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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 11:48

"Si Darcos, ministre de l'Education, son cabinet et ses recteurs ont reconnu le succès de la manif du 19 octobre (même « Le Figaro » évoque une « forte mobilisation »), ils conservent un joli motif de satisfaction : la faible représentation des parents d'élèves et des lycéens au défilé.

Ces derniers seraient-il insensibles au « plan social » à l'œuvre dans l'éducation ? Xavier Darcos le confie volontiers à ses proches (parmi lesquels un prédécesseur à son poste) : « La plupart des mesures que je prends servent surtout d'habillage aux suppressions de postes. » Car le ministre, en bon connaisseur de la maison « Ed Nat », en est conscient : son nom restera surtout associé à l'hécatombe de fonctionnaires - 11 200 l'an dernier, 13 500 à la prochaine rentrée, un nombre équivalent l'année suivante - décidée par Sarko et Bercy. D'autant qu'avec cette saignée c'est tout un pan de la lutte annoncée contre l'échec scolaire qui tombe : 3 000 postes des Réseaux d'aides spécialisées aux élèves de primaire en difficulté disparaîtront l'an prochain. Et les zones d'éducation prioritaires sont elles aussi sacrifiées.

Il convient donc d'« habiller », mais avec discernement. Les lycéens grondent ? La baisse des horaires dans le secondaire, les stages d'anglais gratuits, la promotion des « méritants » dans de meilleurs bahuts devraient en calmer une partie.

Les parents s'inquiètent ? La suppression de la carte scolaire, le soutien scolaire gratuit, le week-end libéré, le service minimum en cas de grève sont des baumes de qualité. Et cette avalanche de mesures pas chères permet aussi d'opposer entre eux différents « publics ». Parents contre profs grévistes, électeurs de droite contre électeurs de gauche opposés au service minimum, etc.

 

 

Habile stratégie du « diviser pour mieux saigner » ?"

Canard enchaîné du 22 octobre 2008

Le palmipède donne une grille de lecture des mesures de notre Darcosy...

 

 

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25 octobre 2008 6 25 /10 /octobre /2008 11:05

    Les enseignants se plaignent souvent du manque de reconnaissance de leur travail par leur hiérarchie. On a pour une fois la preuve incontestable  du contraire. En effet, on apprend que Xavier Darcos, le ministre chargé de faire entrer l'éducation dans la logique autoritaire et libérale du sarkozysme (ce qui lui vaut le surnom de Darkozy), va élever (il était temps diront certains) l'instituteur breton Marc Le Bris au grade de Chevalier de l'Ordre national du Mérite (décret du 16/5/08). Or, qu'a donc fait ce dernier pour être le récipiendaire ("récipient d'air" pour beaucoup d'autres) de ce que certains appelleront rapidement une "merdaille" ?

 

Des colloques avec l'UMP (comme la journée de convention de février 2006), un bouquin complètement rétrograde "Et vos enfants ne sauront pas lire... ni compter !", du militantisme arriéré pour "Sauver les lettres", une contribution aux "nouveaux" programmes dans la droite, très "droite" ligne de la rétropensée en vigueur et un aveuglement qu'il voudrait faire passer pour du courage ("Les travaux scientifiques de pédagogie de moins de trente ans ne sont pas scientifiques [...] C'est une catastrophe culturelle. [...] Seulement voilà, je n'ai pas de chercheurs récents à citer. Je n'ai que mon expérience têtue d'instituteur")...

Donc, l'intéressé ne semble pas s'être distingué par son travail (très contesté et mal noté, il s'en vante dans une paranoïa pathétique) mais par des écrits et des propos outranciers, souvent ridicules, en tout cas mensongers, mais appréciés en haut lieu pour justifier la politique rétrograde mise en place.

 

Un ministre éclairé aurait pu s'y opposer et même envisager des sanctions (ce que je ne réclame pas) après certaines affirmations totalement délirantes de Marc Le Bris sur le travail fait en classe par les collègues. Bien au contraire, cette décoration est le couronnement officiel de l'antipédagogisme, c'est-à-dire la condamnation de toute réflexion visant à comprendre pourquoi un enfant ne comprend pas, pourquoi pour certains la chose scolaire ne va pas de soi. C'est l'anathème jeté sur tout ce que peuvent défendre et entreprendre les mouvements d'éducation populaire.

 

Luc Cédelle, journaliste au MONDE et auteur du fort recommandable "plaisir de collège" publié au Seuil, nous rappelle sur son site de quels arguments use et abuse  Marc Le Bris.  

 

« Pouvait-on prévoir qu'il y aurait un jour des cadavres jetés par milliers dans le Mékong ? Aurait-on pu éviter les camps de la mort ? » Si vous ne voyez pas bien le rapport avec la méthode syllabique, lui le voit. Il poursuit : «L'histoire, certes, ne se répète jamais. Et je ne saurais dire aujourd'hui ce que sera demain. Je vois seulement que notre société subit maintenant le dénigrement de la culture qui a précédé quelques sinistres périodes. » Un peu plus loin, il évoque le «projet d'école », imposé aux établissements primaires par la loi Jospin de 1989, et qu'il conteste. Il le fait en ces termes : « Infamie, manipulation intellectuelle digne du temps de l'Inquisition. » Et le financement de ces projets lui inspire cette phrase : «Les distinctions et les récompenses attribuées aujourd'hui à certaines écoles qui ont un "bon projet", au détriment d'autres qui n'en ont pas, sont la chemise brune ou le petit livre rouge des enseignants modernistes. »

 

En attendant, c'est bien Marc Le Bris qui se voit décerner - sans qu'on en soit jaloux ! - "distinctions et récompenses" de la main d'un ministre qui de l'autre s'acharne à détruire des milliers d'emplois pour mieux démanteler notre système éducatif. Le message ne pouvait être plus clair à un moment où le hasard nous joue un sale tour, tout cela survenant le jour de l'annonce du décès de l'ancien assistant d'Henri Wallon, Jacques Lévine  (président de l'association des groupes de soutien au soutien et cofondateur du Collège international de psychanalyse et d'anthropologie)... Tout un symbole.


