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11 décembre 2019 3 11 /12 /décembre /2019 16:43
La RETRAITE par CAPITULATION*

Ou « Les dernières nouvelles de demain » et même d’après-demain

Ou comment gâcher une idée qu’elle est bonne par amarrogance

La RETRAITE par CAPITULATION*

L’idée donc, et qui faisait partie du programme du candidat élu, est d’unifier les régimes de retraites. La mettre en œuvre, deux ans après, après aussi avoir snobé tous les corps intermédiaires – syndicats bien sûr, mouvement associatif, élus locaux, etc. – après avoir subi le mouvement des gilets jaunes et avoir capitulé devant lui sans en tirer un quelconque avantage, le mettre en œuvre donc ce n’était pas de la tarte.

La RETRAITE par CAPITULATION*

Mais promis, juré, les leçons ont été retenues, on va consulter, ne plus passer en force. Pour preuve, pour piloter l’affaire, on choisit un homme qui, pour avoir présidé le Conseil économique et social, ne peut avoir que le sens du social. Mais on a tenu la bride courte à Delevoye qui n’a jamais fait autre chose que consulter, pas véritablement négocier.

D’autant que pour négocier, il faut au moins être deux. Or, loin de s’appuyer sur la première organisation syndicale de France, la CFDT, convaincue pourtant de cette nécessaire unification, le pouvoir l’a négligée, méprisée. Ne parlons pas de dialoguer sérieusement avec l’UNSA et encore moins de tenter de remettre FO – mal assis sur ses deux fesses, celle de la négo à la Bergeron, celle de l’anarcho-trotskysme à la Hébert  - dans le jeu, en lui donnant du « grain à moudre ».

Enfermé dans son amarrogance, le pouvoir n’a toujours pas compris que seules les concessions faites à l’issue de compromis négociés sont payantes.

Une négociation aboutie est un jeu gagnant-gagnant : le pouvoir y montre sa capacité de faire avancer une question et les syndicats celui de capitaliser – si ce terme ne choque pas – des avancées. Et les deux de proposer des solutions. Au lieu de ça, des milliards octroyés, des garanties accordées, des aménagements concédés ne sont vus que comme des signes de reculs.

Ce n’est plus du grain à moudre mais du carburant dans le moteur des syndicats jusqu’auboutistes.

Les réactions au topo de Philippe – je n’ai vu que celles sur France-télé-info – étaient d’une totale prévisibilité. Une cégétiste droite dans ses bottines n’a rien trouvé de bon : « Mais il a garanti la valeur du point » tente un journaliste « Ce qu’une loi a fait, une autre loi peut la défaire ! » répond-elle, imperturbable. Là-dessus on a droit à Coquerel (FI) qui évidemment n’a rien trouvé de bon non plus, avant de passer à un syndicaliste policier, en pleine rue qui, bien que Philippe ait enfoncé un gros coin dans l’unification avec des aménagements au doux parfum de régimes spéciaux notamment pour les policiers, rejette tout. Là, j’ai abandonné pour vaquer à d’autres occupations que l’écoute de réactions si stéréotypées qu’elles en sont caricaturales.

La RETRAITE par CAPITULATION*

Le scénario est lui aussi écrit d’avance.

La CGT et sa mouche du coche SUD vont continuer à se battre jusqu’à ce que le gouvernement, lui, batte en retraite par capitulation.

* Titre emprunté à l’excellent Philippe Watrelot.

Un insoumis et surtout un syndicat CGT (TUI France est un regroupement d'agences de voyages comme Nouvelles Frontières, Look, Marmara qui dépend d'un groupe allemand) ont retouitté l'annonce de l'article : il n'est pas sûr qu'ils l'ait lu

La RETRAITE par CAPITULATION*

Un édito politique de Thomas Legrand qui tombe à pic

Réformateur, passer en force, ou réformiste, réformer avec.

Alors que la campagne présidentielle était de facture plutôt mendeso-rocardienne (réformiste), avec promesse de réforme des retraites d’inspiration CFDT, ce qui sera finalement proposée a changé de nature. En y ajoutant une mesure d’âge, Emmanuel Macron acte sa rupture politique avec la CFDT. Pourtant, le corps électoral, dans son ensemble avait fait preuve d’une certaine cohérence… même par défaut. Il avait élu un président réformiste, et placé un syndicat réformiste en tête. Logiquement ces deux-là devaient s’entendre pour  enfin de réformer sans heurts. La mesure d’âge casse la logique de la réforme.

Mendès (réformiste) et de Gaulle (réformateur) ne se sont jamais entendu, sur le plan économique, sur les institutions ou la façon de gouverner. On ne peut donc pas se revendiquer des deux à la fois. Le choix (avec la bénédiction du président) de rompre avec le 1er syndicat de France, qui avait inspiré le projet pour les retraites, contredit l’idée selon laquelle la 2nde partie du quinquennat serait horizontale. Ce moment de vérité montre aussi les limites du ‘enmêmetemptisme’. Le Macronisme Mendès-de Gaulle de Macron ou de Gaulle-Mendès de Philippe risque de mécontenter les nostalgiques des deux. On ne peut pas prendre le meilleur des deux pour en faire un tout cohérent. Mais Emmanuel Macron, visiblement veut son brevet de réformateur à la française, c’est-à-dire, ayant triomphé de la rue.

