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20 mars 2025 4 20 /03 /mars /2025 18:52

Avec Trump nous voyons sombrer le néolibéralisme et la mondialisation. Son retour farouche à l’État renoue aussi avec celui de l’espace vital : l’État a besoin de tout dans ses frontières, et non dans ses échanges commerciaux. Il renoue aussi avec deux fondements de l’impérialisme étatsunien : la doctrine Monroe complétée par la politique du big stick (gros bâton) et la croyance messianique d’une Destinée Manifeste des E-U assignée par la divine providence.

Source Le Monde

Source Le Monde

Lors d’une conférence de presse, puis devant le congrès, Trump affirme donc sa volonté de faire, dans une Anschluss à sa façon, du Canada le 51 état des E-U, affublant le 1er ministre canadien du titre de « gouverneur », de reprendre possession du canal de Panama et, quant au Groenland ce « très grand territoire » dont les Américains ont « vraiment besoin pour la sécurité internationale » : « Je pense que nous l’obtiendrons – d’une manière ou d’une autre, nous l’obtiendrons. »

Monroe, big stick et Manifest Destiny

Guerre 1812-1814, la Maison Blanche incendiée par les Britanniques le 24 août 1814

Dès la Révolution américaine – la révolte des colons contre la métropole dirigée par Georges Washington – les troupes insurgées tentèrent d’incorporer le Canada à la future confédération, la bataille de Québec du 31 décembre 1775 signa leur échec. La volonté annexionniste se réveilla en 1812, pour se solder par un match nul (les troupes anglaises allant quand même jusqu’à Washington faire flamber la Maison Blanche). Puis, au lendemain de la guerre de sécession, quelques milliers d’anciens combattants d’origine irlandaise, les Fenians, pour affaiblir l’Angleterre, vont mener des attaques au Canada de 1866 à 1871 (les E-U fermant les yeux sur leurs raids chez le voisin du nord). Il y a donc un passé annexionniste. Mais qui n’a provoqué aucune velléité de rattachement, chez les Canadiens. Et il faudrait les convaincre que le bien être social dont ils bénéficient est à jeter aux orties, même si le trumpisme est maître dans l’art de faire passer le faux pour le vrai et la protection sociale pour une atteinte à la liberté. 

Et il se peut même que les canadiens aient un certain attachement à leur indépendance.

Quant au Panama, la naissance même de cet état en 1903 est l’illustration de la politique du gros bâton chère à Théodore Roosevelt : la province colombienne de Panama devient indépendante, car le parlement colombien avait eu l’audace de refuser les conditions léonines imposées par les E-U qui voulait reprendre la construction d’un canal laissé en plan par de Lesseps. L’état, créé grâce aux canonnières étatsuniennes, concéda donc une bande de dix milles, propriété des E-U. Un état qui se réserve le droit d’intervenir dans la politique panaméenne, en principe jusqu’en 1936, mais en fait jusqu’en 1989, pour une « just cause », bien sûr, déposer le dictateur Noriega. Le canal avait été remis au Panama en 1977, avec abandon, progressif, des infrastructures civiles et militaires. C’est ce que Trump semble vouloir invalider.

Trump propose donc un retour sur deux concepts anciens et déterminants de la politique étatsunienne qui ont connu, depuis le XIXe siècle, des intensifications, des modifications et des actualisations. D’abord la doctrine Monroe – pas Marilyn mais James 5e président (1817-1825) – et la croyance messianique dans une Destinée Manifeste, une prédestination divine, sur laquelle les États-Unis ont basé leur expansionnisme continental puis international.

Monroe, big stick et Manifest Destiny

Caricature de 1904 montrant Roosevelt armé de son « gros bâton » (big stick) en train de patrouiller dans la mer des Caraïbes.

La doctrine Monroe se résume dans la formule America for Americans (L’Amérique aux Américains). Les Européens n’ont pas (plus) à intervenir dans les affaires américaines. Mais l’ambiguïté du mot «Américain » qui désigne bien sûr tous les habitants du continent, mais que ce sont auto-attribués les étatsuniens, fera que cette doctrine sera utilisée non seulement pour donner du fil à retordre au Royaume-Uni en Amérique centrale, mais aussi pour soutenir le Texas, pour conserver Porto Rico et, à la manière du Panama, Cuba. Politique du big stick, du gros bâton, préconisé par Théodore Roosevelt qui servit à intervenir en tout point du continent chaque fois que les intérêts publics ou privés nord-américains étaient en jeu. Pendant la guerre froide elle aboutira à planifier des coups d’état en Amérique centrale et du Sud.

La doctrine Monroe concerne, bien sûr, le Groenland puisqu’il est inclus dans la plaque tectonique américaine.