Voici donc l'école entrée à son tour dans la mode "bling-bling" avec la remise d'une breloque au croisé de l'anti-pédagogisme . Mais après tout "chevalier", "ordre", "national", "mérite", ça lui va bien !

Sylvain Grandserre

 

Et, en hommage à Monsieur le chevalier de l'ordre national du mérite et à tous ceux que M. Darcosy a voulu honorer à travers lui : www.youtube.com/watch?v=Ajq4PmPcJ8c

 

 

 

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1 octobre 2008 3 01 /10 /octobre /2008 15:56

  Le supplément économie du Monde du 23 septembre 2008 se penche, dans l'analyse de la semaine sur « Le revers de la médaille » de Xavier Darcos.

 

Thibault Gajdos (CNRS, Sorbonne), à partir de l'exemple de deux élèves (l'un milieu favorisé, logement spacieux, lycée huppé ; l'autre parents ouvriers, chambre partagée, lycée sensible), introduit la théorie de Roemer. À environnement identique, un élève a d'autant plus de mérite qu'il obtient de bons résultats. Mais pour les deux élèves de l'exemple, ce n'est pas le cas. Prenant, lui, un exemple sportif, Roemer constate qu'on ne peut directement comparer les performances d'un cadet ou d'un junior. « On mesure leur mérite à l'aune de la "classe" à laquelle ils appartiennent ».

« En attribuant des médailles sans tenir compte des circonstances dans lesquelles se trouvent les lycéens, le ministre nie les inégalités scolaires, liées aux facteurs sociaux et culturels » . Et l'analyste de conclure qu'il ferait mieux de s'attaquer « aux inégalités scolaires dues aux conditions sociales des élèves ». Mais il est plus facile de distribuer des médailles.

 

Cette théorie de Roemer est appliquée dans les indicateurs bac. Imparfaitement sans doute (cf G. Felouzis), mais rompant avec le palmarès brut de naguère qui comparait les résultats des cadets et des juniors, des lycées huppés et des lycées sensibles.

Et, si imparfaits soient-ils, quand une étude de la DPD, portant sur six ans d'indicateurs de performance, montrait que certains lycées ont constamment une valeur ajoutée négative sur les trois indicateurs, que Darcos, pris d'un nouvel accès de fièvre populiste, puisse menacer de les fermer (à l'anglaise), devrait-il empêcher, comme le préconisait P. Dasté dans un rapport à feu le HCéé*, de mettre en place une stratégie pour ces lycées de la moins-value : analyse d'abord avec des outils moins rustiques - les grands agrégats de PCS ne permettent pas de détecter une population particulièrement défavorisée, par exemple - puis diagnostic, recherche de solutions au moins partielles, mise en œuvre, suivi et bilan...

 

La culture de l'évaluation, préconisée par Thélot, qui s'est timidement implantée, ne doit pas être éradiquée au prétexte que des idéologues néo-libéraux, pour qui la théorie de Roemer est déjà trop subtile, dont la conception du pilotage est celle du bulldozer, prônent une prétendue évaluation-guillotine.

 

* Haut conseil à l'évaluation de l'école

Les "bons points" ont été empruntés au site de l'académie de Versailles

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24 septembre 2008 3 24 /09 /septembre /2008 17:01

Puis-je avouer que la critique de Philippe Meirieu sur le film « Entre les murs » m'a paru un peu dogmatique ?

Certes, j'entends bien qu'il veut éviter l'amalgame entre le professeur toujours sur le fil du rasoir et les pédagogues vilipendés par Finkielkraut et la clique des rétropenseurs. Mais faut-il oublier qu'il s'agit d'un film de fiction et non d'un documentaire ? Que les personnages sont des acteurs (même si, comme on dit, ils jouent leur propre rôle, mais les élèves réels sont devenus les acteurs d'une classe fictive et François Marin est joué par François Begaudeau, coscénariste de son livre) ?

 

« Jamais je n'ai pu imaginer qu'un spectateur puisse penser qu'une telle densité d'événements arrive dans les cinq minutes que dure une séquence » dit Laurent Cantet, réalisateur, qui ajoute « À propos de la fonction de l'école de transmettre des connaissances, en tant que réalisateur, ce n'est pas ce qui m'a intéressé. » Dans cette confrontation avec deux professeurs (Libé 22/IX/08), il répond ainsi à l'une des deux qui déplorait que, dans le film, « la transmission du savoir et toutes les problématiques qui y sont liées - pourtant la grande affaire de l'école - » soient évacuées.

 

Le malentendu est flagrant. Même si le 2e professeur note lui qu'on voit les élèves travailler, que l'exercice de conjugaison n'arrive pas comme un cheveu sur la soupe, Cantet recherchait « ces moments où la parole s'échappe,  où, d'un seul coup, on va apprendre quelque chose, mais questionner le fait même d'apprendre ».

 

On peut disputer sur le fait que ces moments soient ceux « où la classe se transforme en école de démocratie ». Mais pas de savoir, si le prof du film « a un cours structuré, avec une notion à transmettre, des activités bien précises ».

 

Il est symptomatique d'ailleurs que les critiques croisées se centrent sur le seul François Marin. Pourtant, les élèves-acteurs sont entrés dans la peau de leurs personnages avec un talent inouï !

