Si l'on en croit Caroline Brizard, du Nel Obs, Xavier Darcos ne jurerait plus que par le modèle québécois ! Et le crétin de la fabrique qui affirmait, il y a peu, qu'il ne jurait que par la Corée et le Japon (le modèle japonais de retour, car il avait eu sa vogue sous l'ère chevénémentesque avec ses ouvriers bacheliers, sauf que, si l'on en croit Hervé Hamon, ce que le Che prenait pour notre bac n'était qu'une certification de fin d'études) !
Tant pis pour la Finlande ! après tout la « Belle province » étant francophone, le modèle sera plus facile à copier. Et on ne rétorquera pas, comme le fit un éminent chercheur, que la langue finnoise est ceci ou cela : outre Atlantique, nos cousins se coltinent un français qu'ils défendent avec énergie.
Apparemment, pourtant, ces québécois ont tendance à donner dans un pédagogisme éhonté, fort loin des prétendus fondamentaux fort à la mode dans l'hexagone. Rendez-vous compte, loin de proférer le « Savoir » du haut de sa chaire professorale, l'enseignant se préoccupe de « chercher l'attention » des élèves. Ainsi, un prof de maths, pour aborder les fonctions sinusoïdales (y'a que les matheux pour nous inventer des trucs pareils) fait enregistrer des instruments de musique à ses élèves. « Les professeurs, quelle que soit leur matière, s'ingénient à multiplier ce genre de démarches. Ils sont rompus à cela. Pendant leur formation, ils passent le tiers du temps à étudier la discipline, le reste à travailler la didactique, la psychologie, la pédagogie. Philippe, 34 ans, est en 2e année à l'Université de Montréal pour devenir instituteur : «Je n'ai ni cours de grammaire ni cours de maths. Tout l'accent est mis sur les manières d'enseigner, de gérer la classe, voire de se remettre en question quand les élèves ne suivent pas.»
C'est le leitmotiv de Roch Chouinard, professeur de psychopédagogie à l'Université de Montréal : «L'école doit susciter l'engagement des élèves dans leurs apprentissages.»» Eh oui ! vous avez bien lu « professeur de psychopédagogie ». «Au Québec, l'école a adapté ses attentes aux élèves qu'elle accueille. On apprend moins, mais on apprend mieux»
Quant on pense que le fameux « mettre l'élève au centre » a été voué aux gémonies (avec une malhonnêteté intellectuelle rare) et l'on prendrait pour modèle une école qui adapte ses attentes aux élèves et non une école où les élèves doivent s'adapter aux attentes des maîtres détenteurs du Savoir ! Une école où l'on n'allège pas l'horaire pour mieux alourdir la barque des exigences !
Faut-il s'en étonner ? ces québécois versent dans le communautarisme débridé. «Cette semaine, nous fêtons les cultures d'origine, explique Chantal, chargée des activités péri scolaires. Nous accueillons une école de danse d'Haïti; demain, ce sera l'Irlande avec une troupe de gigue, puis l'Algérie avec des chants...» La démarche est efficace. «Il y a un moindre rejet du système éducatif quand vous retrouvez des éléments de votre propre culture à l'école»
« L'enseignement a longtemps été abordé de manière abstraite, comme si cette occupation ne mettait en scène qu'un maître formel chargé de faire apprendre un objet de savoir aseptisé à un sujet désincarné dans un contexte a-social et a-historique. Pourtant, la situation est tout autre. Le maître est un acteur social et son travail est soumis à de multiples pressions internes, dans son lieu même de travail, et externes, provenant de la société, qui influent sur son rôle, sur ceux à qui il s'adresse, c'est-à-dire les élèves, et sur ce qu'il doit leur faire apprendre. La classe, loin d'être un lieu clos, libre des influences extérieures, est traversée, pétrie, en son sein même par toute une série de phénomènes qui colorent sa nature et son fonctionnement. »*
« C'est en 2001, par la publication de nouvelles orientations, d'un référentiel de compétences professionnelles et de profils de sortie assortis, que s'est véritablement fait l'arrimage entre le renouveau pédagogique et la formation à l'enseignement. Une approche culturelle de l'enseignement a été privilégiée, approche qui non seulement prend acte de la complexification de la profession enseignante, mais qui convie également le personnel enseignant à un changement de culture professionnelle. Désormais, l'enseignante ou l'enseignant, dans l'exercice de son mandat d'instruire, de socialiser et de qualifier, est appelé à s'interroger sur la manière de donner à la culture la place qui lui revient, sur les moyens de concrétiser son rôle de passeur culturel, sur sa façon de former des élèves, jeunes et adultes, ouverts à la pluralité des idées et capables de porter un regard critique sur leurs propres pratiques culturelles. »** préconise un document sur la formation des enseignants.
« Le Ministère a choisi de mettre l'accent sur une formation professionnalisante qui permet de "construire un savoir enseigner, c'est-à-dire une culture professionnelle intégrant des savoirs, des schèmes d'action, des attitudes". »**
Que M. Darcos s'inspire de ces orientations serait souhaitable. Il est fort probable que ce souhait soit illusoire.
* La formation à l’enseignement les orientations et les compétences professionnelles
** La formation à l'enseignement, les orientations relatives à la formation en milieu de pratique
commenter cet article …