Qu’un cureton aille courir la gueuse, depuis des siècles – souvenez-vous de cette délicieuse chanson enfantine « il court, il court, le furet du bois joli » qui chante les exploits de l’abbé Dubois sous le Régent – c’est un éternel sujet de rigolade pour les vieux anti-calotins paillards de mon espèce. Quand c’est un évêque, et le plus jeune d’Espagne, c’est encore plus délicieux. Mais quand cet évêque est aussi exorciste et qu’il s’entiche d’une autrice de romans érotiques à résonances satanistes, ça devient sublime. D’autant plus que certains de ses coreligionnaires pensent qu’il est possédé et qu’il devrait se soumettre lui-même à l’exorcisme.
La décision de l’évêque du diocèse deSolsona, Xavier Novell de jeter sa soutane aux orties et de donner de l’exercice à ses parties génitales ne devrait pas provoquer plus qu’un sourire, presque attendri. Sauf que le précoce évêque tonitruait sur l’avortement comparé à l’holocauste nazi, fustigeait le mariage homosexuel, prenait l’homosexualité pour une maladie relevant de thérapies de conversion. Il a également critiquéla loi sur l'euthanasie adoptée par le parlement.
Xavier Novell i Gomà(1969, Lleida) ingénieur agronome à 21 ans, décide de devenir « pasteur » des âmes et entre au séminaire. Petite lueur progressiste, il défend la fin du célibat des prêtres, dans un concile provincial en 1995. Mais un séjour à Rome le ramène dans une ligne parfaitement orthodoxe à la Jean-Paul II.
À 41 ans, il est nommé évêque, le plus jeune d'Espagne. Et ce jeune prélat, qui s’est donc inscrit dans la plus étroite rigueur dogmatique, devient un prélat fort cathodique, interviewé ici et là. Dans cette tournée médiatiqueil y défendait les positions les plus orthodoxes. Il s’y opposait aux préservatifs, préconisant « la chasteté pour prévenir les maladies »
Dans la ville de Solsona, les habitants se souviennent qu’il n’hésitait pas à chasser de l’Eglise des jeunes filles venues faire leur confirmation avec des jupes trop courtes. (Le Monde).
Alors qu’au départ il était contre le nationalisme catalan, il va complètement virer de bord appelant au vote au référendum du 1er octobre 2017, dans ses textes pastoraux. Il a également, toujours dans une lettre pastorale, soutenu les indépendantistes emprisonnés.
Il s’est en 2015 auto-nommé exorciste du diocèse, la fonction étant vacante. Outre des affaires de possessions ne nécessitant que prière et eau bénite, il s’est impliqué dans des cas plus graves nécessitant de nombreuses séances !
SATAN L’HABITE
Les voies de dieu sont impénétrables, celles du démon ne le sont pas moins ! Car, selon une source bien informée, c’est sur la question de l’exorcisme et du satanisme que l’évêque et la sulfureuse autrice de deux œuvres érotico-sataniques, Silvia Caballol, ont commencé leurs échanges. Et que la diabolique écrivaine aurait pris possession de l’âme du prélat.
Silvia Caballol Clemente a 38 ans, 14 ans de moins que l’évêque. Caballol est diplômée en psychologie clinique de l' Université autonome de Barcelone . Elle a complété avec un diplôme d'études supérieures en psychologie de la santé et s'est depuis consacrée à ce domaine, que ce soit en évaluation clinique ou en ressources humaines. Mariée à un Marocain – elle a vécu au Maroc – elle a eu deux enfants, avant de divorcer.
En dehors du monde de la santé mentale , la native de Súria a fait ses premiers pas dans la littérature. Son premier livre, Trilogía amnesia, est paru en 2015. C'est un roman érotico-romantique qui selon la maison d'édition Altera, bouleverse « toutes nos considérations morales et éthiques ».
El infierno en la lujuria de Gabriel (« L’enfer dans la luxure de Gabriel »), est le deuxième et dernier livre, publié deux ans plus tard. Voyage "à travers le monde carcéral, la psychopathie, les sectes, le sadisme , la folie, la luxure et, petit à petit, au cours de l'avancée de l'histoire, aussi vers l'irréalité de l' immortalité et de la lutte crue entre le bien et le mal, entre Dieu et Satan, et entre les Anges et les Démons », selon son éditeur.
