'La capsa vermella': 5000 clichés d'un photographe barcelonais sur la guerre civile espagnole retrouvés, 80 ans après.
Antoni Campañà meurt en 1989. Trente années après sa mort, la famille décide de vendre sa maison de Sant Cugat. Un de ses petit-fils inspecte le garage et y découvre, planqués, des cartons rouges - capsa vermella - avec des négatifs et quelques tirages, 5000 clichés de la guerre d'Espagne, ce trésor déniché est bien conservé, un fond aussi intéressant que ceux de Centelles ou Branguli.
Antoni Campañà, né en 1906, ne fut pas un reporter de guerre, c’est la guerre qui est venue à lui. Ce vendeur d’appareils Leica, cet artisan expert en développement et tirage – il tire les photos des grands photographes de presse de Barcelone – fait aussi des portraits, des photos sportives, des reportages sur la culture populaire et les tenues traditionnelles catalanes. Il est aussi reconnu comme artiste avec des prix et des parutions dans des revues internationales : il fut l’un des photographes des plus exposés du mouvement pictorialiste en Espagne ; une de ses photos fit la une d’'American Photography', une prestigieuse revue de l’époque.
Campañà était un républicain et un catalaniste, mais aussi un fervent catholique barcelonais. Dès les premiers instants de la rébellion militaire de juillet 1936, le photographe, armé de son Leica, a parcouru sa ville et ses environs. Durant la guerre civile, ses images paraîtront notamment dans 'La Vanguardia' (quotidien auquel il continuera de collaborer sous la dictature) ou dans la revue 'Catalunya'.
Le mouvement anarchiste CNT-FAI a reproduit ses photos dans ses brochures et cartes postales de propagande. Mais les publications phalangistes, après la défaite de la République, reproduiront aussi certaines de ses photos, pour illustrer les méfaits de la ‘terreur rouge’.
Peu de scènes effroyables, reflétant la cruauté de la guerre, dans ses clichés : la grande majorité se centre sur la vie quotidienne et les souffrances de ses concitoyens catalans. Le catholique fut aussi sensible aux églises incendiées par les anticléricaux républicains.
Devant la défaite imminente de la République, Campañà, comme des milliers de catalans, a pris le chemin de l’exil, vers la frontière française. Cependant, arrivé à Vic, il décide de faire demi-tour et de se livrer aux autorités rebelles. Dans le quartier de Bruc, il tombe sur son ami José Ortiz Echagüe, un photographe aussi et ingénieur militaire, mais du camp ennemi, qui lui évite d’être victime de la répression (et devenu président de SEAT le fit travailler pour sa marque d’automobiles).
À son retour à Barcelone, déjà sous drapeau franquiste, Campañà, avec son Leica, photographia tout ce qu’il croisait, de la misère de la vie quotidienne aux fastes des défilés militaires fêtant la victoire des insurgés et de leurs alliés fascistes et nazis.
Cependant, à la fin de la guerre, Campañà semble vouloir tirer un trait sur toutes les années du conflit. Il ne détruit pas les négatifs, mais les planque au fin fond d’un garage.
Durant les années de la dictature, il collabora à divers périodiques, dont ‘La Vanguardia’ – un de ses clichés fut le premier à sortir en rotogravure en couleur à la une de ce journal - mais également la presse sportive (il fonda même un périodique sportif).
D'après
Salen a la luz 5.000 fotos nunca vistas de la Guerra Civil: el tesoro que estaba en un garaje
Las fotos de la Guerra Civil que no se han visto nunca: bombas, cadáveres y desfiles en Barcelona
Aujourd’hui une sélection de ces photos miraculées vient de faire l’objet d’un livre, en catalan, publié par l’éditeur barcelonais Comanegra : La Capsa Vermella (“La Boîte rouge”). Les photos ont été sélectionnées, expliquées et contextualisées par le journaliste Plàcid Garcia-Planas, l’historien Arnau Gonzàlez i Vilalta et le photographe David Ramos.
Jumelage nationaliste : Basques et Catalans 11 septembre 1936
La Catalogne rurale dans la grande ville : des habitants du village natal de Companys, El Tarròs (Urgell).
Des citoyens écoutent le discours de Lluis Companys, président du gouvernement autonome catalan.
