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3 juillet 2019 3 03 /07 /juillet /2019 17:30
MACIEL le pervers toxique dans une église qui se bouche les yeux

Marcial Maciel est, sans doute, la personnalité la plus diaboliquement perverse que l’église catholique ait engendrée depuis plus d’un demi-siècle. En dépit de sa richesse démesurée et de sa vie de pervers narcissique, pédophile, bisexuel, escroc, menteur, psychopathe, manipulateur, incestueux, criminel, plagiaire, charlatan, voleur, morphinomane, sacrilège et apostat, il bénéficia d’une totale impunité des années 40, jusqu’à sa mort, de Pie XII à Jean-Paul II. Jean-Paul II qui célébra même les 60 ans de prêtrise du fondateur des Légionnaires du Christ. Et la prétendue sanction de Benoît XVI en 2005 est purement fictive, puisqu’elle lui inflige cette bénine condamnation « à une vie réservée de prière et de pénitence ».

J’ai déjà abordé le cas Marcial Maciel. Cas si caricatural que son impunité totale montre que la cécité de l’église catholique sur les abus sexuels en son sein est systémique. On ne voit pas, parce qu’on ne veut pas voir. Jean-paul II est l’exemple même de cet aveuglement volontaire.

Marcial Maciel Degollado naquit en 1920 à Cotija de la Paz, dans l’état de Michoacán, à l’ouest de Mexico. Si sa vocation fut précoce – cela en pleine période de guerre des cristeros et surtout de ses séquelles – ses premiers abus pédophiles le furent aussi puisqu’en 1938, séminariste dans le diocèse de Veracruz, il introduit de jeunes enfants dans l'enceinte du séminaire et abuse d'eux. Mais il est surpris, puis dénoncé par des femmes de ménage.  Il est viré.  Après s'être fait exclure de plusieurs séminaires, Maciel atterri dans le diocèse de Cuernavaca où il obtient la protection de l'évêque, un parent, et qui l'autorise à fonder une congrégation, l'ordonne prêtre et le maintient dans ses fonctions alors que les premières accusations d'abus sexuels lui sont rapportées par un père de famille.

Sa congrégation baptisée les Légionnaires du Christ, qui se donne des buts éducatifs et caritatifs, est vue au départ, aussi bien à Mexico qu’au Vatican, avec une certaine méfiance, par son caractère quasi sectaire, basé sur le culte de la personnalité du fondateur. Mais au bout de quelques années, grâce à son énergie hors du commun mais surtout à d’obscures sources de financement, Maciel a fondé un grand nombre de collèges, des universités et des associations caritatives. Et en 1959 il ajoute une branche laïque, Regnum Christi, à la congrégation des légionnaires du Christ.

Le curé Maciel, à la tête de cette armée, toute dévouée à sa personne, recrute des milliers de séminaristes et récolte des dizaines de millions. Il a créé une organisation rigide et fanatique dans laquelle les séminaristes font vœu de chasteté, de pauvreté (tous leurs biens sont propriétés de l’ordre y compris des étrennes familiales), astreints à une loi du silence qui interdit toute critique de leurs supérieurs, et par-dessus tout, bien sûr, le père Maciel, que les séminaristes doivent appeler « notre père ».Tout autant qu’une machine de harcèlement sexuel, les Légionnaires du christ furent une entreprise de harcèlement moral. Les méthodes employées dans l’équivalent des petits séminaires ne diffèrent guère de celles décrites dans le petit séminaire vendéen de Chavagne-en-Paillers : censure du courrier, directeur de conscience, etc. Mais en plus fanatiquement voués au « padre ». Et avec surtout une grande pauvreté intellectuelle et une indigence théologique.

La double vie du chef des légionnaires est connue de longue date au Vatican.

Ses abus sexuels avaient été signalés aux évêques mexicains, dès les années 40. Mais surtout en 1956, Ferreira Correa, un prêtre qui le secondait, a écrit une lettre à l’archevêché de Mexico des plus explicites. Il décrit comment Maciel, prétextant des douleurs aussi atroces qu’imaginaires, obligeaient des séminaristes à la masturber.

MACIEL le pervers toxique dans une église qui se bouche les yeux

"Le père Maciel m'appelle à l'infirmerie et commence à raconter qu'il a des douleurs terribles au ventre qui l'empêchent d'accomplir sa mission dans le monde, qu'il en avait parlé avec le pape Pie XII et que, voyant comment cela l'empêchait de servir l'Eglise, le Christ et le monde, il lui avait donné l'autorisation qu'on lui fasse des massages afin de soulager ses souffrances. «Alors – raconte Aménabar - il m'a pris la main et m'a dit: 'Aie confiance, aide-moi'. Il a fait en sorte que je lui masse le ventre. Ensuite, il a commencé à baisser la main et a fini en voulant que je le masturbe. J'ai eu très peur, mais Maciel m'a dit: 'Ne t'inquiète pas, j'ai la permission du Pape pour faire cela. Et puis en plus, je vais te donner l'absolution. Comme ça, si tu as encore des inquiétudes, tu sais que tu peux communier sans problème' ".