 

On peut reprocher à Cantet d'avoir filmé la marge, mais c'est la marge qui tient la page.

 

P.S. Dans le même style de critique que celle de Philippe Meirieu, mais nettement plus dogmatique, on peut ranger une opinion parue dans Le Monde du 25/IX/08 qui décerne au film « La palme des malentendus », lui reprochant de masquer la réalité de la ségrégation scolaire et de dédouaner l’état de ses responsabilités, comme s’il s’agissait d’une enquête sociologique ou d’un essai sur la politique éducative, alors que c’est un film, et pas une thèse.

Sur le livre "Entre les murs", on peut lire un entretien de François Begaudeau accordé au sgen-CFDT

 

Voir aussi :

"Entre les murs" : réactions

Finkielkraut et "Entre les murs"

"Entre les murs", F. Bégaudeau et le Nel Obs

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18 septembre 2008 4 18 /09 /septembre /2008 11:17
Darcos, les enseignantes de maternelle, les médailles et le lycée

Décidément, le Xavier se lâche.

 

Son intervention sur les enseignantes de maternelle qui n'ont pas besoin d'un bac+5 pour changer les couches des enfants et surveiller leur sieste dénote la haute idée qu'il se fait de l'enseignement pré-élémentaire. Il a bien essayé de rattraper le coup, en prétendant qu'il ne visait que la scolarisation des enfants de deux ans, mais il n'a fait que s'enfoncer en démontrant sa méconnaissance et son mépris des crèches - qu'il nomme garderies - de ce qui s'y passe et de la formation nécessaire des personnes qui y travaillent. Et non, M. Darcos, les puéricultrices ne se contentent pas de changer les couches des bambins et c'est un métier que de les prendre en charge, même si le taux d'encadrement est nettement plus élevé qu'en maternelles.

 

  A-t-il fumé l'herbe du stade olympique ? Toujours est-il, qu'inspiré a-t-il dit par les médailles des champions, il veut aussi instituer des breloques pour récompenser les bacheliers qui ont obtenu des mentions ! Dans ce travail de restauration, peut-on lui suggérer de commencer par les bons points donnant droit à des images (et à de saintes médailles dans le privé) à l'école primaire. Puis de rétablir les solennelles distribution des prix dans nos collèges et nos lycées, avec des profs revêtus de toges.

 

Dernière foucade : créer des jeunesses UMP dans les lycées pour faire pièce à l'UNL (Union Nationale des Lycéens) noyautée par le PS, d'après lui. Le noir et le brun faisant mauvais effet, on lui suggère les chemises jaunes, jaune comme briseur de grève, pour habiller sa jeune garde.

 

Ça laisse mal présager de l'avenir du lycée. Le recteur de Gaudemar avance des propositions globalement positives. Son ministre parle de dialoguer avec les lycéens. Mais s'il disqualifie d'entrée les organisations lycéennes, qu'il recevait pourtant il y a quelques mois, pour ne rencontrer que des interlocuteurs sur mesure, ce dialogue tournera à la mascarade.

 

Entre ringardise agressive et volonté affichée de rénovation, il faudrait choisir, M. Darcos.

 

Dessin emprunté à  langelot.blog.lemonde.fr/2007/06/

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18 juillet 2008 5 18 /07 /juillet /2008 11:20

Nous ne dirons pas que M. Darcos est un menteur : en ces temps de poursuites pénales pour insultes et outrages ce serait prendre un risque inutile. Disons donc qu'il manie la contre-vérité avec une habileté remarquable.

Le sarkozysme est-il un humanisme ? Pardon, le sarkozysme est l'allié de l'école*. Déjà l'emploi de ce mot de sarkozysme, s'agissant d'école, surprend. Qui aura le courage de relire sa Lettre aux enseignants sera bien en peine de dégager une ligne directrice. Si ce n'est économies ! économies ! et, tels les médecins de Molière, Dr Darcos pratique la saignée pour soigner le mammouth.

Autre trait du sarkozysme, c'est la pratique du « plus c'est  gros, mieux ça passe ». Là, le sarkozyste n'y va pas de main morte. Ceux qui s'opposent aux programmes bâclés du primaire ne veulent pas que les enfants apprennent à lire, à écrire et à compter. Il a lu ça où, le Xavier ? Les pédagogues, les vrais, pas les rétropenseurs bornés (pléonasme) qui ont inspiré ces programmes rétrogrades, ont-ils tort de rappeler que les programmes actuels ont été élaborés, en toute transparence, par des personnalités qualifiées de divers horizons. Il se pourrait même qu'un certain Xavier Darcos les ait approuvés. Rien à voir avec cette élaboration en catimini, par une petite clique. Et la suppression de deux heures hebdomadaires,  que dénonce Antoine Prost, est passée sous silence. Il ira même jusqu'à oser écrire que l'on donne plus aux élèves du primaire !

 

Toujours aussi gros, l'attaque sur le fonctionnement absurde de la carte scolaire. Puisque vous êtes si sûr de vous sur cette question, que ne laissez-vous publier le rapport de deux de vos collègues IGEN sur le sujet, M. le Ministre ? La carte scolaire était victime de multiples contournements (le plus massif étant le recours au privé) : multiplions-les et favorisons de nouvelles implantations du privé pour mieux ghettoïser encore les collèges des quartiers dits défavorisés !  L'affirmation de la  priorité aux boursiers est une contre-vérité flagrante. Le Recteur Quenet, dans son communiqué de victoire (fort controversé), donnait comme critère premier, alimentant ses ordinateurs, les résultats (40 %).

