Manque aussi John Kelly (pressenti le 12/12/16 à la sécurité intérieure),Rex Tillerson (annoncé le 13/12/16 comme Secrétaire d'état) et Rick Perry (prévu le 15/12/16 à l'énergie)
Mise à jour
Et deux de chute : après Mike Flynn démissionné pour causes de liaisons avec les Russes, c'est Andrew Puzder qui renonce... Pour succéder à Flynn, après avoir essuyé un refus, Trump a désigné le général H.R. Mc Master à la tête du Conseil de sécurité nationale.
Trump constitue une équipe à son image : climato-sceptique, anti Obamacare, détractrice de l’enseignement public, ennemie déclarée des musulmans, poutinophile et iranophobe… Avec quelques milliardaires bien sûr !
Entre un ex-général surnommé le chien enragé et une organisatrice de championnat de catch, entre un médecin anti-IVG et un ancien de Goldman Sachs, entre un négationniste du changement climatique et une milliardaire qui pourfend l’enseignement public, la future équipe – pour peu que chacun-e passe l’obstacle du congrès – de Donald Trump a tout pour combler d’aise le « populiste » Ruffin qui, depuis qu’il a été intronisé meilleur adversaire de la Le Pen, par Todd, ne se sent plus mictionner.
Rex Tillerson, patron d’Exxon Mobil, un géant du pétrole, proche de Poutine, a été officiellement désigné, ce mardi 13/12/16, par Trump comme futur Secrétaire d’état. Il supplante donc des candidats plus classiques, comme Mit Romney, dans la lourde charge de représenter la nouvelle administration dans un Monde très inquiet de l’arrivée de Trump à la Maison Blanche.
Tillerson a fait toute sa carrière à ExxonMobil, une entreprise qui fonctionne comme un état dans l’état et qui est alliée avec Rosneft, compagnie pétrolière d’état russe. Il a été décoré, en 2013, de l’Ordre de l’Amitié, des mains de Poutine. «Il est l'Américain qui a eu le plus d'interactions avec Vladimir Poutine à l'exception d'Henry Kissinger», dit de lui John Hamre, de l'institut d'études Center for Strategic and International Studies (CSIS) dont M. Tillerson est membre. Il avait manifesté son opposition aux sanctions, quand la Russie avait annexé la Crimée.
Tillerson dispose d’un impressionnant réseau de contacts. Dans certains pays, les dirigeants d’ExxonMobil, sont plus puissants que le Secrétaire d’état. Cette entreprise, héritière de la Standard Oil de Rockfeller, agit comme un état avec sa propre politique économique étrangère et même sa propre conception des droits de l’Homme ! (S. Coll, Private Empire).
Pendant longtemps, ExxonMobil a financé les groupes qui contestaient le rôle des activités humaines dans le réchauffement climatique. Cependant, Tillerson, contrairement à Trump, a fini par admettre la réalité du changement climatique. Reconnaissance formelle, puisqu’il a refusé de réduire les investissements dans l'exploration de nouveaux puits pétroliers pour lutter contre le réchauffement climatique. (El País )
James Mattis est prévu au Pentagone. Une sorte de Janus : chien enragé sur le champ de bataille, mais moine soldat pour sa vie solitaire hors combat. 66 ans, dont 41 dans les marines. Afghanistan, Irak. Son obsession anti-Iran aurait amené Obama à lui demander de prendre sa retraite, l’Iran dont il estime qu’il est la menace principale à l’établissement de la paix au moyen-orient.
Sans aucune expérience politique, ce défenseur de la torture qui s’interroge sur l’OTAN, partage l’attirance de Trump pour Poutine, son appui à la politique de Netanyahu en Israël, et rejette bien sûr l’accord nucléaire avec l’Iran.
