Le CONAROVIRUS fait des ravages, même du côté de l’école. A nuancer sans doute, car les résosocios font loupe déformante autant que grossissante. Sauf que quand des supposés bac+5 émettent des jugements dignes de FlyRiderGj, on peut être en droit de s’inquiéter
Olivier Véran, Ministre de la Santé, ayant décidé d’alléger les mesures dans les écoles (fermetures, mises en ‘septaine’, etc.), l’écho de cette décision dans la page fessebouc de Philippe Watrelot a provoqué des réactions indignées.
Ayant eu l’audace de faire état d’une étude de l’Institut Pasteur - Covid-19 dans les écoles primaires : pas de transmission importante du virus entre enfants ou vers les enseignants – avec cependant des précautions oratoire (cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de cas mais qu’ils sont rares), cela m’a valu des commentaires acerbes.
Ainsi une Valérie G. m’interpelle : « pourquoi le sport a la TV, émis par le gvnmt , insiste t il autant pour qu Akim qui peut revoir sa grand-mère, reste a distance masqué... puisqu il n est pas transmetteur ? Moi j ai vraiment l impression d'etre prise pour une conne. Les arrêts coûtent trop chers, on renvoie les personnes vulnérables au boulot ,on remplace quatorzaine par septaine, etc. » (je suppose qu’il s’agit de « spot » à la télé).
Inutile là d’essayer de répondre, puisque elle-même commente un message qu’elle n’a visiblement pas lu, où j’écrivais « Dire, comme le fait l'étude de l'Institut Pasteur, que la transmission entre enfants ou d'enfants vers enseignants est faible ne veut pas dire que ça n'existe pas » et que l’Akim de la télé semble avoir dépassé l’âge de l’école primaire.
Et un Stéphane B. me demande « Que pensez-vous alors du fait qu’il n’y ait que des labos français qui aient relevé cette prétendue faible contagiosité alors que toutes les autres études mondiales prouvent le contraire ? Comment comprenez-vous alors les inquiétudes de l’OMS devant les choix de réduction de mise à l’écart de 14 jours à 7 jours notamment en France ? Ma question est simple : avons-nous les meilleurs médecins au monde en matière de recherche ou une médecine muselée et aux ordres ? »
Outre qu’il est un peu hardi d’affirmer que « toutes les autres études mondiales* prouvent le contraire » (surtout quand on est incapable d’en citer une seule), on retrouve la thèse habituelle sur une médecine « aux ordres » ! En l’occurrence l’Institut Pasteur, avec des médecins mais aussi des chercheurs ayant peut-être fréquenté les mêmes amphis que des profs de disciplines scientifiques. Mais qu’importe, s’ils ne sont pas à la solde des labos, ils sont les laquais du pouvoir. Il n’est pas sûr que ce Monsieur ait tout-à-fait conscience de l’injure qu’il fait à des travailleurs d’assez haut niveau de formation dont il met en doute la conscience professionnelle.
Derrière cette dispute entre toutologues amateurs –mes contradicteurs et moi-même (encore que tout toutologue que je puisse être, je tente, au moins, de référencer mon propos) - se cache un autre débat que résume caricaturalement un anonyme Mu Zephyr : «les personnes à risques deviennent en une nuit plus à risques, les écoles doivent rester ouverte coûté que coûte, en temps de guerre on aurait dit qu'il faut du monde pour servir de chair à canon, la c'est juste pour que tout le monde aille bien bosser pour satisfaire le patronat, qui en échange des 100 Mds n'oublie pas de mettre en place des PSE ou des plans sociaux tout court. »
Cet-te imbécile reprend le discours déjà entendu dès mai, quand il a été question de rouvrir progressivement, là où c’était possible, écoles puis collèges. L’école « garderie » pour permettre aux masses laborieuses intellectuelles et surtout manuelles de reprendre le chemin des entreprises au service du grand capitâl ! Sauf que, comme c’était à effectifs réduits, parfois à temps partiels, ça aidait assez peu les salariés à reprendre leurs chaînes pour engraisser le patronat.