Monroe, big stick et Manifest Destiny

Cette œuvre, intitulée American Progress et peinte vers 1872 par John Gast, est une représentation allégorique de la « Destinée manifeste ». Dans cette scène, une femme angélique (parfois identifiée comme Columbia, la personnification du Progrès aux États-Unis du XIXe siècle), porte la lumière de la « civilisation » à l'ouest avec les colons américains, câblant le télégraphe dans son sillon. Les Amérindiens et les animaux sauvages fuient vers les ténèbres de l'ouest sauvage. (wikipedia)

Manifest Destiny, Destinée Manifeste, part de l’idée calviniste de la prédestination. Elle conçoit les États-Unis, cette bande colossale entre un grand Nord semi-habitable et un grand Sud catholique et papiste, comme une nation choisie pour entreprendre une destinée grande et incontestable – civilisationnelle, religieuse – par les autorités célestes. Un deuxième peuple élu, en quelque sorte.

L’expansion vers l’ouest, avec le massacre des indigènes, repose sur cette doctrine messianique. Elle justifie aussi la guerre de 1846 au Texas qui aboutira à l’annexion de plus de la moitié du Mexique, un état à la destinée évidemment médiocre ! A partir de la fin du XIXe siècle, la doctrine a été invoquée pour un interventionnisme en dehors du continent : Cuba, Porto-Rico, les Philippines, Samoa (ancienne colonie allemande). Avec Wilson, la Destinée Manifeste assume la mission de la démocratie mondiale,  ce qui conduit à des interventions en Amérique latine puis pour conclure la 1ère guerre mondiale.

Et maintenant avec Monroe et cette Destinée Manifeste dans nos bagages, allons voit le Groenland

Il y a longtemps que les E-U s’intéressent au Groenland. Dès 1867, sous la présidence du républicain Andrew Johson, une offre d’achat fut faite au Danemark pour le pack Islande+Groenland (la plaque tectonique américaine !). Pendant la seconde guerre mondiale, les États-Unis occupent le Groenland – et l’Islande – pour éviter que l’Allemagne s’en empare. En cette période, le Groenland coupé du Danemark occupé, bascule économiquement vers les E-U achetant leurs produits et leur vendant de la cryolithe, matière première pour la fabrication de l’aluminium dont le Groenland est le seul producteur. Les E-U construisent les aéroports actels et y implantent une base militaire, base réoccupée dans les années 50 – guerre froide –et dans laquelle s’est produit un « palomares », une bombe nucléaire perdue sous quelques tonnes de glace. Dès 1946, une offre d’achat est (re)faite au Danemark, puis en 1955, avant d’être reprise de façon tonitruante dans le 1er mandat de Trump en 2019. Le Premier ministre danois Kim Kielsen avait alors répondu par un refus expliquant à l’époque : « Le Groenland n’est pas à vendre (…) mais il est ouvert au commerce et à la coopération avec d’autres pays, y compris les États-Unis ».

Les États-Unis ne croient plus au libre-échange

Les États-Unis ne croient plus à l’ordre international, ne croient plus au libre-échange, ce fondement du néolibéralisme et de la mondialisation. Ce qui veut dire que nous ne sommes plus dans le néolibéralisme et la mondialisation, mais dans un retour farouche à l’État. Un État qui a besoin de tout dans ses frontières, et non dans ses échanges commerciaux. Tout. Même les routes commerciales internationales. Il lui faudra donc étendre ses frontières, d’une manière ou d’une autre.

Trump utilisera-t-il la force militaire au Groenland ? Nous ne connaissons toujours pas sa grammaire. Il suffirait en tout cas à Trump de promouvoir un mouvement nationaliste local – il existe déjà. Et soulever les griefs historiques et économiques et, par la suite, proposer un référendum pour l'indépendance (et on peut compter sur les cow-boys des gafa pour créer, aussi bien que les trolls poutiniens, une cyber-manipulation de l’opinion). Les Groenlandais gagneraient un État et, très probablement, perdraient un pays à cause du pillage des ressources. Mais dans la vie, on ne peut pas tout avoir.

Est-il possible que cette nouvelle droite, contrairement au nazisme, veuille nous bombarder uniquement dans une région de notre cerveau ? Aucune idée. En tout cas, il s’agit d’une nouvelle façon de faire de la politique, basée non seulement sur la confusion et le mensonge, en mode Wauquiez, mais sur la peur.

D’après Guillem Martinez Lo de Groenlandia

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12 mars 2018 1 12 /03 /mars /2018 17:10
Scandale à la Maison Blanche

Que Trump trompe sa femme avec une actrice porno, dans un pays où une simple turlutte a failli coûter son siège à un président, devrait lui causer soucis. Certes, c’était en 2006, mais son avocat personnel a  versé 130 000 dollars à la dame, pendant la campagne présidentielle, pour acheter son silence.

Scandale à la Maison Blanche

Stormy Daniels, une stripteaseuse devenue actrice porno (attention lien hard), raconte donc que l’actuel Président des États-unis, l’a draguée à l’occasion d’un tournoi de golf. Le président et ses avocats nient les faits. Dans la tourmente de la Maison Blanche, et dans l’attente que se concrétisent les investigations sur la filière russe, cela pourrait être curieusement la nasse dans laquelle Trump pourrait se trouver piégé. L’affaire est entre les mains d’un juge de Los Angeles. Stephanie Clifford, plus connue sous son nom d’artiste de Stormy Daniels, est un casse-tête imprévu pour le Président des Étas-Unis.