Extraits (édito du 12/12/2019)

Pour compléter, un schéma des différents régimes de retraites et caisses complémentaires : à noter que l'AGIRC-ARCCO, gérée paritairement par le patronat et les syndicats, est une retraite à points !

La RETRAITE par CAPITULATION*
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29 juin 2017 4 29 /06 /juin /2017 15:50
Mailly (FO) : retour au réformisme social ?

Alors que la non cravate des insoumis disciplinés fait le bouzze, sauf erreur, l’entretien de Mailly au Monde ou celui qu’il a accordé à France-Info n’a suscité aucun commentaire chez nos grands analystes de la chose politique ? Et pourtant, tandis que la CGT appelle déjà à la manif contre la (ou les) future(s) ordonnance(s), le leader de FO se démarque totalement de son ancien allié et revient à un réformisme militant.

Rien n’est réglé bien sûr, mais Jean-Claude Mailly, comme le titre Le Monde, affirme que : « La concertation sur la réforme du code du travail va dans le bon sens ». « On est dans un processus de concertation intense. (…) Une vraie concertation obéit à deux règles : il faut tout mettre sur la table et ne pas être seulement écouté mais entendu. (…) Avec le ministère du travail, on a des discussions sur le fond. On se teste réciproquement. Tous les sujets sont sur la table et il n’y a pas de faux-fuyants. Je ne suis ni naïf ni suspicieux. Je ne fais pas de procès d’intention. A ce stade, il ne s’agit pas d’une concertation inutile. »

Et au passage, il tacle le passage en force de la loi El Khomri, voulu par Valls, qui, ironie de l’histoire, avait écarté du texte le Ministre de l’économie, Macron, d’où sa démission début de sa marche vers la Présidence. 

Sur beaucoup de points FO est sur la même ligne que la CFDT : contre le référendum d’entreprise à l’initiative de l’employeur – style de celui de SMART qui a abouti à ce que ses ouvriers travaillent 39 h payées 37 ! –, pas demandeur d’une fusion des instances représentatives des salariés mais attentifs à ce que santé et sécurité du personnel soient protégées dans cette éventuelle fusion ; la CFDT est même plus raide que FO sur le plafonnement des indemnités prudhommales ; et FO ne s’oppose pas aux « contrats de chantier » à condition que ce ne soit pas « open bar » ! Même sur l’articulation branche/entreprises les deux centrales ne semblent pas très éloignées : rôle renforcé de la branche sur la qualité de l’emploi mais l’organisation du travail réglée au niveau de l’entreprise.

Rien n’est joué, selon l’image chère à J. C. Mailly, c’est à la fin du marché qu’on compte les bouses !  Ce que Laurent Berger (CFDT) traduit par : « S’il y a des désaccords profonds, nous le dirons (…) nous nous mobiliserons. »

Attendons donc la fin du marché, la promulgation des ordonnances. Mais en l’état, la CGT, refusant d’entrer dans la concertation qu’elle qualifie de mascarade et qui mobilise déjà sur un texte encore dans les limbes, est isolée. Et les mouches du coche du 3e tour social risquent de vibrionner en vain, si le réformisme social trouve du grain à moudre dans les ordonnances ! Enorme enjeu.

Mais nos éditorialistes, eux, dissertent sur les ruffinades et les foucades de l’IMPRECATOR, Mélenchon.

 

 

Pour compléter : Laurent Berger CFDT

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14 août 2016 7 14 /08 /août /2016 13:55

Quelques images de 1975 et 1976 : du temps de l’UNITÉ D’ACTION CGT-CFDT !

Entre Kaspar et Thibault Jeannette LAOT que l'on retrouve sur tous les clichés qui suivent

Entre Kaspar et Thibault Jeannette LAOT que l'on retrouve sur tous les clichés qui suivent

Georges Séguy
13 Mai 1976
13 Mai 1976
13 Mai 1976
13 Mai 1976
13 Mai 1976
13 Mai 1976
13 Mai 1976
13 Mai 1976
13 Mai 1976

13 Mai 1976

Hiver 1976 Manif Fonction Publique
Hiver 1976 Manif Fonction Publique

Hiver 1976 Manif Fonction Publique

Photo 2013

14 août 2016

 

Hospitalisé depuis quelques jours, l’ancien responsable syndical, Georges Séguy, s’est éteint à l’âge de 89 ans, hier à Montargis.

Pendant la guerre, apprenti typographe, c’est l’exécution par les nazis du syndicaliste et ami de son père, Pierre Semard, qui détermine son entrée dans la Résistance en 1942, à 15 ans. Responsable d’un groupe des Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF), il est arrêté sur dénonciation en 1944 et déporté au camp de Mauthausen en Autriche où il survivra plus d’un an. Cette expérience fondera son engagement d’après guerre.

Entré à la SNCF en 1946, il deviendra Secrétaire de la Fédération CGT des cheminots et intègrera le Comité central puis le Bureau politique du Parti communiste français en 1956, auquel il siègera jusqu’en 1982. Elu Secrétaire général de la CGT à 40 ans, il jouera un rôle important dans la mobilisation syndicale de Mai 1968 et participera aux accords de Grenelle. Prenant sa retraite, il quittera la direction nationale de ce qui était encore alors le premier syndicat de salariés de France en 1982, après 15 ans à sa tête.