L’annonce de la rentrée a provoqué une conjonction assez singulière, de l’anar de « questions de classe » jusqu’au réac de la confédération générale des cadres (CGC), en passant par le café pédagogique, pour critiquer cette idée, il est vrai saugrenue, de faire la rentrée des classes en septembre. Et on vit refleurir le discours sur une rentrée juste faite pour permettre « aux gens » de repartir au boulot. En oubliant que pour beaucoup de « gens » – ceux qui ont bénéficié du chômage partiel – retrouver un plein salaire avec parfois des HS, quand ils ont quelques emprunts sur le dos, est un soulagement. Et ne parlons pas à ces révolutionnaires en charentaises, de tous les autres, les saisonniers sans saison, les CDD non renouvelés, les ubérisés, les chômeurs, etc. qui, eux, seraient bien contents de (re)trouver un job.
Les syndicats ne sont pas tombés dans cette caricature de l’école-garderie au service du patronat ! Impossible de clamer : Non à la rentrée. Quoique… Il fallait mieux la préparer (une semaine pour l’un, deux jours pour l’autre). Il fallait mieux préciser le protocole sanitaire. Les conditions matérielles n’étaient pas réunies, pas partout au moins…
Et quand elle fut faite, la rentrée, les messages sur les résosocios de s’entrecroiser : explosion de cas dans les collèges clamait un vice-président de conseil départemental (ex-prof), pauvre élève isolé dans la classe privé de récré témoignait un autre, on ferme tout pour rien, on ne ferme rien malgré tout… Les exemples étrangers viennent à la rescousse : voyez l’Italie… raté ça patauge à leur rentrée ; voyez l’Allemagne, sauf que là il faut aller voir Land par Land…
On ne me fera pas dire du bien de Blanquer, tenant des propos lénifiants, style « il ne manque pas un bouton de guêtres », au lieu de parler vrai. Mais que proposent d’autre ses contempteurs ? Le confinement, quels que soient les efforts de continuité pédagogique, a creusé les inégalités déjà ancrées dans notre système éducatif. Pour certains élèves il s’est traduit par des conditions de vie très dégradées. Qui oserait clamer qu’une telle situation aurait dû perdurer ?
Comme souvent, et en particulier dans cette pandémie, on n’a le choix qu’entre deux solutions plus ou moins mauvaises : il vaut mieux choisir la moins mauvaise.
Nul n’ignore que faible contagiosité ou pas, il y aura, il y a, des contaminations, au sein de l’école peut-être, à ses abords plus sûrement (il n’est que de voir les collégiens rejoignant une gare routière pour constater que les consignes qu’ils suivent au collège et les masques sont vite oubliés). Des enseignants seront, sont atteints. Des classes, voire des établissements ferment. Donc des disparités se créent, rompant l’égalité républicaine. Mais sans doute beaucoup moins qu’elle ne le fut, pendant le confinement. Et ceux qui mettent en exergue ces décisions apparemment contradictoires – fermetures ou pas, septaines ou pas, etc. - sont-ils capables de dire ce qu’il aurait fallu faire et ce qu’il faudrait faire ?
Quant au système éducatif réduit à l’état de garderie au service du système capitaliste, les idiotlogues qui profèrent de telles énormités se rendent-ils compte qu’ils insultent les personnels des crèches – qui ne se contentent pas d’une « garderie » des bambins – et qu’en croyant attaquer le capital et le pouvoir à son service, ils crachent en fait sur l’école : car en quoi serait-elle plus au service du patronat pendant la pandémie qu’avant ? L’école, pour eux, ne serait donc là que pour permettre aux masses aliénées d’aller vendre à bas prix leur force de travail aux ploutocrates voraces ?
MARX réveille-toi, ils sont devenus débiles !
* Une étude étatsunienne démontrerait que les gniards de 5 ans et moins, testés positifs, auraient une charge virale supérieure à celle des plus âgés. Mais, comme les plus jeunes sont beaucoup plus rarement touchés par la maladie, d’autres études tentent d’expliquer ce phénomène. Une étude belge va dans le même sens que celle de l’Institut Pasteur. L’avis du Haut conseil de la santé publique reprend les conclusions de l’étude de l’Institut Pasteur.
NB Les citations de mes contradicteurs sont copiées/collées.
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