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17 janvier 2014 5 17 /01 /janvier /2014 21:59
Faut-il détruire le Sénat et les bureaucrates d’Internet ?

Le sujet récent de Jean-François Launay « Delenda est Sénat ? » et ses avanies consécutives sur le « Plus » du Nouvel Observateur sont en apparence différents, en fait liés. Ils indiquent que le droit constitutionnel à l’emporte-pièce et la « modération » sournoise camouflée en censure sont des maladies curables, à condition bien sûr d’être décelées à temps.

 

Un petit exercice de cuistrerie latiniste pour commencer. Si la formule «  Carthago delenda est » (« Il faut détruire Carthage »), du vieux réac Caton l’Ancien, l’un des premiers tenants de l’invasion du Maghreb, est restée, elle le doit en partie au sinistre propagandiste pro-nazi Jean-Hérold Paquis qui a braillé dans la poubelle sonore de l’Occupation, Radio Paris : « L’Angleterre, comme Carthage, sera détruite… ». On trouve mieux comme référence démocratique, mais la syntaxe de Tacite est elle aussi malmenée.

Le Sénat, comme le latin Senatus, est du genre masculin. Le gérondif du verve deleo (biffer, supprimer), qu’on retrouve d’ailleurs dans l’anglais « to delete », doit s’accorder au sujet. Or, delenda convient à Carthago, ville féminine, mais pas au viril Senatus. On pourrait donc dire à la rigueur « Senatus delendus est », à seule destination des admirateurs du regretté Félix Gaffiot.

 

Bicamérisme égalitaire ?

 

En termes constitutionnels, les propositions de Jean-François Launay partent d’une évidence : toutes les circonscriptions électorales ne sont pas égales. L’évolution démographique et socio-économique, les charcutages politiques à répétition, la volontaire « prime à la France rurale », donc à la droite jusqu’en 2011, en sont les causes principales. Et de crier à l’injustice entre la Creuse et la Loire-Atlantique. Fort bien. Sur qui faut-il s’aligner ? Sur le 23, avec plus de 1000 sénateurs, ou le 44, avec les Creusois dans le trou ?

Le fond de la question est plus simple : faut-il ou non un Parlement bicamériste ? Si oui, y a-t-il prépondérance d’une Chambre sur l’autre ? La mise à égalité amènerait immédiatement une crise législative chronique. Le mode de scrutin actuel est supposé l’empêcher. On laissera de côté la question du cumul législatif-exécutif par les sénateurs.

 

Concurrence en direct

 

Le suffrage universel direct donne la primauté à l’Assemblée Nationale, après navette. Cela prend du temps et apporte peu de progrès dans l’élaboration des textes, mais c’est un gage de démocratie. D’autre part, le Sénat est supposé être le représentant des collectivités territoriales, alors que les députés ont un mandat avant tout national (on est toujours dans la théorie).

Imaginons maintenant deux assemblées élues au suffrage universel direct. Avec les mêmes circonscriptions  et la même durée de mandat ? L’une des deux est de trop. Avec un scrutin majoritaire uninominal pour le Palais-Bourbon, un scrutin proportionnel de liste pour le Luxembourg ? Le Conseil Constitutionnel s’en occupera et ce sera rapide.

Plus importante encore est la question de la légitimité. Pourquoi l’une des deux assemblées, élue dans les mêmes conditions que l’autre, aurait raison sur son épigone ? Pour éviter le blocage immédiat, deux solutions : un régime présidentiel à l’américaine ou un passage au monocamérisme. On n’évoquera pas la dictature, qui fait gagner du temps mais a d’autres conséquences.

 

VIe République et proportionnelle

 

Le monocamérisme économise les navettes, mais présente des risques qui peuvent se transformer en dérives. On a retenu l’envolée du PS André Laignel, petit jacobin de l’Indre lançant à la droite au Palais-Bourbon en 1981 : « Il a juridiquement tort parce qu’il est politiquement minoritaire ».  Les excitations et les surenchères des députés ne peuvent être tempérées que par un contre-pouvoir législatif. C’est le rôle théorique des « Sages » du Sénat, en fait de vieux cumulards, mais les supprimer réglerait-il les indignations de JFL ?