Elle se définit « comme une personne créative, qui aime aimer et être aimée».
Quelques citations tirées de Trilogía amnesia
"Empiezo a empalarla como si no hubiera un mañana, y aunque intento controlarme, mis caderas no cesan en sus brutales acometidas"
"Je commence à l'empaler comme s'il n'y avait pas de lendemain, et bien que j'essaye de me contrôler, mes reins n’arrêtent pas d’asséner des coups brutaux"
"Como poseído por el demonio de la lujuria, empiezo a chupar y besar su cuello, sus labios, sus pechos y sus hombros"
"Comme possédée par le démon de la luxure, je commence à sucer et à couvrir de baisers son cou, ses lèvres, ses seins et ses épaules"
"No recuerdo haberme sentido tan enardecido y desbocado en mi vida, no pudiendo dejar de gemir como un poseso aunque lo intente"
"Je ne me souviens pas m'être jamais senti aussi excité et hors de moi de ma vie, je ne pouvais m’arrêter de gémir comme un possédé. "
"Es el mismísimo demonio con un cuerpo que parece hecho para sucumbir al pecado"
"C'est le diable même avec un corps qui semble fait pour succomber au péché "
"Su vaivén torturador no se hace esperar. Mientras me cabalga puedo ver todos sus músculos tensarse y aflojarse con cada embestida"
"Son va-et-vient tortionnaire ne tarde pas à se lancer. Alors qu'il me chevauche, je peux voir tous ses muscles se bander et se relâcher à chaque assaut."
"Nuestros cuerpos incandescentes y excitados, y nuestros sexos inflamados y palpitantes. Estoy al límite y muy enardecida y ello hace que mis ojos no dejen de llorar a causa de la impotencia de haberme entregado a un hombre al que no amo"
"Nos corps incandescents et excités, et nos sexes enflammés et palpitants. Je suis à fleur de peau et les larmes me montent aux yeux de me sentir incapable de me refuser à un homme que je n'aime pas."
"Je suis tombé amoureux d'une femme et je veux bien faire les choses." C'est la phrase que l'illustre prélat catalan aurait prononcée à son entourage proche après sa démission.
Résistera-t-il à la pression d’une partie du clergé catalan – et dit-on du pape lui-même - qui le pousse à subir à son tour l’exorcisme, victime qu’il serait d’une subjugation démoniaque ? Ou bien se livrera-t-il avec sa compagne à de sataniques messes noires ? Ou bien, plus prosaïquement, retourné à l’agronomie, se confrontera-t-il à une vie conjugale ordinaire, après les premiers feux de la luxure ?
Espagne: quand un évêque se marie à l'église avec une sulfureuse autrice de deux œuvres érotico-sataniques !
L’évêque émérite de Solsona, en Espagne, Mgr Xavier Novell, qui avait démissionné de sa charge en 2021, à l’âge de 52 ans, a obtenu une dispense du pape François pour pouvoir se marier à l’église avec la psychologue et écrivaine Silvia Caballol.
L’information a été donnée sur Instagram par Silvia Caballol elle-même: «J’ai pensé qu’il était honnête de ne pas cacher le fait que Xavier et moi avons finalement pu nous marier à l’église, grâce à la miséricorde du Saint-Père qui lui a accordé la sécularisation», commente-t-elle.
«J’ai été surprise par la grande qualité humaine et spirituelle du pape François. Le chemin a été long, mais nous avons pu régulariser notre situation canonique: nous marier comme nous le souhaitions et pouvoir à nouveau recevoir la communion. Xavier est toujours évêque, mais n’a plus la capacité d’exercer son ministère».
"Aucune institution n'a protégé autant de criminels depuis autant d'années que l'Église catholique"
Miguel Hurtado, victime d'abus sexuels par un moine, dénonce dans 'El manual del silencio' les pratiques de prédateurs sexuels que l'Église cache.
Miguel Hurtado n'aurait jamais imaginé que sa vie changerait le jour où il a décidé de rejoindre un groupe de scouts à l'abbaye de Montserrat, l'un des lieux les plus sacrés et emblématiques de Catalogne.