L'affaire Juan Manuel Aménabar (extrait)

Il décrit aussi sa totale addiction : « il me semble que le père Maciel s'est toujours fait des injections de drogues: Dolantine, Sedol et Demerol », dérivés de la morphine. Il conte les invraisemblables  mensonges et manipulations du padre pour se procurer ses drogues ou faire croire qu’il va se soigner. Et ce fondateur adulé s’exonère de la prière du bréviaire, il ne célèbre pas quotidiennement la messe, tout en faisant croire le contraire, ne se livre à aucun exercice spirituel ni même à la prière. « Quant à la pauvreté, il est notoire qu'il cherche toujours le plus confortable et le plus agréable. La nourriture la plus exquise. (…) Il fait allègrement des appels téléphoniques intercontinentaux pour traiter d'affaires non urgentes et il voyage toujours en première classe quand il prend l'avion, même quand le frère qui l'accompagne voyage en classe touriste. Il s'héberge toujours dans les meilleurs hôtels et mange dans les meilleurs restaurants. »

Dès 1956, deux évêques mexicains alertent donc, au Vatican, Arcadio Larraona, secrétaire de la Congrégation des Affaires Religieuses, sur le « comportement déviant et faux, usage de drogues, actes de sodomie sur des garçons de la Congrégation » de Maciel. Il est suspendu. Une enquête – une visite apostolique – est lancée et malgré la loi du silence imposée aux Légionnaires, l’enquêteur conclut à la destitution définitive de Maciel et à une reprise en main d’une congrégation fanatisée. Mais bizarrement deux autres enquêteurs sont nommés qui contredisent largement ces conclusions, parlant même du mysticisme héroïque du fondateur ! Et, encore plus bizarrement, pendant le bref interrègne pontifical entre la mort de Pie XII et l’élection de Jean XXIII en octobre 1958, Maciel, comme si de rien était, fut rétabli à la tête de son Institution. Serait-ce médire que suggérer que quelques dons en liquide à quelques cardinaux – pour leurs bonnes œuvres – ont pu lui donner quelques précieux alliés ?

Plagiat

Maciel mit à profit cette période de suspension de 1956 à 1958 pour rédiger un saint ouvrage "El Salterio de mis días" (Le Psautier de mes jours), qui connaîtra bien sûr un grand succès auprès des légionnaires. Sauf que le padre s’était contenté de pomper une œuvre peu connue d’un certain Luis Lucia, homme politique catholique espagnol, intitulée « El Salterio de mis horas » (Le Psautier de mes heures). Ecrit en 1941* quand Luis Lucia était emprisonné à Barcelone par les Franquistes (après l'avoir été par les Républicains), il fut édité, en 1956, après sa mort.

* Lors de la guerre civile, bien que Lucia ait pris position pour le gouvernement de la République contre le coup d'état, il fut emprisonné comme catholique de droite par les Républicains ; mais sa prise de position en 1936, lui valut d'être emprisonné par les franquistes...

Bien que Maciel eût été à nouveau dénoncé en 1962 pour sa consommation de drogue, qu’il eût même été arrêté en Espagne, en 1965 le pape Paul VI reconnut les Légionnaires du Christ dans un décret qui les rattachait directement au saint-siège.

Absout et même légitimé par Paul VI, Maciel redoubla d’efforts pour développer son organisation. Le personnage avait l’art de susciter des dons de multimillionnaires, comme Carlos Slim. Il amassa une fortune sur des comptes secrets, mais aussi en biens immobiliers, de plusieurs centaines de millions de dollars.

Il puisait d’ailleurs allégrement dans ces fonds pour se donner un train de vie exceptionnel, non seulement pour l’époque, mais surtout pour un curé qui avait fait vœu de pauvreté. Le saint homme, qui affichait en public l’humilité absolue, vivait en privé dans une maison blindée et conduisait des voitures de sport de haut de gamme.

Le prédateur continua bien sûr d’abuser sexuellement des petits et grands séminaristes en toute impunité. Mais, il ajoute, si l’on peut dire, une corde à son arc, en se mettant en concubinage avec une première femme, puis une deuxième et peut-être une troisième. Et en abusant de deux de ses fils et de sa fille.

En 1977, Blanca, 19 ans, travaillait à Tijuana comme domestique quand elle a rencontré «Raul Rivas», 57 ans, un homme qui prétendait être veuf et travailler comme détective privé pour Shell. Il lui a acheté une maison à Cuernavaca, une ville de style colonial, aux abords de Mexico. Il a accepté de devenir le père adoptif de son fils de trois ans, Omar, fruit d'une relation précédente. Il a avec elle deux enfants, Raúl, et Christian. Raul a raconté : «Quand j'avais 7 ans, j'étais allongé à ses côtés, comme n'importe quel garçon, n'importe quel fils avec son père. Il a baissé mon pantalon et a essayé de me violer.»  «Rivas» a commencé à emmener Omar et Raul dans des voyages en Europe, abusant d'eux, entre 8 et 14 ans.

Norma Hilda Baños, à Acapulco, en 1987, âgée de 27 ans, lui a donné un enfant, également appelé Norma Hilda. «Quand j'ai rencontré cet homme, j'étais mineure». «Ni ma fille, ni moi-même n'avons su qui était vraiment cet homme, jusqu'à la fin.» La fille «a été abusée par son père, Maciel,» avoue la mère dans un article d'El Mundo. «Elle souffre de terribles traumatismes de son enfance, et je crains qu'elle n’arrive jamais à s'en remettre.» Maciel a laissé aux Baños «deux maisons à leur nom, dans des bâtiments récents de Madrid, où elles vivent actuellement, ainsi que trois autres résidences, le tout évalué à environ deux millions d'euros.»

Selon des journalistes espagnols, Maciel a eu également trois enfants avec une autre femme mexicaine, qui vit maintenant en Suisse, ce qui ferait en tout six enfants naturels, conçus avec trois femmes différentes.