 

Extrait du communiqué du PS

 

 

Georges Séguy, ancien secrétaire général de la CGT, est mort Le Monde

 

Georges Séguy : une vie de combat pour le progrès social L'Humanité

 

Leader historique de la CGT, Georges Séguy est mort L'OBS

Georges Séguy
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24 juin 2016 5 24 /06 /juin /2016 17:53
Autocritique

L’aveu est difficile, mais, je le confesse, non content d’être un affreux cédétiste de longue date, je suis un social-traître itou. Et je sens qu’il va bientôt être temps soit de faire mon auto-critique soit de rentrer dans la clandestinité.

Membre d’une CFDT dont j’ai connu la déconfessionnalisation en 1964, j’ai cependant entendu un Thibaut Nolte (Bang-Bang ARTE), à propos de Laurent Berger, la qualifier de syndicat catho ! Un Toddiste sans doute : Todd, le géomancien, à partir d’études anthropo-démographiques attribue à des populations entières des tares ou des vertus ataviques et immuables, cathos zombies d’un côté, laïco-républicains de l’autre. « Grâce à dieu, je suis athée », comme disait malicieusement Luis Buñuel. Malgré cela, natif de l’Ouest – même si mes deux grand-pères venaient de Brie, terre laïco-républicaine (les deux grand-mères des Vosges : où Todd situe-t-il la fameuse ligne bleue ?) – catho zombie donc, j’appartiendrais à un syndicat catho !

Edmond Maire (CFDT) et Georges Séguy (CGT) à la tête d'une manuf en 1975

Edmond Maire (CFDT) et Georges Séguy (CGT) à la tête d'une manuf en 1975

13 Mai 1976 :Georges Séguy a coiffé une casquette tandis qu'Edmond Maire prend la saucée

13 Mai 1976 :Georges Séguy a coiffé une casquette tandis qu'Edmond Maire prend la saucée

1976 Manif Fonction Publique

1976 Manif Fonction Publique

Et bien que cette confédération ait connu des heures glorieuses, j’en montre les preuves photographiques, d’unité d’action avec la CGT, il est taxé de « courroie de transmission »* par un brave garçon – mélenchonniste fanatisé – qui doit ignorer que cette aimable appellation visait la CGTU 1921-1936 (voire la CGT d’après 1948) aux ordres du PCF.

Or donc ce syndicat jaune, traître à la classe ouvrière, bien sûr, a subi l’assaut d’une jeune garde nourrie au doux lait de la prose des Ruffin, Lordon et consorts, chers à Aude Lancelin, victime emblématique du régime hollandiste totalitaire (car virée de L’Obs), a attaqué les locaux de la CFDT et a fait subir à sa façade le même sort que celle de l’Hôpital Necker... en pire (ou en mieux, de leur point de vue), agrémenté d’une infâmante inscription.

Autocritique

La CGT, après réflexion, s’est fendue d’un communiqué compatissant.

Mais revenons aux aveux !

Non content donc d’être Cédétiste, j’ai adhéré au PS en 1973 ! Pour comble d’ignominie je me suis rallié à Rocard, quand il m’y a suivi (!), en 1974. Membre de son courant, j’en fus un des représentants dans une commission nationale éducation du PS. Puis, j’ai collaboré avec un député de la vague rose de 1981.

Depuis 1981, j’en ai connu des déçus du socialisme. Se sont-ils le temps d’une cohabitation réjouis du chiraquisme, puis du balladurisme ?  Et ces éternels déçus, ces champions de la division, ces ex-CERES suivant Chevènement, ont-ils été satisfaits de l’échec de Jospin ?

Connu aussi les outrances verbales – et parfois physiques – de l’extrême-gauche, à commencer par le PCF du temps où l’union était un combat ! Mais, même au plus fort des divergences, subsistait ce qui était nommé la discipline républicaine : au 2e tour, voter pour le candidat de gauche le mieux placé, sauf vote dit révolutionnaire, qui a heureusement échoué, mais qui est repris et systématisé par Mélenchon.

Discours d’ancien combattant de l’union de la gauche, de la gauche plurielle. Car ce temps est bien fini : pour Mélenchon l’ennemi, ce n’est ni Sarkozy, ni Juppé, et encore moins la Le Pen, c’est Hollande et Valls. Aucune outrance n’est épargnée : il faut mettre fin au coup d’état permanent et demander la restauration de la démocratie parlementaire. Et pas un socialo n’échappe à leur vindicte, même pas les frondeurs : vous savez ceux qui balancent des marshmallows avec leur fronde, histoire de ne pas blesser leurs camarades à qui ils reprochent de ne pas voter avec la droite pour faire tomber le gouvernement macrono-vallsiste !

Et comme il se doit, les permanences des élus PS, les locaux PS sont vandalisés. Et du coup pas que par des hordes encagoulées. La permanence du député Christophe Borgel à Toulouse a été muré par la CGT, puis celle de sa collègue Catherine Lemorton envahie, son personnel enfermé et ses documents pillés ! Même méthode, entrée murée, contre Sylvia Pinel à Castelsarrasin, Alain Ballay à Tulle, Jean-marc Fournel à Longwy…

 

Les locaux PS sont vandalisés : ainsi au Havre où plusieurs manifestants ont cassé la porte pour envahir l’intérieur des locaux du parti socialiste.

pas d’ambiguïté possible : c’est la CGT ! La CGT qui s’en prend donc à un parti politique, à des élus de la nation. CGT qui écrit, dans son communiqué faussement compatissant sur la CFDT : Il faut convaincre par ses idées et non contraindre par la violence !”* Ben voyons !