 

  Nous n'échappons pas, bien sûr, à la sempiternelle attaque sur l'élève que les vilains pédagogistes ont voulu  placer au centre, lui prêtant "une forme de prescience égale au savoir du maître". On croirait lire du Finkielkraut. Et comme lui, aucune référence à un écrit ou déclaration quelconque.  M. Darcos serait bien inspiré de (re)lire Antoine Prost « La problématique des études place au centre de ses préoccupations l'élève en tant qu'il apprend. Comme la problématique de l'enseignement, elle est donc du côté des savoirs, mais non, si l'on peut dire, des savoirs apolliniens, solaires, étincelants, tels que des maîtres éminents peuvent en apporter la révélation. Elle est du côté des savoirs laborieux et pénibles, sans cesse complétés et précisés par l'élève qui les apprend, les construit et finit par s'en emparer pour les utiliser à sa guise. Comme la problématique de la vie scolaire, elle s'intéresse donc aux élèves, mais plus aux élèves dans leur cheminement cognitif, dans le travail par lequel ils maîtrisent peu à peu et s'approprient les savoirs, que dans leur affectivité. » (Eloge des pédagoques Points Actuels). Cela ne mettra pas, hélas, un terme à ce faux procès, la mauvaise foi étant inaccessible à un débat honnête.

 

Mais tout cela n'est sans doute qu'un exercice de flagornerie à peine masqué, avec des variations sur sarkozysme, sarkozyste et Nicolas Sarkozy (le projet pédagogique de(sic) ; voulue par ; a levé le tabou) ! La place de premier ministre a été clairement remise sur le marché à terme. Il serait temps de prendre des options.

 

* Le Monde 17/07/08

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4 juillet 2008 5 04 /07 /juillet /2008 17:15

L'appel de Stéphane Beaud*, pour tenter de sauver la recherche en éducation, dénonce, en filigrane, les méfaits du néo-obscurantisme.

 

En effet, agitant la crainte du Big Brother, dénonçant un prétendu fichage des enfants, avec parfois des appuis inattendus, les lanceurs de pétitions contre la « base élèves » ont gagné. Darcos a capitulé en rase campagne. Il est vrai que, bien que friand de chiffres peu ou pas avérés (voir Libé du 27 juin), il est peu soucieux d'études objectives, qualifiant de double ânerie un rapport qui met en cause l'abolition de la carte scolaire. Non seulement des données indispensables aux chercheurs ne seront pas recueillies en primaire, mais elles risquent de ne plus l'être en 6e.

 

Une étude, basée sur une évaluation en fin de CM2, sur un échantillon de classes aléatoire, comportait en partie IV un questionnaire aux élèves leur posant, de fait, des questions personnelles. Cris d'orfraie immédiats : on était au bord de l'inquisition, voire au-delà. Comme si demander à un élève quelle langue était pratiquée dans sa famille était violer son intimité. Les études que l'on pouvait faire - de façon totalement anonymées, bien sûr - à partir de corrélations fortes ont donc été annihilées.

 

Le suivi de cohorte lui-même est menacé. Il s'agit, à partir d'un « panel » large (35000 élèves), obtenu par tirage aléatoire, de suivre les élèves de la 6e à la fin de leurs études (avec questionnaire et/ou évaluation intermédiaires). Dès le départ un questionnaire complet est à remplir par les familles concernées. Tout cela est régi par un protocole précis et a déjà été mené (panel 1995** par exemple). Cela n'empêchera pas - malgré un luxe d'explications accompagnant le questionnaire - une levée de boucliers dont Le Canard enchaîné, mal inspiré en l'occurrence, s'est fait l'écho.

 

Mais à quoi bon, en effet, s'embarrasser de grandes études scientifiques quand il suffit d'affirmer que le niveau baisse et, comme ce prix Fields de mathématiques, que le bac actuel est inférieur au certif des années 30.

La régression fait rage, et le futur manque terriblement d'avenir, avec cette montée inexorable de l'obscurantisme.

 

 

 

* http://www.liberation.fr/actualite/societe/335739.FR.php et http://www.lapetition.com/sign1.cfm?numero=1844

** http://media.education.gouv.fr/file/21/0/5210.pdf

Voir aussi la chronique d’Emmanuel Davidenkoff sur France Info : http://www.france-info.com/spip.php?article155433&theme=81&sous_theme=133

 

 

N. B. Photo de l’US MAG n° 570 (copiée sur le site de l’académie de Versailles)

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21 juin 2008 6 21 /06 /juin /2008 17:31
Panel d’élèves entrés  en 6eme en 1995

Panel d’élèves entrés en 6eme en 1995

Que la clique des rétropenseurs récuse toute donnée, toute étude qui ne conforte pas ses préjugés, cela ne surprend guère. Un éminent mathématicien, qui voyait dans les inspecteurs de tout poil des khmers rouges, affirme que le bac actuel est d'un niveau inférieur au certif des années 30. La rigueur démonstrative qu'impose sa discipline s'évanouit immédiatement dès qu'il s'agit de déblatérer sur le système éducatif : l'argument d'autorité, aussi grossier soit-il, lui suffit. Mais que le HCE annonce qu'à l'issue du primaire 15 % des éléves connaissent des difficultés sévères ou très sévères et que 25 % ont des acquis fragiles cela se traduit par 15 % d'illettrés et 40 % n'ayant pas le niveau en 6e ! La manipulation des chiffres peut aller jusqu'à la totale incohérence : ainsi Mme Brizard, journaliste d'un hebdo de centre-gauche, compare le pourcentage de bacheliers sur une classe d'âge en 1936 avec le pourcentage d'admis par rapport aux inscrits au bac 2007 ! Et un sondage récent nous apprend que 60 % des sondés jugent que le niveau du bac a baissé : sauf que la majorité d'entre eux n'a jamais passé le bac.