Ce qui a commencé comme une évasion pour un garçon de 16 ans, plongé dans un océan de doutes, au milieu d'une crise personnelle et familiale, finira par l'entraîner dans un trou beaucoup, beaucoup plus profond et plus sombre. Le moineGermà Andreu Soler après avoir gagné la confiance de Miguel , a commencé à l'abuser sexuellement. Le jeune homme, paralysé par la peur, n'a pas pu réagir. Au bout d'un moment, Miguel en a eu marre de se taire, mais personne n'a voulu le soutenir. Ni ses parents n'ont voulu signaler l’agression, ni l'Abbaye n'a vu de raisons de traduire le prédateur en justice.
Abbaye de MONTSERRAT
Plus de vingt ans plus tard, Miguel Hurtado publie El manual del silencio. L'histoire de la pédophilie dans l'Église que personne n'a voulu entendre (Planète).
La hiérarchie catholique est-elle l'une des organisations criminelles les plus opaques et les plus puissantes de la planète, comme vous le dites dans le livre ?
Il est important de regarder les faits. Quelle autre organisation a couvert des crimes pendant des décennies dans des dizaines de pays sur les cinq continents ? L'église catholique. Aucune institution n'a protégé autant de criminels dans autant de pays pendant autant d'années. Et malgré cela, ce n'est qu'au cours des dernières années que nous avons appris que cela se produisait. pourquoi? Parce que tous les cas ont été traités de façon très opaque et dans le plus grand secret.
Un pédophile est jugé et va en prison, mais un prêtre pédophile est transféré dans une autre paroisse et en pénitence doit réciter 20 Notre père et 50 Je vous salue Marie.
D'après ce que vous expliquez dans Le Manuel du silence , au sein de l'Église, ils ont leur propre modus operandi et ne sont pas non plus régis par les règles qui s'appliquent au reste de la population.
Fondamentalement, ce que le Vatican a fait au cours des cent dernières années, c'est de dire : « Il y a des règles pour les autres citoyens, basées sur la Constitution ; mais pour le clergé, nous voulons un traitement privilégié. » Un pédophile, dans la famille, à l'école, dans le sport, est jugé et va en prison, mais un prêtre pédophile est transféré dans une autre paroisse et en pénitence doit réciter 20 Notre père et 50 Je vous salue Marie.
Ils ont obtenu un traitement de faveur, mais comme ils ne peuvent pas le dire ouvertement, ils l'ont fait de manière opaque et secrète, établissant le secret pontifical, c'est-à-dire : « Quand on apprendra qu'on a un pédophile, on va se débrouiller en interne, avec quelques procédures canoniques classées top secret. Et si un évêque veut aller à la police, faites-lui savoir qu'il va être excommunié et viré de son poste. »
[…]
A ce jour, la Conférence épiscopale espagnole n'inclut pas dans son protocole d'action la dénonciation automatique des cas de pédophilie à la justice. Ils disent que les évêques n'ont pas à dénoncer la maltraitance des enfants à la police.
En lisant le livre, il semble que pour signaler l’agression que vous avez subie, vous devez surmonter une série d'obstacles énormes, à commencer par votre propre famille.
Les barrières psychologiques et les barrières culturelles sont très, très, très puissantes. Par exemple, ma mère est issue des baby-boomers [en Espagne : les années franquistes]; culturellement, ce qu'on lui avait appris, c'était de ne pas affronter les puissants, car « si vous dénoncez, vous n'obtiendrez rien et ils vous écraseront ». Pour survivre, le mieux est d'essayer d'oublier ce qui s'est passé et d'aller de l'avant, pensa-t-elle. Moi, par contre, je suis le fils de la démocratie, je suis né en l'an 82. Donc choc des cultures entre le catholicisme national de ma mère — le secret, l'opacité, la soumission à les puissants — contre ma mentalité de « nous sommes tous égaux devant la loi, les criminels ne peuvent pas être protégés, les crimes ne peuvent pas être réduits au silence ». Ce choc reflète les mentalités de deux époques.
La hiérarchie catholique a dit aux parents qu'au nom de Dieu, ils devaient trahir leurs enfants.