CGT d’ailleurs fort indulgente avec les casseurs, en témoigne cette anecdote bordelaise racontée fièrement par mon mélenchonniste préféré : deux jeunes venaient d’être exfiltrés du cortège par des flics en civil parce qu’ils venaient de faire quelques taches de peinture (sic) sur la devanture de la Société générale [les manifestants sont revenus sur leurs pas et ne sont] repartis que lorsque les deux ont été relâchés. Ce qui veut dire que venir à une manif avec des bombes de peinture et dégrader des agences bancaires c’est normal et bénin pour ces manifestants.

Il fut un temps où c’eût été le SO de la CGT qui aurait exfiltré les deux jeunes imbéciles !

Et CGT qui n’hésite pas à agresser allègrement les forces de l’ordre (dans la séquence où l’on voit une poignée de CRS acculés entre deux cars par des CGTistes déchaînés, Martinez aura peine à plaider qu’il s’agissait de légitime défense, c’était plutôt de l’illégitime défonce).

Mais je sens bien que je m’égare, que je retombe, malgré mon désir affiché d’aller à résipiscence, dans mes travers de social-traître. Que ne comprends-je que la CGT d’une part, Mélenchon de l’autre, détiennent les clés de la Vérité et indiquent aux égarés « C’est ici le chemin ». Long chemin qui passe justement par l’éradication du PS et de la CFDT, dut-on s’offrir un demi-siècle de droite** Sarkozo-Wauquieziste voire Ménardo-Le Peniste.

Le salut de la GAUCHE, la VRAIE, est à ce prix !

 

 

* "ce que nous percevons comme un double langage n’est, en réalité, qu’une forme de cohérence : la CGT, en tant que syndicat de type léniniste (ce qui est légitime) est, depuis longtemps la courroie de transmission d’un parti. Le problème est que, sans plus aucun moteur au bout, la courroie devient folle... Notre étonnement est étonnant : ne serait-il que la marque de notre difficulté à nous mettre à la place des autres ? De notre coeur, abandonnons la naïveté et ne gardons que la poésie". Reçu d'un correspondant

 

** Mais là, c'est sûr, je serai entré dans l'éternelle clandestinité...

Autocritique
Autocritique

En complément du commentaire du "retraité quidam parmi les qui dam" (voir ci-dessous) ces  photos du saccage (paraît-il plusieurs fois) de la permanence de Laurent Grandguillaume, député PS dijonnais.

 

"Il faut convaincre par ses idées et non contraindre par la violence !" écrivait la CGT dans le communiqué de 'soutien' à la CFDT...

CGT dont le siège aurait subi l'assaut de deux encagoulés dans la nuit du 24 au 25 juin 2016

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12 mars 2016 6 12 /03 /mars /2016 18:09
Hidalgo-Polinière-FN : Á quoi jouent les juges ?

A deux jours d’intervalle Anne Hidalgo, Maire de Paris, et Sylvie Polinière, enseignante, syndicaliste CGT, ont été condamnées face au FN . La première le 11 mars 2016, pour diffamation, la seconde le 9 mars 2016, pour outrage envers le Maire FN de Beaucaire. Propos tenus en septembre 2012 pour A. Hidalgo. Plus récents pour l’enseignante – juin 2014 – mais entre-temps la Justice avait eu le temps de condamner en 1ère instance puis de blanchir en appel, Julien Sanchez, le Maire, pour injures !

Lenteur d’un côté, justice à 3 vitesses de l’autre.

La maire de Paris a été condamnée à une amende avec sursis pour diffamation. En effet le 24 septembre 2012, encore première adjointe de Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo invitée sur ITélé déclare: "L'Histoire a du sens, le Front national n'est pas un parti qui s'est constitué dans le cadre républicain, c'est un parti qui a lutté contre la République, qui a soutenu pendant la guerre la collaboration avec les nazis".

Son avocat a eu beau plaider – non sans raison bien sûr sur le fond – qu’un "parti politique est toujours le résultat d'une histoire", et que le FN s’inscrit dans la lignée de la "famille nationaliste ou même néofasciste", il a eu beau énumérer les fondateurs du FN, "collaborateurs notoires, d'un antisémitisme débridé" et rappeler certaines déclarations de Jean-Marie Le Pen, qui n'a "jamais considéré le maréchal Pétain comme un traître" et soutenu que "l'occupation allemande n'a pas été particulièrement inhumaine", il n’en restait pas moins que ce parti fondé en 1972 n’existait donc pas pendant la guerre.

On peut donc considérer que le tribunal correctionnel, sans prendre parti sur le fond, ne pouvait que constater l’erreur manifeste de la formulation qui laissait donc place à la plainte du FN. Mais on ne voit pas très bien pourquoi il a fallu trois ans et demi pour prononcer ce verdict sur des faits qui n’ont demandé aucune instruction.

Bien que les délais soient plus courts, le fonctionnement de la Justice est encore plus singulier dans l’affaire opposant une syndicaliste enseignante au maire FN de Beaucaire (Gard).