Et selon Alejandro Espinosa, un ex légionnaire, que le fait d’être un neveu de Maciel n’a pas empêché de tomber entre ses griffes, Talita Reyes, Pepita Gandarillas, Pachita Pérez, Deme de Galas, Dolores Barroso, Guillermina Dikins, Josefita ou Consuelo Fernández, veuve d’un diplomate espagnol en poste au Mexique, entre autres, ont succombé devant son apparence de piété et de grande sainteté.

D’après Comment le père Maciel a construit son empire et La fille du pécheur Légionnaire du Christ

MACIEL le pervers toxique dans une église qui se bouche les yeux

Le pontificat de Jean-Paul II est pour lui l’apothéose. Le pape, polonais aveuglé par son anti-communisme, voit dans cette Légion en pleine expansion le rempart, voire le fer de lance contre la théologie de la libération. Macial a-t-il aussi alimenté des fonds secrets à destination de l’église polonaise ? c’est ce que sous-entend F. Martel dans Sodoma. Le pape a-t-il été aussi influencé par le fait que l’accusation de pédophilie était employée par le régime communiste polonais pour poursuivre des prêtres ? Toujours est-il que, non content d’approuver en 1983 des Constitutions de la congrégation, contraires au droit Canon, à l’occasion du 50e anniversaire de leur fondation, en 1994, il ira jusqu’à écrire à Maciel : "Depuis le jour de votre ordination sacerdotale, vous avez voulu mettre le Christ, l'Homme Nouveau qui révèle l'infini amour du Père aux hommes qui ont besoin de rédemption, comme critère, centre et modèle de toute votre vie, et de celle de ceux qui, depuis 1941 vous ont suivi, découvrant en vous un père spirituel proche et un guide efficace dans l'aventure passionnante du don total à Dieu dans le sacerdoce."

MACIEL le pervers toxique dans une église qui se bouche les yeux

En 1997, huit anciens séminaristes publient dans le Hartford Courant, un quotidien états-unien, un témoignage sur les abus dont ils furent victimes et les errements de Maciel. Ils le font après avoir alerté en vain l’Église.

En 1998, Carlos Talavera, l'évêque de Coatzacoalcos, a transmis la lettre au cardinal Ratzinger, responsable de la Congrégation pour la doctrine de la foi et Ratzinger l'a lu devant lui. Mais la réponse du cardinal fut : «Monseigneur, je suis vraiment désolé, mais le père Maciel est une personne très appréciée par le saint père, et il a fait beaucoup de bien à l'Eglise. Il n'est pas prudent d'ouvrir une enquête

Le cardinal Sodano et Marcial Maciel

Le cardinal Sodano et Marcial Maciel

Le parrain de Maciel au Vatican était le premier ministre de Jean-Paul II, le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’état. Par principe, il défendait, a priori, les prêtres soupçonnés d’abus sexuels. Pour lui les accusations de pédophilie n’étaient que des ragots. Et il partage avec le pape l’aversion pour la théologie de la libération et donc, considère la Légion de Maciel comme une arme dans cette guerre.

Car Maciel a fait de ses Légionnaires du Christ une formidable machine de guerre, digne de tous les éloges, de toutes les louanges, étouffant donc toutes les rumeurs sur son fondateur. A la fin de sa carrière, cet organisation comptait 15 universités, 50 séminaires et centres d’études supérieures, 177 instituts secondaires, 125 maisons religieuses, 200 centres éducatifs, des centaines d’oratoires et chapelles, des associations caritatives...

MACIEL le pervers toxique dans une église qui se bouche les yeux

La légende veut que Benoît XVI ait sanctionné Maciel. De fait, l’encore Cardinal Ratzinger, en décembre 2004, scandalisé, dit La Vie, par le faste avec lequel le Saint-Siège a célébré les 60 ans de sacerdoce de Maciel, le 30 novembre 2004 en présence de Jean Paul II, lance une enquête, une nouvelle visite apostolique. Le chapitre général de la Légion met fin aux fonctions de Maciel en janvier 2005, officiellement en raison de son âge, 85 ans. 

Mais le successeur de Jean-Paul II renoncera à un procès canonique. Et en mai 2006, la Congrégation pour la doctrine de la foi condamne officiellement Maciel « à une vie réservée de prière et de pénitence, en renonçant à tout ministère public ». A peine une petite tapette sur les doigts. Et inutile de dire que Maciel n’en fit rien. Et la Légion persévèrera dans son culte de la personnalité. À son décès, le 30 janvier 2008, elle osera proclamer que "le cher père fondateur est parti pour la patrie céleste".

Et en novembre 2008, lorsque les légionnaires ont appris que le padre l’était vraiment, car il avait eu une liaison et avait une fille, trois cardinaux de la Curie, sans vergogne, sont allés dans leur maison religieuse à Rome pour leur tenir un discours rassurant, expliquant qu'au fond, le père Maciel était un homme au cœur pur, un instrument docile dans les mains de Dieu, et que, à travers ses  erreurs et ses faiblesses, il a pu faire lui aussi l'expérience amère du péché !

"Un homme choisi par Dieu, Marcial Maciel, a recueilli la lumière divine et a fait ce que Dieu attendait de lui !

Ne soyez pas de ceux dont l’Église et le monde pourront dire demain : « Voici ceux qui ont dévêtu leur père, qui ont dévoilé ses fautes au regard du monde » ! Non ! Le fils ne doit pas juger son père !