Il y a un an, vous avez déposé une pétition avec d'autres victimes. Y a-t-il eu des progrès cette année ?
Cela fait des années que nous réclamons la réforme du délai de prescription. Nous avons collecté un demi-million de signatures. Nous les avons présentés au Congrès et le gouvernement n'a eu d'autre choix que d'inclure une réforme du délai de prescription.
[Un désaccord existe sur l’âge de départ du délai de prescription, le projet de loi prévoyant la 30e année, or, d’après l’auteur l’âge moyen de ceux qui dénoncent les abus dont ils ont été victimes serait de 44 ans]
Toi, par contre, tu as dénoncé avant d'avoir 40 ans. Et, même ainsi, le crime avait déjà été prescrit.
(…). La première fois que je me suis plaint à Montserrat, c'était en 1999 et j'ai déposé une plainte en 2019.
Les abus ont eu lieu en 1998...
Cet homme était un prédateur sexuel qui a abusé d'au moins 12 mineurs pendant au moins 30 ans, et ce n’est pas moi qui le dis, c’est l'Abbaye de Montserrat qui le dit. Il y a déjà eu des victimes dans les années 70, il y a eu des victimes qui ont porté plainte à l’abbaye à cette époque, et Montserrat n'a rien fait. J'ai été la dernière victime à porter plainte en 1999, et j'ai porté plainte jusqu'à quatre fois au cours des 20 années suivantes, auprès de deux abbés différents. Eh bien, non seulement ils n’ont pas dénoncé le prédateur à la justice, mais ils n'ont même pas ouvert de procédure disciplinaire catholique pour l’expulser de la vie religieuse, ils n'ont pas essayé de trouver d'autres victimes, ils n'ont pas informé le Vatican.
Ils n'ont réagi que lorsque plusieurs militants ont brandi une banderole le jour de la messe à Montserrat et invité les médias. Si le premier cas de pédophilie à Montserrat remonte à la fin des années 60 et que ma plainte date de 2019, on parle de 50 ans de dissimulation.
D'après ce que vous commentez, l'abbaye elle-même a reconnu qu'il était un prédateur sexuel, mais n'a pas remis en question sa propre dissimulation en tant qu'institution.
Pour cela ils n'ont pas de réponse ?
Non. Ils ont mis en place une Commission dont les membres étaient triés sur le volet par l'abbé. La Commission n'a pas d'indépendance, il y a un conflit d'intérêts. Et, d'après ce que nous avons vu dans d'autres pays, ces commissions ne sont d'aucune utilité. Ce qu'ils font, c'est reconnaître l'abus, mais ils n'enquêtent jamais sur la dissimulation. La seule chose qu'ils ont faite à Montserrat a été de demander pardon. Mais ils n'ont pas établi de mécanismes pour indemniser les victimes. Et ce n'est pas dû à un problème économique, car ils ont des actifs importants et ils reçoivent chaque année deux millions d'euros de la Generalitat de Catalunya. S'ils le voulaient, ils pouvaient se le permettre. Pourquoi ne le font-ils pas ? Car s'ils créent un système d'indemnisation financière, des abus cachés feront surface, et peut-être qu'au lieu d'avoir à indemniser douze victimes, ils devront en indemniser cinquante, voire cent.
Comment est-il possible qu'ils aient eu un prédateur sexuel dans leurs rangs pendant 40 ans et qu'ils ne l'aient pas découvert ?
Andreu Soler
[…], Un an avant la mort, d’Andreu Soler [son agresseur] l'abbaye de Montserrat avait publié un mémoire dans lequel le pédophile se vantait du grand travail qu'il avait fait en quarante ans d'éducation des enfants, et la préface avait été écrite parJordi Pujol.
Pour aggraver les choses, dans le livre il y avait desphotos, et j’étais sur l'une d'entre elles, à l'époque où j'ai été agressé. En m’y voyant avec d'autres enfants, j'ai pensé combien d'enfants sur ces photos ont été victimes de ce prédateur ?