 

Mais que celui qui est la cible privilégiée de tous les réacs finkielkrautiens affirme : « Je pense qu'en effet il y a une baisse du niveau », a priori, surprend. Outre que ce mythique niveau, depuis Socrate au moins, ne cesse de baisser, sans atteindre l'étiage, le je pense interroge. S'agit-il d'une opinion ? S'agit-il d'un fait avéré ? L'affirmation est cependant nuancée, la baisse n'est pas globale et porte surtout sur l'orthographe et la grammaire ? PIRL, mais aussi une étude faite à partir d'une dictée qu'un Inspecteur primaire faisait passer dans les écoles de l'entre-deux guerres montrant une baisse nette avec le test précédent dans les années 80 (où là le bilan était positif par rapport aux années 30, ce qui met à mal les diatribes sur mai 68) étayeraient l'affirmation sur l'orthographe.

 

Mythique orthographe de nos ancêtres.

Quand j'étais gosse, on nous donnait en exemple l'orthographe supposée parfaite des grands pères et grands-mères. Sauf qu'une étude sur les millions de cartes postales qui se sont échangées pendant la Grande Guerre a révélé que les valeureux poilus et leurs belles prenaient des libertés gigantesques avec l'orthographe et la syntaxe.

Baisses ici, mais progrès nulle part ? Impossible de tenter de démontrer, avec Hervé Hamon et quelques sociologues, que globalement le niveau monte, sans provoquer des ricanements ?

 

En arrière-plan, le procès des IPES et, en particulier, des indicateurs bac.

Le « café pédagogique » - oubliant un peu que ces indicateurs s'étaient substitués au palmarès traditionnel qui mettait sur le même pied  les « grands » lycées au recrutement hyper privilégié et les lycées banlieusards (pas Neuilly mais Drancy) ou de nos profondes provinces - leur a opposé un travail de Georges Felouzis*, commandé par ceux-là même qui ont lancé ces IPES. Felouzis fait ressortir que les résultats du Brevet sont un facteur plus pertinent dans le calcul de la valeur ajoutée que ceux employés (âge et origine socio-professionnelle). Mais ces résultats du Brevet sont peut-être à relier au PCS (même si les scores aux évaluations dites 6e seraient plus pertinentes). On peut aller ainsi jusqu'au doublement du CP. Où il restera le noyau dur : PCS, à moins que ce ne soit l'origine ethnique ?

 

Ethnique, mot tabou ! Felouzis est payé pour le savoir. Ses travaux sur la sur-ghettoïsation dans les collèges (à partir des collèges bordelais) ont provoqué chez les Républicains, avec un r majuscule, un tollé. Comment - avec en plus un indicateur indirect (le prénom) faute de données plus précises - se focaliser sur l'origine ethnique des élèves, alors que l'Ecole de la République ne reçoit qu'un élève abstrait sans couleur de peau, sans conditions de vie familiale, sans origine pour tout dire (nos compagnies Républicaines de sécurité qui pratiquent industriellement le contrôle au faciès ont dû oublier cette noble abstraction et comme disait Coluche « tous égaux, mais il y en a qui sont plus égaux que les autres »). « La ségrégation ethnique au collège », ainsi ose-t-il titrer un article résumant ses travaux. 

 

Car ce rejet des indicateurs chiffrés se double, outre de cette fiction prétendument républicaine de l'élève ou du citoyen abstrait, du mythe de Big Brother.

Une évaluation de fin de CM2, sur un échantillon de classes suffisamment large pour que des études sur des sous-groupes (par académies, PCS, etc.) gardent leur pertinence, a été lancée. En quatrième partie les élèves étaient invités à répondre à un questionnaire. Levée immédiate de boucliers. Ainsi, demander à l'élève quelle langue était pratiquée à la maison relevait du viol de l'intimité enfantine. Comme si le croisement anonyme entre résultats à ce test et pratique ou non du français au sein de la famille était inintéressant.  Comme Darcos partage avec les uns ou les autres la méfiance des études tendant à l'objectivité (sa réaction au rapport Obin-Peyrieux - « double ânerie » - en témoigne), la partie IV est passée à la trappe.

 

Le suivi de cohorte  est aussi sur la sellette. Là encore, mais non plus sur des classes, mais sur des élèves désignés par tirage aléatoire, il s'agit de suivre cet échantillon d'entrants à un niveau donné, suffisamment large (dans la nouvelle campagne 25 000 je crois), pour avoir des sous-groupes représentatifs, jusqu'à la fin de leur scolarité. La cohorte précédente a nourri, de paliers en paliers (fin 3e, fin CAP-BEP, fin Terminales...) des tas d'études. Les élèves désignés sont nécessairement suivis nominalement, mais l'exploitation des résultats est anonyme. Des questionnaires très complets sont envoyés aux familles des enfants. Cela a évidemment déclenché des réactions indignées, dont le Canard Enchaîné s'est fait l'écho.

 

Bien sûr, une majorité d'enseignants, pour qui la note est au centre du système bien plus que l'élève noté, ont accueilli avec scepticisme les évaluations nationales. Celle de seconde a été sabotée. Celle de 6e sous exploitée.

 

Le vœu que la notation cède justement le pas à des évaluations (absolument indispensables) s'apparente au mythe de Sisyphe : quand on croit atteindre enfin le but, Robien ou Darcos aidant, on se retrouve plus bas qu'au point de départ. Et si l'on doit, une fois de plus, essayer de remonter la pente, il vaut mieux que les évaluations préconisées soient le mieux critériées possible, si l'on veut, c'est le but, que l'élève concret puisse en faire son miel.