Mike Pompeo, choisi par Trump pour diriger la CIA, fut un ennemi acharné d’Hillary Clinton, quand elle était secrétaire d’état. Ce charmant personnage, 52 ans, représentant du Kansas est un ultraconservateur du Tea Party. Ses discours incendiaires en ont fait une figure influente de la Chambre des représentants. En tant que membre de la commission de cette chambre qui a enquêté sur l’attaque du consulat de Benghazi qui a coûté la vie à l’ambassadeur US, Chris Stevens, il s’est acharné sur H. Clinton à qui il faisait porter la responsabilité du drame. Il considère aussi que le lanceur d’alerte Edward Snowden est un traître à exécuter. Il accuse les leaders de la communauté musulmane US d’être complices, par leur silence, de l’attentat de Boston. Et comme Trump il prône la torture (noyade simulée). Il fut un farouche opposant de l’accord nucléaire avec l’Iran !
Après le refus de Robert S. Harward, Donald Trump a nommé comme nouveau conseiller à la sécurité nationale Herbert Raymond “H.R.” McMaster, un général de 54 ans en exercice. Le président américain a fait cette annonce dans sa résidence de Mar-a-Lago en Floride. Le général Mc Master remplace ainsi Michael Flynn, qui avait été forcé de démissionner la semaine dernière après des révélations sur ses contacts avec l’ambassadeur de Russie à Washington.
“Contrairement à M. Flynn, qui a été son conseiller pendant la campagne électorale l’année dernière, le général McMaster n’a aucun lien avec M. Trump et n’est pas considéré comme un idéologue, ce qui était le cas de l’homme qu’il remplace” (New-York Times cité par Courrier International)
L’excellente réputation du général comporte néanmoins un point faible : son absence d’expérience politique, relève The Washington Post.
Pour compléter Mike Flynn, un islamophobe convaincu, est prévu comme conseiller à la sécurité nationale. Un des seuls qui peut apporter un minimum d’expérience à l’équipe Trump, puisque cet ex-général a été, sous Obama, chef du service de renseignement du Pentagone, pendant deux ans. Il a donc quelques lueurs sur la lutte contre DAECH et les visées expansionnistes de la Russie ou de la Chine. Mais il partage avec Trump son islamophobie, son attirance pour Poutine et sa haine viscérale d’Hilary Clinton.
Il a été jusqu’à prôner l’extradition de Fetulá Gülen pour complaire à Erdogan.
Et ses détracteurs disent que son bref passage à la tête du service de renseignement du Pentagone est dû à son incompétence.
Le Général Flynn n'aura pas fait long feu : à peine nommé, il démissionne !
En effet, il a "par inadvertance(sic) trompé le vice-président élu et d'autres personnes avec des informations incomplètes sur [ses] discussions téléphoniques avec l'ambassadeur de Russie".
Un raciste comme procureur général (en gros le ministre de la Justice), Jeff Sessions. Ce sénateur de l’Alabama a été récusé, en 1986, comme juge fédéral pour ses propos racistes : c’était la première fois, en 50 ans, qu’un président, en l’occurrence, Ronald Reagan, ne validait pas la nomination d’un juge fédéral.
30 ans après, triste revanche, il risque de se trouver à la tête du département de la justice. Département qui supervise le FBI, pilote le système des droits civiques du pays et met en branle des actions judiciaires qui vont de l’immigration à la lutte contre le terrorisme. En tant que sénateur, il a bloqué toute loi sur l’immigration et les sans papiers, ainsi que celles contre la torture.
Rien de mieux qu’un climato-sceptique à l’environnement ! Scott Pruitt est vraiment the right man at the right place. Comme Trump, ce procureur retraité de l’Oklahoma ne croit pas au rôle de l’homme dans les changements climatiques. Il a d’ailleurs, dans sa vie active, déployé tout son talent de juriste à tenter de bloquer les mesures de régulations d’Obama. Autant dire qu’avec un pareil responsable, les industriels du charbon, du gaz et du pétrole se frottent les mains. A la poubelle les mesures qui visent à limiter l’utilisation des énergies fossiles.