Le dossier numéro BC696568 a été enregistré à la cour supérieure de Californie sur plainte de la dame Clifford (alias Stormy Daniels et parfois Peggy Peterson). La plaignante vise Donald Trump qui, selon elle, se fait aussi appeler David Dennison ainsi qu’un cabinet-conseil, Defendan Essential Consultants LLC, dont le siège est dans le Delaware.

Selon la relation des faits par la plaignante, la demoiselle Clifford a entamé une relation intime avec le sieur Trump pendant l’été 2006 près du lac Tahoe, relation qui s’est poursuivie en 2007. Cette relation a inclus, entre autres choses, au moins une rencontre avec le sieur Trump dans un bungalow du Beverly Hills Hotel.

Scandale à la Maison Blanche

Clifford a raconté à maintes reprises cette aventure. Mais aux premiers jours d’octobre 2016, quand l’enregistrement de propos dégradants de Trump sur les femmes a été rendu public, le sieur Trump, avec l’aide de son avocat Michael Cohen, a cherché à la réduire au silence pour ne pas nuire à sa campagne présidentielle.

Scandale à la Maison Blanche

La plaignante affirme que le cabinet-conseil fut créé par Cohen pour cacher la source des fonds destinés à acheter son silence. Cohen lui présenta un accord de confidentialité dans lequel elle était nommée Peggy Peterson (PP) et Trump David Dennison (DD). Elle reçut 130 000 dollars pour prix de son silence.

La plaignante demande l’annulation de cet accord. Le plus plaisant est que, pour appuyer sa demande, elle a dû fournir au juge ledit accord de confidentialité en violation donc de ses termes. Et en lui donnant bien sûr le maximum de publicité, car les réseaux sociaux s’en sont emparés. Ainsi, le public a pu découvrir le monde opaque des accords de confidentialités chez les célébrités

L’accord stipule que si PP détient des informations confidentielles concernant DD, en particulier photos ou messages, elle doit les remettre à DD qui en détient la propriété intellectuelle (!). Elle ne doit bien sûr pas en faire état à qui que ce soit et communiquer les noms de toutes les personnes à qui elle a pu en parler avant l’accord. Si DD la soupçonne d’avoir conservé des informations il pourra entamer des actions légales contre elle. DD ne fera jamais état de cet accord, ni ne reconnaîtra son existence.

Scandale à la Maison Blanche

Elle a reçu 130 000 dollars. Mais en cas de violation, DD peut réclamer 1 million de dollars. Une instance arbitrale est désignée qui n'est autre que Cohen !

La sentence arbitrale secrète

L’avocat de Trump, Michael Cohen, le 27 février dernier, devant la possibilité que PP – notre Stormy Daniels donc qui déjà avait donné un entretien à People – se mette à bavarder et à rendre publiques certaines choses a pondu unilatéralement et en secret une sentence arbitrale renforçant l’accord de confidentialité. Personne n’aurait rien su de cette sentence secrète, si la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Huckabee, ne l’avait maladroitement évoquée en réponse à une question d’un journaliste.

En riposte, Stephanie Clifford rend en fait publique toute l’affaire en demandant l’annulation de l’accord devant une juridiction californienne.

Pour justifier sa demande elle argue que Trump (alias Dennison) ne l’a jamais signé. Du coup, l’avocat, Cohen, affirme que Trump n’a jamais rien su de cet accord et que c'est lui Cohen qui a payé les 130 000 dollars de sa poche ! L’avocat de Clifford de rétorquer qu’il est impossible que Trump n’en ait rien su car, si c’était le cas, Cohen violerait les règles du barreau puisque sa présence dans cette affaire ne se justifie que parce qu'il est le représentant légal de Donald Trump. De plus, ledit avocat avait reconnu le 13 février qu’un accord de confidentialité existait. Le fait de le reconnaître est une violation de l’accord. Par-dessus le marché, cette affaire des 130 000 dollars peut être considérée comme un don non déclaré à la campagne de Trump.

Scandale à la Maison Blanche

Il n’est pas sûr que si elle gagne, Clifford puisse vraiment acculer Trump. Si, conformément à l’accord, elle ne détient plus ni message ni photo, elle ne pourra que conter son histoire et ce sera parole contre parole. L’agressivité de l’avocat de Trump laisse à penser qu’il est convaincu que Clifford a gardé des éléments de preuve.

Mais si le juge californien estime qu’il peut se donner la peine d’étudier l’affaire, il mettra Trump et Cohen en grande difficulté. Clifford n’aurait plus guère besoin d’apporter des preuves matérielles, elle aurait gagné la bataille de l’image. Que Trump ait couché avec une actrice porno – un mauvais coup aurait-elle confié à une collègue – n’a guère d’importance, même s'il était marié. Mais qu’il soit prouvé qu’en niant cette liaison adultère, il a menti, on retrouve le péché mortel qui a failli emporter Clinton, le mensonge.

Sauf que c'est Trump et que ce qui a failli emporter Bill Clinton risque de glisser sur lui comme l'eau sur les plumes d'un canard ! Il ne se prénomme pas Donald pour rien...