Julien Sanchez

Lors d’un conseil d’administration (C.A.) du  Lycée professionnel Paul-Langevin à Beaucaire, le 17 juin 2014, Sylvie Polinière, enseignantes, syndicaliste CGT, avait lu un communiqué syndical taxant le Maire FN, Julien Sanchez et un de ses adjoints Stéphane Vidal de « membres d’un parti raciste et xénophobe ». L'équipe municipale FN avait alors contre-attaqué dans un communiqué parlant de  "quelques syndicalistes sans éducation, privilégiés, aigris et sectaires", "dont le comportement n'a rien à envier à celui de racailles".

Plaintes croisées furent déposées : côté syndical pour injure, côté maire FN pour outrage. La plainte pour injure passe en 1ère instance le 22 septembre 2015 : condamnation de Julien Sanchez ; mais il est relaxé en appel le 12 janvier 2016. Relaxe motivée par le fait que ces propos ne "dépassaient pas le cadre du débat politique".

Or donc, cette relaxe prononcée, la plainte pour "outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique" était jugée par le tribunal correctionnel de Nîmes et allait aboutir, le 9 mars 2016, à la condamnation de la syndicaliste, porte-parole de l’ensemble des élus du personnel au conseil d’administration de son lycée : 1 euro de dommages et intérêts, 2.000 euros de frais d’avocat à Julien Sanchez et son adjoint et une amende de 300 euros.

Laisser entendre – éléments de langage actuels de la CGT – que cela participe d’un climat politique anti-syndical, entendez que les magistrats sont aux ordres du vilain Valls ou du méchant Macron, est encore plus absurde sur ce dossier que sur celui des syndicalistes de Goodyear

Il s’agit bel et bien de décisions de juges et la magistrature dite du siège est parfaitement indépendante de l’exécutif. Quant aux magistrats du Parquet – procureurs et substituts – Christiane Taubira s’était engagée à ne plus donner que des instructions générales. Il n’y avait, jusqu’à présent, que Paul Bismuth et son avocat pour mettre en doute cet engagement.

Et ce jugement, contrairement à celui frappant Anne Hidalgo est idéologique, en ce sens qu’il ne constate pas une erreur factuelle, ni un outrage direct aux personnes, mais l’expression d’une opinion sur un parti politique, opinion au demeurant assez largement partagée. D’autant que l’actualité de l'époque, nationale et locale, étayait l’opinion émise quant au caractère raciste et xénophobe du FN. Le Pen père venait de réitérer des propos abjects (« fournée » pour parler des chambres à gaz) et le maire de Beaucaire à peine élu s’en était pris à des commerçants musulmans qui ouvraient plus tardivement pendant le Ramadan (à noter que le jugement sur cet arrêté, lui, n’est toujours pas prononcé).

Le tribunal correctionnel de Nîmes en sanctionnant la libre expression des syndicalistes a, en fait, entériné l’opération de dédiabolisation lancée par Le Pen fille, inspirée par le cynique Philippot.

Deux jugements donc au profit du FN. Mais si le premier peut paraître strictement fondé sur des motifs juridiques, le second lui est une atteinte à la liberté d’expression. Il faut espérer que la cour d’appel, logique avec elle-même, considère que la déclaration des représentants du personnel à un C.A. ne dépassait pas le cadre du débat politique !

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18 janvier 2016 1 18 /01 /janvier /2016 18:07

Deux jugements scandaleux !

Rapprochement hardi ? Des syndicalistes condamnés à des peines de prison ferme pour séquestration, un policier  relaxé pour légitime défense après avoir abattu un malfrat en lui tirant dans le dos. D’un côté des magistrats professionnels, de l’autre un jury populaire.

Huit ex-salariés de l’usine d’Amiens-Nord de Goodyear ont écopé de 9 mois de prison ferme par le Tribunal correctionnel d'Amiens, le 12 janvier 2016. Ils étaient poursuivis pour séquestration  de deux cadres  de l’usine - le directeur de la production, Michel Dheilly et le directeur des ressources humaines, Bernard Glesser - pendant 30 heures, en 2014. Bien que et les séquestrés et l’entreprise aient retiré leur plainte, le Parquet avait décidé de maintenir les inculpations.

Une accusation anti Taubira indigne

Et la CGT Goodyear Amiens-Nord de réagir en qualifiant ce jugement  d’« arme avec laquelle Hollande, Valls, Taubira et l’ensemble du gouvernement ont décidé d’intimider tous les salariés qui se battent pour leur droit et leurs emplois ».

De telles accusations étaient jusqu’à présent l’apanage des dirigeants de droite ou d’extrême-droite poursuivis par la Justice. Sarkozy-Bismuth, Balkany, les Le Pen père et fille, par exemple.  Que la section d’entreprise ait une réaction épidermique soit.

Légende modifiée

Légende modifiée

Mais que Martinez, numéro un de la CGT, qui, malgré la rusticité de son look, a prouvé une grande intelligence tactique pour succéder à Lepaon, ose dire que "C’est un message fort et dans le mauvais sens que donne le gouvernement aux salariés" et qu’il ajoute "Le procureur de la République a décidé seul de demander une peine d’emprisonnement. Il est le porte-parole du gouvernement (sic) et la lourdeur de la condamnation peut nous interroger sur le fait que cette demande a été faite au plus haut niveau de l’État, de l’Élysée ou de Matignon", est un scandâle, comme aurait dit Marchais. Il ment sciemment.

