La chambre de l'instruction de Versailles a rejeté ce vendredi une ordonnance de renvoi devant une cour d'assises de Guillaume de Villiers, fils du député européen Philippe de Villiers, accusé de viols en 1995 et 1996 sur son frère cadet, Laurent.
Le Vicomte Le Jolis de Villiers de Saintignon– déchu de sa vicomté vendéenne par un vil manant, véritable Brutus du bocage – peut pousser un grand « ouf » de soulagement : déjà le parquet, dans sa grande sagesse, avait demandé un non lieu pour la plainte du cadet Laurent contre son frère aîné Guillaume, mais le juge d’instruction, sans doute un juge rouge, avait prononcé un renvoi en cour d’assises. Du coup, ça y est, « Le fils perdu du clan Villiers » a tout perdu (fors l’honneur diraient de mauvaises langues).
Certes Laurent, la prétendue victime de viols par son frère, a bien reçu le 2 septembre 2006, un courriel du grand frère quelque peu étonnant. « Ce que tu as subi par moi est grave […] Je crois que j’ai toujours inscrit en moi une certaine fragilité affective que suite à la révélation des violences que tu avais subies j’ai dû combattre vraiment. Mon mariage m’a mis sur la voie de la guérison […] J’assume avec sérénité les faits et je souhaite assumer jusque dans les contraintes où le destin voudra bien m’amener. Lorsqu’un jour les parents ont su, j’étais réduit à l’acceptation totale de l’humiliation absolue. Comme toi, mais le criminel conscient doit regarder son visage avec un œil plus lourd que la victime flétrie. J’avais réalisé que ma plus lourde pénitence serait celle de savoir que jamais je ne ressemblerais aux modèles qui avaient bercé mes mythes adolescents. Bayard, Du Guesclin, Charrette… Ces mythes historiques n’ont pas sur la conscience de si tristes faits. Imagine Chrestien de Troyes avec un héros incestueux et obscène. Amitiés fraternelles, UDP » (Unité de prière sic).
Pour le procureur, le ton est certes grandiloquent (il aurait pu ajouter que le propos est par moment totalement puéril), mais il ne s’agit que d’évoquer le fait d’avoir été surpris par le petit frère en train de se masturber devant un film porno (« grave », « violences subies », « criminel », « victime flétrie », « incestueux » : tout ça pour avoir été surpris en train de se pignoler ! de fait il est vraiment grandiloquent).
« Un garçon notoirement mythomane », comme dit élégamment Me Varaut, avocat de l’aîné, à propos du cadet.
Donc, à partir de ce traumatisme visuel, le jeune Laurent se serait fabriqué tout un cinéma pervers.
Déjà, quand il décrit le contexte famillial, on détecte la contre-vérité : "Dans une fratrie de sept enfants élevés dans un milieu catholique traditionnel imprégné de culture royaliste", avec "un père incapable de faire la loi à la maison. C'est ma mère qui faisait régner l'ordre, voire la terreur". Oser parler de « terreur » au sein d’une famille vouée au culte de la révolte vendéenne contre les horribles « bleus », c’est comparer sa mère aux colonnes infernales. Et affirmer que le père était incapable de faire la loi chez lui relève du crime de lèse-vicomté. En revanche, il y a peut-être du vrai (le mensonge doit toujours avoir des éléments véridiques pour étayer le reste) dans la description du repas dominical : les 7 enfants se taisent et écoutent le père absent toute la semaine : « Ma mère faisait le gendarme […] Mon père lui racontait ses faits d’armes. »
Les rapports incestueux, que son frère lui imposait, sont bien sûr imaginaires. Guillaume lui demandait d’emporter avec lui ses jouets dans sa chambre, ainsi un parterre de GI Joe (des jouets d’origine étatsunienne, chez le président du MPF ?) au pied du lit servirait d’alibi si on les surprenait. On conviendra qu’un gaillard de 7 ou 8 ans son aîné aurait pu difficilement faire croire qu’il s’amusait avec les jouets du petit frère. Petit frère qui prétend, faussement puisqu’il n’y a pas matière à poursuites, que le grand est passé d’attouchements, à la fellation réciproque puis à la sodomie. Est-ce possible dans une demeure perpétuellement fréquentée par des bonnes sœurs et des curés, confite dans une dévotion que Mgr Lefebvre bénirait des deux mains.
Quand il a, une première fois, porté plainte, sa mère, fort justement, le traite de fou et son père, tout aussi légitimement, fait une conférence de presse pour dire que son fils ment et qu’il complice d’une horrible manipulation politique à son encontre. En fait, la victime c’est lui, le président du MPF !
Que dire de la description d’une prétendue réconciliation, qu’il a dû inventer de toutes pièces, où Guillaume, en larmes, se serait jeté à ses genoux, devant toute la famille réunie pour implorer son pardon. En fait, cette réunion n’avait pour but que de lui faire admettre de dire, comme il le prétend d'aileurs, "au juge que je n'étais qu'un menteur, que cette histoire de viol ne s'était jamais produite et que j'avais tout inventé uniquement dans le but de nuire à la carrière [de son père] ! " Le fils indigne a finalement renoncé à aller à Canossa. Mais la justice veillait.
Mais tout est bien qui finit bien… quoique…
Sources : « Le fils perdu du clan Villiers » Nel Obs, Libération 17/XII/10, 20 minutes
Rebondissement : la Cour de Cassation, le 7 décembre 2011, a annulé la décision de la Cour d'appel de Versailles et a renvoyé l'affaire à la Cour d'appel de Lyon...
Epilogue : La cour d'appel de Lyon a décidé de ne pas renvoyer Guillaume de Villiers pour viol devant une cour d'assises, malgré les accusations portées contre lui par son frère cadet Laurent, dont l'avocat a cependant aussitôt annoncé un pourvoi en cassation.
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