraie quand elle a été émise. Elle a eu du succès !

darcos01.jpgCe que confirme l’Expresso du café pédagogique de ce jour (15/02/08) sous le titre Accompagnement éducatif : Darcos s'engage.

Le ministre s'est-il avancé en affirmant au Monde qu'il s'agissait d'un "cafouillage local" ? Des témoignages venant d'autres établissements sont arrivés au Café évoquant des faits similaires (arrêt des heures d'accompagnement éducatif faute de crédits). Interrogé lors de la conférence de presse sur le plan banlieue, Xavier Darcos a promis qu'il réglerait tous les problèmes. "Si les principaux sont en difficultés qu'ils m'appellent directement. Je ferai le nécessaire" a promis le ministre.

Donc, Darcos confirme que son ministère en disant que « L’information est fausse » a quelque peu tordu la vérité, que l’on a fait porté le chapeau d’un prétendu cafouillage à un IA-DSDEN expérimenté et extrêmement méticuleux (l’ayant eu comme IA en Vendée, et bien que nos rapports professionnels n’aient pas été toujours franchement cordiaux, je peux témoigner que ce bourreau de travail n’était pas du genre à inventer une restriction de crédits).

L’explication la plus vraisemblable est que les services financiers ministériels (sans l’aval du cabinet ?) en mal d’économies, ont dû prévoir ici ou là ce que du temps de Balladur on appelait une régulation budgétaire, en fait un gel des crédits prévus sur telle ou telle ligne. Mais, patatras, on s’est rendu compte, grâce notamment à ce courriel qui courrait partout, que ça allait avoir un effet désastreux, surtout juste au moment où on allait annoncer des mesures du plan banlieues.

 

telephone2.gif  

Le plus drôle reste quand même cette invite très sarkozyenne du sieur Darcos aux principaux en difficultés de l’appeler directement !

Allo Xavier bobo, on me sucre mes heures !

Démagogie et jésuitisme vont de pair dans notre adocratie.

 

PS Qui n’a rien à voir : le moteur à émotions est relancé à plein régime avec cette annonce de parrainage par les CM2 d’un enfant juif déporté ! L’ado attardé qui nous sert de président jette cela, comme il balance la fin de la pub dans les télés publiques, sans aucune réflexion (le mot doit lui être inconnu, il semble n’obéir qu’à des impulsions) et encore moins concertation.

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