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25 avril 2014 5 25 /04 /avril /2014 07:39
... pour un grand livre

Voulez-vous lire un immense roman qui pourrait être la matrice de « Games of thrones » (sans les dragons) et de « Dallas » réunis, à ceci près que les méchants sont punis et les bons récompensés ?

 

Voulez-vous savoir ce qui se passe dans la tête et dans le cœur d'un homme quand sifflent les balles, que tombent les boulets, que la fumée des canons forme un tel brouillard qu'il y voit moins bien que Fabrice à Waterloo ? Ou la veille de la bataille, quand on sait qu'on mourra peut-être quelques heures plus tard, et qu'on chante avec ses compagnons d'armes ? Et voulez-vous savoir ce qui se passe dans la tête et dans le cœur d'une petite jeune-fille de quatorze ou quinze ans, qui va à son premier bal, dont les bras sont encore trop maigrelets pour emplir la manche de sa robe, et que sa poitrine ne remplit pas davantage son corsage, mais qu'elle se rend compte soudain qu'un homme jeune et beau, riche qui plus est, celui que toutes celles qui sont déjà plus femmes qu'elle regardent à la dérobée, a les yeux sur elle plus souvent qu'il ne faut, et qu'il se dirige vers elle pour la première valse ?

 

Vous êtes-vous déjà demandé comment, après Hegel, vous pouviez penser l'Histoire telle qu'elle se fait ? Quel crédit il faut accorder aux grands hommes et aux grands stratèges ? Jusqu'à quel point ils sont responsables des victoires ou des défaites qu'on leur impute ?

 

A moins qu'il ne faille les imputer aux peuples eux-mêmes, à leur « âme ». Mais cela existe-t-il ? ces mots ont-ils un sens ? Si tel est le cas, le véritable grand homme est celui qui ne fait rien, qui prend seulement soin de ne pas contrarier l'Histoire en marche, qui recule quand les temps lui sont défavorables pour limiter les pertes, et qui avance avec prudence quand les vents sont porteurs, pour ne pas gaspiller ses forces.

 

Ces quelques lignes vous inquiètent. Vous n'avez pas envie de philosopher. Vous avez envie de passions, à la manière d' « Autant en emporte le vent », d'amours, de haines, de ruines soudaines et de fortunes inattendues. La petite part un peu midinette de votre cœur, que vous soyez homme ou femme d'ailleurs, veut s'émouvoir, pleurer avec André, trembler avec Pierre, elle veut passer du rire aux larmes avec Natacha, se laisser un instant séduire par un beau ténébreux plus voyou que gentleman, ou haïr la séduisante Hélène, ce mauvais ange aux formes généreuses, sotte comme tout, et que la foule de ses admirateurs créditent d'un bel esprit.

 

Et vous voulez savoir comment d'adolescent fantasque on devient homme, comment les épreuves vous brisent ou vous apprennent comment vivre ? Et comment mourir ? Et la vie n'est-elle pas une force qui nous dépasse, qui, lorsque le malheur vous broie, après un temps, surgit malgré soi au coin d'un œil, et qui, sans que vous l'ayez voulu, et malgré tous vos stratagèmes vous emporte et vous amène des larmes du deuil aux soupirs amoureux ?

 

Un peu de « Games of thrones » un peu de « Dallas », pas mal d' « Autant en emporte le vent », quelques gouttes d'eau de rose, un peu de philosophie, quelques règlements de compte avec des contemporains, sur seize cents pages. Je les avais lues il y a 35 ans de cela, et j'avais tout oublié. Je les ai demandées en cadeau de Noël et je me suis dit, « c'est bien, j'en aurai pour un an au moins ». Ça m'a tenu trois mois.

C'est « La Guerre et la Paix », d'un certain Léon TolstoÏ. Ça ne fait rien, je vais attaquer le 3ème tome de la trilogie de Peter May, ouverte avec L'Ile des chasseurs d'oiseaux et continuée avec L'Homme de Lewis, autant de tragédies grecques sur les Hébrides écossaises, dans la pluie, le vent et la tourbe.    