Je plaide pour l’instauration d’une VIe République supprimant un exécutif bicéphale, l’Assemblée Nationale élisant un Premier Ministre responsable devant elle, le Sénat étant élu au second degré (on peut modifier la désignation des « grands électeurs ») et représentant les échelons territoriaux. À condition qu’ils ne changent pas perpétuellement selon la vision régionale et « métropolitaine » de Nicolas Sarkozy, de François Hollande ou de Mme Bruxelles, avec la référence récurrente aux Länder allemands. Le mode de scrutin intègre une dose de proportionnelle à l’Assemblée Nationale et au Sénat, dans l’esprit des Conseils municipaux actuels, de manière à ce que toutes les organisations politiques représentatives (par exemple plus de 5 %) soient là. Par parenthèse, cela permettrait de mettre certains partis, comme le Front National, au pied du mur de l’action politique.

 

Blacklisté par Perdriel ?

La « censure » dont JFL dit avoir fait l’objet de la part de « Le Plus », annexe du Nouvel Obs’, n’est au fond pas éloignée de cette réflexion constitutionnelle. Hormis l’éviction indispensable des insultes, des injures racistes et des atteintes à la vie privée, de quel droit des « quiches stagiaires » se permettent-elles de sélectionner les opinions en se cachant derrière la discutable validité des sources de Wikipedia ?

Jean-François Launay se dit « blacklisté » par « Le Plus ». C’est probablement vrai, pour des raisons que j’ignore. Mais alors, pourquoi s’acharner à être publié par des medias qui ne l’aiment pas ? C’est d’autant plus injuste que je n’ai jamais noté dans le blog de JFL la moindre dissidence politique envers la ligne socio-libéralo-humaniste de Claude Perdriel. Au moment où il fourgue sa boîte au trio Niel-Pigasse-Bergé, il faudrait  envoyer un dernier SOS : « Reviens, Jean Daniel, ils sont devenus fous… ».

 

L’arroseur arrosé

 

Cette dictature « soft power » des stagiaires d’Internet s’appuie, comme toutes les censures, sur l’absence de droit constitutionnel appliqué. Les « modérateurs » sont d’abord des amputeurs, les défenseurs du politiquement correct et de la pensée pseudo-moderniste. Ce sont les mêmes que leurs collègues de « gôche » qui accusent ceux qui refusent l’Europe socio-libérale d’être des souverainistes préhistoriques, tendance bleu marine. Le Nouvel Obs’ a été particulièrement brillant dans ce genre d’exercice lors de la campagne du referendum sur la constitution européenne en 2005. On observera avec intérêt sa position sur les élections de 2014.

Jean-François continuera de lire « le pire des hebdos à l’exception de tous les autres ». Il n’est pas rancunier, même s’il semble regretter France-Observateur des grands anciens Martinet et Bourdet. Il donnera maintenant son argent au trio des nouveaux potes de Perdriel, acceptant de facto les pratiques de « Le Plus ». Après les penseurs, les banquiers et leurs bodyguards modérateurs du Web au QI rétréci. Les auteurs passent, les lecteurs restent. Il n’y a pas que le Sénat qui a besoin de cohérence et de légitimité.

Novus Observator delendus est ?

 

Gilbert Dubant

Claude Perdriel

Claude Perdriel

Commentaires du déblogueur

 

1°) Le M’ que je fus – je parle d’un temps que les moins de 65 ans ne peuvent pas connaître – ne sait du latin que les pages roses du Larousse d’autrefois et il subodorait que son « Delenda est Senat »* relevait du latin de cuisine ; mais il ne se soupçonnait pas disciple d’un certain Paquis dont, à sa grande honte, et malgré l’enseignement de F. Lebrun, il ignorait l’existence.

 

2°) Les objections sur la concurrence entre deux assemblées élues au suffrage universel direct sont, elles, parfaitement légitimes. De celles que j’escomptais si ma contribution avait dépassé l’audience de mon déblog. En revanche, instiller une once de proportionnelle dans l’Assemblée nationale me semble relever du bricolage (et qui ne satisfera même pas les éventuels bénéficiaires). Pour le Sénat, dans l’état actuel, on peut prétendre que ça existe (à partir de 3 élus dans un département). Mais n'a rien à voir avec une vraie proportionnelle.

 

3°) Le fait que Hollande ou d’autres, envisagent de remodeler la carte des régions ou métropoles n’a aucune conséquence sur le système d’élection sénatorial actuel, puisqu’il est sur une base départementale. Mais, en imaginant que l’on garde le système actuel de « grands électeurs », il est sûr qu’une répartition régionale des postes serait moins inéquitable qu’actuellement quel que soit le nombre de régions.