Scandale à la Maison Blanche

 

 

Scandale à la Maison Blanche

17 Mars 2018

Donald Trump réclame 20 millions de dollars à l'actrice porno Stormy Daniels

Comme le dit l'avocat de la malheureuse, le fait qu'un président en exercice demande 20 millions de dollars pour des dommages non fondés à une citoyenne privée qui se contente de conter ce qui s'est passé réellement est incroyable ! Sans précédent dans l'histoire des E-U.

Mais avec Trump le pire est toujours sûr.

 

 

Scandale à la Maison Blanche

26 Mars 2018

Stormy Daniels assure que l’entourage de Trump l’a menacée physiquement devant sa fille

L’actrice porno assure que l’entourage du président Donald Trump l’a menacée physiquement devant sa gamine sur un parking de Las Vegas, après qu’elle avait donné un entretien à la revue « In touch » dans lequel elle racontait sa liaison avec Trump. Interview qui n’a jamais été publiée, la revue ayant cédé aux menaces de l’entourage de Trump.

Dimanche, Daniels, de son vrai nom Stephanie Clifford, a de nouveau conté, à la télévision, avec des détails scabreux, l’aventure sexuelle avec Trump. D’après elle, Trump lui avait promis de la faire venir dans un programme de télé, Celebrity Apprentice. Il n’en a rien été. Elle avait 27 ans et lui 60. Sa femme, Mélania, venait de mettre au jour un enfant.

 

Voir aussi :

Stormy Daniels évoque une relation sexuelle avec Trump et des menaces

 

3 mai 2018

Trump bascule sa défense dans l’affaire Stormy Daniels

Trump a radicalement viré de stratégie jeudi, en admettant avoir déboursé 130.000 dollars pour qu’elle se taise.

Scandale à la Maison Blanche

21 août 2018

Nouvelle héroïne, Karen McDougal, une playmate, elle-aussi défrayée par Michael Cohen qui a fini par plaider coupable et donc a confirmé le versement de sommes rondelettes pour acheter le silence des deux charmantes dames.

Michael Cohen’s hush money payments to Stormy Daniels and Karen McDougal, explained

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10 décembre 2016 6 10 /12 /décembre /2016 16:43
La bande à Trump
Manque aussi John Kelly (pressenti le 12/12/16 à la sécurité intérieure),Rex Tillerson (annoncé le 13/12/16 comme Secrétaire d'état) et Rick Perry (prévu le 15/12/16 à l'énergie)

Manque aussi John Kelly (pressenti le 12/12/16 à la sécurité intérieure),Rex Tillerson (annoncé le 13/12/16 comme Secrétaire d'état) et Rick Perry (prévu le 15/12/16 à l'énergie)

Mise à jour

Et deux de chute : après Mike Flynn démissionné pour causes de liaisons avec les Russes, c'est Andrew Puzder qui renonce... Pour succéder à Flynn, après avoir essuyé un refus, Trump a désigné le général H.R. Mc Master à la tête du Conseil de sécurité nationale.

 

Trump constitue une équipe à son image : climato-sceptique, anti Obamacare, détractrice de l’enseignement public, ennemie déclarée des musulmans, poutinophile et iranophobe… Avec quelques milliardaires bien sûr !

Entre un ex-général surnommé le chien enragé et une organisatrice de championnat de catch, entre un médecin anti-IVG et un ancien de Goldman Sachs, entre un négationniste du changement climatique et une milliardaire qui pourfend l’enseignement public, la future équipe – pour peu que chacun-e passe l’obstacle du congrès – de Donald Trump a tout pour combler d’aise le « populiste » Ruffin qui, depuis qu’il a été intronisé meilleur adversaire de la Le Pen, par Todd, ne se sent plus mictionner.

Rex Tillerson et Vladimir Poutine

Rex Tillerson et Vladimir Poutine

Rex Tillerson, patron d’Exxon Mobil, un géant du pétrole, proche de Poutine, a été officiellement désigné, ce mardi 13/12/16, par Trump comme futur Secrétaire d’état. Il supplante donc des candidats plus classiques, comme Mit Romney, dans la lourde charge de représenter la nouvelle administration dans un Monde très inquiet de l’arrivée de Trump à la Maison Blanche.

Tillerson a fait toute sa carrière à ExxonMobil, une entreprise qui fonctionne comme un état dans l’état et qui est alliée avec Rosneft, compagnie pétrolière d’état russe. Il a été décoré, en 2013, de l’Ordre de l’Amitié, des mains de Poutine. «Il est l'Américain qui a eu le plus d'interactions avec Vladimir Poutine à l'exception d'Henry Kissinger», dit de lui John Hamre, de l'institut d'études Center for Strategic and International Studies (CSIS) dont M. Tillerson est membre. Il avait manifesté son opposition aux sanctions, quand la Russie avait annexé la Crimée.

Tillerson dispose d’un impressionnant réseau de contacts. Dans certains pays, les dirigeants d’ExxonMobil, sont plus puissants que le Secrétaire d’état. Cette entreprise, héritière de la Standard Oil de Rockfeller, agit comme un état avec sa propre politique économique étrangère et même sa propre conception des droits de l’Homme ! (S. Coll, Private Empire).