Laissez le monde juger ! C'est un monde corrompu et hypocrite ! Qu'il juge ! Mais de grâce : qu'il n'y ait aucun légionnaire qui, comme le mauvais fils de Noé, se moque des fautes de son père. Le couvrir, ce n'est pas étouffer la faute : c'est le revêtir avec le manteau affectueux de la famille.

Maintenir l'esprit du fondateur, ce n'est pas maintenir l'esprit de Marcial Maciel : c'est maintenir l'esprit que l'Esprit Saint lui-même lui a transmis."

Dario Castrillon Hoyos, président de la Commission pontificale Ecclesia Dei et ancien préfet de la Congrégation pour le clergé (extraits)

Et Angelo Sodano, Doyen du Collège Cardinalice, osera affirmer que "sa vie sainte des dernières années nous enseigne que si nous avons pu fauter à un moment ou à un autre, nous pouvons toujours demander pardon au Seigneur et continuer avec plus de générosité dans notre mission."

Le récit de sa mort fait dans un supplément d’El Mundo donne un autre son de cloche. Loin de la pénitence et de la prière, lors de ses dernières années de sa vie,  Maciel ne va même pas à la messe. Il manifeste même une « répulsion à l’égard de la religion ».

Le 30 janvier 2008, dans la chambre de Maciel se trouvaient Alvaro Corcuera, Directeur Général des Légionnaires, Luis Garza Medina, vicaire général, Evaristo Sada, secrétaire général, John Devlin, secrétaire personnel du fondateur et deux autres responsables de la Légion ; et les deux Norma Hilda, la mère et sa fille. Et en prime un prêtre exorciste. Après l’avoir refusé, il n’est même pas sûr que le mourant, cédant à la pression, se soit confessé.

Si Sodano ignorait cette fin impie, c’est qu’il ne voulait rien savoir.

Et ça continue encore et encore...

En 2017, les Paradise papers révéleront qu’Alvaro Corcuera, Directeur Général des Légionnaires, Luis Garza Medina, vicaire général, avec une vingtaine d’autres légionnaires, disposaient de fonds secrets, grâce à des montages financiers off-shore aux Bermudes, à Panama et aux Îles vierges britanniques. On découvrit aussi que 35 prêtres de la Légion du Christ étaient impliqués dans des cas d’abus sexuels. Benoît XVI s’est contenté de chapeauter la direction par un administrateur, le Cardinal Velasio de Paolis, mais sauf le décrochage des innombrables portraits du fondateur, rien n’a changé dans le fonctionnement de l’organisation.

Maciel face à Rivera

Maciel face à Rivera

Pendant plus de 60 ans, ce personnage toxique aura sévi en toute impunité.

Impunité due d’abord à d’incontestables talents de manipulateur qu’il déployait tant auprès des riches héritières que des Cardinaux et évêques qui le protégeront jusqu’au-delà de la mort, comme Hoyos ou Sodano. Du Cardinal Clemente Micara en 1958 au Cardinal Norberto Rivera Carrera, archevêque de Mexico, en 1997 – un super Barbarin mexicain – en passant par le secrétaire personnel de Jean-Paul II, Dziwisz, et bien d’autres, il a su se trouver d’éminents parrains. A son art de la manipulation, il ajoutait un art de se faire des obligés, offrant de somptueuses réceptions pour fêter une nomination comme cardinal, voire des pots-de-vin. Il est probable que, sachant leurs faiblesses, il exerçait un implicite chantage sur leur vie privée. Son dynamisme, dans une église en perte de vitesse, se traduisait par des constructions spectaculaires y compris à Rome.

Loi du silence à l’intérieur de la Légion, cécité volontaire dans l’église, il a pu se livrer à tous ses vices, dont le plus jouissif, sans doute, pour ce personnage sans foi ni loi, fut d’exercer un pouvoir sans limites sur ses troupes qui l’adulaient et de duper cette église qui ne demandait qu’à l’être.

SOURCES

Outre le chapitre de SODOMA sur Maciel, un blog d'anciens "légionnaires du christ" :

EXLCBLOG.INFO Prévention à l'égard de la Légion du Christ et du Regnum Christi

Aussi étonnant que ça paraisse, ces ex-légionnaires semblent être restés catholiques.

Leur animateur "Xavier" a sous-titré une série de vidéos chiliennes sur

Les péchés du père Maciel

La France n'est pas épargnée par l'extension de cette Légion toxique :

Ecole apostolique de Méry-sur-Marne: Des Légionnaires du Christ pédophiles

 

A lire :

Légion du Christ : comment l'église a voulu étouffer le scandale

Document *.pdf ci-dessous, cliquer pour télécharger

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29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 21:26
Jozef Wesolowski

Jozef Wesolowski

Des paroles aux actes ! Avec l’arrestation sur son ordre puis l’inculpation de l’ex-évêque polonais, Jozef Wesolowski, le pape François envoie un signal fort. D’autant que d’autres prélats, bien que couverts par l’Opus Dei auquel ils appartenaient ont été destitués. La loi du silence semble définitivement abolie.

 

Loi du silence que le bon pape Jean XXIII fut accusé d’avoir officialisée (il est vrai par l’anglicane BBC). Loi du silence qui s’est longtemps appliqué au cas flagrant de Marcial Maciel - pédophile, morphinomane, prévaricateur, père prolifique et  incestueux - car fondateur d’une Légion du Christ, fer de lance de la lutte contre la théologie de la libération. Et cela malgré les révélations de scandales aux proportions industrielles. Les scandales d’abus sexuels, mais aussi de maltraitance,  ont éclaté aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Irlande, etc. Les Pays-Bas, par rapport au nombre de catholiques, ont été sévèrement touchés. Encore, en février dernier, l’ONU adressait un sévère réquisitoire au Vatican.