 

Pascal Bouchard*

 

Léon Tolstoï La Guerre et la Paix

Éditeur : Pierre Pascal Traducteur : Henri Mongault Index historique par Sylvie Luneau Parution le 12 Mars 1945  Réimpression 2008, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1696 pages.

 

 

  * Pascal Bouchard (ToutEduc), auteur notamment d'un indispensable Anti-manuel d'orthographe, a déjà contribué à « Mes lectures favorites » (MLF) avec Un jour de colère (08/04/09) "Le principal, il nous aime pas", un livre exceptionnel (28/03/11) "Un Sujet français" (18/09/11)

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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 18:10

Le « courrier des lecteurs » du Monde (2-3 juillet 2011), normalement très sélectif, a cependant accueilli la lettre d’un-e certain-e Claude Bourse d’une malhonnêteté intellectuelle égale à son indigence.

 

retropenseur.jpgLe bon ou le mauvais œil ?

Mettre l'élève au centre du système éducatif, invention des pédagogistes, est une négation de l'instruction. Ces novateurs le disent clairement et l'explicitent de la sorte : « On n 'a rien à apprendre magistralement à un élève, à lui de se former sous l'œil de son enseignant.» En 1989, la loi d'orientation de Lionel Jospin, ministre de l'éducation nationale, allait déjà dans ce sens en stipulant : «L'enfant peut, par sa propre activité, ludique si possible, reconstruire seul les savoirs accumulés par l'humanité depuis des millénaires. » {Bulletin officiel du 4 août 1989). Aujourd'hui, le résultat de pareilles aberrations est le suivant : Alain Bentolila, professeur en linguistique, dans une tribune « Le supérieur malade de l'école » (Le Monde du 27 juin 2007) écrivait : « Certains de mes étudiants en licence restent de médiocres lecteurs et de piètres scripteurs. » Ces étudiants à bac +3 ont sans doute été victimes de professeurs « ayant le mauvais œil ». En langage cher aux pédagogistes, on dirait : « L'œil était dans un lieu de vie et regardait l'apprenant. » Ce que Victor Hugo aurait sans doute intitulé : « L'inconscience ».

Claude Bourse, Montpellier

 

 

 

Sur le fond du sous-Brighelli, sur la forme un puéril jeu sur le mot œil à partir d’une citation bidon. Le septimaniaque reprend un procédé finkielkrautien, qui consiste à attribuer à d’anonymes auteurs, ici « les novateurs », des positions caricaturales. Sans user de guillemets, toutefois, comme ce ou cette septimaniaque.

 

Or cette phrase a bien été écrite, mais par un rétropenseur de son espèce qui, dans le blog de L. Cedelle, en avril 2009, attaquait le nouveau programme de maths en seconde. Un certain Michel Delord* qui prêtait à de néfastes constructivistes ce on n’a rien a apprendre magistralement à un élève, à lui de se former sous l’œil de son enseignant et il ajoutait sans vergogne (c’est fou comme ces élitistes ont le souci des élèves défavorisés à qui ils flanquent une moyenne morbide tout au long de l’année) tant pis si son environnement personnel ne lui permettra pas de progresser dans sa solitude : vivent les riches ! Le nommé Delord serait bien incapable de dire quel constructiviste a produit la phrase, pas plus que le-la nommée Bourse pourra nous dire quel novateur l’a dite ou écrite.

 

Non content de cela, ce Claude Bourse, nous assène une deuxième citation sur l’enfant qui peut en jouant reconstruire seul les savoirs accumulés par l’humanité, en se référant à un BOEN du 4 août 1989. Or elle est tirée de la prose insane de Mme Fanny Capel  qui ose assurer : « Ce sont les termes mêmes de la loi d'orientation de 1989 de Lionel Jospin (BO numéro spécial du 4 août 1989). ». Référence fausse puisque le BO spécial n° 4 sur la loi d’orientation est sorti le 31 août. Et la délirante dame a purement et simplement inventé cette citation absurde !