 

Reste la sempiternelle opposition quantitatif vs qualitatif.

Peut-on mesurer le qualitatif ? Absurde. Voire.

L'émergence d'un sujet n'est pas quantifiable.  Bien. Mais si c'est la mission essentielle faut-il s'en remettre à la pifométrie pour savoir si elle est remplie ?

Commençons peut-être par fixer des objectifs plus modestes : plus de responsabilité personnelle, d'autonomie par exemple. On pourra ainsi plus facilement déterminer quelques critères précis permettant de mesurer les progrès dans l'acquisition de cette autonomie.

Mais ce sujet en devenir est un sujet social. Il n'est peut-être pas impossible, dans une classe au climat délétère, par exemple, d'essayer avec les premiers concernés, les élèves, de fixer quelques buts, dont découleront des indicateurs (osons le mot) qui permettront de mesurer si le vivre ensemble prend corps.

 

La tentation technocratique de tout mettre en chiffres et en fiches est certes prégnante. La façon dont la LOLF a été mise en place (alors que l'Académie de Rennes avait démontré qu'elle pouvait être un outil au service d'objectifs pédagogiques) en est la preuve.

Mais elle n'est pas directement couplée à la régression manifeste des programmes et à la réduction des horaires du primaire (on surcharge la barque et on allège l'horaire, en toute logique).

 

Loin de crier haro sur les évaluations, en particulier globales, on devrait plutôt se désoler d'avoir vu disparaître le remarquable HCéé, remplacé par un HCE dont les missions ont été bridées.

 

* Les indicateurs de performance des lycées : une analyse critique ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/revue70/article5.pdf (Felouzis démontre que le niveau scolaire de départ - en s'appuyant sur les résultats des épreuves du Brevet - est un facteur plus pertinent ; il n'était pas pris en compte faute d'un fichier national du Brevet)

 

 

Bilan des résultats de l'école 2007 _ HCE
http://www.hce.education.fr/gallery_files/site/21/40.pdf

Chiffres bruts et honnêteté intellectuelle
http://deblog-notes.over-blog.com/article-13458782.html

 

 

Base élèves du 1er degré : une pétition peu fiable
http://deblog-notes.over-blog.com/article-17916710.html

 

 

Vingt ans après, l’état de l’école française
http://www.cahiers-pedagogiques.com/article.php3?id_article=1138

 

 

Indicateurs et pilotage
http://deblog-notes.over-blog.com/article-13631317.html

 

 

La ségrégation ethnique au collège
http://www.islamlaicite.org/IMG/pdf/G.Felouzis.pdf

 

 

Quelle stratégie pour les militants pédagogiques aujourd’hui ?
http://www.meirieu.com/ARTICLES/militants_pedagogiques_sphoto.htm

 

 

LOLF et pilotage
http://education.devenir.free.fr/lolfpilotage.htm

 

 

Avenir de l’école : la messe est dite ?
http://deblog-notes.over-blog.com/article-15420531.html

 

 

Évitons la catastrophe ! Appel lancé, à l’initiative d’Antoine Prost
http://www.cahiers-pedagogiques.com/article.php3?id_article=3794

 

 

Le Haut Conseil de l'évaluation de l'école : tous les avis et rapports
http://cisad.adc.education.fr/hcee/index.html

 

 

NB La photo d’Antoine Prost est empruntée au Café Pédagogique

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15 juin 2008 7 15 /06 /juin /2008 16:51
Le modèle québécois cité en exemple par Xavier Darcos...

Si l'on en croit Caroline Brizard, du Nel Obs, Xavier Darcos ne jurerait plus que par le modèle québécois ! Et le crétin de la fabrique qui affirmait, il y a peu, qu'il ne jurait que par la Corée et le Japon (le modèle japonais de retour, car il avait eu sa vogue sous l'ère chevénémentesque avec ses ouvriers bacheliers, sauf que, si l'on en croit Hervé Hamon, ce que le Che prenait pour notre bac n'était qu'une certification de fin d'études) !

 

Tant pis pour la Finlande ! après tout la « Belle province » étant francophone, le modèle sera plus facile à copier. Et on ne rétorquera pas, comme le fit un éminent chercheur, que la langue finnoise est ceci ou cela : outre Atlantique, nos cousins se coltinent un français qu'ils défendent avec énergie.

 

Apparemment, pourtant, ces québécois ont tendance à donner dans un pédagogisme éhonté, fort loin des prétendus fondamentaux fort à la mode dans l'hexagone. Rendez-vous compte, loin de proférer le « Savoir » du haut de sa chaire professorale, l'enseignant se préoccupe de « chercher l'attention » des élèves. Ainsi, un prof de maths, pour aborder les fonctions sinusoïdales (y'a que les matheux pour nous inventer des trucs pareils) fait enregistrer des instruments de musique à ses élèves. « Les professeurs, quelle que soit leur matière, s'ingénient à multiplier ce genre de démarches. Ils sont rompus à cela. Pendant leur formation, ils passent le tiers du temps à étudier la discipline, le reste à travailler la didactique, la psychologie, la pédagogie. Philippe, 34 ans, est en 2e année à l'Université de Montréal pour devenir instituteur : «Je n'ai ni cours de grammaire ni cours de maths. Tout l'accent est mis sur les manières d'enseigner, de gérer la classe, voire de se remettre en question quand les élèves ne suivent pas.»