[…] En raison du secret, nous ne savons pas combien de pédophiles il y a en Espagne, qui ils sont, où ils sont et ce qu'ils ont fait. Il n'y a pas de registre public des prêtres pédophiles en Espagne, nous ne pouvons donc pas connaître l'ampleur du problème. Combien y a-t-il de « germà Andreu » [père Andreu] ? Si je n'avais pas combattu pendant 20 ans, si je n'avais pas dénoncé en 2019, la société catalane et la société espagnole n'auraient jamais découvert que la pédophilie était pratiquée à Montserrat.
Y avait-il un profil particulier des victimes ?
Au début, je pensais que mon cas était représentatif. Il m'a pris au mauvais moment, dans une situation de vulnérabilité due à une série de problèmes personnels et familiaux, et il a gagné ma confiance, il s'est progressivement approché de moi, et ce n'est que lorsqu'il y a eu un lien d'affection que les abus ont commencé. Mais ensuite, lorsque l'affaire a été révélée et que d'autres victimes ont émergé, on a vu qu'il qu’il avait abusé de mineurs très vulnérables, comme cette victime qui avait eu un cancer des os, avait été amputée d'une jambe et avait fait une tentative de suicide. Les parents l'avaient emmené à Montserrat pensant qu'il y trouverait consolation et soutien spirituel et le germà Andreu en a profité pour en abuser. Il y avait ce profil de victime très vulnérable, mais il y avait aussi des mineurs dont il a abusé le premier jour où il les a rencontrés.
Pensez-vous que les choses ont changé quelque chose dans l'Église avec le Pape François ?
Non. Le pape François a mené une campagne de marketing et de relations publiques. Un an après qu'il est devenu pape, les Nations Unies ont mené une enquête sur la façon dont l'Église avait traité les cas de pédophilie et son rapport a été dévastateur. Il y est fait des recommandations précises : signaler les cas à la Police, remettre les dossiers canoniques, mettre fin à l’activité des agresseurs et des complices, indemniser les victimes... Des choses très basiques. Le pape François a non seulement refusé d'accepter le rapport, mais il a également refusé de mettre en œuvre les recommandations. Le pape François et le Vatican ont refusé de rendre des comptes à l'ONU et ont refusé de présenter un rapport de suivi, comme le font tous les États confrontés à une telle situation.
En 2019, au lieu de comparaître devant les Nations Unies, ils ont dû tenir un sommet anti-pédophilie à la va-vite car des scandales éclatent un peu partout dans le monde : en Australie ils jugeaient le cardinal Pell comme pédophile, en France ils jugeaient le cardinal Barbarin en guise de camouflage, au Chili, il y a eu le cas de l'évêque Barros, qui avait protégé l'un des plus grands pédophiles du pays... La merde accumulée au fil des décennies couvait sur les quatre continents. S'ils avaient bien fait les choses lorsque les Nations Unies les ont réveillés en 2014, ils n'auraient pas eu à faire face à cette crise. Et ils savent ce qu'ils ont à faire, mais ils ne le veulent pas, car cela signifierait perdre le pouvoir.
[...]
À ce jour, pouvez-vous dire que vous avez surmonté le traumatisme ?
Je pense que la blessure est cicatrisée ; la cicatrice est là et ça fait moins mal. Après avoir écrit le livre, je suis plus en paix avec le passé et plus concentré sur mon présent et mon avenir. Mais (…) même si tu vas bien, [tu te dis] que pendant la jeunesse, dans les plus belles années de ta vie, quand tes amis faisaient Erasmus, faisaient des randonnées ou faisaient la fête, tu étais traumatisé à la maison, amer, triste, angoissé. Personne ne te le rendra et vous devez pleurer la partie de votre vie qui vous a été volée.
'La capsa vermella': 5000 clichés d'un photographe barcelonais sur la guerre civile espagnole retrouvés, 80 ans après.
Antoni Campañà meurt en 1989. Trente années après sa mort, la famille décide de vendre sa maison de Sant Cugat. Un de ses petit-fils inspecte le garage et y découvre, planqués, des cartons rouges - capsa vermella - avec des négatifs et quelques tirages, 5000 clichés de la guerre d'Espagne, ce trésor déniché est bien conservé, un fond aussi intéressant que ceux de Centelles ou Branguli.