La référence, que je n’ai d’ailleurs pas faite, aux Länder est ambiguë : pour certains, c’est leur taille, mais ils se réfèrent à l’immense Bavière, oubliant la ville-Land de Hambourg, la Sarre ou même le Schleswig-Holstein ; pour d’autres, c’est une décentralisation plus poussée (quand on compare France et Allemagne, on oublie souvent que ces Länder ont des compétences bien plus larges que nos régions, avec de vrais parlements et gouvernements).

 

4°) Le pauvre Perdriel – mais qu’a-t-il donc fait pour mériter cet acharnement, ce co-fondateur du Nel Obs modèle Jean Daniel, qui a sans doute perdu plus d’argent qu’il n’en a gagné dans la presse et qui n’a, sauf preuve du contraire, jamais pesé sur la ligne de l’hebdo ? – n’est évidemment pour rien dans mon inscription sur la liste noire du Plus.

Mon rappel de France Observateur que j’ai découvert en 1961 – soit sans doute une vingtaine d’années avant qu’elle ne pousse le 1er vagissement – n’avait pour but que de signifier à la rédactrice en chef du Plus que, malgré les avanies subies, je restais fidèle à la maison-mère, le Nouvel Obs.

Quant au procédé qui consiste à jouer les victimes (leurs collègues de « gôche » qui accusent...), les mélenchonnistes qui  anathémisent et insultent tous azimuths en ont tellement usé qu’il ne relève plus que de la rhétorique d’estrade, dans laquelle excelle leur maître.

 

* Une petite recherche dans Bing – un clone de Gogol – m’a fait découvrir une page de grammaire latine sur l’adjectif verbal qui atteste bien de ce « Delenda est Cathago » ; outre Paquis, il semble bien, si j'en crois du coup le peu fiable wikipedia, qu'on le retrouve dans un Asterix et, pour m'être, Hannibal et ses éléphants aidant, intéressé aux guerres puniques dans ma prime jeunesse, j'avais découvert cet affreux Caton, sans l'aide de Radio Paris ("Radio Paris ment, Radio Paris est allemand", P. Dac)

ANNEXE

Sénat revu et corrigé

Faut-il détruire le Sénat et les bureaucrates d’Internet ?

Jouant au constitutionnaliste du dimanche – ce 19 janvier, jour anniversaire de la fondation de the most noble Order of the Garter (l’Ordre de la Jarretière) en 1349 – j’ai fait un petit tableau répartissant les 328 sénateurs*, issus de nos départements, entre les régions. Par paresse, j’ai récupéré un tableau de l’INSEE un peu vieillot (population en 2007) mais l’exercice peut être refait avec des chiffres actualisés. On divise la population totale par 328 et on obtient la représentativité moyenne (ici 194 en milliers) ; puis on divise la population de chaque région et on arrondit ; les écarts de représentativité subsistent mais sont très atténués. En vert les régions où le nombre de sénateurs progresserait, en rouge celles où il régresserait.

Même dans le système actuel, n’en déplaise aux départementalistes, une base régionale étendrait la proportionnelle à toutes les régions métropolitaines, sauf la Corse.

 

L’objection de l’égale légitimité des deux assemblées, puisque, dans ma proposition, toutes deux élues au suffrage universel, est déjà en partie résolue par la durée du mandat et la forme du renouvellement. D’un côté une assemblée nationale renouvelée entièrement dans une élection couplée avec la présidentielle et pour 5 ans. De l’autre un sénat, renouvelé par moitié, tous les 3 ans et des sénateurs élus pour 6 ans.

Certes, une dissolution peut découpler présidentielles et législatives, mais le fait que seule l’Assemblée Nationale, grâce au scrutin majoritaire à deux tours, peut dégager une majorité de gouvernement devrait suffire à assurer sa prééminence.

Donc, ce bicamérisme permettrait de répondre à la demande légitime de l’ensemble des familles politiques d’avoir une représentation nationale à la hauteur de leur poids électoral, tout en sauvegardant la nécessaire stabilité et l’efficacité législative en donnant toujours le dernier mot à l’Assemblée nationale.

 

 

* Les vingt autres viennent des territoires d’outre-mer et des français de l’étranger.

 

NB Il est intéressant de noter le conservatisme d'un représentant de la gauche, la vraie, à label auto-délivré, s'agissant du mode d'élection du Sénat ou le découpage régional actuel.

