Les patrons qui l’avaient intronisé il y a 22 ans l’ont lâché. Bruno Retailleau, son ex- bras droit, allait le battre après les cantonales de 2011.
C’est fou comme le départ annoncé du Vicomte libère les plumes de nos journalistes d’Ouest-France. « L’épilogue d’une semaine complètement folle » que les lecteurs découvrent à l’issue de cette semaine (si le hobereau n’avait pas démissionné, ils n’en auraient rien su). « De Villiers à Retailleau, l’influence des chefs d’entreprise », un article qui révèle, comment de Villiers fut mis sur orbite il y a un peu plus de 22 ans, par un Henri Joyau, à l’époque maire de Montaigu mais surtout patron d’une énorme entreprise de transport, nous apprend que les patrons vendéens, lassés des foucades du nobliau, misaient sur Retailleau.
Nos journalistes ne vont pas jusqu’à citer Yves Gonnord, patron de Fleury-Michon qui, dans un courrier de 8 septembre, fait part à de Villiers d'un « désaccord sur votre décision d’attribuer 2 Millions d’€ par an à l’équipe cycliste « Bouygues-Telecom » […] alors que vous devriez privilégier les aides aux personnes et secteurs en difficultés » « ce n’est pas la vocation d’un département de financer des opérations privées ; l’environnement économique et social actuel (hausse de 52 % des demandeurs d’emploi depuis 2 ans en Vendée) et à venir, ne permettent plus au département de disperser ses finances au profit de dépenses de communication et de prestige. » Et il poursuit son réquisitoire : « Je me suis laissé dire que la course à la voile « St Gilles-St Pétersbourg » avait coûté plusieurs millions d’€ ! Tout le monde s’accorde à dire qu’elle n’a eu aucun retentissement médiatique, sauf auprés de St Gilles et du conseil général. »« Je m’interroge aussi sur les millions d’€ dépensés, chaque année, dans des budgets « publicité/communication » […] du conseil général. » Cependant, l’article dévoile l’influence occulte du patronat qui « en avait marre que tout se décide au “château” ». Patronat qui loue les qualités du « fils spirituel » banni par le père : « Il est compétent, proche des entreprises. Concret ».
Lâché par les patrons, de Villiers l’était aussi par sa majorité départementale. Une lecture en creux d’Ouest-France – comme dit D. Schneidermann, à propos du Figaro – naguère, aurait permis de déceler les causes réelles du divorce entre de Villiers et son bras droit Retailleau. Mais maintenant tout est dit : « Rien n'allait plus depuis 2009 quand, à deux reprises, Philippe de Villiers s'est opposé à l'entrée au gouvernement de Bruno Retailleau. La même année, il lui barrait la route aux régionales ». Il lui reprochait surtout d’avoir eu raison avant lui (qui se prend pour un visionnaire). D’avoir désapprouvé sa « lepénisation » en 2005 qui avait abouti à un échec total, soldé aux européennes. Retailleau, loyalement, n’a jamais exprimé son désaccord, mais il n’était sans doute pas loin de l’analyse d’Alain Duhamel : « En se lepénisant, il se modernise, mais il se dégrade. Jadis, il était provocant ; dorénavant, il devient dangereux. L'aristocrate anachronique, mais au moins cohérent, ne gagne pas à se convertir à l'extrémisme plébéien » (Libération 26 avril 2006). L’erreur fatale du suzerain fut de chasser son ex-second du Puy-du-Fou et de se livrer ensuite à une chasse hystérique de ses amis ; ainsi, un cadre, fonctionnaire du département, a été viré pour avoir été jugé trop proche de Retailleau qui restait 1er vice-président du Conseil général.
Hélas, les plumes ne se sont pas encore tout-à-fait libérées. Ainsi, un entretien exclusif accordé par le démissionnaire, en partance pour Las Vegas, n’a surtout pas abordé les sujets qui fâchent. Aucune question sur le lâchage des patrons, ni sur sa mise en minorité au Conseil Général. « J’éprouve un sentiment de tranquillité » est-il titré. La première question, ô combien pugnace, porte sur son « sentiment » « au lendemain de l’annonce » de son départ : « Je vis tout cela avec détachement et sérénité ». Pour tous ceux qui ont fréquenté le personnage, le mot sérénité ne peut que faire sourire. Beaucoup se souviennent encore de sa colère quand Zinedine Zidane, l’affreux sarrazin, avait osé mettre le pied sur le ponton du Vendée Globe en 2008. Toute la mesquinerie haineuse qu’il a déployée contre son ex-second témoigne de sa totale absence de sérénité. Mais toutes les questions qui ont suivi étaient également anodines.
Rien non plus sur l’avenir improbable du MPF. Les tentatives d’OPA de Marine Le Pen (un prêté pour un rendu : en 2007 de Villiers espérait bien siphonner les voix du FN) ou du « Bloc des identitaires », les « souchiais » sauciflard-pinard, ne sont pas (encore ?) évoquées dans le quotidien régional.
Le mensuel, un peu foutraque, mais au titre si sympathique – Le Sans-culotte 85 – qui a bloqué sa parution pour faire un quatre pages en supplément sur le départ du Vicomte, nous apportera peut-être un éclairage plus large…
Pour compléter : http://deblog-notes.over-blog.com/ext/http://grainsdencre.blogspot.com/
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