Un curé ensoutané grimpé sur un kiosque Gare Montparnasse appelle, hystérique, à la curée contre Caroline Fourest. Il a dû oublier de lire l’évangile, le corbeau. « Aime ton prochain comme toi-même » Lui et les nervis qu’il excite doivent s'auto-détester. Les lâches se lâchent.
Des jeunes gens très propres sur eux prennent le relais des skins heads aux tenues paramilitaires de Civitas. Le drapeau de la République est agité à côté de celui des chouans. Mais on est plus proche de « Sauvez, sauvez la France, au nom du sacré-cœur », que de la Marseillaise. Et ces dizaines de jeunes haineux se sont donné rendez-vous pour faire la chasse à courre d’une femme seule. Cornes de brume et sifflets remplacent les cors, mais la meute hurlante, tout crocs dehors et bave aux babines, est là.
Quel est l’imbécile qui parlait de poursuivre les élus qui ne votaient pas comme il le désirait, jusque dans le moindre village ? Il a été suivi au mot. Mais par le camp censé être à l’opposé. Pour le moment ce sont les élus urbains, de droite – Chantal Jouanno – ou de gauche – François de Rugy – qui sont harcelés à leur domicile privé au petit matin (et au grand dam du voisinage). Mais, voyez leur sens de l’humour, les cagots laissent quelques viennoiseries devant la porte des agressés. Admiration d’un Schneidermann : « Ces pains au chocolat, c’est une trouvaille ». « Harceler avec le sourire » commente-t-il !
Les cagots chassent en meute
Mais ce ne sont pas des pains au chocolat, mais des pains, des coups, comme quelques semaines plus tôt, quand les nervis de Civitas l’ont tabassée, que lui promettait le ramassis de F-Haine et d’intégristes cathos qui l’ont agressée à Nantes, puis à Paris-Montparnasse. Ce qui provoque ce commentaire du même Schneidermann : « à Nantes (…) l'essayiste Caroline Fourest, venue parler mariage pour tous* dans le cadre d'une réunion attrape-subventions du Nouvel Obs, a été poursuivie dans son TGV de retour par les (…) opposants [au mariage pour tous]. Le TGV a été retardé de quarante minutes. Fourest "harcelée, pourchassée, traquée" se lamentait ce lundi matin sur France Inter, la station de son ami Philippe Val. Il faut cette fois saluer le but contre leur camp marqué par les anti-mariage gay. Parvenir à faire passer pour une victime Caroline Fourest, cette figure centrale de la domination intellectuelle d'aujourd'hui, qui a table ouverte dans toutes les radios et toutes les télévisions du service public, cela relève de l'exploit olympique. » Persifflage et perfidie. Petite vacherie au passage sur le Nel Obs, grosses perfidies sur l’essayiste. Que le chroniqueur, critiquant telle ou telle émission, fasse de C. Fourest une figure centrale de la domination intellectuelle – variante sans doute de la pensée unique et autres poncifs – soit. Mais en la circonstance, il s’agit de dénoncer (ou pas) une chasse à la femme d’homophobes misogynes. Schneidermann a choisi de mêler son glaviot aux crachats des lâches qui l’ont pourchassée.
Silence assourdissant**, en revanche, du côté des prélats. MM Vingt-Trois et Barbarin sont aux abonnés absents et laissent le monopole de la représentation chrétienne aux guignols ensoutanés de Civitas. Aucun rappel au message de l’évangile pour les harceleurs des élus ni aux lyncheurs de femme seule. « Aimez-vous les uns, les autres », bisounours ce Jésus, dirait la bourge Bourges qui prône la violence. Et la déjantée Barjot qui proclame que si Hollande veut du sang, il en aura, ça ne les dérange pas nos princes de l’église ?
Caroline Fourest participait, à Nantes, à un débat avec Tahar ben Jelloun, Gilles Keppel et Jean Glavany, intitulé « Vers un islam moderne ? ». On peut supposer qu’elle a donné une réponse sceptique à la question. Mais les événements dont elle est victime montrent que l’intégrisme rétrograde et fanatique n’est pas l’apanage de membres d’une seule religion. La dérive d’une fraction des catholiques, attisée par des politiciens irresponsables comme Copé et d’autres, grossie des renforts des identitaires et du F-haine et fort d’une totale impunité, devient extrêmement dangereuse.
Et ce qui est arrivé à Nantes, le 13 avril, n’est pas anodin. Il concerne la liberté d’expression et même la liberté tout court. Intimidation d’élus de la Nation. Menaces de lynchage à l’encontre d’une personne, non seulement pour les idées qu’elle défend, mais pour ses choix de vie.
Que faut-il de plus pour que certaines consciences se réveillent ?
* Même pas capable de lire le programme des « journées de Nantes » : C. Fourest n’y était pas invitée sur ce thème !
** M. Vingt-Trois est sorti de ce silence, si j'en crois Ouest-France (17/04/13), mais non pour condamner les fauteurs de violences qui se réclament de sa religion, pour la déplorer - ô le saint-homme ! - et en faire porter implicitement la responsabilité à ceux qui en sont la cible.
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Entretien avec Caroline Fourest (vers 10' 15") précédé d'échos des radios sur les violences anti-homos
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