Metroscopia : baromètre électoral septembre 2015
Le baromètre électoral de Metroscopia du 11 septembre – réalisé donc avant les élections catalanes – ne marque pas une grande évolution par rapport à celui de fin juillet. Léger avantage du PSOE sur le PP, plus net de Podemos sur Ciudadanos. Et un jeu à quatre partis qui obligerait à des alliances (voir en annexe un sondage sur les coalitions souhaitées par les électeurs potentiels de ces quatre formations).
Contrairement à CIS, l’autre institut de sondages, Metroscopia plaçait, déjà en juillet, le PSOE en tête. Il le confirme en septembre. Et si l’écart reste très en deçà des ± 2,4 points de marge d’erreur, c’est donc la 2e fois consécutive où les sondeurs placent le PSOE devant le PP. Et avec un écart un peu plus net.
La comparaison avec les dernières élections générales de 2011 est défavorable aux deux partis qui se sont partagé le pouvoir depuis la transition. Le PSOE, qui y avait obtenu le pire résultat historique, perdrait encore 4 points. Le PP qui, à l’inverse avait obtenu son meilleur score, perdrait 21 points. Les pertes du PSOE vont vers Podemos et celles du PP vers Ciudadanos.
Ces deux partis émergents qui viennent casser l’alternance bi-partisane PP/PSOE n’ont cependant pas pris l’ascendant.
Podemos progresse légèrement et Ciudadanos stagne d’un sondage à l’autre. Mais jamais les quatre premiers partis n’ont été aussi proches : entre PSOE et C’s : huit points. Si les élections avaient eu lieu au moment du sondage, ce serait cependant le PSOE ou le PP qui aurait été appelé à former un gouvernement. Mais l’un comme l’autre seraient obligé de trouver un ou plusieurs alliés.
Même si Izquierda Unida (IU), bien que Podemos lui ait siphonné une partie de ses électeurs, réussit à sauver les meubles à 5%, il ne peut être qu’une force d’appoint à gauche. Et il cherche toujours à imposer à Podemos des candidatures d’unité populaire (l’exemple catalan où l’alliance de l’IU local –ICV - avec Podemos a fait moins bien qu’ICV seul ne démontre pas l’intérêt électoral de cette union). Quant à UPyD (centre gauche), il a été phagocyté par Ciudadanos.
L’ambiguïté du résultat catalan risque moins de cristalliser des votes nationalistes espagnols, hostiles à la sécession, en faveur du PP. Le prochain baromètre dira si la nette progression de Ciudadanos en Catalogne et si l’échec de Podemos et ses alliés à ces élections ont des répercussions nationales ou restent des phénomènes locaux.
Le jeu politique espagnol est donc bien plus ouvert et surtout pas plombé par le FN, avec des leaders politiques jeunes : seul Mariano Rajoy (PP), chef du gouvernement sortant, atteint la soixantaine, Alberto Garzón candidat d’IU a 30 ans, Albert Rivera (C’s) 36, Pablo Iglesias (Podemos) 37, Pedro Sánchez (PSOE) 43.
ANNEXE
Majorité absolue ou coalition ?
Majorité absolue ou coalition (détails) ?
Paradoxe apparent, ce sont les électeurs potentiels de Podemos qui sont les plus favorables à une alliance, et avec le PSOE. Ceux qui prétendent qu’un conglomérat Front de gauche-verts duflotistes-dissidents socialos pourraient faire un Podemos hexagonal, alors que leur ciment est justement l’anti-socialisme, feraient bien de regarder cette étude de metroscopia.
Le Partido Popular (PP) est le seul parti dont les sympathisants déclarés se manifestent clairement (et sans doute aveuglément) pour une majorité absolue de leur parti comme future forme de gouvernement (65%). Cependant, au cas où la seule possibilité offerte serait un gouvernement de coalition, la solution de repli serait l’alliance avec Ciudadanos (C’s) à 84 %. La perspective d’une grande coalition à l’allemande (PP-PSOE) est très peu prisée. Et il y a peu de différence selon l’âge ou le sexe.
A l’inverse, les trois quarts des électeurs socialistes (PSOE) optent plus réalistement pour une coalition comme forme future de gouvernement. Mais les deux options – PSOE-Podemos ou PSOE-Ciudadanos – sont envisagés avec le même score (59% : les options n’étant pas présentées comme exclusives, bien sûr). Cependant, l’alliance avec Podemos a gagné des points par rapport aux sondages précédents. Les électeurs les plus âgés (+ de 55 ans) sont plus favorables à un gouvernement de coalition que les plus jeunes (10 points) et les hommes que les femmes (15 points).
Les futurs électeurs de Ciudadanos sont aux deux tiers en faveur d’un gouvernement de coalition. Ils privilégient un peu l’alliance avec le PP (77%) à celle avec le PSOE (72%), mais depuis janvier c’est l’option PP qui a grimpé de 12 points. Les plus jeunes sont les plus réticents à une coalition à 43%, de même que les femmes par rapport aux hommes : 14 points de moins.
Globalement Podemos est le parti dont les électeurs déclarés ont été de sondage en sondage les plus portés vers une coalition : depuis mars – avant donc les élections municipales et régionales – cette option est passée de 72 à 86%. L’accord privilégié est clairement PSOE-Podemos qui est passé de 62 à 82 %. Podemos est la seule formation où l’électorat féminin est plus unitaire que le masculin : 90% contre 83% et elles appuient l’hypothèse PSOE-Podemos à 86% contre 80% pour les hommes.
Dans l’état actuel des sondages une alliance PSOE-Podemos, avec ou sans l’apport d’IU (Izquierda Unida qui continue le forcing pour obliger Podemos à des candidatures communes), serait majoritaire en sièges vraisemblablement. Mais les difficultés rencontrés en Andalousie ou dans les Asturies laissent craindre que les dirigeants de Podemos ne soient pas au diapason de leurs sympathisants. C’est Ciudadanos qui a débloqué la situation en Andalousie – Podemos votant contre la socialiste S. Diaz avec le PP – et IU dans les Asturies.
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