 

L’affaire Wesolowski prend donc une dimension symbolique, puisqu’il s’agit d’un ex-évêque, ex-nonce, déjà destitué et réduit à l’état laïque, arrêté, emprisonné, mis en examen, et qui va subir un procès dans l’état pontifical. Il risque 6 ou 7 ans de prison.

Pour hispanophones

Ce religieux de 66 ans, nonce (c’est-à-dire ambassadeur) à Saint-Domingue, a utilisé le diacre dominicain mis à sa disposition, son amant et serviteur, pour dévoyer des adolescents des quartiers pauvres de la capitale de la République Dominicaine, afin de satisfaire son appétit sexuel. Le diacre, Francisco Javier Occi Reyes, s’est fait poissé, comme dirait un ex-ministre de l’éducation nationale, alors qu’il tentait de séduire un adolescent, tandis que le nonce l’attendait à côté. Son amant arrêté, Wesolwski abandonna les lieux, comptant sur son influence pour le faire libérer. Echec. Le diacre alors passa à table pour révéler les fiestas pédophiles, arrosées de vodka, à la nonciature.

 

La police vaticane a découvert sur son ordinateur une collection de plus de 100 000 photos ou vidéos pornographiques de jeunes garçons entre 13 et 17 ans obligés à poser nus ou à avoir des relations sexuelles entre eux ou avec des adultes. Les échanges de courriels et l’historique de navigation de l’ex-évêque ont permis de découvrir les sites qu’il fréauentait et les personnes avec lesquelles il échangeait ses images pédophiles. L’enquête n’est donc peut-être pas terminée. Maintenant est explorée la piste d’autres personnes qui auraient aidé le religieux à pêcher ses victimes. Il n’est pas exclus que cette enquête débouche sur la découverte d’un réseau international de pédophilie dont ferait partie Jozef Wesolowski.

 

Inutile de dire que l’arrestation, l’incarcération de l’ex-prélat polonais n’a pu se faire qu’avec l’accord du chef de l’état du Vatican, le pape François. Il a donc mis en œuvre son engagement de tolérance zéro envers les crimes pédophiles.

 

Mais le côté spectaculaire de l’affaire Jozef Wesolowski a occulté d’autres sanctions du nouveau pape.

Rogelio Livieres Plano

Rogelio Livieres Plano

Ainsi a-t-il destitué un évêque du Paraguay accusé de protéger un prêtre soupçonné d’abus sexuels sur mineurs. L’évêque de Ciudad-el-Este, Rogelio Livieres Plano, a été relevé de ses fonctions, pour avoir non seulement couvert mais promu un prêtre argentin, Carlos Urrutigoity, accusé de pédophilie aux Etats-Unis. Fernando Lugo, ex-Président du Paraguay, mais aussi ex-évêque (victime d’une destitution-putsch), s’est félicité de voir le pape ne plus souffrir d’irrégularités au sein de l’église ("Parece que el papa Francisco tiene bastante clara la película y mano dura en no avalar ningún tipo de irregularidades en la Iglesia").

 

Carlos Urrutigoity

Ont été également suspendus de leurs fonctions deux autres évêques latino-américains, Marco Antonio Órdenes, au Chili et Gabino Miranda Melgarejo, au Pérou, qui pourraient affronter un procès pour abus sexuels sur mineurs.

Marco Antonio Órdenes

Marco Antonio Órdenes

En Octobre 2012, Ordenes, évêque de Iquique, a été accusé par Rodrigo Pino Jelcic d’avoir eu avec lui, en 2009, alors qu’il avait quatorze ans, une relation amoureuse - "relación amorosa"  - à caractère sexuel. Accusation instruite par le nonce du Saint-siège au Chili. Ordenes renonça à sa charge épiscopale pour raison de santé et finalement le pouvoir judiciaire chilien s’est saisi de l’affaire.

Pédophilie dans l’église : le pape François passe à l’action

Le second, Gabino Miranda Melgarejo, membre de l’Opus Dei, non seulement a été déchargé de sa tâche d’évêque auxiliaire de Ayacucho, mais réduit à l’état laïc ! Ce prélat, accusé aussi de pédophilie, bénéficiait pourtant de l’appui du cardinal Juan Luis Cipriani, archevêque de Lima, membre aussi de l’Opus Dei, qui s’était signalé en s’opposant à l’attitude ouverte du pape envers Gustavo Gutiérrez, un des animateurs de la théologie de la libération, bête noire de Jean-Paul II et de Benoît XVI.

 

Avec Cipriani, on le voit, le pape François ne fait pas l’unanimité, loin s’en faut, dans sa lutte pour purger son église des pédophiles. Et tenter d’ouvrir un peu les fenêtres. Les conservateurs et ce qu’on appelle le lobby gay du Vatican n’ont pas épuisé leur pouvoir de nuisance.

En témoigne une église espagnole dont les prélats font un concours de propos indignes*. Le dernier en date, l’ineffable évêque d’Alcala, Reig Pla, pulvérisant le point Godwinn ose comparer un train de militants-e-s pour le maintien du droit à l’IVG aux trains de déportés juifs vers Auschwitz !

 

* Voir "Marie-toi et sois soumise !"