 

Seule authentique citation, celle de Bentollila qui reprend la vieille antienne du niveau qui ne cesse pas de baisser sans jamais atteindre l’étiage.

 

Ce courrier est donc une véritable imposture, mais qui témoigne de la mahonnêteté et de l’indigence intellectuelle de ces rétropenseurs**.

 

 

* Deux éminents journalistes m'assurent, l'un que M. Delord, "quoi qu’on puisse penser de ses positions et de son goût pour les postures radicales, ne peut être qualifié d’élitiste" ; l'autre qu'il "a des opinions tranchées, mais  est un honnête homme, pour autant que j'en puisse juger"....

 

 

** Ce mot-valise a été fabriqué par R. Mallerin, membre fondateur d'Education & Devenir

 

 

N.B. Un des deux journalistes cités à propos de M. Delord, Pascal BOUCHARD (ToutEduc) ajoute :

"ton papier, Jean-François, pose deux problèmes de fond, sur lesquels j'ai pas mal travaillé, mais que je n'ai pas résolus
- comment un mensonge devient une vérité à force d'être répété? 
(je pense aux "150 000 jeunes qui sortent sans qualification du système éducatif, alors qu'ils ne sont "que" 50 000, ce qui est beaucoup trop, mais qui ne suffit pas à disqualifier notre système scolaire)
- pourquoi les pédagos se contentent-ils de parler aux pédagos? Je sais que la prose qu'on leur oppose est indigente, mais il faut essayer de comprendre pourquoi des arguments nuls ont un tel impact.".
 
Sans avoir la réponse, il me semble que l'épisode GUEANT, sur, justement, les sorties du système scolaire sans qualification avec 2/3 d'enfants immigrés a été repris dans de nombreux médias ; un seul journal a dénoncé le mensonge délibéré et quand l'INSSE s'est enfin décidée à démentir Guéant, l'impact de ce démenti a été quasi-nul.
Les propos des rétropenseurs sont au diapason des préjugés populaires (ils sont d'ailleurs, parfois, au niveau de propos de bistrot), ils n'offrent prise à aucune argumentation puisqu'ils n'utilisent que l'argument d'autorité, l'anathème et l'insulte. Et certains de leurs porte-paroles ont une audience médiatique dont aucun "pédago" ne bénéficie.
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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 18:09

« Toutes les fois que l’intérêt de l’ordre public ne pourra être légitimement invoqué, dans le silence des textes ou le doute sur leur exacte interprétation c’est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur. »

Aristide Briand, à propos de la Loi de 1905

LyceeABlanqui

Vous avez aimé la proscription de la burqa dans nos villes et celles du foulard dans nos lycées, vous allez adorer celle de la robe longue unie, qui "ne peut être considérée que comme un vêtement ostentatoire, un signe religieux manifeste. "

 

Voulant sans doute faire concurrence à Ernest Chénière*, le pionnier, qui avait initié la chasse au foulard dans un collège de Creil (1989), comme « extériorisation excessive d’appartenance religieuse ou culturelle » - lui qui exhibait dans son bureau de Principal un sabre de samouraï – la proviseure et son adjointe du Lycée Auguste Blanqui (St-Ouen) se sont lancées dans la chasse aux robes longues unies.

 

On hésite toujours à se faire l’écho de telles imbécilités. Les souchiais et autres « sauciflards-pinards », et maintenant les Copé et les UMPistes, dans leur débat sur une pauvre laïcité qui ne demandait pas cet excès d’indignité, vont y trouver un nouvel os à ronger. On se demande aussi si les collègues, face peut-être à une juvénile provocation, ne se sont pas laissé embringuer dans une histoire à dormir debout dont elles ne savent comment s’en sortir ?