Les défenseurs de l’environnement clament qu’on veut mettre un pyromane à la tête de ceux chargés de lutter contre l’incendie.
Et quoi de mieux aussi, pour le pourfendeur du système, que de nommer un poids lourd de Wall Street, ex banquier de Goldman Sachs, Steven Mnuchin, à la tête du Trésor. Il est vrai qu’il ne sera que le quatrième « goldmaniste » à occuper le poste, après Timothy Geithner, Hank Paulson y Robert Rubin, nommés respectivement par Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton. Il promet qu’il n’y aura pas de baisse d’impôt pour les plus riches, sauf qu’il veut mettre en œuvre la réforme annoncée par Trump : 3 tranches d’impôt direct (12, 25 et 33%) au lieu des 5 sous Obama, la plus élevée atteignant 39,6%, donc pour la tranche la plus élevée, un cadeau de 6,6% ! Il est vrai que la majorité des électeurs dont les revenus dépassent 50 000 $ annuels ont voté Trump (le peuple disent-ils, à Marianne). Quant aux impôts des sociétés ils passeront de 35 à 15% et même à 10% pour un an pour les entreprises qui rapatrieraient des bénéfices déclarés à l’étranger !
Faut-il dire que ce Mnuchin, établi à son compte dans de fructueuses opérations spéculatives, après son passage à Godman Sachs, est à la tête d’une énorme fortune ?
Il travaillera avec Wilbur Ross, 78 ans, un autre spéculateur, chargé lui du commerce. Une sorte de Tapie, spécialiste de la reprise des entreprises en difficultés. C’est aussi un multimillionnaire (fortune estimée à 2 900 millions de dolars).
Andrew Puzder, patron d’une chaîne de fast food (3300 restos dans 28 pays), est chargé de l’emploi. Il est totalement opposé à la hausse du salaire minimum entrepris par Obama visant à passer de 7,25 $ à 10,10 $ avec objectif de 12 $ en …2020 ! Puzder estime que cette mesure entrave la croissance et l’emploi. Inutile de dire qu’il est farouchement opposé à l’Obamacare !
Lui, contrairement à Flynn, n'a même pas réussi à se faire nommer :il retire sa candidature plombée par des révélations sur d'anciens épisodes de sa vie personnelle
Puzder peut compter sur Tom Price, choisi par Trump comme Secrétaire à la Santé, pour liquider l’Obamacare. Médecin à la retraite, anti IVG, très lié à des associations médicales qui considèrent toute mesure fédérale comme oppressive, ce représentant de la Géorgie depuis 6 législatures, face à l’Obamacare, prônait des aides fiscales à la souscription d’assurance maladie privée.
Betsy DeVos, défenseure de l’école privée, choisie comme Secrétaire à l’éducation, appartient à une des plus grandes fortunes familiale des Etats-Unis. Pratiquement inconnue hors du Michigan, elle préconise la mise en œuvre d’un système qui donne toute liberté aux parents de choisir l’école de leurs enfants.
La fortune de la famille DeVos est estimée à 5 100 millions de dollars. Les DeVos apparaissent comme d’importants bienfaiteurs entraînés par Warren Buffet. Ils ont ainsi fait des dons à des oeuvres allant des hôpitaux à des organismes de promotion des arts. Mais cette générosité finance aussi des actions contre le mariage homosexuel : il y a de la Boutin chez cette Betsy.
Elle dirige le mouvement American Federation of Children qui vise à abolir toute carte scolaire et à promouvoir les écoles privées, les « écoles charters », sorte d'écoles sous contrat financées par des fonds publics. Trump est au diapason qui a soutenu Eva Moskowitz, fondatrice des écoles charters new-yorkaises, Success Academy.
