A dire vrai, après avoir lu les deux première lignes de la chronique hebdomadaire de Schneidermann, j’étais passé à autre chose. J’y suis retourné car deux tribunes sévères m’ont alerté. Article dominical paresseux donc, car fait surtout d’extraits.
Commençons donc par la chronique attaquée (extraits).
« Question (…) que pose l’affaire Dieudonné : que se passe-t-il donc dans le cerveau, pas forcément malade, de ses spectateurs ? […]Le plus simple est sans doute de s’immerger dans la dieudosphère […] Tomber (…) sur un sketch en ligne, une conversation de Dieudonné avec Robert Faurisson, oui, le vrai Faurisson, le professeur négationniste des années 80, aujourd’hui octogénaire, et à qui Dieudonné a offert une seconde vie sur la Toile, en le promouvant comparse occasionnel de ses spectacles.
Le dispositif est donc particulièrement pervers. Dieudonné vilipende l’infâme Dieudonné. Faurisson conchie l’horrible Faurisson. Dans cet imparable dispositif, les deux comparses s’en donnent à cœur joie. Et voilà qu’on rit. On rit de l’ignoble culot de ces deux desperados contre les bien-pensants. […] Evidemment, on s’effraie de rire. […] Mais cet effroi même surprend. […] Qu’ai-je à craindre, de cet autre moi qui rit ? Qui rit certes de ce dont il ne devrait pas rire. Dont on lui a appris à ne pas rire. Si longuement appris. Non pas interdit, non jamais, pourquoi une interdiction eût-elle été nécessaire ? Mais appris, avec de belles images, Schindler, Holocauste. Avec des textes poignants, Anne Frank, Primo Levi. […] Voici que l’on découvre en soi une sorte de monstre d’innocence et d’insoumission.
Réfléchir à ce conditionnement, à sa force, à sa fragilité. Se haïr d’ailleurs d’appeler cela conditionnement, d’oser ce mot… »
Dommage pour Schneidermann, un autre sketch Dieudonné-Faurisson, qui l’aurait certainement fait tordre de rire, semble avoir été mis à la trappe. Le vendredi 26 décembre 2008, lors de la dernière représentation de son spectacle J’ai fait l’con, et en présence de nombreuses personnalités, dont Kémi Séba, Jean-Marie Le Pen et d’autres membres du Front national, Dieudonné a invité le négationniste Robert Faurisson sur scène, a demandé à la salle de l’applaudir et lui a décerné « le prix de l’infréquentabilité et de l’insolence ». Faurisson s’est vu remettre un trophée en forme de chandelier sur lequel sont plantées des pommes par un comparse vêtu d'une tenue de déporté, avec une étoile jaune sur la poitrine et le mot juif inscrit dessus !
Didier Daeninckx ne partage pas un commentaire élogieux d’un john_doeuf (concurrent du grand concours du pseudo le plus con): un grand bravo pour ce point de vue éclairé
"c’est la première fois que je suis pris de dégoût devant la prose d’un journaliste décomplexé […]
J’ai fait l’effort de regarder le spectacle le Mur, les prestations vidéo du tandem Dieudonné - Faurisson. Exhibitions sinistres qui ne m’ont pas arraché le moindre sourire. Bien au contraire, la nausée s’est installée dès les premières minutes, née tout autant des insultes aux victimes que de l’obscénité du dispositif. Si, lorsque Dieudonné évoque votre confrère Patrick Cohen, vous vous êtes amusé à l’allusion sur la réouverture des chambres à gaz, vous n’avez pas fini de rire avec vos «salauds culottés».
Dieudonné et Faurisson ont déposé une plainte pour antisémitisme à l’encontre du président de la Licra. Impayable non ? Tenez-vous les côtes : Youssouf Fofana, tueur de juif dans le civil, s’y est associé. Le trio d’humoristes argumente en ces termes à propos d’une intervention du président de la Licra assimilant le geste de la quenelle à un salut nazi inversé et une sodomisation des victimes de la Shoah :« La sodomie ne pouvant être réalisée que sur des restes calcinés de corps humains sortis des fours crématoires nazis, et pire encore après qu’ils aient été transformés en savon, le caractère injurieux des propos de monsieur Jakubowicz atteint l’entièreté totale.»"