 

djilbab2Or donc,depuis quelques jours, plusieurs lycéennes sont convoquées, l’une après l’autre, par la proviseure adjointe et la CPE, parce qu’elles portent…une robe longue unie ! Leur tenue « ne peut être considérée que comme un vêtement ostentatoire, un signe religieux manifeste » et il leur est demandé de porter des jeans et des T-shirts (républicains ?) « comme tout le monde », sous peine d’être renvoyées de l’établissement, conformément au règlement intérieur et ce, afin de respecter le principe de laïcité. Ces jeunes filles, précisons-le, portent le foulard dit « islamique », en dehors du lycée.

 

En effet, le règlement intérieur** (RI) stipule, dans deux alinéas intitulés « laïcité » : « Conformément aux dispositions de l’article L141-5-51 du code de l’éducation, le port de signes ou de tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.

Lorsqu’un élève méconnaît l’interdiction posée à l’alinéa précédent, le chef d’établissement organise un dialogue avec cet élève et sa famille avant l’engagement de toute procédure disciplinaire. Pendant le dialogue, qui n’est pas une négociation, le chef d’établissement veille, en concertation avec l’équipe pédagogique, aux conditions dans lesquelles l’élève peut être scolarisé dans l’établissement. »

Ainsi, les lycéennes, en terminale, ont-elles été confinées dans le CDI où les enseignants leur donnent des polycopiés, avec les exercices et devoirs à faire.

 

Cet épisode, qui n’est pas clos, permet cependant de dégager deux constats :

1°) la tentation irrépressible chez certains fonctionnaires de s’arroger un pouvoir discrétionnaire, au-delà des lois et règlements, à la tête du client (ainsi continue-t-on de voir des français qui sont nés à l’étranger victimes du zèle de bureaucrates, au mépris de la loi, pour le renouvellement de leurs papiers d’identité)

2°) l’enchaînement sans fin des interdictions, après le foulard, la robe ! et demain la jupe, le pull, le chemisier, les chaussures, les boucles d’oreille, le maquillage… ? (Faut-il rappeler, qu’il y a peu, le pantalon restait interdit aux lycéennes ?).

 

Il serait plus que temps de revenir à l’esprit de la Loi de 1905 tel qu’Aristide Briand l’a énoncé !

 

 

* Ce pionnier est ensuite devenu député RPR, avant de réintégrer l’éducation nationale comme proviseur dans l’Académie de Nantes : sa direction du lycée dont il avait la charge fut si calamiteuse qu’il fut mis dans un placard du Rectorat en cours d’année ; il se peut cependant qu’il ait continué de sévir sur un autre poste ultérieurement

 

** Il stipule aussi : « Le port de couvre-chef est interdit dans l’enceinte du lycée et pendant toute activité éducative et pédagogique (sortie, voyage, …). » Faut-il rappeler aux géniaux auteurs qu’en cas de pluie ou de soleil brûlant, le port d’un couvre-chef, lors d’une sortie, est difficilement réprimable ?

 

Source : Touteduc signalé par Pascal Bouchard, son rédacteur en chef et contributeur du blog

 

 

Miracle : l’AFP s’étant fait l’écho de l’affaire de la robe noire unie dans un lycée de Saint-Ouen est reprise par la presse (Libé, notamment) et un grand site d’information du monde éducatif (Le café pédagogique).  

 

« Dérapage identitaire dans un lycée du 93

 

Quatre élèves du lycée Blanqui de Saint-Ouen (93) ont été menacés de renvoi au motif que leur robe était un signe religieux. 

 

Selon l'AFP, quatre jeunes filles, élèves du lycée Blanqui de Saint-Ouen ont été convoquées le 16 mars par le proviseur-adjoint et le CPE de l'établissement. à propos de leur robe noire et ample. Selon les jeunes filles elles auraient été clairement menacées de renvoi. On aurait invoqué la loi sur le voile, respectée par les 4 jeunes filles, et on leur aurait dit qu'elle ne concernait pas que le voile et que la robe était un signe religieux ostentatoire. Selon le Snes, c'est plus ambigu. on leur aurait demandé de réfléchir à leur maintien dans l'établissement...