  C'est le leitmotiv de Roch Chouinard, professeur de psychopédagogie à l'Université de Montréal : «L'école doit susciter l'engagement des élèves dans leurs apprentissages.»» Eh oui ! vous avez bien lu « professeur de psychopédagogie ». «Au Québec, l'école a adapté ses attentes aux élèves qu'elle accueille. On apprend moins, mais on apprend mieux»

Quant on pense que le fameux « mettre l'élève au centre » a été voué aux gémonies (avec une malhonnêteté intellectuelle rare) et l'on prendrait pour modèle une école qui adapte ses attentes aux élèves et non une école où les élèves doivent s'adapter aux attentes des maîtres détenteurs du Savoir ! Une école où l'on n'allège pas l'horaire pour mieux alourdir la barque des exigences !

 

Faut-il s'en étonner ? ces québécois versent dans le communautarisme débridé. «Cette semaine, nous fêtons les cultures d'origine, explique Chantal, chargée des activités péri scolaires. Nous accueillons une école de danse d'Haïti; demain, ce sera l'Irlande avec une troupe de gigue, puis l'Algérie avec des chants...» La démarche est efficace. «Il y a un moindre rejet du système éducatif quand vous retrouvez des éléments de votre propre culture à l'école»

 

« L'enseignement a longtemps été abordé de manière abstraite, comme si cette occupation  ne  mettait  en  scène  qu'un  maître  formel  chargé  de  faire apprendre un objet de savoir aseptisé à un sujet désincarné dans un contexte a-social  et a-historique. Pourtant, la situation  est tout autre. Le  maître est  un acteur  social et  son  travail est  soumis  à de multiples pressions  internes, dans son lieu même de travail, et externes, provenant de  la société, qui  influent sur son rôle,  sur  ceux à qui  il  s'adresse,  c'est-à-dire  les élèves,  et sur  ce qu'il doit leur  faire  apprendre.  La  classe,  loin  d'être  un  lieu  clos,  libre  des  influences extérieures,  est  traversée,  pétrie,  en  son  sein  même  par  toute  une  série  de phénomènes qui colorent sa nature et son fonctionnement. »*

 

« C'est en 2001, par la publication de nouvelles orientations, d'un référentiel de compétences professionnelles et de profils de sortie assortis, que s'est véritablement fait l'arrimage entre le renouveau pédagogique et la formation à l'enseignement. Une approche culturelle de l'enseignement a été privilégiée, approche qui non seulement prend acte de la complexification de la profession enseignante, mais qui convie également le personnel enseignant à un changement de culture professionnelle. Désormais, l'enseignante ou l'enseignant, dans l'exercice de son mandat d'instruire, de socialiser et de qualifier, est appelé à s'interroger sur la manière de donner à la culture la place qui lui revient, sur les moyens de concrétiser son rôle de passeur culturel, sur sa façon de former des élèves, jeunes et adultes, ouverts à la pluralité des idées et capables de porter un regard critique sur leurs propres pratiques culturelles. »** préconise un document sur la formation des enseignants.

« Le Ministère a choisi de mettre l'accent sur une formation professionnalisante qui permet de "construire un savoir enseigner, c'est-à-dire une culture professionnelle intégrant des savoirs, des schèmes d'action, des attitudes". »**

 

Que M. Darcos s'inspire de ces orientations serait souhaitable. Il est fort probable que ce souhait soit illusoire.

 

 

* La formation à l’enseignement les orientations et les compétences professionnelles

** La formation à l'enseignement, les orientations relatives à la formation en milieu de pratique

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26 mai 2008 1 26 /05 /mai /2008 17:05
"Entre les murs" : réactions

La palme d’or inattendue pour « Entre les murs », m’a amené à une petite revue de presse pour alimenter une page d’un site dont je suis ouèbemaître (enfin, jusqu’à présent).

Occasion aussi de jeter un coup d’œil aux réactions. Je suis toujours surpris par les pseudos débiles qu’utilisent la plupart des lecteurs : ont-ils peur que des proches découvrent l’inanité de leurs propos pour se réfugier dans la clandestinité ?

Ma quête s’est limitée au Monde (l’article sur le film qui commençait par une comparaison entre Classe et chambre à coucher), Libé et le Nel Obs.

 

Pour le contenu, on n’est pas déçu.

Il y a ceux qui sont revenus de tout. "Mais pour qui c'est important le festival de cannes, à part pour le bizness et les parasites, piques assiettes en tout genre".... Plus fort encore (et qui pourra servir tous les ans) : "Depuis des années le festival de Cannes n'a plus rien à voir avec le cinéma. C'est un rassemblement mondain ou la bienpensance mondiale se donne rendez-vous pour faire connaitre au monde entier son engagement mondial en faveur de la diversité. Conséquence : les films primés sont "prévisibles", ils enfoncent des portes ouvertes, ils ignorent l'imagination, en fait ils sont à l'opposé de ce qui fait la beauté du cinéma. Manque d'imagination, manque de vraie générosité, manque de respect du spectateur, manque de vraie diversité, en gros à force de vouloir faire différent, on colle à un conformisme désespérant." Ne nous plaignons pas, on a quand même échappé à la pensée unique, que dénoncent tous ceux qui n’en ont pas (de pensée), mais dans le genre alignement de phrases creuses, c’est pas mal du tout.

 

Et puis d’ailleurs : "Demandez aux collégiens de Dompierre-sur-Besbre(03) ou de Chamalières(63)s'ils se reconnaissent dans un collège du 19ème arrondissement de Paris. On peut dire ce qu'on veut, le 19ème, c'est la France, mais pas toute la France. Or, à l'heure actuelle, seule cette France-là semble être visible pour les 'intellos'." écrit l’un.

"Ce film tourné dans un collège parisien, n'est absolument pas représentatif des collèges de province et notamment des collèges ruraux." ajoute l’autre.