"Tant de choses ayant été écrites sur «l’affaire Dieudonné», comment notre contre-journaliste pouvait-il encore briller ? s’interroge à son tour Philippe Corcuff Maître de conférences de sciences politiques à l’IEP de Lyon, militant de la Fédération anarchiste. Notre explorateur en narcissisme journalistico-politique découvre en lui-même «une sorte de monstre d’innocence et d’insoumission».
[…] Notre gourou de la critique médiatique des médias ajoute un autre trouble au trouble initial : l’absence d’éthique de responsabilité par rapport au contexte dans lequel tombent ses paroles. Car il n’hésite pas, dans ses circonvolutions, à donner un certain brevet de rebellitude aux dieudonnistes. N’observe-t-il pourtant pas qu’une humeur idéologique néoconservatrice aux tonalités xénophobes se trame aujourd’hui(…) ? Avec un pôle aux dérapages antisémites incarné par Dieudonné et Alain Soral et un pôle aux dérapages islamophobes et négrophobes représenté par Eric Zemmour et Alain Finkielkraut. …"
Schneidermann ou l’art sournois du dégommage diffamatoire
On a vu, ci-dessus avec quelle maestria l’ex animateur d’une excellente émission télé – arrêt sur images – sortait des saloperies tout en se défendant de ce faire. Ah ! ce « Réfléchir à ce conditionnement [par conditionnement entendez les cours d’histoire sur l’Holocauste et la lecture de textes d’Anne Franck et Primo Levi...] Se haïr d’ailleurs d’appeler cela conditionnement » Plus faux-cul ? difficile !
Mais, talent complémentaire, il manie aussi l’art de diffamer sans diffamation.
Or donc, l’Avenue Foch, qui relie la Place de l’Etoile-Charles De Gaulle au périphérique, deux fois plus large que les Champs-Elysées, fait l’objet d’une proposition urbanistique ambitieuse pour les uns, farfelue pour Goasguen, maire UMP du XVIe.
Illustration du fameux proverbe, Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt, le gourou des médias, s’est intéressé pas tant à la proposition qu'à celui qui l’a lancée, Marc Rozenblat.
"Quant à Rozenblat lui-même, […] une petite recherche Google nous en apprend davantage sur lui. Ancien président de l'UNEF-ID, vieil allié de Monopoly des ex-trotzkistes de la direction du PS (Jean-Christophe Cambadelis et Jean-Marie Le Guen, "l'un des premiers à croire au projet" selon le JDD) , recyclé depuis lors dans le business, quelque part entre les assurances et la promotion immobilière, son nom apparait dans plusieurs scandales ayant éclaboussé la mouvance, de l'affaire de la MNEF, au dossier Julien Dray (même si, dans cette dernière affaire, Rozenblat a fait condamner Mediapart pour diffamation, en première instance et en appel)." (c’est moi qui souligne)
Tout y est et même pire, puisque le lien mis dans son texte sur « en première instance et en appel » ne renvoie absolument pas à ces condamnations, mais à un article de 2009 sur Mediapart, intitulé « L'enquête de la brigade financière accable Julien Dray »* ! A noter aussi que J. M. Le Guen, cité, a bénéficié d'un non-lieu dans l’affaire de la MNEF. Mais, bien sûr, si le chroniqueur donne son nom et évoque l’affaire, il ne dit pas explicitement que Le Guen y est impliqué. Pas folle la guêpe. L’insinuer suffit. Quant au fameux dossier Julien Dray, il s’est conclu par un rappel à la loi, qui n’est certes pas flatteur pour un parlementaire, sur une somme de 7000 €, donc rien à voir avec la myriade de chèques qu’évoquait Mediapart. Et on notera au passage le subtil " " qui tendrait à montrer que dans l'affaire MNEF, Rozenblat était éclaboussé, or, sauf preuve du contraire, il n'y a pas été inculpé ! Décidément, la calomnie sournoise poussée à ce point relève du grand art.
Et n'a rien à voir bien sûr avec le projet que Rozenblat lance pour l’Avenue Foch.
* Il y est peut-être fait mention de la condamnation de Mediapart, bien que le titre rende la chose peu probable, mais l’article est réservé aux abonnés.
NB Parmi les anciens trotskystes de la mouvance Lambertiste (AJS-OCI à l'époque), on trouve aussi Jospin et Mélenchon, notamment.
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