 

L'embarras de l'institution. Au rectorat de Créteil comme au ministère on ne commente pas l'événement. Mais il arrive dans le climat créé par la lettre de L Chatel aux parents d'une école du même département qui tend à refuser les mères portant le voile dans les écoles et par le "débat sur l'islam" lancé par le président de la République et qui pousse chaque jour à la discrimination.»

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/03/23032011Accueil.aspx

 

P.S. Le SNES fait preuve d’un remarquable jésuitisme : les jeunes filles n’ont pas été « menacées de renvoi », mais « on leur aurait demandé de réfléchir à leur maintien dans l’établissement ».

 

 

Le Monde, largement après la bataille, se fait à son tour l'écho de cette affaire et nous apprend que ces robes longues sont des "abayas"... J'ai donc envoyé un Courrier au prestigieux quotidien du soir :

 

 

Quand les robes longues deviennent des « abayas »

« Remous dans un lycée sur la tenue de certaines élèves », titre un article du Monde daté du 26 mars 2011. Sans doute, parce qu’il arrive quand même un peu tard (ToutEduc avait mentionné l’affaire dès le 18 mars, l’AFP le 22 mars), il donne dans le style beaucoup de bruit pour rien et nous apprend que les robes de lycéennes d’un lycée de Saint-Ouen sont des « abayas ».

 

« Sites communautaires » : ToutEduc ? le Post (filiale du Monde)* ?

 

La version donnée, avant la dépêche AFP est que des lycéennes ont été convoquées par la proviseure adjointe et la CPE, parce qu’elles portent…une robe longue unie ! Leur tenue « ne peut être considérée que comme un vêtement ostentatoire, un signe religieux manifeste » et il leur est demandé de porter des jeans et des T-shirts « comme tout le monde », sous peine d’être renvoyées de l’établissement, conformément au règlement intérieur et ce, afin de respecter le principe de laïcité. Elles auraient été confinées au CDI où leurs enseignants leur transmettaient exercices et devoirs. Ce que contaient ces élèves était rigoureusement conforme au règlement intérieur du lycée : « Lorsqu’un élève méconnaît l’interdiction [de manifester ostensiblement une appartenance religieuse], le chef d’établissement organise un dialogue avec cet élève et sa famille avant l’engagement de toute procédure disciplinaire. Pendant le dialogue, qui n’est pas une négociation, le chef d’établissement veille, en concertation avec l’équipe pédagogique, aux conditions dans lesquelles l’élève peut être scolarisé dans l’établissement. »

 

Le démenti, apporté bizarrement par un membre du SNES – il est rare de voir ce syndicat en avocat des personnels de direction – est pour le moins ambigu : il n'y a pas eu de menaces d'exclusion, mais un rappel du principe de laïcité aux jeunes filles. « Il leur a été dit qu'elles devaient entamer une réflexion pour se positionner par rapport à cette règle et savoir si elles voulaient rester dans l’établissement l'année prochaine, mais cela a pu être perçu comme une menace d'exclusion. »

 

Pas de menace d’exclusion donc. Mais

1°) pourquoi convoquer des élèves pour un « rappel du principe (?) de laïcité » ?

2°) que veut dire cette demande « d’entamer une réflexion pour se positionner » - admirons au passage ce bel exercice de xillographie – et « savoir si elles voulaient rester dans l’établissement » ?

 

Car de deux chose l’une soit cette robe longue – baptisée « abaya » pour quelle raison ?- est une manifestation ostensible ou ostentatoire d’une appartenance religieuse et dans ce cas la convocation s’explique, mais ne s’explique pas l’avortement de la procédure d’exclusion reportée implicitement à la fin de l’année scolaire ; soit cette robe longue n’est qu’un habillement comme un autre et on peut supposer que proviseure-adjointe et CPE ont autre chose à faire que de convoquer des élèves individuellement et au hasard pour leur rappeler les dispositions de l’article L141-5-51 du code de l’éducation.