Un homme refuse un insigne républicain qu'une jeune fille lui offre, dans les premiers jours de la guerre civile, sur la Rambla barcelonaise.
Détente sur l'Avenue Diagonale de Barcelone en attendant un défilé de la FAI (été 1936)
Défilé de la CNT-FAI (paru dans La Vanguardia du 26 octobre 1936)
L'hôtel Colón place de Catalogne (aujourd'hui disparu) orné de portraits de Lénine et Staline en 1937
Un jeune peint des slogans antifascistes sur un wagon dans la gare de Sant Andreu (août 1936)
Milicienne dans le quartier Bakounine (Bruc) 27 août 1936
Milicien dans le quartier Bakounine (Bruc) 27 août 1936
Milicienne sur une barricade au carrefour des Ramblas et de la rue de l’Hôpital 25 juillet 1936
Femme qui lève le poing au passage de la colonne anarcho-syndicaliste catalane des Aiglons sur l’avenue de la Diagonale 28 août 1936
Les premiers volontaires républicains montent vers le front (Place de Catalogne 28 août 1936)
Militants de Estat Català independentistas, le 11 Septembre 1936
Gamins jouant aux barricades pendant l’été 1936, le long du mur de l’Université de Barcelone.
Barricades dans l'Eixample. Juillet 1936
Fillette qui mange au casino de Saint-Sébastien (Barcelone) 1936
Réfugiés républicains de Malaga dans le stade de Montjuïc Barcelone. 1937
Réfugiés de Malaga dans le stade de Montjuïc. Février 1937
Saccage du siège de la compagnie italienne Cosulich Lloyd Triestina sur la Rambla en juillet 1936.
Les cloches de Bujaraloz (Zaragoza) après la destruction de l’église par les anarchistes de la CNT-FAI. 1936
Une église détruite.
Ruines de l’église de l’Immaculée conception (Barcelone)
Des citadins observent en détail les momies de moniales exposées à l’entrée de l’église et couvent des Salésiennes du Passeig de Sant Joan (Barcelone). Juillet 1936
Une femme conduit un tramway de la ligne Plaza Catalunya-Vallvidrera
Voiture criblée de balles ou d'éclats de bombes dans une rue de Barcelone.
DCA
Deux pilotes de l’aviation républicaine.
Effets des bombardements aériens italiens sur La Barceloneta, 29 jun 1937
Deux femmes constatent les dégâts du bombardement de La Barceloneta en 1937.
Des femmes fouillent les décombres de leurs habitations détruites par un bombardement en mai 1937.
On transporte à l'hôpital un enfant blessé par un bombardement italien en 1937.
La mise en échec de la rébellion à Barcelone le 19 juillet 1936 fit des victimes collatérales.
Un croquemort avec un masque à gaz pour se protéger de l’odeur que répandent les cadavres les premiers jours caniculaires de la guerre.
Un croquemort du cimetière Nou (Montjuïc) montre le cadavre d’un des morts pendant les affrontements pour stopper le coup d’état.
Un groupe de miliciens quitte le cimetière de Montjuïc après un enterrement en 1936.
Manifestation de femmes exigeant de meilleures rations de pain à l’édifice de la Pedrera siège du Conseil de l’approvisionnement de la Generalitat
Véhicule abandonné par les Républicains lors de la ‘retirada’, l’exil vers la France, après l’avancée finale de l’armée franquiste
Troupes 'mores' de l'armée franquiste au défilé de la victoire en 1939.
Les troupes franquistes défilent à Barcelone.
Un jeune phalangiste sous un drapeau espagnol dans un Festival de la FET et des JONS en hommage au ministre italien des affaires étrangères, Galeazzo Ciano. Barcelona, 11 juillet 1939
La Guardia Civil 11 juillet 1939
Pour compléter
La caja de Campañà: imágenes desconocidas de la Barcelona en guerra
Quién era Antoni Campañà y por qué sus casi 6.000 fotos de la Guerra Civil estuvieron 80 años escondidas en un garaje
'La capsa vermella': las fotografías de la dolorosa guerra de Antoni Campañà
Aparecen 5.000 fotos inéditas de la Guerra Civil de Antoni Campañà en un garaje de San Cugat
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