 

C’est vrai quoi ! pourquoi n’ont-ils pas tourné ce film à Chavagnes-en-Paillers ? Mais un autre, qui doit prendre le 19e pour une bourgade du Bas-Poitou assène : "Après les Ch'ti et la bêtise de proximité associée au mauvais goût de proximité, c'est désormais le provincialisme de proximité. Franco-français. La victoire du cinéma français, dites-vous ?"

 

Il y a aussi, la horde des donneurs de leçons.

 

Un des seuls non anonymes du lot essaie, à propos de l’article du Monde, de nous faire prendre des vessies pour des lanternes : "Il m'est arrivé d'inviter des collègues, des amis, des parents dans ma classe, mais ...jamais dans ma "chambre conjugale". De toute façon, tout le monde sait ce qui se passe dans mes classes, depuis l'administration jusqu'à ...mes futurs élèves. Et c'est pareil pour tous les professeurs, ou peu s'en faut. Mais on continue à amuser la galerie avec des clichés. Pour quel profit ? Pour promouvoir un film sous couvert d'un "mystère" à la mie de pain ?" On veut bien croire qu’il ait invité tout ce monde dans sa classe, mais de là à affirmer que c’est ainsi pour tous les professeurs !

 

Un homonyme, prof de philo, va un peu dans le même sens, mais en y ajoutant de profondes réflexions, d’une originalité sidérante : "Si je ne haïssais pas viscéralement cette tyrannie de l'image et cette prétention barbare de la caméra, je dirais : venez donc dans ma classe de philo. Vous y verrez comment on y concilie diversité et culture "unique" (?), intégration et discipline. Dans un lycée "sensible", ce n'est pas toujours facile. Mais on y arriverait vraiment si on n'était pas dans une société acharnée à promouvoir la marchandise, le gaspillage, l'esbroufe, l'indécence, et le bruit. En France ou ailleurs." J'aime bien cette "prétention barbare de la caméra" : objets inanimés avez-vous donc une âme ?

 

Mais là ça visait l’article et non le film et ses protagonistes.


D’abord, une leçon de politesse : "Surprenant, pas un mot de remerciement pour l'Éducation Nationale. Précisons-le tout de même : pour qu'une équipe de tournage puisse s'installer si longtemps dans un établissement scolaire, et "travailler" avec les élèves (acteurs professionnels ou participation à un projet pédagogique ?), il y faut l'accord, l'aide et le soutien du chef d'établissement, de la communauté enseignante, certainement de l'Inspection d'académie ou du rectorat" (et pourquoi pas du ministre ?).

 

Ensuite une bonne leçon de pédagogie : "Plutôt "Dans le mur". Le livre de Bégaudeau montre un enseignant en relation duelle avec ses élèves, passant de la séduction à la soumission. C'est en grande partie cela l'échec de l'Ecole, cette relation. Il n'y a pas d'apprentissage parce que la situation pédagogique est mal construite, et favorise la joute orale, narcissisme du prof. Ce sera l'intérêt du film de montrer ce qu'il ne faut pas faire en tant que prof. Bégaudeau montre son échec dans ce métier ayant choisi le plaisir immédiat celui de la relation au détriment de l'apprentissage." Mais on sait pourquoi cet agrégé est aussi mauvais : "Ah, si les profs du secondaire avaient la formation pédagogique de ceux du primaire, les choses seraient bien différentes... un prof de primaire devenu proviseur dans un quartier dit 'difficile'."

 

Ce Bégaudeau ayant eu l’outrecuidance d’affirmer qu’il fallait montrer ce film aux vieux qui font rien qu’à dire du mal des jeunes, il s’est attiré cette sévère riposte : "Tu n'as que 37 ans, un touche à tout quand on lit ta biographie et tu viens donner des leçons de morale aux vieux en voulant les inciter à voir ton film tout ça pour t'enrichir les poches ?
Mais mon pauvre, tu n'as rien inventé du tout ; le décalage entre les générations, le progrès, les problèmes rencontrés dans les lycées, collège etc... cela a toujours existé !
Faudrait peut-être te remettre en question !
" Scrogneugneu !

 

Mais s’il fallait donner une palme, je l’attribuerais à Line : "je pense qu'avec ce film et tout ce qu'on en raconte, on va nous faire avaler des couleuvres, noyer le poisson en nous prenant pour des pigeons, et occulter ainsi les vrais problèmes des enseignants qui, eux, ne prennent pas leurs compatriotes en otages mais ont vraiment besoin qu'on s'occupe d'eux au lieu d'être méprisés et par le pouvoir et par le peuple français... qui affiche une jalousie de fort mauvais aloi pour leur soit-disant statut de privilégiés."  

 

Gageons que la clique de la rétropensée appuyée par les pseudos rrrépublicains va aussi se déchaîner.

Rassurez-vous, dans ces réactions il y en a de positives : "Personnellement, j'enseigne dans un LP du Sud de la France et ce que je vis tous les jours dans mon établissement correspond assez bien à l'univers que brosse F. Bégaudau dans son ouvrage "Entre les murs". C'est à un américain que l'on doit ce choix, un choix qui va à l'encontre des langues de bois, ces mêmes langues de bois qui ne veulent surtout pas voir les choses en face : la panne du sacro-saint modèle républicain, la fracture sociale au cœur de notre système éducatif, des profs de plus en plus éducateurs, et j'en passe. Thank you Mr Penn". Ces "langues de bois qui ne veulent pas voir les choses en face" sont assez surréalistes.

 

Télérama a eu la bonne idée de republier un entretien avec François Begaudeau

 

Voir aussi :

Finkielkraut et "Entre les murs"

"Entre les murs", F. Bégaudeau et le Nel Obs

Entre les murs et les "pédagogues"

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