(fin d'article : un florilège de déclarations de prélats espagnols, avec en prime un belge et un français)

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 20:42

 

pape-demission 01

image empruntée à @rrêt sur images

 

 

 

 

Papus interruptus, titre génial de Libé ce matin. Donc impossible à reprendre.


Votre serviteur, mécréant de service, rend l'hommage qu'il mérite à l'onctueux Guéant, plein de componction, pointant l'impardonnable Hollande - n'a-t-il pas osé dire, petite blague, que la France ne présenterait pas de candidat à la succession du pontife. Mes "racines chrétiennes" me poussent à m'interroger sur cette absence de foi du sortant dans la grâce divine, et mon mauvais esprit m'entraîne à rappeler que le Cardinal Ratzinger, apparatchik du Vatican du temps de JP2 ne pouvait ignorer un Marcial Maciel et le reste. Pour conclure, un numéro extraordinaire d'Odon Vallet, à la "Nouvelle édition" - le passage sur Henti IV et Louis-le-Grand est un pur délice et sa conclusion sur  un Monseigneur Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis, expert comptable, d'une parfaite ironie.

 

Pape-CLAUDE-GUEANTRevenons donc d’abord à Guéant qui, sur un ton tout empreint d’une sainte componction quasi ecclésiastique a blâmé Hollande pour avoir dit avec malice, à propos du conclave : "Nous ne présentons pas de candidat." "Faire une blague à propos d'une décision aussi digne, ce n'est pas bien, c'est déplacé", a déclaré, plein d’onction, l’ex homme de confiance du Chanoine de Latran. Et, il a ajouté un "Chacun sait que François Hollande n'est pas très favorable aux religions en général et à la religion catholique en particulier". Sans doute parce que ce Président, au lieu de nous rebattre les oreilles avec des « racines chrétiennes », a dit qu’en tant que chef d’un état laïque il n’avait pas de commentaires à faire sur une décision respectable mais qui ne concerne que l’église. Mais la basse et tartuffienne polémique de Guéant a fait long feu.

 

 

 

 

« Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. […]

C’est pourquoi, bien conscient de la gravité de cet acte, en pleine liberté, je déclare renoncer au ministère d’Evêque de Rome, Successeur de saint Pierre, qui m’a été confié par les mains des cardinaux le 19 avril 2005, de telle sorte que, à partir du 28 février 2013 à vingt heures, le Siège de Rome, le Siège de saint Pierre, sera vacant et le conclave pour l’élection du nouveau Souverain Pontife devra être convoqué par ceux à qui il appartient de le faire. »

 

Le mécréant que je suis, se contenterait d’observer qu’historiquement le seul démissionnaire réel fut la fameux Célestin V : le prédécesseur Benoît IX a été viré, est revenu, a démissionné, est rerevenu et a été viré définitivement. Quant à Grégoire XII, il était en concurrence avec deux autres (dits antipapes, dont un Benoît encore) et sa démission visait à mettre fin à un schisme. 

 

Mais avec T. Legrand, France Inter, on peut s’interroger sur la cohérence du Saint-Esprit qui inspire le conclave bien sûr dans son choix, mais aussi qui a poussé Jean-Paul 2, malgré un état de santé déplorable après la transfusion infectée qui a suivi l’attentat dont il a été victime à s’accrocher au trône pétrinien jusqu’au bout et qui, maintenant aurait amené Benoît 16 au renoncement ! Ce qui n’empêche pas l’archevêque de Lagos, Alfred Adewale Martins de dire : "Nous laisserons le Saint-Esprit accomplir son oeuvre et nous donner l'homme, la personne qui convienne le mieux à l'Eglise en ce moment". Il y a même dans cette position démissionnaire comme du divorce à la vaticane, puisque le pape en prenant fonction épouse l’église.

Mais comme le dit, fort justement Hollande, c’est le problème de l’église.

 

 

 

En revanche, les Femen, avec leurs méthodes très dépouillées, n’ont pas tort de dénoncer l’évidente homophobie du théologien Ratzinger que n’a jamais corrigé le pape Benoît Seize. « Bien qu'elle ne soit pas en elle-même un péché, l'inclination particulière de la personne homosexuelle constitue néanmoins une tendance, plus ou moins forte, vers un comportement intrinsèquement mauvais du point de vue moral. C'est la raison pour laquelle l'inclination elle-même doit être considérée comme objectivement désordonnée. »On lit bien, c’est l’inclination seule qui est condamnée. Et le même écrira en 2003 : « Reconnaître légalement les unions homosexuelles ou les assimiler au mariage, signifierait non seulement approuver un comportement déviant, et par conséquent en faire un modèle dans la société actuelle, mais aussi masquer des valeurs fondamentales qui appartiennent au patrimoine commun de l’humanité » (citations empruntées à Grains d’encre). Dans la continuité de ces affirmations, malgré la crise des vocations, la prêtrise est interdite aux impétrants confessant des tendances homosexuelles, alors qu’ils seraient soumis à la même chasteté que les hétérosexuels. On a même entendu un prélat, sauf erreur le Cardinal Bertone, l’homme qui tire les ficelles au Vatican, affirmer que la pédophilie venait de l’homosexualité ! Mais un autre prélat, moins titré, lui mêlait antisémitisme, homophobie et indulgence pour la pédophilie. Sans être désavoué.