Le procureur a bien décidé seul ! et sans ordre aucun.

 

La Garde des Sceaux, Christiane Taubira, a fait clairement savoir, dès sa prise de fonctions, que, contrairement à ses devanciers, elle n’interviendrait plus dans les affaires individuelles auprès du Parquet, se contentant de donner des instructions générales*. Paradoxalement, c’est ce retrait, en principe garant d’une plus grande indépendance du judiciaire par rapport à l’exécutif, qui a permis à ce procureur de requérir lourdement contre ces syndicalistes.

N’en déplaise à L’Huma ce n’est pas « le procureur de la République [qui] a condamné les salariés à 24 mois de prison, dont 9 ferme », mais un tribunal correctionnel présidé par un juge du siège qui, lui, est totalement indépendant. La droite et l’extrême-droite sont promptes à dénoncer les juges rouges. Il serait peut-être temps, qu’à gauche, il n’y ait pas que les seuls anars à se souvenir que la magistrature penche majoritairement à droite !

"Je le déclare une fois de plus, je le dis bien souvent et je le répète : ce sont des choses que je n’aime pas, d’abord parce qu’elles risquent de compromettre par une apparence superficielle de barbarie, la beauté des promesses de civilisation que le prolétariat porte en lui, et puis parce que la violence des gestes, la destruction partielle ou totale des machines, des fils, des lignes, des rails, ou bien la violence des gestes ou des paroles contre les personnes, tout cela c’est l’effet et le signe d’une organisation insuffisante.

 

Plus l’organisation ouvrière est forte, plus sont nombreux les militants groupés dans les syndicats, plus est faible chez le militant, chez le syndiqué, chez le gréviste, la tentation de recourir à ces moyens de violences sommaires."

 

Jean Jaurès, Février 1912

Inefficace et préjudiciable

 

« Au bout de 30 heures, les deux cadres étaient ressortis, laissant les salariés sans garantie d’obtenir de meilleures indemnités. » écrit L’Humanité. Donc, du pur point de vue de l’action syndicale, cette séquestration a été d’une totale inefficacité. Le blocage des stocks de pneus l’a été certainement beaucoup plus. Pire, en faisant de ces cadres des victimes, elle a nui à l’image de la CGT, donc du syndicalisme.

Voir, comme à Air France, un cadre – salarié d’ailleurs et peut-être lui aussi syndiqué – la chemise en lambeaux obligé de franchir un grillage pour fuir ses poursuivants est médiatiquement catastrophique. « Sous la chemise, y a la peau » dit une très belle chanson et cette chemise déchirée a comme un avant-goût de lynchage !

Et l’action syndicale elle-même est détournée de ses buts, puisqu’elle va se focaliser sur la défense des auteurs de ces violences.

Plus qu’une faute voire un délit, une erreur !

"La justice acquitte et la police assassine"

Le vendredi 15 janvier 2016, la Cour d'Assises de Bobigny a prononcé la relaxe pour un policier poursuivi pour avoir tué d'une balle dans le dos un malfrat.

Amine Bentounsi, un braqueur en cavale condamné à 22 ans de réclusion, qui avait oublié de revenir en prison après une permission de sortie, est signalé anonymement comme se trouvant devant un bar de Seine-Saint-Denis, le 21 avril 2012.

Selon la version du policier  le délinquant avait sorti une arme. « J’ai tiré parce que j’ai failli mourir. C’était lui ou moi », dit-il. Sauf que le fugitif est mort d’une balle dans le dos. Et si l’on en croit les témoins – dont une avocate, là par hasard – Bentounsi, après une course-poursuite, s’est écroulé face contre terre.

Le procureur, qui n’est pas le porte-parole du gouvernement mais est chargé de défendre l'intérêt de la société et l'application de la loi, avait requis 5 ans de prison avec sursis et la radiation de la police.

De faux témoignage du co-équipier de l’inculpé, de pressions des syndicats de police, en intervention du préfet de police, Christian Lambert, tout avait été fait pour saboter l’enquête. Ainsi, le deuxième policier s’était blessé à la jambe en se jetant à terre quand le fuyard avait jeté une grenade factice. Bien qu’il n’ait rien vu, il prétendra le contraire, affirmant qu’Amine Bentounsi a bien braqué son arme sur son collègue. La position des douilles fait aussi planer le soupçon que les policiers aient même maquillé la scène du crime.

« L’impact de la balle n’est pas dans la poitrine, pas dans l’abdomen ou sur le flanc. Il est en plein milieu du dos. Et la version la plus cohérente, c’est qu’à cet instant, Amine Bentounsi s’enfuit et qu’on lui a tiré dans le dos ! » explique le Procureur (Le Monde, 17-18 janvier 2016).

   Finalement, la cour et le jury populaire ont décidé que les actes commis par l’accusé étaient commandés « par la nécessité de sa défense », autrement dit la thèse de la légitime défense a été validée. Le doute, aussi ténu soit-il, aura profité à l’accusé, diront d’aucuns.