 

Ni pour savoir si elles veulent rester dans l’établissement l’année suivante.
Car là, si on travestissait les règles de l’orientation (ou plutôt de la réorientation qui, sauf exception, ne se posent qu’après la seconde) en opération disciplinaire qui ne dirait pas son nom, on basculerait dans l’arbitraire.

 

La conclusion laisse planer l’ambiguïté sur ce « non évènement », puisque le Rectorat, tout en affirmant que les jeunes filles sont normalement scolarisées, soutient qu’« une phase de dialogue est en cours ». Sur quoi porte donc ce dialogue ? Ne serait-on plutôt dans une phase d’hésitation ou de temporisation ? Après le voile, la robe ? Mais est-ce opportun et surtout porteur pour la reconquête de voix reparties dans leur étable d’origine ?

 

J. F. Launay

 

* à noter que cet article du 19/03, dont on peut lire la version originale sur mon deblog notes, (c'est-à-dire ci-dessus) n’a été « officialisé » par la rédaction du Post que le 23 et quelque peu « transformé », assorti d’une note et avec une source (Le Parisien) totalement fantaisiste, alors que le lien vers ToutEduc, la source de départ, était supprimée ; de plus, la rédaction du Post faisait un article sur le même thème sans même mention de son prédécesseur…

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8 avril 2009 3 08 /04 /avril /2009 13:31

Pascal Bouchard (ToutEduc), auteur notamment d'un indispensable Anti-manuel d'orthographe, nous fait part d'un coup de cœur pour cet ouvrage d'A. Pérez-Reverte.

 


Arturo Pérez-Reverte est, comme son nom l'indique, espagnol. Il a lu tout ce qu'il a pu trouver, jusqu'au fin fond des archives, sur la journée du 2 mai 1808 qui vit le petit peuple de Madrid se révolter contre l'occupation française, et, disons-le, la parfaite imbécillité de Marat, duc de Berg, qui ne comprend rien à ce qui se passe. Les Espagnols non plus ne comprennent rien. La bonne société est dans un état avancé de décomposition et de compromission. Les intellectuels attendent avec impatience que Bonaparte, l'héritier des lumières, les débarrasse d'une aristocratie bornée et du poids d'une Eglise qui ne l'est pas moins. Mais les soudards portent bien mal l'étendard de la libération. Quant à l'armée espagnole, elle n'aime pas la populace, et se méfie des insurrections populaires. Elle hésite. Sauver l'honneur, et se suicider aux côtés des maçons, des jardiniers et autres commis boutiquiers qui se jettent sur les mamelouks ou les hussards, et les tuent avec leurs navajas, leurs couteaux de cuisine, voire leurs ciseaux de couture pour les femmes... ou obéir aux ordres et rester dans les casernes?
Heure par heure, minute par minute parfois, Arturo Perez-Reverte suit chacun des personnages dont il a retrouvé les noms, et la relation des faits et gestes, dans la masse de la documentation qu'il a réunie. Et c'est fascinant. Il y a le récit, parfaitement mené par un très grand écrivain, d'une bataille vécue tantôt dans la rue, au plus près des coups de sabre, et des entrailles des chevaux et des hommes qui se confondent dans l'horreur, tantôt dans les salons de Marat, ou dans le cabinet de travail d'un écrivain, ou du haut du balcon où Goya suit le déclenchement d'une guerre dont il va croquer les "désastres" durant les 8 années qui suivront. Mais plus encore, est fascinant le désir de l'auteur de donner un tombeau, et de restituer leur nom à chacun de ces hommes et de ces femmes, de ces enfants parfois, tombés dans la confusion d'une bataille sans chefs ni logique militaire. Dans l'inhumanité des massacres et des exécutions sommaires, l'auteur invente une forme d'humanisme.

 

Un jour de colère Arturo Pérez-Reverte (François Maspero Traducteur) Le Seuil

 

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