 

pape-demission 02On crédite unanimement le sortant, justement d’avoir pris à bras le corps,  mieux que JP2, les scandales pédophiles qui ont secoué l’église. C’est oublier qu’en tant que patron de la Congrégation de la doctrine de la foi le Cardinal Ratzinger n’en ignorait rien (Epistula de delictis gravioribus 2001), mais qu’il menaçait de sanctions majeures ceux qui auraient levé le secret sur ces scandales pédophiles (qui ne sont d’ailleurs qu’une partie des scandales cachés de l’église, comme la maltraitance envers les enfants confiés à des institutions, sans oublier les « enfants volés » en Espagne).  Cette politique du couvercle ayant échoué, devenu pape il fut forcé d’admettre publiquement une partie de ces scandales. Et una association de victimes états-uniennes le presse de faire plus : "Aussi fatigué et faible que soit le pape Benoît XVI, il a encore deux semaines pour se servir de son immense pouvoir pour protéger les plus jeunes". "Imaginons l'onde de choc et l'espoir suscités si, dans ses derniers jours, le souverain pontife rétrogradait, punissait ou défroquait même une poignée d'évêques qui ont caché les actes pédophiles".

 

 

 

 

Mais cette démission a permis de découvrir un personnage de plus grande dimension que la Frigide Barjot mise en tête de gondole, pardon de manif, par nos prélats hexagonaux, MM Vingt-Trois et Barbarin, Odon Vallet.

 

Un style inimitable – ah ! cette teinture de cheveux si artistiquement ratée – un humour de pince sans rire et des pronostics cocardiers, pas dénués de sel quand, sans avoir l’air d’y toucher, il fustige les excès de langage du prélat des gones sur le mariage pour tous (polygamie, inceste), alors que son homologue parisien faisait preuve de plus de retenue sur la forme, même si c’était le même cléricalisme sur le fond.  


 

La bataille anti-mariage pour tous, qui s’inscrit dans la longue liste des batailles perdues dans les évolutions sociétales – divorce, contraception, IVG, PACS – sera-t-elle l’ultime, en France comme ailleurs ? Autrement dit, le futur pape amènera-t-il son église à se recentrer sur elle-même et non essayer d’imposer sa loi religieuse à des sociétés sécularisées ? Voire, comme l’a vaguement esquissé B16 à propos de la capote, de revoir une doctrine particulièrement rétrograde sur la sexualité ? Les attaques dont les chrétiens sont l’objet dans certains pays – absolument condamnables – pousseront-elles à revendiquer clairement la liberté de conscience dans ces pays de l’intolérance et de la persécution, donc de faire un pas réel vers la laïcité, outil du vivre ensemble ?

Vœux impies.

 

 

En complément :

 


repubblica.pngLa Repubblica (21/02/2013) titre en Une sur deux colonnes : "Lobby Gay nella Curia, il Vaticano sotto shock" –Lobby homo au sein de la curie : le Vatican sous le choc ! Pour le quotidien italien ce serait la cause du départ de Benoît XVI, accablé par ce nouveau scandale, auquel il ne se sentait plus la force de faire face.

Il aurait mandaté trois cardinaux à la retraite pour enquêter sur les « mauvais poissons » au cœur de l’église, dont le cardinal Julian Herranz, 83 ans, espagnol issu de l’Opus Dei. Déjà, un ancien gentilhomme de sa sainteté, Angelo Balducci, qui aimait s'entourer d'enfants de chœur, avait été impliqué dans des affaires de mœurs et de corruption et arrêté en 2010. Le rapport des cardinaux aurait fait apparaître des rencontres dites mondaines de prélats avec des laïcs homosexuels dans des saunas de Rome. Et certains d’entre eux auraient été victimes de chantage de leurs gitons.

Le porte-parole du Vatican a dénoncé des erreurs dans l’article, sans préciser lesquelles et sans démenti formel sur le fond.

 

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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 21:48

derspiegelbis

"Les hypocrites" titre Der Spiegel.

Il consacrait un dossier à une église catholique secouée, dans un nouveau pays, par la révélation d’une série d’abus sexuels. Une centaine de prêtres seraient impliqués. Le mur du silence se fissure après des années de mutisme imposé !

Tout commence au prestigieux collège de jésuites, Canisius, Berlin, où dès 1981, une lettre collective d’élèves avait dénoncé le comportement d’un des coupables, le père Peter R. Un élève victime d'abus sexuel voulut se venger du père Peter R, et tenta de l'assassiner avec un couteau en 1986. Le jésuite fut blessé, l'élève placé dans un établissement psy où il se suicida. Mais, pour ne pas démentir sans doute l’image d’hypocrisie qui s’attache aux jésuites, l’ordre a opposé un mur du silence à ces révélations. Les coupables furent mutés dans d’autres institutions où ils purent continuer de sévir.

Ce n’est donc qu’en 2009, que ces agressions sexuelles furent reconnues.  Le directeur du collège Canisius se fendit d’une lettre aux anciens élèves où il admit ces agressions, pendant des années, dans l’établissement. Mais outre les trois jésuites concernés, Der Spiegel affirme que, depuis 1995, donc après ces faits qui remontent aux années 70 et 80, au moins 94 religieux et laïcs ont été soupçonnés d'abus sexuels.

Tous protégés par la loi du silence, une loi qu’aurait édictée le quasi Saint pape, le bon Jean XXIII. Il aurait, bien sûr dans un document secret, donné l’ordre en 1962, de considérer ces affaires comme un secret du Saint-Office, inviolable sous peine d’excommunication ! Ordre ou pas, tout s’est bien passé comme cela.

