Alors que la non cravate des insoumis disciplinés fait le bouzze, sauf erreur, l’entretien de Mailly au Monde ou celui qu’il a accordé à France-Info n’a suscité aucun commentaire chez nos grands analystes de la chose politique ? Et pourtant, tandis que la CGT appelle déjà à la manif contre la (ou les) future(s) ordonnance(s), le leader de FO se démarque totalement de son ancien allié et revient à un réformisme militant.
Rien n’est réglé bien sûr, mais Jean-Claude Mailly, comme le titre Le Monde, affirme que : « La concertation sur la réforme du code du travail va dans le bon sens ». « On est dans un processus de concertation intense. (…) Une vraie concertation obéit à deux règles : il faut tout mettre sur la table et ne pas être seulement écouté mais entendu. (…) Avec le ministère du travail, on a des discussions sur le fond. On se teste réciproquement. Tous les sujets sont sur la table et il n’y a pas de faux-fuyants. Je ne suis ni naïf ni suspicieux. Je ne fais pas de procès d’intention. A ce stade, il ne s’agit pas d’une concertation inutile. »
Et au passage, il tacle le passage en force de la loi El Khomri, voulu par Valls, qui, ironie de l’histoire, avait écarté du texte le Ministre de l’économie, Macron, d’où sa démission début de sa marche vers la Présidence.
Sur beaucoup de points FO est sur la même ligne que la CFDT : contre le référendum d’entreprise à l’initiative de l’employeur – style de celui de SMART qui a abouti à ce que ses ouvriers travaillent 39 h payées 37 ! –, pas demandeur d’une fusion des instances représentatives des salariés mais attentifs à ce que santé et sécurité du personnel soient protégées dans cette éventuelle fusion ; la CFDT est même plus raide que FO sur le plafonnement des indemnités prudhommales ; et FO ne s’oppose pas aux « contrats de chantier » à condition que ce ne soit pas « open bar » ! Même sur l’articulation branche/entreprises les deux centrales ne semblent pas très éloignées : rôle renforcé de la branche sur la qualité de l’emploi mais l’organisation du travail réglée au niveau de l’entreprise.
Rien n’est joué, selon l’image chère à J. C. Mailly, c’est à la fin du marché qu’on compte les bouses ! Ce que Laurent Berger (CFDT) traduit par : « S’il y a des désaccords profonds, nous le dirons (…) nous nous mobiliserons. »
Attendons donc la fin du marché, la promulgation des ordonnances. Mais en l’état, la CGT, refusant d’entrer dans la concertation qu’elle qualifie de mascarade et qui mobilise déjà sur un texte encore dans les limbes, est isolée. Et les mouches du coche du 3e tour social risquent de vibrionner en vain, si le réformisme social trouve du grain à moudre dans les ordonnances ! Enorme enjeu.
Mais nos éditorialistes, eux, dissertent sur les ruffinades et les foucades de l’IMPRECATOR, Mélenchon.