Antoni Campañà, né en 1906, ne fut pas un reporter de guerre, c’est la guerre qui est venue à lui. Ce vendeur d’appareils Leica, cet artisan expert en développement et tirage – il tire les photos des grands photographes de presse de Barcelone – fait aussi des portraits, des photos sportives, des reportages sur la culture populaire et les tenues traditionnelles catalanes. Il est aussi reconnu comme artiste avec des prix et des parutions dans des revues internationales : il fut l’un des photographes des plus exposés du mouvement pictorialiste en Espagne ; une de ses photos fit la une d’'American Photography', une prestigieuse revue de l’époque.
Campañà était un républicain et un catalaniste, mais aussi un fervent catholique barcelonais. Dès les premiers instants de la rébellion militaire de juillet 1936, le photographe, armé de son Leica, a parcouru sa ville et ses environs. Durant la guerre civile, ses images paraîtront notamment dans 'La Vanguardia' (quotidien auquel il continuera de collaborer sous la dictature) ou dans la revue 'Catalunya'.
Le mouvement anarchiste CNT-FAI a reproduit ses photos dans ses brochures et cartes postales de propagande. Mais les publications phalangistes, après la défaite de la République, reproduiront aussi certaines de ses photos, pour illustrer les méfaits de la ‘terreur rouge’.
Peu de scènes effroyables, reflétant la cruauté de la guerre, dans ses clichés : la grande majorité se centre sur la vie quotidienne et les souffrances de ses concitoyens catalans. Le catholique fut aussi sensible aux églises incendiées par les anticléricaux républicains.
Devant la défaite imminente de la République, Campañà, comme des milliers de catalans, a pris le chemin de l’exil, vers la frontière française. Cependant, arrivé à Vic, il décide de faire demi-tour et de se livrer aux autorités rebelles. Dans le quartier de Bruc, il tombe sur son ami José Ortiz Echagüe, un photographe aussi et ingénieur militaire, mais du camp ennemi, qui lui évite d’être victime de la répression (et devenu président de SEAT le fit travailler pour sa marque d’automobiles).
À son retour à Barcelone, déjà sous drapeau franquiste, Campañà, avec son Leica, photographia tout ce qu’il croisait, de la misère de la vie quotidienne aux fastes des défilés militaires fêtant la victoire des insurgés et de leurs alliés fascistes et nazis.
Cependant, à la fin de la guerre, Campañà semble vouloir tirer un trait sur toutes les années du conflit. Il ne détruit pas les négatifs, mais les planque au fin fond d’un garage.
Durant les années de la dictature, il collabora à divers périodiques, dont ‘La Vanguardia’ – un de ses clichés fut le premier à sortir en rotogravure en couleur à la une de ce journal - mais également la presse sportive (il fonda même un périodique sportif).
Aujourd’hui une sélection de ces photos miraculées vient de faire l’objet d’un livre, en catalan, publié par l’éditeur barcelonais Comanegra : La Capsa Vermella (“La Boîte rouge”). Les photos ont été sélectionnées, expliquées et contextualisées par le journaliste Plàcid Garcia-Planas, l’historien Arnau Gonzàlez i Vilalta et le photographe David Ramos.
Fillette qui mange au casino de Saint-Sébastien (Barcelone) 1936
Réfugiés républicains de Malaga dans le stade de Montjuïc Barcelone. 1937
Réfugiés de Malaga dans le stade de Montjuïc. Février 1937
Saccage du siège de la compagnie italienne Cosulich Lloyd Triestina sur la Rambla en juillet 1936.
Les cloches de Bujaraloz (Zaragoza) après la destruction de l’église par les anarchistes de la CNT-FAI. 1936
Une église détruite.
Ruines de l’église de l’Immaculée conception (Barcelone)
Des citadins observent en détail les momies de moniales exposées à l’entrée de l’église et couvent des Salésiennes du Passeig de Sant Joan (Barcelone). Juillet 1936
Une femme conduit un tramway de la ligne Plaza Catalunya-Vallvidrera
Voiture criblée de balles ou d'éclats de bombes dans une rue de Barcelone.
DCA
Deux pilotes de l’aviation républicaine.
Effets des bombardements aériens italiens sur La Barceloneta, 29 jun 1937
Deux femmes constatent les dégâts du bombardement de La Barceloneta en 1937.