Cependant, dans le cas des syndicalistes condamnés à la prison ferme, comme dans celui de ce policier acquitté, le poids des préjugés des magistrats professionnels – antisociaux – ou des jurés – marqués par les événements de novembre – a joué un rôle décisif.

Très instructive aussi a été l’attitude de policiers  qui, comme dans un feuilleton récent furent pesamment présents au procès de Bobigny pour marquer leur solidarité à leur collègue accusé : « Pressions par la voie syndicale. Pressions sur les témoins pour qu’ils ne viennent pas déposer. Mensonges d’un policier » énonce le Procureur. Et tout cela en toute impunité. Un projet de loi se propose d’assouplir encore plus les règles de la légitime défense des policiers et de leur donner toujours plus de possibilités d’agir sans contrôle.

Au regard de ce type d’événement, l’inquiétude, pour rester dans l’euphémisme, me gagne !

 

* « Le ministre de la justice conduit la politique d'action publique déterminée par le Gouvernement. Il veille à la cohérence de son application sur le territoire de la République. À cette fin, il adresse aux magistrats du ministère public des instructions générales d'action publique. »

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6 janvier 2015 2 06 /01 /janvier /2015 19:27
Le Paon : sale coup pour le syndicalisme

Les révélations du « Canard enchaîné » sur la rénovation onéreuse (105 000€) de l'appartement de fonction* et du bureau (62 000 €) de Thierry Le Paon, puis, cerise sur le gâteau, la pire peut-être, de cette incongrue indemnité de départ de plus de 25 000 € versée par la CGT de Basse-Normandie, ne lui sont pas tombées du ciel, au volatile ! Sans être un grand investigateur, on ne peut qu’être sûr que la source gravite autour de l’immeuble de la CGT à Montreuil. Et ce n’est pas déployer des trésors de perspicacité que de subodorer que le but de ces fuites est de dégommer Le Paon.

 

Ce faisant, le sniper s’est servi non d’un fusil à lunette mais d’un obusier aux dégâts collatéraux incommensurables.

 

La CGT, dans son ensemble, y perdra des plumes. Si, hypothèse douteuse, Le Paon se maintient, il n’aura plus ni crédibilité externe, ni autorité interne. S’il est poussé vers la sortie, son successeur  aura une légitimité des plus fragiles, car ne devant son siège qu’aux fuites assassines.

 

Ce ne sont pas tes oignons, va-t-on me rétorquer. Sauf que, ces révélations vont nourrir un poujadisme déjà virulent. Même si les sommes annoncées sont sans commune mesure avec celles de Bygmalion, même si l’insolite indemnité ne paierait même pas les cigares annuels d’un Balkany, cela va permettre, permet déjà, aux beaufs de comptoir d’entonner le chœur fameux des Tous pourris, même les syndicats.

 

Et cela dans un contexte où les ouvriers, même syndiqués – hélas une minorité – se laissent tenter par les sirènes de Marine. Au-delà de brebis galeuses, comme le maire d’Hayange, cégétiste passé au F-Haine, une majorité des ouvriers qui ont voté aux européennes ont opté pour les listes F-Haine. Plus de 40 % donc des votes ouvriers, cinq fois plus que pour le PS ou le Front de Gauche (8% chacun). Il faut certes relativiser, puisque plus de 60 % des ouvriers sont restés chez eux. Mais ce n’est guère moins inquiétant car une telle démobilisation profite aussi aux Le Pénistes.

 

Il est donc des plus probables que l’affaire Le Paon ne va que renforcer la dérive d’une fraction grossissante de l’électorat ouvrier vers l’extrême-droite. Et fraction qui revendique publiquement son ralliement.

 

Eh quoi ? Fallait-il donc que les opposants à Le Paon manquent au devoir suprême de transparence en ne faisant pas fuiter les trop luxueuses dépenses de leur secrétaire général ? Outre que ces blancs chevaliers avancent dans l’ombre ce qui entache un peu leur vertueuse opération, il faut rappeler que le linge sale ne se lave qu’en famille.

Et un Pierre Héritier qui, profitant du cinquantième anniversaire de la CFDT, laisse entendre – sans preuve aucune – que l’élection de Nicole Notat en 1988 ressemblait à celle de Copé en 2012, porte aussi un très sale coup au syndicalisme.  

Qui n’en a pas besoin.

 

 

* Travaux confiés à une entreprise dont le patron est proche de l’UMP et qui semble s’être fait une marge juteuse.

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6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 18:43

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« Voici la liste de députés qui se prétendent « socialistes » et qui jouent le Medef contre les travailleurs. Nous nous en souviendrons ! » peut-on lire dans un blog. Tout bénéf pour le medef, tout malheur pour l’travailleur, tel est, à peine résumé, le jugement des contempteurs de la flexisécurité.

Un peu de désintox n’est peut-être pas inutile.

 

La messe CGT-FO était dite, même si elle n’a réuni que peu de fidèles : Loi scélérate était-il écrit sur une banderole. C’était le 5 mars et la loi en question ne sera présentée que le lendemain, mais pas besoin d’en avoir le texte puisqu’elle entérine un accord scélérat signé par une CFDT scélérate. Ça aura au moins permis de voir Thibault et Mailly côte à côte !

 

Un accord – donc une loi – qui va donner les mains libres au patronat pour licencier, accroître les contrats précaires, démanteler le code du travail… pour tout dire tout à jeter.