Pendant longtemps, ExxonMobil a financé les groupes qui contestaient le rôle des activités humaines dans le réchauffement climatique. Cependant, Tillerson, contrairement à Trump, a fini par admettre la réalité du changement climatique. Reconnaissance formelle, puisqu’il a refusé de réduire les investissements dans l'exploration de nouveaux puits pétroliers pour lutter contre le réchauffement climatique. (El País )

La bande à Trump

James Mattis est prévu au Pentagone. Une sorte de Janus : chien enragé sur le champ de bataille, mais moine soldat pour sa vie solitaire hors combat. 66 ans, dont 41 dans les marines. Afghanistan, Irak. Son obsession anti-Iran aurait amené Obama à lui demander de prendre sa retraite, l’Iran dont il estime qu’il est la menace principale à l’établissement de la paix au moyen-orient.

Sans aucune expérience politique, ce défenseur de la torture qui s’interroge sur l’OTAN, partage l’attirance de Trump pour Poutine, son appui à la politique de Netanyahu en Israël, et rejette bien sûr l’accord nucléaire avec l’Iran.

La bande à Trump

Mike Pompeo, choisi par Trump pour diriger la CIA, fut un ennemi acharné d’Hillary Clinton, quand elle était secrétaire d’état. Ce charmant personnage, 52 ans, représentant du Kansas est un ultraconservateur du Tea Party. Ses discours incendiaires en ont fait une figure influente de la Chambre des représentants. En tant que membre de la commission de cette chambre qui a enquêté sur l’attaque du consulat de Benghazi qui a coûté la vie à l’ambassadeur US, Chris Stevens, il s’est acharné sur H. Clinton à qui il faisait porter la responsabilité du drame. Il considère aussi que le lanceur d’alerte Edward Snowden est un traître à exécuter. Il accuse les leaders de la communauté musulmane US d’être complices, par leur silence, de l’attentat de Boston. Et comme Trump il prône la torture (noyade simulée). Il fut un farouche opposant de l’accord nucléaire avec l’Iran !

Trump avec le Général McCaster

Trump avec le Général McCaster

Après le refus de Robert S. Harward, Donald Trump a nommé comme nouveau conseiller à la sécurité nationale Herbert Raymond “H.R.” McMaster, un général de 54 ans en exercice. Le président américain a fait cette annonce dans sa résidence de Mar-a-Lago en Floride. Le général Mc Master remplace ainsi Michael Flynn, qui avait été forcé de démissionner la semaine dernière après des révélations sur ses contacts avec l’ambassadeur de Russie à Washington.

“Contrairement à M. Flynn, qui a été son conseiller pendant la campagne électorale l’année dernière, le général McMaster n’a aucun lien avec M. Trump et n’est pas considéré comme un idéologue, ce qui était le cas de l’homme qu’il remplace” (New-York Times cité par Courrier International)

L’excellente réputation du général comporte néanmoins un point faible : son absence d’expérience politique, relève The Washington Post

La bande à Trump

Pour compléter Mike Flynn, un islamophobe convaincu, est prévu comme conseiller à la sécurité nationale. Un des seuls qui peut apporter un minimum d’expérience à l’équipe Trump, puisque cet ex-général a été, sous Obama, chef du service de renseignement du Pentagone, pendant deux ans. Il a donc quelques lueurs sur la lutte contre DAECH et les visées expansionnistes de la Russie ou de la Chine. Mais il partage avec Trump son islamophobie, son attirance pour Poutine et sa haine viscérale d’Hilary Clinton.

Il a été jusqu’à prôner l’extradition de Fetulá Gülen pour complaire à Erdogan.

Et ses détracteurs disent que son bref passage à la tête du service de renseignement du Pentagone est dû à son incompétence.

La bande à Trump

Le Général Flynn n'aura pas fait long feu : à peine nommé, il démissionne !

En effet, il a  "par inadvertance(sic) trompé le vice-président élu et d'autres personnes avec des informations incomplètes sur [ses] discussions téléphoniques avec l'ambassadeur de Russie".

La bande à Trump

Un raciste comme procureur général (en gros le ministre de la Justice), Jeff Sessions. Ce sénateur de l’Alabama a été récusé, en 1986, comme juge fédéral pour ses propos racistes : c’était la première fois, en 50 ans, qu’un président, en l’occurrence, Ronald Reagan, ne validait pas la nomination d’un juge fédéral.

30 ans après, triste revanche, il risque de se trouver à la tête du département de la justice. Département qui supervise le FBI, pilote le système des droits civiques du pays et met en branle des actions judiciaires qui vont de l’immigration à la lutte contre le terrorisme. En tant que sénateur, il a bloqué toute loi sur l’immigration et les sans papiers, ainsi que celles contre la torture.

La bande à Trump

Rien de mieux qu’un climato-sceptique à l’environnement ! Scott Pruitt est vraiment the right man at the right place. Comme Trump, ce procureur retraité de l’Oklahoma ne croit pas au rôle de l’homme dans les changements climatiques. Il a d’ailleurs, dans sa vie active, déployé tout son talent de juriste à tenter de bloquer les mesures de régulations d’Obama. Autant dire qu’avec un pareil responsable, les industriels du charbon, du gaz et du pétrole se frottent les mains. A la poubelle les mesures qui visent à limiter l’utilisation des énergies fossiles.

