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13 février 2014 4 13 /02 /février /2014 19:18
NON AU MUNICH IDEOLOGIQUE

« L’adjectif qualificatif, épithète ou attribut, s’accorde en genre et en nombre avec le nom ou le pronom qu’il qualifie ». Cette règle est, on le conçoit, doublement inacceptable. D’abord et avant tout avec ce genre qui a le fumet peu ragoûtant d’une théorie honnie. Mais même avec ce nombre qui implique le pluriel, c’est-à-dire ce pluriculturalisme cher aux bobos soixante-huitards attardés et aux naufrageurs de notre identité nationale, cibles du grand philosophe Finkielkraut.  Il faut donc souhaiter qu’au plus vite, sous le souffle invincible du Printemps Français, avec la bénédiction de nos chers Prélats, l’Académie Française décrète que l’adjectif qualificatif est désormais invariable, ancré solidement dans l’humus fertile de notre refus inoxydable et insubmersible du genre et des dérives du relativisme multiculturaliste qui sapent les fondements même de notre République dans son unicité. Halte au communautarisme grammatical !

Un peu caricatural ? A peine !

Le mot genre est devenu quasi tabou. Ainsi un ouvrage intitulé «  Déjouer le genre : pratiques éducatives au collège et au lycée  », aux éditions SCEREN-CNDP, a été retiré de la diffusion et de la distribution. Il était sorti le 4 septembre 2013, après avoir été validé à plusieurs reprises par les commissions ad hoc du CNDP. Sa diffusion avait fait l’objet d’un avis très favorable avant l’été, avec demande à l’auteur de mettre en chantier un deuxième ouvrage portant sur le primaire.  Mais, le 14 septembre, le patron du CNDP bloque le bouquin, au prétexte que le mot « genre » dans le titre, ainsi que la 4e de couverture, risque d’alimenter la polémique sur l’ABCD de l’égalité. Un bel exemple de terrorisme verbal réussi avec en corollaire un bel exemple de lâcheté institutionnelle.

 

N’accablons pas le pauvre Directeur général du CNDP, M. Merriaux (d’autant que la Cour des comptes est d’une grande sévérité envers son organisme) car dans le même temps on modifie un intitulé de conférence et une mission sur égalité et genre devient égalité fille/garçons. Le mot « genre » est à proscrire !

Peillon, après être resté sur la défensive, semble se rendre compte du danger : « Quand on interdit les mots, on interdit les pensées. On a connu cela à d’autres époques. L’épuration de la langue est le premier acte. Après on fait la chasse aux livres. Puis la guerre aux professeurs et aux valeurs républicaines. » (Libération 12/02/14)

 

Il était temps de dire Non à un Munich éducatif !

La police des mots

 

La police des mots fait également disparaître embryon et fœtus. A peine la petite graine du papa a-t-elle réussi à féconder le bel ovule dans les entrailles de la maman, qu’il est né le divin enfant. Entonnons le cantique, non plus le 25 décembre mais le 25 mars, quand le saint-esprit est venu cocufier Joseph. Aussi l’IVG revient à assassiner le petit enfant dans le ventre de l’indigne maman. CQFD !

 

D’autres mots sont diabolisés. On l’a vu de l’innocente théorie qui, associée au satanique genre, ne prend qu’un sens péjoratif d’ensemble de spéculations, d'idées gratuites présentées de manière plus ou moins scientifique, alors que ce mot désigne un ensemble de lois formant un système cohérent et servant de base à une science, ou rendant compte de certains faits. Le doux mot d’euthanasie, sous la plume des Hutin, devient quasi synonyme d’éradication des vieillards. Le droit à une mort digne et sereine serait une menace pour les plus vulnérables.

 

Mais, avec les mots bannis ou déformés, c’est le débat qui est enterré. Les nouvelles chaisières de la manif anti mariage pour tous – Ludivine de la Rochère et Béatrice Bourges – ont à peine fini de vitupérer, que l’on enterre une timide loi sur la famille. Loi où il n’était pas question de PMA et encore moins de GPA. Gageons que la refonte de la Loi Léonetti sera aussi repoussée aux fameuses calendes grecques. Et pendant ce temps-là, en toute impunité, ressurgissent des slogans des années 30. Parfois avec la complicité quasi goguenarde d’esprits supérieurs.

Il serait plus que temps que, comme Peillon, tous les ministres, le PS, la gauche républicaine, prennent conscience que les reculades ne font que renforcer les tenants de l’obscurantisme et de l’intégrisme. Sinon, le Munich idéologique qui se dessine risque d’aboutir à un néo-Pétainisme*.

