L'OBS, à son tour, publie un sondage BVA sur
PMA, GPA : les Français sont pour !
La Croix publie un sondage IFOP qui montre qu’une majorité de Français est favorable à la PMA pour les couples d’homosexuelles, pour les femmes célibataires, favorables à la GPA, favorables aussi à l’euthanasie.
De grands et vrais combats laïques – n’ayant rien à voir avec des histoires de chiffons genre « voile » - vont être en jeu dans l’année qui vient avec la révision des lois de bioéthique. Car, une fois de plus, le lobby catholique, par la voix de ses évêques, s’apprête à bloquer toute évolution sur la PMA pour toutes, la GPA encadrée ou l’euthanasie et le suicide assisté. Combat laïque, qui, comme pour l’IVG ou le mariage pour tous, consiste à ouvrir de nouveaux droits dont nul n’est obligé d’user. Paradoxalement c’est un sondage commandé par La Croix qui donne des armes supplémentaires aux laïques pour qui l’important est de faire progresser le droit pour chacune et chacun de choisir son destin.
Pour la PMA (procréation médicalement assistée) pour les couples d’homosexuelles, on est passé de 24% de pour en 1990 à 60% en décembre 2017. Et si les catholiques pratiquants restent contre à 65%, les musulmans sur ce point sont plus ouverts puisqu’ils sont pour à 54%. S’agissant de la PMA pour les femmes célibataires, la majorité des sondés n’est que de 57%. A noter quand même une forte régression sur cette question par rapport à un sondage de septembre 2017 qui lui notait 65% de pour ; le même sondage donnait aussi un score un peu plus élevé pour les couple d’homosexuelles, 64%, mais la baisse est moins nette.
Le profil des Français « favorables » à l’élargissement de la PMA aux couples de femmes homosexuelles
(tableau tiré de Le débat sur la PMA représente-t-il un risque d’opinion pour le gouvernement ?)
La surprise vient quand même de l’adhésion à la GPA – Gestation pour autrui, ce qu’on appelle aussi « mères porteuses » : globalement 64% pour. Il faut bien sûr nuancer, seuls 18% l’admettent dans tous les cas, 46% pour des raisons médicales seulement. Si les catholiques pratiquants sont majoritairement contre, ils sont quand même 46% à l’admettre.
Le sondage montre une large adhésion à l’euthanasie, définie comme la possibilité pour un patient souffrant d’une maladie incurable de demander à un médecin de mettre fin à ses jours, en revanche le suicide assisté - la possibilité pour un tiers de délivrer un produit létal permettant à celui qui le souhaite de mettre fin à ses jours – n’est approuvé que par 42 % des sondés. Une majorité de catholiques pratiquants (56%) sont pour l’euthanasie.
Dépitée La Croix estime que « l’opinion publique française souscrit – consciemment ou non – à un individualisme sans entrave. » Mais fort lucidement admet que les manifs anti mariage pour tous n’avaient pas de majorité silencieuse derrière elles.
« Avec la philosophie des Lumières, et donc la libération des mœurs et le congé donné à la religion, nous sommes peu à peu sortis de la société traditionnelle, fondée sur la répétition du passé. Pendant longtemps a prévalu l’idée selon laquelle il ne fallait pas s’éloigner des aïeux, il fallait faire le même métier que son père, rester dans le même village… À cette répétition structurante s’est substitué le contrat social, formalisé par Rousseau en 1762 : depuis lors, l’autorité ne vient plus des ancêtres ni des sages ni de la religion, mais de l’homme, constructeur de son existence. »
Contre ce prétendu individualisme sans entrave La Croix fait feu de tout bois. Avec en particulier cet argument assez sordide qu’avec l’autorisation de l’euthanasie et du suicide assisté « on risque de se préoccuper encore moins des personnes âgées ». Que l’on sache, la Suisse et la Belgique, par exemple, ne sont pas devenus des enfers pour les vieillards
Pour masquer le caractère dogmatique – au sens propre du dogme religieux – de ce combat La Croix en appelle aux lois de la Nature : « Au fond, on ne supporte plus les règles imposées par la nature ». Outre que, pour les relations homosexuelles, de savants éthologues ont montré que ces pratiques qualifiées par les religions monothéistes unanimes de contre-nature ont cours dans beaucoup d’espèces animales, il y a longtemps que l’espèce humaine s’est, sinon affranchie totalement, du moins soustraite en partie à ces lois de la nature.
