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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 21:10

florence-cassez-arrestation-bidon

 

« Je ne me suis pas plongé dans les méandres du dossier judiciaire de Florence Cassez. Les medias français non plus, qui mutiplient les interviews de la prisonnière, en se contentant de répéter paresseusement, pour tout rappel des faits, qu'elle"clame son innocence". Tout au plus, en épluchant la presse mexicaine (lecture obligée, puisque la presse française croirait se rendre coupable d'outrage au patriotisme en faisant ce travail), tout au plus, donc, avions-nous établi ici-même qu'il existe, hélas, des éléments laissant penser que Cassez s'est bel et bien rendue complice d'enlèvement et séquestration. Que son cas, ensuite, ait été pris en otage par l'obsession sécuritaire qui habite manifestement le gouvernement mexicain, que des erreurs de procédure aient été commises, qui méritaient la cassation, c'est possible. La Justice mexicaine a jugé le contraire. Ni l'indépendance de notre propre Justice, ni notre propre préservation de toute pratique de corruption, ne mettent hélas (encore) la France en position d'exiger quoi que ce soit, de la Justice ou du pouvoir mexicain. » Voilà ce qu’écrivait Daniel Schneidermann  dans une chronique matinale du  15 février 2011 d’Arrêt sur Images. Outre que l’accusée, dans ses entretiens, ne se contentait pas de clamer son innocence, Libération dans un article signé de Léonore Mahieux, à Mexico – qui doit peut-être aussi s’intéresser à la presse locale – dénonçait l’invraisemblable affaire Cassez.N’ajoutons pas que le procureur aurait pu, sans se plonger dans les méandres du dossier, lire l’article de wikipedia (mais ça doit être du dernier ringard que de se documenter sur wikipedia).

 

 

La mise en scène du « flagrant délit »

florence cassezGenaro García Luna,à l’époque chef d’une sorte de GIGN mexicain, pour la mise en scène, fait mieux que notre Hortefeux quand il convoque la presse pour une opération à grand spectacle dans une cité de banlieue. Là, c’est arrestation en direct, libération d’otages et découvertes de stocks d’armes devant les caméras de TV Azteca et Televisa ! Le matin du 9 décembre 2005 au ranch d'Israël Vallarta, la police arrête, en flagrant délit, Florence Cassez et son ex-compagnon car trois personnes kidnappées étaient retrouvées sur les lieux : Ezequiel Yadir Elizalde Flores, Cristina Ríos Valladares et son fils Cristian Ramirez Rios âgé de 10 ans. Pour les deux chaînes de télé, la française rousse est coupable, forcément coupable !

 

Sauf que toute cette opération est bidon. C’est le 8 décembre 2005, qu’elle a été arrêtée sur une autoroute à une cinquantaine de kilomètres de Mexico en compagnie d'Israel Vallarta Cisneros. La voiture ne contenait pas d’armes. Quant à la présence d’otages dans une cabane de jardin, elle est invraisemblable. Le jardinier et un couple voisin possédait la clé de la cabane et n’y ont jamais vu trace de personnes séquestrées.

 

 

Les témoignages sont donc les seuls éléments sur lesquels dit s’être appuyée la Justice mexicaine, après que Genaro García Luna, confondu en direct par sa victime Florence Cassez, a dû avouer le trucage de l’arrestation. Mais c’est justement peu après cette émission, où F. Cassez était intervenue téléphoniquement, que deux des témoins retrouvent bizarrement la mémoire. Seul Ezequiel Yadir Elizalde avait, d’entrée, reconnu F. Cassez ; ses versions successives et un mensonge flagrant rendaient son témoignage peu crédible. Mais, trois mois après, Cristina Ríos Valladares et son fils reconnaissent formellement F. Cassez, à cause de son accent français.

 

FlorenceCassezElUniversal07032009Portadav255  « On constate, en révisant le registre d'entrées du parquet chargé de la délinquance organisée (Siedo), que la famille y a passé toute une journée en compagnie des policiers qui ont participé au montage [de l’arrestation bidon]. Il n'existe pourtant aucune déposition datée de ce jour-là, seul motif possible de leur présence sur les lieux. Pourquoi ont-ils été convoqués par la Siedo quelques jours avant de changer radicalement leurs déclarations ? » *

Florence Cassez est donc condamné à 90 ans, ramenés à 60, pour enlèvement, séquestration, délinquance organisée et possession d'armes à feu et de munitions à l'usage exclusif des forces armées sur la base de ces seuls témoignages.

