Qui élit-on aux cantonales ? Les cantonniers. (perle de cancre)
Me voilà donc candidat cantonnier suppléant. Car j’ai découvert qu’il y avait maintenant un(e) suppléant(e) au (à la) candidat(e) aux élections cantonales (du sexe opposé : si le candidat est un homme, le suppléant est une suppléante et inversement ; en principe c’est pour favoriser la féminisation des conseils généraux : pour ce faire, il suffisait d’adopter dans les départements le même système que pour les municipales ou les régionales, mais non c’eût été trop simple).
D’abord candidat putatif sur une liste municipale et alors même que j’avais généreusement laissé ma place toute virtuelle pour éviter une élimination toujours délicate, je me suis donc retrouvé suppléant d’une candidate de la gauche unie (bien sûr) mais verte (même si elle est rousse).
Hasard et nécessité.
Quand, il s’agissait, aux élections précédentes, de recueillir l’héritage d’un conseiller sortant en principe PS (mais fortement teinté de « chasse, pêche, nature et tradition »), pas de problème pour trouver un volontaire (mâle, bien sûr). Mais le canton ayant été gagné haut-la-main par un Villiériste grand teint, Villiériste qui se représente, ça s’est si peu bousculé au portillon, que la candidature a été généreusement cédée aux Verts. Un suppléant était pressenti, mais il était lui présent et incontournable sur la liste municipale. Pour ne pas mélanger les deux élections qui, pour se dérouler le même jour, n’en sont pas moins de nature différente, on s’est retourné vers celui qui… (voir plus haut).
Il n’est pas besoin d’espérer, pour résister. Même si les chances de faire échec au sortant sont très faibles, il ne pouvait être question de le laisser sans adversaire de gauche.
Cet ex-diplomate se présente comme le meilleur « ambassadeur » du canton : cela reflète bien la réalité du fonctionnement d’un conseil général aux ordres. Le candidat MPF l’avoue cyniquement : ce sud Vendée qui n’a pas appartenu à la Vendée militaire*, la Vendée bocagère, qui d’ailleurs a son cœur en Anjou dans les Mauges, est étranger donc aux préoccupations de not bon maîtr Philippe : il lui faut un ambassadeur !
Principal à Montaigu, le canton où le Vicomte Le Jollis de Villiers de Saintignon se fait élire par les manants, j’ai assisté pendant trois ans, lors de l’inauguration de la foire-exposition annuelle au ballet des maires du canton venant quémander quelques subventions, tandis que le hobereau écoutait leurs requêtes avec condescendance.
Au bout de trois ans, non sans discussion opiniâtre (le service des collèges s’appuyait sur des textes techniques qui dataient des années 70 : j’ai pu le contourner pour discuter avec le directeur de cabinet du tout puissant président), j’ai pu obtenir une rénovation complète avec notamment un CDI digne de ce nom.
Passant à Luçon, il m’a bien fallu mes sept années de direction pour obtenir une rénovation extérieure d’un bâtiment béton (mais les pignons ont été oubliés) et si le principe de la remise en état intérieure était, en principe, acquis, plus de quatre ans après rien n’est fait ! Et là plus question de m’adresser au cabinet ni même d’obtenir un rendez-vous, quant au courrier, sans réponse. Jusqu’au jour où, à l’occasion d’une réunion du conseil général décentralisé (un gadget qui a fait long feu), dans son discours d’ouverture, du haut de son estrade, not bon maîtr apprit à la plèbe, dont j’étais, que le collège que je dirigeais allait être rénové de fond en comble. Et un peu après, le Directeur adjoint des services, un fonctionnaire donc, pas un politique, de m’interpeler avec morgue : « Vous voyez bien, ça ne servait à rien de nous envoyer vos courriers inouïs ! » Le rappel au minimum de politesse, consistant à répondre au courrier, n’en fit pas un ami.
Eh oui, avec le Vicomte, on est loin de l’élégance aristocratique : ce sont plutôt des mœurs de spadassins dans ce régime quasi-féodal.
Mœurs qui s’étalent presque au grand jour dans notre tranquille « évêché crotté du bas Poitou ». Notre ex-diplomate, bien que totalement parachuté, avait réussi à conquérir la municipalité de Luçon, ville longtemps dirigée par un radsoc modèle Crépeau (le Maire voisin de La Rochelle, à l’époque). Devenu député européen sur la liste de Villers et visant donc le conseil général, il avait cédé, aux dernières municipales, la tête de liste à un premier adjoint qui jouait les benêts avec un tel naturel qu’il lui semblait un successeur inoffensif et manipulable à l’envi. Mais le benêt s’est libéré de la tutelle ; certes son accès à la tête d’une UMP départementale squelettique s’est traduit par une grande docilité envers le seigneur de Vendée, mais lorsqu’il a fallu construire une liste, il n’a pas cédé au diktat pas du tout diplomatique de son prédécesseur. L’heure est donc aux menaces des plus violentes, le raffiné président des actions culturelles est prêt pour la baston contre le traître à qui il avait trop généreusement cédé le fauteuil de maire !
Les luttes fratricides sont les plus féroces !
Les chances de voir la gauche reprendre sa place dans le sud-Vendée sont évidemment faibles. Mais les électeurs seront peut-être tentés d’envoyer les frères ennemis continuer à se battre comme des chiffonniers, mais sur la touche. Le candidat MPF a tout à perdre. La candidate de gauche pourra témoigner d’une conception de l’élue digne et non courtisane.
Bon, j’arrête de vous lasser avec mes petites histoires bas-poitevines…
* Lors de l’inauguration d’un collège ex-Pailleron complétement rénové, dans son discours, le Vicomte se tourne vers un élu local en lui dit en substance : « Vous voyez que, malgré l’histoire, le pays des Olonnes n’est pas oublié » ; esprit de l’escalier, ce n’est qu’après coup que j’ai compris qu’il faisait allusion à la résistance républicaine des Sables-d’Olonne qui n’étaient pas tombés aux mains des « vendéens » !