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22 janvier 2008 2 22 /01 /janvier /2008 16:46

Un collègue et néanmoins ami, à moins que ce soit l’inverse, nouvellement nommé dans un collège ZEP décrit une situation très inquiétante : inscriptions odieuses visant une collaboratrice, cailliassage des logements de fonction, début d’incendie de nuit dans le collège, ce qui démontre qu’après des années de rodomontades de l’ex-ministre de l’intérieur, la situation loin de s’améliorer, se dégrade encore.

 

Implicitement, il met cette montée de la violence en parallèle avec une montée de l’ "islamisme" : maman maintenant voilée alors qu’elle ne l’était pas, demande de viande hallal, réaction de bigotisme musulman d’une élève, tag « vive l’Algérie et le Maroc » (l’union de ces deux pays dans la même inscription ne reflète pas la franche inimitié qui les unit !). Ce qui montrerait, que contrairement à ce que semble croire notre chanoine de Latran, la montée de l’emprise du religieux n’est pas synonyme d’apaisement, pour autant que les deux phénomènes soient corrélés.

Un autre ami et néanmoins collègue, lui aussi en ZEP, constate que le trafic de substances interdites est plus garant de la tranquillité du quartier. L’opium du peuple est moins efficace que les marchands d’opium (bien sûr, il s’agit plutôt de shit ou de coke).

 

Trouvé sur un site de droite extrême (à noter que la photo a été pillée sur un ancien site d'Education & devenir, prise à Lille en 2003 par votre servieteur)

 

Le 1er invitait à une relecture du « rapport Obin ». Dans ma réponse – bien qu’il se défendait de généraliser, c’était, de mon point de vue, le sens général de son message et de cette référence – je lui disais assez banalement : ton expérience - et tu le sais, venant comme tu dis, d'un établissement dans un contexte plus serein - ne décrit pas obligatoirement la réalité, tout aussi difficile mais autre, que certains peuvent vivre dans d'autres ZEP.

Ce que confirmait son collègue qui lui se trouve face au conflit entre enseignants qui veulent enseigner et élèves qui ne veulent ou ne peuvent faire les efforts demandés et affronte donc de nombreuses difficultés de vie scolaire.

 

Puisque le rapport Obin était cité, je rappelais que, d’entrée, il y était indiqué qu’il n’avait pas valeur de sondage scientifique, même si son auteur a eu tendance à oublier cette précaution méthodologique*.

 

Quelle politique de civilisations ?

Etait cité aussi une opinion de Samir Naïr, dans Libé (http://www.liberation.fr/rebonds/304626.FR.php) Quelle politique de civilisations ? qui était supposée me faire hurler. Je répondais donc que certes, en filigrane, on pouvait retrouver des thémes propres aux soi-disant Rrrrrrépublicains (« un rôle accru de l’Etat en tant que vecteur du bien-être collectif » comme si les autres collectivités territoriales, sous réserve d’un système de péréquation, ne pouvaient aussi être ces «vecteurs », mais tu le vois, tu me pousses à chercher la petite bête). Remplacer la très mauvaise traduction d’affirmative action, cette discrimination positive, par redistributions ciblées non pas sectorielles mais vers les banlieues stigmatisées, les quartiers marginalisés ou les zones urbaine abandonnées pourquoi hurler ?

Puis-je avouer que cette idée d’un espace public laïc, qui respecte croyants et non-croyants, constituant l’horizon indépassable de la liberté de conscience est d’une généralité telle que je ne vois là rien qui puisse me faire sortir de mes gonds ?

Mais le fait même que ce point de vue soit supposé me faire bondir démontrait un sérieux malentendu sur ce que j’ai pu commettre sur la laïcité.

 

Laissons de côté, la conception des soi-disant rrrépublicains qui, dans un amalgame qui ressemble à de la bouillie pour les chats, récusent le droit à se réclamer de la laïcité si, par exemple, on n’est pas noniste. Ce n’est plus de laïcité qu’il s’agit, mais de sectarisme.

En revanche, la distinction entre public (« espace public laïc » écrit Sami Naïr) et privé (domaine des convictions religieuses et/ou philosophiques), que j’ai récusée, en m’appuyant notamment sur la Loi de 1905 et les débats qui l’accompagnèrent, a peut-être été la cause de ce malentendu.

 

une-marianne.jpg

Entre deux trains, je me suis laissé attirer par la couverture de Marianne (hebdo que je ne prise guère : le centrisme imprécateur de son fondateur me hérissant, sans parler de la dame Polony, plus Brighellienne que Brighelli).

Dans un long article sur le discours du chanoine de Latran (discours qui date du 20 décembre, l’article du 19 janvier), je suis tombé sur un encadré « Propos blessants » de Catherine Kintzler**. Il permet de bien éclaircir cette question en distinguant la puissance publique et l’espace civil. « La loi, la puissance publique, les affaires politiques sont disjointes de toute croyance et de toute incroyance […] en conséquence la puissance publique s’oblige à un devoir d’abstention. C’est précisément en vertu de cette abstention […] que, partout ailleurs dans la société civile, les opinions, les croyances et incroyances sont libres » dans le respect de la loi.

 

Je n’échapperais pas, cependant, à une lecture symptomale, comme disait le camarade J. Julliard, à laquelle je dois sans doute aussi me livrer. Nobody is perfect !

 

* "Un commentaire méthodologique s’impose ici. Le panel d’établissements visités ne constitue donc en aucun cas un échantillon représentatif des établissements français, ni sur le plan de l’étude ni d’ailleurs sur aucun autre. […]

Cette étude ne peut donc prêter à généralisation et à dramatisation excessive : les phénomènes observés l’ont été dans un petit nombre d’établissements. Pour autant, les établissements visités constituent sans doute un panel assez représentatif de cette marge particulièrement active du système éducatif quant à l’objet de notre étude : ce sont le plus souvent des collèges, lycées et lycées professionnels qui recrutent la totalité ou une partie significative de leurs élèves dans des quartiers dont la « ghettoïsation » est largement entamée, voire achevée ; ce qui s’y joue, insistons-y, ne peut donc être généralisé." (page 6)

** Cette distinction ne règle évidemment pas tout car il faut savoir où se situe la "frontière" puissance publique/espace civil : en témoigne la nouvelle pseudo affaire du voile (Sus à la halde)

 

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