Les défenseurs de l’environnement clament qu’on veut mettre un pyromane à la tête de ceux chargés de lutter contre l’incendie.

La bande à Trump

Et quoi de mieux aussi, pour le pourfendeur du système, que de nommer un poids lourd de Wall Street, ex banquier de Goldman Sachs, Steven Mnuchin, à la tête du Trésor. Il est vrai qu’il ne sera que le quatrième « goldmaniste » à occuper le poste, après Timothy Geithner, Hank Paulson y Robert Rubin, nommés respectivement par Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton. Il promet qu’il n’y aura pas de baisse d’impôt pour les plus riches, sauf qu’il veut mettre en œuvre la réforme annoncée par Trump : 3 tranches d’impôt direct (12, 25 et 33%) au lieu des 5 sous Obama, la plus élevée atteignant 39,6%, donc pour la tranche la plus élevée, un cadeau de 6,6% ! Il est vrai que la majorité des électeurs dont les revenus dépassent 50 000 $ annuels ont voté Trump (le peuple disent-ils, à Marianne). Quant aux impôts des sociétés ils passeront de 35 à 15% et même à 10% pour un an pour les entreprises qui rapatrieraient des bénéfices déclarés à l’étranger !

Faut-il dire que ce Mnuchin, établi à son compte dans de fructueuses opérations spéculatives, après son passage à Godman Sachs, est à la tête d’une énorme fortune ?

La bande à Trump

Il travaillera avec Wilbur Ross, 78 ans, un autre spéculateur, chargé lui du commerce. Une sorte de Tapie, spécialiste de la reprise des entreprises en difficultés. C’est aussi un multimillionnaire (fortune estimée à 2 900 millions de dolars).

La bande à Trump

Andrew Puzder, patron d’une chaîne de fast food (3300 restos dans 28 pays), est chargé de l’emploi. Il est totalement opposé à la hausse du salaire minimum entrepris par Obama visant à passer de 7,25 $ à 10,10 $ avec objectif de 12 $ en …2020 ! Puzder estime que cette mesure entrave la croissance et l’emploi. Inutile de dire qu’il est farouchement opposé à l’Obamacare !

 

Lui, contrairement à Flynn, n'a même pas réussi à se faire nommer :il retire sa candidature plombée par des révélations sur d'anciens épisodes de sa vie personnelle

 

La bande à Trump

Puzder peut compter sur Tom Price, choisi par Trump comme Secrétaire à la Santé, pour liquider l’Obamacare. Médecin à la retraite, anti IVG, très lié à des associations médicales qui considèrent toute mesure fédérale comme oppressive, ce représentant de la Géorgie depuis 6 législatures, face à l’Obamacare, prônait des aides fiscales à la souscription d’assurance maladie privée.

La bande à Trump

Betsy DeVos, défenseure de l’école privée, choisie comme Secrétaire à l’éducation, appartient à une des plus grandes fortunes familiale des Etats-Unis. Pratiquement inconnue hors du Michigan, elle préconise la mise en œuvre d’un système qui donne toute liberté aux parents de choisir l’école de leurs enfants.  

La fortune de la famille DeVos est estimée à 5 100 millions de dollars. Les DeVos apparaissent comme d’importants bienfaiteurs entraînés par Warren Buffet. Ils ont ainsi fait des dons à des oeuvres allant des hôpitaux à des organismes de promotion des arts. Mais cette générosité finance aussi des actions contre le mariage homosexuel : il y a de la Boutin chez cette Betsy.

Elle dirige le mouvement American Federation of Children qui vise à abolir toute carte scolaire et à promouvoir les écoles privées, les « écoles charters », sorte d'écoles sous contrat financées par des fonds publics. Trump est au diapason qui a soutenu Eva Moskowitz, fondatrice des écoles charters new-yorkaises, Success Academy.

La bande à Trump

Ben Carson est désigné pour s’occuper du logement et du développement urbain. Ce concurrent de Trump lors des primaires républicaines est, pour le moment, le seul afroaméricain de la bande. Bien que Trump ait osé, pendant les primaires, l’accuser d’avoir un tempérament pathologique (!), le neuro-chirirgien a accepté une charge dans son administration.

Sur un ton de prédicateur, Carson s’est posé en champion du camp conservateur, récusant toutes aides aux minorités raciales et accusant Obama d’avoir fait perdre aux E.-U. sa boussole morale, conduisant le pays vers la décadence le la Rome Antique ! Il avait également qualifié la réforme sanitaire d’Obama de la pire chose que l’on ait connue depuis l’esclavage !

A l’instar de Trump, il avait mené sa campagne des primaires contre l’establishement et le politiquement correct ; créationniste et homophobe, proche du Tea Party, il ne dépare pas dans la future bande à Trump.

Le Parti démocrate s’interroge sur la capacité de ce médecin à la retraite à gérer une agence qui dispose d’un budget de 48 000 millions de dollars.

La bande à Trump

Du catch à l’administration des petites entreprises, on trouve la 2e femme, Linda McMahon.