 

 

La fille cachée du père Maciel

Maciel

Tout récemment encore, le quasi saint Jean-Paul II fit preuve de la plus grande indulgence envers un plagiaire d’Ignace de Loyola, Marcial Maciel*, prêtre mexicain, fondateur des Légionnaires du Christ ! Implantée dans 22 pays, cette institution compterait 70 000 membres, 800 prêtres et 2500 séminaristes. Or, l’ordre a dû admettre que son bien aimé fondateur avait … une fille. Il prétendait, dit-on, qu’il était atteint d’un mal qui l’obligeait à pratiquer l’acte sexuel et qu’il avait une dispense du Vatican. Comme le père Maciel, confondant les dons faits à son ordre avec ses biens propres, a une fortune colossale, des tractations financières ont lieu pour éviter que sa fille ne porte l’affaire devant un tribunal pour récupérer l’héritage ! Accusé de pédophilie en 1995, pour des faits remontant aux années 50-60, ce n’est qu’en 2006 qu’il sera invité à prendre sa retraite et à mener "une vie discrète de paix et de pénitence". Il est mort à l’âge de 87 ans. (voir l'article du Canard Enchaîné)

Cas individuel ? Certes, mais Jean-Paul II qui n’a pu ignorer ces faits gardait sa confiance en ce personnage qui servait sa lutte contre les tenants d’une théologie de la libération en Amérique latine !

 

 

D’une tout autre ampleur furent les scandales aux Etats-Unis, au Canada et en Irlande !

soutane Aux Etats-Unis, rien que dans le diocèse de Los Angeles l’église a du débourser 660 millions de dollars en dommages et intérêts à 508 personnes ayant été victimes d'agressions sexuelles. L'Église aurait déjà déboursé plus de 2 milliards de dollars suite à diverses affaires pédophiles. En 2004, une étude estimait à 4 400 le nombre de prêtres pédophiles aux États-Unis entre 1950 et 2002 et, à 11 000 celui des enfants victimes. La hiérarchie se contentait le plus souvent de déplacer les prêtres soupçonnés, ne faisant que déplacer le problème. Ces scandales ont été exploités par les concurrents sur le marché religieux, alors que les autres églises ne sont pas, loin s’en faut, exemptes de tout soupçon.

Au Canada, ces affaires frappèrent principalement les populations amérindiennes. Les parents autochtones étaient tenus d'envoyer leurs enfants dans des pensionnats (tenus majoritairement par l’église catholique, mais aussi par les églises presbytérienne et anglicane) sous peine d'emprisonnement. Dans certaines écoles, les mauvaises conditions et la surpopulation ont causé des décès par tuberculose allant jusqu'à 69% des élèves. Ceux qui survivaient subissaient une assimilation forcée (comme les enfants d’aborigènes en Australie), véritable génocide culturel, et étaient victimes de maltraitances et d’abus sexuels.

 

La très catholique Irlande synthétise  à peu près tous ces scandales. Henri Tincq, résume ainsi un premier rapport : « en mai 2009, après une enquête de neuf ans, le rapport Ryan - du nom du juge Sean Ryan - avait révélé que des centaines d'enfants avaient été victimes d'abus sexuels, à partir des années 1940, dans des institutions religieuses de tout le pays. Les chiffres étaient ahurissants. Sur près de 35.000 enfants placés dans des réseaux d'écoles catholiques, ateliers, écoles professionnelles, maisons de correction ou autres institutions pour handicapés, plus de 2.000 avaient déclaré à la commission Ryan avoir souffert d'abus physiques et sexuels perpétrés par des éducateurs, en particulier des prêtres. »

Un deuxième rapport, poursuit H. Tincq « met en cause la responsabilité de la hiérarchie catholique elle-même. Or, celle-ci est accablante pour les archevêques de la capitale accusés d'avoir caché, couvert, étouffé, pendant trente ans, la plupart des abus sexuels. Jusqu'à ces dernières années, aucune mesure de vigilance, ni de répression n'avait même été prise pour prévenir le scandale. »  « La préoccupation de l'archevêché de Dublin, au moins jusqu'au milieu des années 1990, était le maintien du secret, la peur du scandale, la protection de la réputation de l'Église et la préservation de ses biens. Toutes les autres considérations, y compris le bien-être des enfants et la justice pour les victimes, étaient subordonnées à ces priorités », note ce rapport Murphy.

irlande Le ministre irlandais de la Justice Dermot Ahern a souligné “l’ironie cruelle d’une Eglise qui, motivée en partie par le désir d‘éviter le scandale, en a en fait créé un autre, d’une ampleur incroyable”.

Mais l’église catholique s’efforce d’échapper aux poursuites judiciaires par des indemnités payées aux victimes, indemnités payées principalement par … l’état. État certes aussi responsable et, en l’occurrence, coupable d’avoir été sourd aux plaintes des victimes qu’il avait lui-même confiées à cette église devenue la honte de l’Irlande !

 

Voir aussi : que sont devenus les bébés fantômes de l'Irlande ?

http://www.france24.com/fr/focus/20140710-video-scandale-bebes-peche-traumatise-irlande-catholicisme-mere-fille 

 

* "Pédophile, morphinomane, père prolifique et maintenant incestueux : le scandale enfle autour de Marcial Maciel, le prêtre mexicain fondateur de la Légion du Christ, une congrégation jadis influente auprès du Vatican, du temps du pape Jean PaulII " Le Monde daté du 06/03/10

Voir le Canard Enchaîné du 24/03/10

Maciel2

 

 

Voir aussi  Libé 20/04/10 :

Prêtre, père, polygame, pédophile… et couvert 

 

 

 

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