Des femmes fouillent les décombres de leurs habitations détruites par un bombardement en mai 1937.
On transporte à l'hôpital un enfant blessé par un bombardement italien en 1937.
La mise en échec de la rébellion à Barcelone le 19 juillet 1936 fit des victimes collatérales.
Un croquemort avec un masque à gaz pour se protéger de l’odeur que répandent les cadavres les premiers jours caniculaires de la guerre.
Un croquemort du cimetière Nou (Montjuïc) montre le cadavre d’un des morts pendant les affrontements pour stopper le coup d’état.
Un groupe de miliciens quitte le cimetière de Montjuïc après un enterrement en 1936.
Manifestation de femmes exigeant de meilleures rations de pain à l’édifice de la Pedrera siège du Conseil de l’approvisionnement de la Generalitat
Véhicule abandonné par les Républicains lors de la ‘retirada’, l’exil vers la France, après l’avancée finale de l’armée franquiste
Troupes 'mores' de l'armée franquiste au défilé de la victoire en 1939.
Les troupes franquistes défilent à Barcelone.
Un jeune phalangiste sous un drapeau espagnol dans un Festival de la FET et des JONS en hommage au ministre italien des affaires étrangères, Galeazzo Ciano. Barcelona, 11 juillet 1939
De retour d’une escapade sur la Costa Brava, je voudrais vous donner mon sentiment sur la situation en Catalogne.
Cette région qui bénéficie d’une large autonomie, et dont le parlement a voté, fin octobre, avec une courte majorité, une résolution ouvrant la voie à la création d’une république indépendante, se trouve dans une situation très problématique.
Oriol Junqueras et Carles Puigdemont
On est devant un peuple qui revendique depuis plusieurs siècles son autonomie et qui maintenant a franchi un cap en décidant de constituer une nation indépendante … au sein de l’Europe.
Cette revendication fort légitime prend un autre aspect, à la fin du 20ème siècle avec l’entrée de l’Espagne en 1978 dans l’Union européenne suite à un référendum auquel ont participé les catalans.
Le problème catalan se situe donc, maintenant au 21ème siècle dans le cadre du doit international et le dilemme posé aux autorités espagnoles et européennes est : la souveraineté électorale l’emporte t’elle sur les règles de droit international ?
Ada COLAU vue par Peridis dessinateur très critique sur la Catalogne.
Toujours est-il que l’Espagne se trouve divisée, la Catalogne est divisée (45 % indépendantistes selon les derniers sondages), les partis politiques sont divisés (PSOE, Podemos , PSC ), la municipalité de Barcelone est divisée (Ada COLAU, maire ne soutient plus les indépendantistes), les villages catalans sont divisés, les quartiers de Gérone (fief indépendantiste) sont divisés, et cette division se ressent même dans la plupart des familles
Les décisions, très fermes, du gouvernement de Mr RAJOY qui nous ramènent aux méthodes du franquisme, n’ont fait qu’irriter un peu plus cette communauté.
Maintenant tout le monde attend les résultats des élections du 21 décembre en Catalogne, mais il me semble fort probable que les indépendantistes arriveront en tête, mais avec une majorité relative et le problème restera entier.
Heureusement que les catalans sont pacifistes (pour le moment) et que les grandes manifestations de rue se passent dans le calme. Mais qu’adviendra–t-il après le 21 décembre ?
Il n’y aura pas de gagnant, seulement des perdants….. Quel gâchis !
Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas
s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus
souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent
érotiques, des contributions aux tonalités diverses,etc. Pour les articles que je
rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les
bienvenus, mais je me donne bien sûr le droit d'y répondre.
Overblog - hébergeur du deblog-notes - a réussi l'exploit de lancer une
nouvelle formule qui fait perdre des fonctions essentielles de la version
précédente. Ainsi des liens vers des sites extérieurs disparaissent (désolé
pour Koppera,
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albums se sont transformés en diaporamas, avec des cadrages coupeurs de têtes.
La gestion des abonnés et des commentaires est aussi transparente que le
patrimoine de Copé. Et toutes les fonctions de suivi du deblog-notes -
statistiques notamment - sont appauvries.