McMahon et son mari sont les fondateurs de la World Wrestling Entertainment (WWE), une entreprise axée sur l’organisation et la diffusion de l’échelle mondiale, de spectacles de combats de catch. Entreprise qui a fait des affaires et des spectacles avec Trump, dont un combat des multimillionnaires où le futur président battit au catch, le mari de McMahon !

Elle a tenté en vain de se faire élire au Sénat.

Après la nomination de Trump aux primaires elle a fait un don de 6 millions de dollars au parti républicain, avec une contribution directe à la campagne de 150 000 $.

Pour Trump, une femme qui a fait passer une entreprise modeste de 13 personnes en une organisation internationale de 800 salariés a évidemment toutes les qualités pour promouvoir les petites entreprises et développer l’esprit d’entreprise.

La bande à Trump

L’ex-Marine John Kelly a été choisi par Trump comme futur secrétaire à la sécurité intérieure. Il sera le 3e général de la future administration. Cet ex directeur de Guantamano qui affirmait sans rire qu’on y respectait les droits de l’homme, cet ex responsable du Commandement Sud de l’armée – c’est-à-dire d’une aire recouvrant Caraïbes et Amérique latine, est sur la même ligne que Trump. Il a déclaré dans un communiqué : «Le peuple américain a voté lors de cette élection pour stopper le terrorisme, récupérer la souveraineté de nos frontières, et mettre fin à l'attitude politiquement correcte qui a trop longtemps régi notre approche de la sécurité nationale» .

C’est donc bien, comme le dit Trump, la personne adéquate pour diriger la mission urgente de freiner l’immigration clandestine, sécuriser les frontières et améliorer la coordination entre services de renseignements et forces de l’ordre. La construction d’un mur à la frontière du Mexique et la déportation massive des sans papiers – deux promesses de campagne de Trump – seront de sa responsabilité. (El País 12/12/16)

La bande à Trump

Quoi de plus normal que de choisir pour être à la tête du Secrétariat de l’énergie, un type qui prônait sa suppression ?  Donc Trump a choisi pour ce poste Rick Perry, ex-gouverneur du très pétrolier Texas, ex-candidat à la Présidence – et qui à l’époque disait pis que pendre de lui – qui promettait de le supprimer. Après Pruitt et Tillerson, le lobby pétrolier renforce son noyautage de la bande à Trump.

La bande à Trump

Voilà donc la bande de branquignols que Trump propose à la première puissance militaire et économique du monde, généraux, ploutocrates, politiciens de bas étages, partageant toutes ses haines, tous ses préjugés, toute son inexpérience ! Et alors qu’il a réuni sur son nom 2 millions de voix de moins que sa rivale, quelques idiots inutiles nous serinent qu’il est l’élu du peuple !

 

 

 

 

Source :

Así es el Gobierno que prepara Donald Trump (El Pais)

 

Voir aussi

Etats-Unis. Trump s'entoure de "faucons" (Courrier international)

 

La bande à Trump
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9 novembre 2016 3 09 /11 /novembre /2016 11:36

"La régression progresse."

Edgar Morin

TRUMP : le pire devient sûr !

Brexit, Trump… un monde s’effondre a écrit, avec clairvoyance – il pronostiquait la victoire de Trump alors que les résultats semblaient encore un peu indécis et il en tirait les leçons – l’Ambassadeur de France aux USA, Gérard Araud. Un diplomate qui fait honneur à sa profession et qui a donc déclenché un torrent de réactions haineuses.

TRUMP : le pire devient sûr !

« Le pire est toujours sûr » avais-je coutume de dire aux amis qui partaient au Maroc en voiture pour décrire le comportement erratique de nombreux conducteurs autochtones.

Mais c’est mondialement que le pire devient de plus en plus sûr.

De sinistre pitres comme Boris Johnson ont amené au Brexit qui réveille la xénophobie rampante en Grande Bretagne. Un psychopathe meurtrier, Rodrigo Duterte,  a pris la tête d’un pays de plus de 100 millions d’habitants, les Philippines. Erdogan étrangle lentement mais sûrement la démocratie en Turquie. Orban en Hongrie et Jaroslaw Kaczynski en Pologne tentent de suivre la même voie...

TRUMP : le pire devient sûr !

Et Poutine voit le candidat qu’il a soutenu, via Wikileaks, accéder à la Présidence des USA. Ce croisement de Ménard et Bolloré à la mode étatsunienne ferait passer l’Estrosi texan, G. Bush-junior, pour un surdoué, tant il a accumulé de stupidités.

Et sa victoire donne des ailes à nos trumps nationaux Sarkozy-Le Pen ! Avec derrière les seconds couteaux, tels Ciotti, Wauquiez, Estrosi, Morano d’un côté, Ménard ou de Villiers poussés par Zemmour et Buisson de l’autre.

TRUMP : le pire devient sûr !

Et en face, peut-on encore dit à gauche, certains ne rêvent que d’une cinglante défaite de la gauche traîtresse – entendez la gauche de gouvernement - croyant pouvoir reconstruire une vraie gauche sur les ruines.

Hélas le pire devient plus que sûr !