 

Sauf que, des accords non encadrés, eux, par une loi ont lieu. Et pas d’aujourd’hui. Ne voit-on pas dans le film de Robert Guédiguian, « Les neiges du Kilimandjaro »*, la CGT organiser un tirage au sort des victimes d’un plan social qui doit sauver la boîte. Des exemples nombreux sont donnés à la télé ou dans les journaux d’accords d’entreprises, antérieurs à la loi, se traduisant par des sacrifices pour les salariés. Et, ironie de l’histoire, c’est au lendemain de la manif que l’on apprend que FO-Renault s’apprête à signer l’accord de compétitivité proposé par Carlos Ghosn « Il vaut mieux prendre le risque d'un avenir que de ne pas avoir d'avenir du tout", a expliqué Laurent Smolnik, responsable FO.

 

Combien de manifestants d’hier qui brandissaient des pancartes anti Ayrault-Sapin avaient lu le projet de loi ? Aucun ! L’accord signé ? Très peu. Mailly et Thibaut, si. Mais ça ne les empêchait pas de caricaturer à l’extrême.

 

 

 

 

 

Inutile de rappeler que cet accord doit permettre, avant 2016, aux 4 millions de salariés qui en sont dépourvus de bénéficier d’une complémentaire santé collective, prise en charge à 50 % par l’employeur. Broutille.

 

Cet accord, mais c’est la mort du CDI affirment, sans vergogne, ses détracteurs. L’accord prévoit de surtaxer les CDD courts (1 mois + 75 %, 3 mois +40%) et l’embauche en CDI d’un jeune de moins de 26 ans donnera droit à un allègement des charges !

 

Surtout cet accord donne carte blanche au Medef pour le chantage à l’emploi, la mobilité imposée, les licenciements clament ses contempteurs. Si on regarde d’un tout petit peu plus près, on constate d’abord que tant en ce qui concerne les accords compétitivité-emploi que mobilité, les syndicats signataires devront représenter plus de 50 % des salariés. Les accords de « maintien dans l’emploi » seront certainement mieux cadrés que ceux qui sont signés actuellement : graves difficultés conjoncturelles attestées, deux ans maximum, tous les emplois maintenus.

 

Loin de faciliter les licenciements économiques l’accord prévoit des conditions plus strictes d’élaboration des plans sociaux. L’employeur devra soit l’élaborer en négociant avec les syndicats (et entériné majoritairement), soit le faire seul, mais il devra être validé par l’administration. Autrement dit, celle-ci devra vérifier que les droits des salariés sont respectés, donc éviter les licenciements abusifs. Aujourd’hui, c’est a posteriori, après de longs délais, que ce contrôle est fait par le juge et la perte d’emploi effective n’est compensée que par des dommages et intérêts.

 

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Truisme : tout accord syndicats-patronat est un compromis.

 

Certains peuvent voir le verre à demi-vide et d’autres le verre à demi-plein. Refuser l’accord parce que les avantages ne sont pas à la hauteur des concessions faites. Ou au contraire, y souscrire car jugé équilibré. Désaccord donc, mais qui ne se traduit pas par des anathèmes.

 

Là on est dans un discours manichéen. Les éléments de langage ne font pas dans l’argument mais dans le slogan. Et la confrontation des points de vue se mue en dénonciation de prétendues trahisons, sur un ton qu’on croyait d’un autre âge.

 

Le gouvernement, d’entrée, a indiqué qu’il ne se substituerait pas aux partenaires sociaux, que c’était à eux de dessiner les changements qu’ils voulaient voir pris en compte et que la loi ne jouerait qu’un rôle d’accompagnement. Ainsi, instituer un contrôle administratif a priori sur les licenciements économiques passe par la loi. Il faut donc, pour que cet encouragement au dialogue social se concrétise, que la loi reflète l’accord conclu. Cela ne mérite pas une parodique chasse aux sorcières, je veux dire chasse aux députés qui osent se dire socialistes.

 

L’accord, conforté par la loi, va encadrer des accords d’entreprises compétitivité-emploi, pour le moment sauvages, mieux encadrer aussi les temps partiels, accorder des droits nouveaux aux travailleurs… C’est une étape : le chantier de la Formation Professionnelle est déjà ouvert pour les partenaires sociaux, celui de la reprise des sites industriels doit être réglé par la loi, l’encadrement des revenus indécents sur le modèle suisse est encore à l’ordre du jour sans parler des retraites… Les avancées seront toujours insuffisantes pour les adeptes du yakafokontoutésimple.  

Mais la démocratie marche aux compromis.

 

* Certes c’est  de la fiction mais les films de Robert Guédiguian sont nourris de la réalité sociale de Marseille  et, sauf erreur, l’épisode fondateur du film n’a provoqué aucun cri d’orfraie de la CGT, à l’époque.

 


"Les Français en ayant entendu parler sont aussi une majorité relative (49%), à considérer que cet accord favorise autant salariés et entrepreneurs (contre 44% estimant qu’il profite davantage aux employeurs et seulement 6% estimant qu’il profite davantage aux salariés)."

Sondage BVA 08/03/2013

Le détail du sondage est téléchargeable : http://www.bva.fr/data/sondage/sondage_fiche/1251/fichier_bva_actu_-_les_francais_et_la_reforme_du_marche_du_travail6ca5a.pdf

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