Ben Carson est désigné pour s’occuper du logement et du développement urbain. Ce concurrent de Trump lors des primaires républicaines est, pour le moment, le seul afroaméricain de la bande. Bien que Trump ait osé, pendant les primaires, l’accuser d’avoir un tempérament pathologique (!), le neuro-chirirgien a accepté une charge dans son administration.
Sur un ton de prédicateur, Carson s’est posé en champion du camp conservateur, récusant toutes aides aux minorités raciales et accusant Obama d’avoir fait perdre aux E.-U. sa boussole morale, conduisant le pays vers la décadence le la Rome Antique ! Il avait également qualifié la réforme sanitaire d’Obama de la pire chose que l’on ait connue depuis l’esclavage !
A l’instar de Trump, il avait mené sa campagne des primaires contre l’establishement et le politiquement correct ; créationniste et homophobe, proche du Tea Party, il ne dépare pas dans la future bande à Trump.
Le Parti démocrate s’interroge sur la capacité de ce médecin à la retraite à gérer une agence qui dispose d’un budget de 48 000 millions de dollars.
Du catch à l’administration des petites entreprises, on trouve la 2e femme, Linda McMahon.
McMahon et son mari sont les fondateurs de la World Wrestling Entertainment (WWE), une entreprise axée sur l’organisation et la diffusion de l’échelle mondiale, de spectacles de combats de catch. Entreprise qui a fait des affaires et des spectacles avec Trump, dont un combat des multimillionnaires où le futur président battit au catch, le mari de McMahon !
Elle a tenté en vain de se faire élire au Sénat.
Après la nomination de Trump aux primaires elle a fait un don de 6 millions de dollars au parti républicain, avec une contribution directe à la campagne de 150 000 $.
Pour Trump, une femme qui a fait passer une entreprise modeste de 13 personnes en une organisation internationale de 800 salariés a évidemment toutes les qualités pour promouvoir les petites entreprises et développer l’esprit d’entreprise.
L’ex-Marine John Kelly a été choisi par Trump comme futur secrétaire à la sécurité intérieure. Il sera le 3e général de la future administration. Cet ex directeur de Guantamano qui affirmait sans rire qu’on y respectait les droits de l’homme, cet ex responsable du Commandement Sud de l’armée – c’est-à-dire d’une aire recouvrant Caraïbes et Amérique latine, est sur la même ligne que Trump. Il a déclaré dans un communiqué : «Le peuple américain a voté lors de cette élection pour stopper le terrorisme, récupérer la souveraineté de nos frontières, et mettre fin à l'attitude politiquement correcte qui a trop longtemps régi notre approche de la sécurité nationale» .
C’est donc bien, comme le dit Trump, la personne adéquate pour diriger la mission urgente de freiner l’immigration clandestine, sécuriser les frontières et améliorer la coordination entre services de renseignements et forces de l’ordre. La construction d’un mur à la frontière du Mexique et la déportation massive des sans papiers – deux promesses de campagne de Trump – seront de sa responsabilité. (El País 12/12/16)
Quoi de plus normal que de choisir pour être à la tête du Secrétariat de l’énergie, un type qui prônait sa suppression ? Donc Trump a choisi pour ce poste Rick Perry, ex-gouverneur du très pétrolier Texas, ex-candidat à la Présidence – et qui à l’époque disait pis que pendre de lui – qui promettait de le supprimer. Après Pruitt et Tillerson, le lobby pétrolier renforce son noyautage de la bande à Trump.
Voilà donc la bande de branquignols que Trump propose à la première puissance militaire et économique du monde, généraux, ploutocrates, politiciens de bas étages, partageant toutes ses haines, tous ses préjugés, toute son inexpérience ! Et alors qu’il a réuni sur son nom 2 millions de voix de moins que sa rivale, quelques idiots inutiles nous serinent qu’il est l’élu du peuple !
Source :
Así es el Gobierno que prepara Donald Trump (El Pais)
Voir aussi
Etats-Unis. Trump s'entoure de "faucons" (Courrier international)
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