Et c’est d’ailleurs là où les progrès de la médecine vont permettre de couper un gène mais aussi de le réparer ou de le modifier, c’est-à-dire de corriger la nature, que l’église et ses prélats, y compris là-dessus le pape, vont se trouver en complet porte-à-faux avec leurs propres ouailles, puisque ces manipulations génétiques, si elles ont pour but d’éviter une maladie ou corriger une anomalie génétique sont approuvées par 75 et 71% des catholiques pratiquants (contre 80 et 77% pour l’ensemble des sondés). Autant dire que les recherches qui sous-tendent ces progrès sont par le fait légitimées.
ANNEXE
Si l’on regarde les tableaux qui ventilent les réponses des sondés en fonction de divers critères on se rend compte que sur la PMA, les réponses positives sont nettement plus fortes chez les Femmes que chez les Hommes : 65% d’entre elles sont pour la PMA pour les couples d’homosexuelles contre 54% et 60% sont pour la PMA pour des femmes seules contre 52% de hommes. Ecart semblable s’agissant de la GPA (67%/60%) .
Sur ces mêmes questions, la tranche d’âge qui est la plus favorable est celle des 18-24 ans, largement à plus de 10 points au-dessus de la moyenne.
Contrairement à une idée reçue qui verrait les ouvriers réticents aux évolutions sociétales, ils sont soit dans la moyenne – 61% pour la PMA aux couples d’homosexuelles (contre 67% chez les cadres) – soit au-dessus pour la PMA aux célibataires – 66% contre 63 % chez les cadres ; au dessus encore pour la GPA à 74 % (76% chez les cadres), pour l’euthanasie à 71 % (73% chez les cadres) ; il y a juste sur la correction des anomalies génétiques qu’ils sont en dessous de la moyenne à 73 %.
Les musulmans contrairement aux catholiques pratiquants sont majoritairement pour la PMA et la GPA. En revanche sur l’euthanasie, là où une majorité de catholiques pratiquants sont pour à 56 %, ils ne sont que 43 %.
Inutile de dire que sur les questions sociétales comme la PMA ou la GPA la droite freine absolument : alors que la gauche est à 76 ou 72 % pour la PMA, en marche à 67% dans les deux cas, la droite n’est qu’à 38 ou 37 % pour ; s’agissant de la GPA, l’opposition est à peine moins nette à 40% (à gauche 78% pour). Le consensus devrait, en revanche se faire sur l’euthanasie (71%) et les manipulations génétiques, que ce soit pour prévenir des maladie (77%) ou des anomalie (73%).
Une majorité - un peu moins nette 55% contre 64% (mais le questionnement diffère un peu) - est pour la Gestation pour autrui (GPA). Et un tiers est favorable à la GPA que ce soit un couple homosexuel ou hétérosexuel.
Là on est juste un peu en deçà du sondage IFOP-La Croix. La PMA pour les couples d'homosexuelles que les Boutin, de la Rochère ou Bourges agitaient comme un épouvantail ne fait pas peur à une majorité de Français.
Certes le couple hétérosexuel est jugé les plus apte à élever un enfant, mais il est quand même remarquable de noter que les couples homosexuel-le-s sont jugés aptes à ce faire par presque les trois quarts des sondés (74% et 72%).
Très grosse divergence, en revanche, sur l'anonymat des donneur-se-s de gamètes, puisque pour l'IFOP-La Croix c'est OUI à 85 %, là ça tombe à 50 %. Une différence étonnante.
Pour la gratuité c'est conforme (87%).
La question très délicate de la rémunération de la GPA reçoit une réponse étonnante, puisqu'elle ne choque pas 68% de ceux qui y étaient favorables. La réponse majoritaire - indemnisation fixée par l'état - correspond à la proposition de Loi André-Badinter.
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