 

* « Le pétainisme continue d'imprégner les discours, à travers cette façon indigne de parler des étrangers comme d'une menace, cette nostalgie de la France des clochers, cette exaltation du travail comme rédempteur, cette peur des pulsions, ce pistage des dangers, ce mépris des intellectuels, cette haine des fonctionnaires… » G. Miller

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11 février 2014 2 11 /02 /février /2014 16:18
Bossuet, dit l'Aigle de Meaux et Copé vu par Géhém ("La buse de Meaux")
Bossuet, dit l'Aigle de Meaux et Copé vu par Géhém ("La buse de Meaux")

Bossuet, dit l'Aigle de Meaux et Copé vu par Géhém ("La buse de Meaux")

Comme vous le savez, le magnifique Président de l’UMP, dit le bien-élu, Maire de Meaux, député et subsidiairement avocat, a dénoncé, à juste titre et à la télévision, un maléfique ouvrage, intitulé « Tous à poil ».

Le citoyens responsables et soucieux de mettre un coup d’arrêt à cette dérive qui pollue les esprits de nos gniards, orchestrée par un ministre de l’éducation, adepte clandestin de la néfaste théorie du genre, se doivent, dans un élan suprême, d’apporter leur soutien à l’œuvre salvatrice de ce grand Meldois, que, malgré son profil de rapace, nous ne baptiserons pas aigle de Meaux, l’appellation étant déjà prise, et encore moins faucon, mais vautour !

 

Vous trouverez, ci-dessous, ma modeste contribution. Mais des plumes, plus acérées et plus talentueuses, peuvent proposer d’autres exemples de missives.

 

Elles sont à envoyer à jfcope@assemblee-nationale.fr

Copé, le cynique, dans ses oeuvres.

Monsieur le député-maire-président de l’UMP,

 

Bravo pour votre croisade anti “Tous à poil”, un livre qui pervertit notre belle jeunesse !

 

Mais votre croisade est loin d’être finie.

Etes-vous sûr, par exemple, que l’horrible “Guide du zizi sexuel” de l’abominable ZEP (un Suisse qui vient manger le pain des français !) ne traîne pas dans les rayons de la bibliothèque municipale de votre belle ville de Meaux ? Avez-vous pensé à en expurger tous ces ouvrages libertins, issus de l’idéologie libertaire soixante-huitarde ?

 

Ce qui pourrait donner lieu à un bel autodafé.

 

Encore bravo mais ne vous arrêtez pas sur cette voie visiblement inspirée par l’Aigle de Meaux , qui n’est pas, comme le croient les sauvageons incultes, issus de notre éducation nationale abrutie par l’idéologie d’un ministre totalitaire, un grimpeur du Tour de France, mais le grand Bossuet ; aidé de Mmes de la Rochère et Bourges*, éradiquez de nos écoles, cette dégradante prétendue littérature pour la jeunesse qui pervertit nos chères têtes blondes.

 

Croyez, M. le député-maire-président-avocat, en l’expression la plus vive des sentiments que vous m’inspirez,

 

J. F. Launay

 

 

* Le salon beige, émanation du prétendu Printemps Français, a publié des titres de livres à éliminer des bibliothèques municipales !

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6 février 2014 4 06 /02 /février /2014 16:36
copie d'écran du site ABCD de l'égalité

copie d'écran du site ABCD de l'égalité

Mieux que le « testing » cher à SOS Racisme, une enquête de trois chercheurs du CNRS, portant sur plus de 4000 établissements d’enseignement privés, a mesuré la discrimination à l’inscription.  Les résultats de cette expérience contrôlée n’ont guère eu d’échos, bien que le compte rendu soit parfaitement compréhensible pour un non sociologue. Pas plus que les travaux de Pierre Merle qui, à travers l’étude de dix grandes métropoles, montre la ghettoïsation par le haut de l’enseignement privé.

 

« Bonjour,

Je souhaiterais inscrire mon fils … dans votre établissement en classe de CE2 à la rentrée prochaine. Pouvez-vous m’indiquer si c’est possible ? En vous remerciant par avance,

Bien cordialement, »

 

« Madame, Monsieur,

Je voudrais que mon fils … intègre votre établissement en septembre prochain. Il sera en CE2.

Je vous remercie par avance de m’indiquer s’il y a des possibilités d’inscription.

Très cordialement, »

 

Deux messages quasi identiques, mais dans le premier le fils se prénomme Pierre et il est signé Jean BERNARD et dans le second il s’agit de Youssuf et il est signé Mohamed BENCHARGUI.

