L’aveu est difficile, mais, je le confesse, non content d’être un affreux cédétiste de longue date, je suis un social-traître itou. Et je sens qu’il va bientôt être temps soit de faire mon auto-critique soit de rentrer dans la clandestinité.
Membre d’une CFDT dont j’ai connu la déconfessionnalisation en 1964, j’ai cependant entendu un Thibaut Nolte (Bang-Bang ARTE), à propos de Laurent Berger, la qualifier de syndicat catho ! Un Toddiste sans doute : Todd, le géomancien, à partir d’études anthropo-démographiques attribue à des populations entières des tares ou des vertus ataviques et immuables, cathos zombies d’un côté, laïco-républicains de l’autre. « Grâce à dieu, je suis athée », comme disait malicieusement Luis Buñuel. Malgré cela, natif de l’Ouest – même si mes deux grand-pères venaient de Brie, terre laïco-républicaine (les deux grand-mères des Vosges : où Todd situe-t-il la fameuse ligne bleue ?) – catho zombie donc, j’appartiendrais à un syndicat catho !
Et bien que cette confédération ait connu des heures glorieuses, j’en montre les preuves photographiques, d’unité d’action avec la CGT, il est taxé de « courroie de transmission »* par un brave garçon – mélenchonniste fanatisé – qui doit ignorer que cette aimable appellation visait la CGTU 1921-1936 (voire la CGT d’après 1948) aux ordres du PCF.
Or donc ce syndicat jaune, traître à la classe ouvrière, bien sûr, a subi l’assaut d’une jeune garde nourrie au doux lait de la prose des Ruffin, Lordon et consorts, chers à Aude Lancelin, victime emblématique du régime hollandiste totalitaire (car virée de L’Obs), a attaqué les locaux de la CFDT et a fait subir à sa façade le même sort que celle de l’Hôpital Necker... en pire (ou en mieux, de leur point de vue), agrémenté d’une infâmante inscription.
La CGT, après réflexion, s’est fendue d’un communiqué compatissant.
Mais revenons aux aveux !
Non content donc d’être Cédétiste, j’ai adhéré au PS en 1973 ! Pour comble d’ignominie je me suis rallié à Rocard, quand il m’y a suivi (!), en 1974. Membre de son courant, j’en fus un des représentants dans une commission nationale éducation du PS. Puis, j’ai collaboré avec un député de la vague rose de 1981.
Depuis 1981, j’en ai connu des déçus du socialisme. Se sont-ils le temps d’une cohabitation réjouis du chiraquisme, puis du balladurisme ? Et ces éternels déçus, ces champions de la division, ces ex-CERES suivant Chevènement, ont-ils été satisfaits de l’échec de Jospin ?
Connu aussi les outrances verbales – et parfois physiques – de l’extrême-gauche, à commencer par le PCF du temps où l’union était un combat ! Mais, même au plus fort des divergences, subsistait ce qui était nommé la discipline républicaine : au 2e tour, voter pour le candidat de gauche le mieux placé, sauf vote dit révolutionnaire, qui a heureusement échoué, mais qui est repris et systématisé par Mélenchon.
Discours d’ancien combattant de l’union de la gauche, de la gauche plurielle. Car ce temps est bien fini : pour Mélenchon l’ennemi, ce n’est ni Sarkozy, ni Juppé, et encore moins la Le Pen, c’est Hollande et Valls. Aucune outrance n’est épargnée : il faut mettre fin au coup d’état permanent et demander la restauration de la démocratie parlementaire. Et pas un socialo n’échappe à leur vindicte, même pas les frondeurs : vous savez ceux qui balancent des marshmallows avec leur fronde, histoire de ne pas blesser leurs camarades à qui ils reprochent de ne pas voter avec la droite pour faire tomber le gouvernement macrono-vallsiste !
Et comme il se doit, les permanences des élus PS, les locaux PS sont vandalisés. Et du coup pas que par des hordes encagoulées. La permanence du député Christophe Borgel à Toulouse a été muré par la CGT, puis celle de sa collègue Catherine Lemorton envahie, son personnel enfermé et ses documents pillés ! Même méthode, entrée murée, contre Sylvia Pinel à Castelsarrasin, Alain Ballay à Tulle, Jean-marc Fournel à Longwy…
Les locaux PS sont vandalisés : ainsi au Havre où plusieurs manifestants ont cassé la porte pour envahir l’intérieur des locaux du parti socialiste.
Là pas d’ambiguïté possible : c’est la CGT ! La CGT qui s’en prend donc à un parti politique, à des élus de la nation. CGT qui écrit, dans son communiqué faussement compatissant sur la CFDT : “Il faut convaincre par ses idées et non contraindre par la violence !”* Ben voyons !
CGT d’ailleurs fort indulgente avec les casseurs, en témoigne cette anecdote bordelaise racontée fièrement par mon mélenchonniste préféré : deux jeunes venaient d’être exfiltrés du cortège par des flics en civil parce qu’ils venaient de faire quelques taches de peinture (sic) sur la devanture de la Société générale [les manifestants sont revenus sur leurs pas et ne sont] repartis que lorsque les deux ont été relâchés. Ce qui veut dire que venir à une manif avec des bombes de peinture et dégrader des agences bancaires c’est normal et bénin pour ces manifestants.
Il fut un temps où c’eût été le SO de la CGT qui aurait exfiltré les deux jeunes imbéciles !
Et CGT qui n’hésite pas à agresser allègrement les forces de l’ordre (dans la séquence où l’on voit une poignée de CRS acculés entre deux cars par des CGTistes déchaînés, Martinez aura peine à plaider qu’il s’agissait de légitime défense, c’était plutôt de l’illégitime défonce).
Mais je sens bien que je m’égare, que je retombe, malgré mon désir affiché d’aller à résipiscence, dans mes travers de social-traître. Que ne comprends-je que la CGT d’une part, Mélenchon de l’autre, détiennent les clés de la Vérité et indiquent aux égarés « C’est ici le chemin ». Long chemin qui passe justement par l’éradication du PS et de la CFDT, dut-on s’offrir un demi-siècle de droite** Sarkozo-Wauquieziste voire Ménardo-Le Peniste.
Le salut de la GAUCHE, la VRAIE, est à ce prix !
* "ce que nous percevons comme un double langage n’est, en réalité, qu’une forme de cohérence : la CGT, en tant que syndicat de type léniniste (ce qui est légitime) est, depuis longtemps la courroie de transmission d’un parti. Le problème est que, sans plus aucun moteur au bout, la courroie devient folle... Notre étonnement est étonnant : ne serait-il que la marque de notre difficulté à nous mettre à la place des autres ? De notre coeur, abandonnons la naïveté et ne gardons que la poésie". Reçu d'un correspondant
** Mais là, c'est sûr, je serai entré dans l'éternelle clandestinité...
En complément du commentaire du "retraité quidam parmi les qui dam" (voir ci-dessous) ces photos du saccage (paraît-il plusieurs fois) de la permanence de Laurent Grandguillaume, député PS dijonnais.
"Il faut convaincre par ses idées et non contraindre par la violence !" écrivait la CGT dans le communiqué de 'soutien' à la CFDT...
CGT dont le siège aurait subi l'assaut de deux encagoulés dans la nuit du 24 au 25 juin 2016
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