 

Le complice toujours pas jugé

Aussi machiavélique que certains médias mexicains la présentent, elle n’a pu faire ces enlèvements seule. Elle aurait au moins un complice avéré, son ex-amant, Vallarta (qui, au demeurant l’innocente). Les deux auraient dirigé un gang du Zodiac. « Si Vallarta a avoué être un kidnappeur, une expertise de la Commission nationale des droits de l'homme du 9 décembre 2005 indique qu'il a été torturé : multiples traces de coups, brûlures sur les parties génitales, etc. Il est accusé d'être le chef et le négociateur. Mais une expertise indique que la voix enregistrée lors des négociations n'est pas celle d'Israël Vallarta. »*

 

Surtout, Vallarta n’a pas été jugé en même temps que sa prétendue complice. Il n’est toujours pas jugé. La justice mexicaine aurait-elle voulu démontrer son iniquité qu’elle ne s’y prendrait pas autrement : elle juge la seule francesa et non l’ensemble de la bande à commencer par celui qu’on présente comme son chef.

 

Pression politique sur les juges ?

 

Mais, Florence Cassez a aussi perdu devant l’équivalent de la Cour de cassation et Arrêt sur images, décidément anti-Cassez, de citer un ex-commissaire, Georges Moréas : "Les défenseurs de Florence Cassez montrent du doigt la justice mexicaine, cherchant à démontrer qu’elle est assujettie au pouvoir politique", écrit Moréas. (...)" Pourtant, les trois hauts magistrats qui viennent de prendre la décision de refuser l’amparo déposé par la jeune femme semblent des personnalités respectables du monde judiciaire, et non des béni-oui-oui du régime".**

 

florence cassez proceso

 

Sauf erreur, @si oublie de citer, en contre-point, Courrier International : « Selon l’hebdomadaire Proceso, la justice mexicaine aurait subi de fortes pressions politiques dans l’affaire Florence Cassez. Le secrétaire du président Felipe Calderón, Roberto Gil Zuarth, aurait rencontré le président de la Cour Suprême et trois magistrats du septième tribunal de Mexico le 10 février, quelques heures avant que ce tribunal émette son verdict concernant le pourvoi en cassation déposée par la Française. "Si Cassez est déclarée innocente, cela entraînera non seulement la chute du ministre de la Sécurité Publique Genaro García Luna, mais cela contribuera à réduire à néant la lutte du gouvernement contre le crime organisé", aurait déclaré Roberto Gil Zuarth. Le journal ajoute que les magistrats nient avoir participé à une réunion de ce type. »

 

 

« L'affaire Cassez : un enchevêtrement d'histoires qui, toutes, ressemblent à celle du protagoniste d'un documentaire mexicain intitulé "Présumé coupable". L'avocat et réalisateur, Roberto Hernandez estime que, dans son pays, "l'injustice est légalisée. C'est un système dans lequel on t'arrête sans mandat d'arrêt et on t'accuse sans preuves".

Des violations qui sont monnaie courante au Mexique, n'en déplaise à tous ceux qui osent, en ces temps de crise diplomatique, défendre la justice et la police mexicaines. Et ce n'est pas minimiser les failles de la France que de dénoncer celles du Mexique. »*

 

 

* Citations tirées de la remarquable tribune « Au Mexique, l’arrestation de Florence Cassez n’est qu’un montage médiatique et policier » de Léonore Mahieux, Emmanuelle Steels et Anne Vigna, toutes trois correspondantes de la presse française au Mexique (Le Monde du 23/02/11)

 

** Les commentaires qui suivent l’article sur son blog sur l'affaire Florence Cassez sont pour beaucoup affligeants de beaufitude.

 

Pour compléter :Preuves Fabriquées/Culpabilité fabriquée (article de Proceso du 06/XII/2009)

 

Le frère de l’ex-amant de Florence Cassez ayant été arrêté fin avril 2012 la police mexicaine diffuse une Fausse info : Mario Vallarta n’a pas accusé Florence Cassez (rappelons qu’Israel Vallarta n’a toujours pas été jugé, alors que F. Cassez était censée être sa complice).

 

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