 

" Entre mars et juin 2011, nous avons examiné la discrimination liée à l'origine supposée des parents, à l'entrée de 4 269 établissements privés répartis sur l'ensemble du territoire. Nous avons construit de toutes pièces les identités de deux pères fictifs, l'un portant un prénom et un nom à consonance française, l'autre à consonance maghrébine. A quelques jours d'intervalle, ces deux pères fictifs ont adressé un court message à chacun de ces établissements pour obtenir plus d'informations en vue d'y inscrire leur enfant à la rentrée suivante. Nous avons ensuite comparé les suites données à ces messages par ces établissements" expliquent Loïc Du Parquet, Thomas Brodaty et Pascale Petit, signataires de l’étude. Les classes visées étaient CE1 et 2 et CM1 en primaire, 5e et 4e en collège.

 

En introduction les expérimentateurs rappellent que Chaque année, l’Etat et les collectivités territoriales allouent un budget non négligeable au financement de l’enseignement privé élémentaire et secondaire sous contrat (respectivement 6 663 et 1 483 millions d’euros en 2008). Parmi les contreparties figure pour ces établissements l’obligation de respecter le principe de non-discrimination. « Tous les enfants sans distinction d'origine, d'opinion ou de croyances, y ont accès »

(Loi Debré* de 1959).

Discrimination et ségrégation dans l’enseignement privé

3 023 écoles élémentaires et 1 246 collèges ont été testés. Le contact s’est fait par courriel à partir d’un annuaire des établissements du Ministère de l’Education Nationale.  Globalement 6 établissements sur 10 ne répondent pas : les 1/3 des écoles, la moitié des collèges ! Mais, le taux de non réponse est de 12 points plus élevé pour le père au patronyme maghrébin (67,5 % contre 55). L’écart est encore plus grand s’agissant des collèges : 16 points (57,6 contre 41,3). Les réponses purement négatives sont faibles et pratiquement équivalentes : globalement 4,16 et 4,45, avec même un plus faible taux en collège pour le père maghrébin (5,5 contre 6,6). Mais s’agissant des réponses franchement positives, à peine plus nombreuses, ça fait plus que s’inverser avec globalement 4,4 et 8,4 et en collège 1,4 contre 4,3. Restent les réponses d’attente (demande de renseignements, proposition de rendez-vous, etc.) : là encore différence nette en faveur du petit Pierre face à Youssuf de 6,6 points en école élémentaire et 12,2 points en collège.

 

"Nos résultats mettent en évidence l'existence d'une discrimination. Premièrement, la discrimination se manifeste par l'absence même de réponse de l'établissement au message des parents. Si les deux pères fictifs sont concernés par cette situation dans une forte proportion, le père issu de l'immigration l'est plus fréquemment. Deuxièmement, les établissements qui répondent au message de sollicitation, envoient un peu plus fréquemment une réponse négative au père issu de l'immigration. Enfin, les établissements qui répondent au message et n'adressent pas de réponse négative envoient moins souvent une réponse positive ferme au père issu de l'immigration, celui-ci sera plus souvent concerné par la proposition d'un rendez-vous que le père d'origine française", concluent les auteurs.

 

Collèges de Nantes (P. Merle)

Collèges de Nantes (P. Merle)

Ghettoïsation par le haut et par le bas

 

Une note du sociologue Pierre Merle pour Terra Nova sur la réforme de la carte scolaire complète cette « expérience contrôlée ».

Aux collèges publics le recrutement dans les couches populaires, aux établissements privés les enfants d’origine aisée. « Globalement, de 2007 à 2010, dans les dix premières capitales régionales, les établissements privés se caractérisent par une ghettoïsation par le haut, c'est-à-dire un embourgeoisement de leur recrutement, alors que les collèges publics sont marqués par une ghettoïsation par le bas, celle liée aux quartiers et établissements populaires. Ces deux phénomènes ne sont pas équivalents. La ghettoïsation par le haut est davantage marquée que la ghettoïsation par le bas. »

Hélas on se mélange de moins en moins

Hélas on se mélange de moins en moins

Répétons-le, ces travaux sont parfaitement lisibles pour un non initié à l’écart-type et autres outils statistiques. Le premier établit clairement que dans 18 % des cas les établissements privés discriminent le père au nom à consonance maghrébine en donnant une suite moins favorable à sa demande qu’à celle de l’autre père fictif. Le second, qui s’inscrit d’ailleurs dans un travail plus vaste sur la ségrégation scolaire, est encore plus accessible. Mais ça ne bouze pas. Nettement moins que des élucubrations de prélats sur une prétendue « théorie du genre ». Il ne faudrait surtout pas leur faire de la peine, pas plus qu’à Mmes Bourges ou de la Rochère, en montrant les pratiques discriminatoires et ségrégatives de l’école privée, chère aux cagots de la manip pour tous !

 

 

* Pour les laïcistes sourcilleux, précisons que citer la Loi Debré c’est juste rappeler l’état actuel de la législation.

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