 

En prime, notre mini-Trump à talonnettes qui joue la girouette, mais comme disait Edgar Faure ce n'est pas la girouette qui change de direction mais le vent qui tourne !

 

NB extraits de déclarations du little big man

TRUMP : le pire devient sûr !
TRUMP : le pire devient sûr !
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11 août 2015 2 11 /08 /août /2015 21:20
Michel Onfray, Trump philosophe

Article de super fainéant (mais, excusez, la chaleur estivale incite à la paresse) : je livre tel quel un article d’un journaliste Suisse paru dans « Bilan, la référence suisse de l’économie ». Tout ce qui est en gras et les éventuels liens sont de mon fait.

"J’aime bien Michel Onfray. Le philosophe le plus théâtral de France, le plus médiatique comme on dit, est assez rafraichissant à lire et à entendre. Son récent pamphlet contre les adorateurs du marquis de Sade était bienvenu. Sur scène, c’est lui qui a le franc-parler le plus rapide et le plus ample : il cause de tout, d’une voix chaude et bien rythmée. Et il ne respecte rien. Quand il part en chasse, il y a peu de survivants : Rousseau, Freud, Sartre, Lacan, Foucault, Sarkozy ou Hollande, tous finissent en bouillie dans sa moulinette. Sans parler de Bernard-Henri Lévy qui, lui, a déjà été réduit en poudre.

 

Je l’aimais bien. Car comme tous les systèmes, Onfray s’use. Je l’écoutais l’autre jour sur France Culture, dont il s’est emparé comme chaque été (la chaine cultivée en vacances le prise tant qu’elle diffuse chaque jour deux fois la même émission du bavard philosophe).

 

Or je venais d’entendre, ailleurs, les vitupérations de Donald Trump dans la campagne des primaires républicaines qui commencent aux Etats-Unis. Et il s’est produit comme un brouillage : j’ai cru entendre la même parole.

 

Qu’on comprenne bien : il ne s’agit pas de mettre dans le même sac un bateleur milliardaire xénophobe et un penseur qui se réclame d’une extrême gauche anarcho-communiste. Leurs deux verbes semblaient pourtant sortir d’un même catalogue d’invectives, d’insultes parfois, et d’une posture qui installe le locuteur en défenseur du peuple floué contre les élites abusives. Chez Trump, c’est assez gonflé. Chez Onfray, c’est parfois gonflant.

Michel Onfray, Trump philosophe
Michel Onfray, Trump philosophe

The Donald, de tréteaux en plateaux, traite d’idiots les élus de tous bords. Michel Onfray, depuis le printemps, répète que le premier ministre Manuel Valls est un crétin. L’Américain se lâche devant des audiences acquises qui l’acclament. Le Français livre sa parole (sur France Culture) à un plein auditoire de son Université populaire de Caen qui applaudit quoi qu’il dise.

 

Les journalistes – qu’ils courtisent – sont pour les deux une race méprisable. De l’une d’elles qui l’interrogeait l’autre jour avec insistance sur son attitude à l’égard des femmes, Trump a dit que «le sang lui sortait des yeux, et aussi d’ailleurs», et tout le monde a compris qu’il parlait de ses règles. Onfray faisait le lendemain, dans le poste, un portrait tout juste injurieux des journalistes qu’il semble connaître : une bande d’incultes, allergiques au travail d’enquête, au service de financiers pour qui les journaux ne sont que des vaches à lait. Il parlait par exemple du Monde, qui ne correspond pas exactement à cette définition, s’étonnant, dans la même phrase, que le quotidien du soir lui batte froid…

 

Pour les deux, les femmes – hors insulte – sont des objets utiles. Trump les collectionne comme des parures. Onfray organise tout un mystère autour de Mylène Farmer, dont il a quelque chose à dire qu’il ne veut pas dire : écho assuré sur la toile.

 

L’un et l’autre parlent de politique étrangère aussi, bien sûr. Trump, président putatif, le doit bien, et il fanfaronne sur la manière dont il écrabouillera l’Etat islamique et dont il imposera au monde le respect dû aux Etats-Unis. Onfray, lui, parle de l’Europe comme le font tous les populistes, et dans des termes qui sont exactement ceux qu’emploie en France le Front national – qu’il abhorre, naturellement.

 

Même la politique politicienne, d’une certaine manière, les rapproche. The Donald, à des fins publicitaires, prétend être candidat à la candidature républicaine pour la Maison Blanche, mais il sait qu’il ne sera pas sur le ticket, et de toute façon pas élu. Michel Onfray n’est pas candidat à l’Elysée, mais des amis de l’extrême gauche ont tenté de le convaincre de l’être. Le philosophe a décliné, en disant qu’il manquait de compétences...

 

Vous trouvez qu'il y a un peu de caricature dans ce rapprochement et cette énumération ? A peine. En tout cas, nos deux héros sont des hommes de spectacle. Ils utilisent les scènes offertes pour faire avancer leurs affaires. L’un pour étendre son empire immobilier et construire de plus en plus de luxueuses tours. L’autre pour vendre des piles de livres et de CD, qu’il produit – ce crétin de Valls sera content – de manière véritablement industrielle."

Alain Campiotti

Publié le 11 Août 2015

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