A noter aussi que le système électoral pour les communes de plus de 3500 habitants, si il assure une majorité plus que confortable, amène des maires à l'éthique étique - comme le mien - à confondre leur majorité municipale avec la réalité de leur représentativité. Ainsi le maire UMPiste local avec 8 sièges sur 10 oublie qu'ils ne représentent que 55 % des suffrages exprimés et méprise, à travers leurs quelques représentants, les 45 % opposants.

 

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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 18:27
DELENDA EST SENAT ?

En marge de cet article, un échange croquignolet avec une journaliste, puis la rédactrice en chef du Plus, une annexe du Nel Obs (voir en bas de l'article)

 

Faut-il détruire le Sénat ?

Dans sa forme actuelle oui ! Sénateurs élus au second degré selon des modalités et une  représentativité variables. Remplaçons cette deuxième chambre archaïque par une assemblée élue à la proportionnelle et au suffrage universel direct.

 

Le Sénat vient de s’autodéconsidérer par deux votes. Le premier a fait le plus de bruit et provoque la fureur puisque, dans un vote à bulletins secrets, une commission a refusé de lever l’immunité parlementaire de Serge Dassault. La gauche étant majoritaire, l’un de ses élus a donc rejoint les élus de droite farouches défenseurs du vieillard. Va-t-on débusquer le traître ?

Mais un vote plus grave a eu lieu où les sénateurs s’exemptent de la loi interdisant le cumul des mandats. Sous réserve d’être réélus comme Maires, les Sénateurs Collomb et Gaudin pourront continuer d’accumuler les casquettes battus par leur collègue Dellebarre, champion absolu du cumul (pas moins de 26 mandats et fonctions, l’équivalent de 7 temps plein pour un homme ordinaire).

 

Des anomalies connues, mais non corrigées

 

La répartition géographique comme le système d’élection par de grands électeurs est des plus baroques. Les uns sont élus au suffrage prétendument universel, mais indirect, uninominal, à deux tours, les autres à la proportionnelle.

La répartition est telle qu’il y a un sénateur pour 60 000 habitants en Creuse, et un pour 260 000 habitants en Loire-Atlantique. Pourquoi le Creusois pèse-t-il largement 4 fois plus que le ligérien ? mystère.

Quant aux grands électeurs, la commune de Mercey, 52 habitants, compte un grand électeur, la ville voisine de Vernon, elle, tout son conseil municipal, c’est-à-dire 35, soit un pour 708 habitants. Le Merceyen pèse donc 13 fois plus que le Vernonnais.

Prisme déformant supplémentaire : les élections municipales donnent une forte prime à la liste arrivée en tête. Ainsi dans l’évêché crotté du Bas-Poitou la liste majoritaire comptait un élu pour 128 suffrages exprimés en sa faveur et la liste d’opposition un élu pour 366.

Comme disait Coluche, tous égaux, mais il y en a qui sont plus égaux que d’autres.

 

Ces anomalies – pour rester dans l’euphémisme – sont connues. Mais jamais corrigées ou à la marge avec une extension de la proportionnelle à 3 sièges au lieu de 5. Cependant, EELV, appuyé en ce cas par l’extrême gauche comme par l’extrême droite, réclame une représentation proportionnelle.

L’instaurer pour l’élection de l’Assemblée Nationale serait prendre un risque du retour à l’impuissance parlementaire donc gouvernementale, avec des majorités à géométrie variable. Pour qui veut voir les délices de la proportionnelle, il n’est pas interdit d’aller scruter les élections bataves. Pas moins de 11 partis ont obtenu des députés, dont un « parti des animaux » ; 150 places, le parti en tête en a 41; donc aucun gouvernement possible qui ne soit de coalition.

Ne parlons pas de grande coalition à l’allemande totalement – quoi que disent les détracteurs d’une prétendue UMPS – inenvisageable dans notre beau pays où le compromis est honni. Mais, après tout, avec le retour du Franc et ses doux cycles inflation-dévaluation, on peut être nostalgique d’une 4e République et de ses crises ministérielles à répétition…

En revanche, si on ne tient pas à retrouver les charmes vénéneux des combinaisons propices aux partis charnières, le maintien d’une élection au scrutin majoritaire uninominal pour l’Assemblée Nationale s’impose.

DELENDA EST SENAT ?

Pour un Sénat à la proportionnelle

 

Mais rien ne s’oppose, au contraire, à ce que les 348 sénateurs, soient eux élus - par tranche comme maintenant - à la proportionnelle et bien sûr au suffrage universel direct. Le Sénat y gagnerait en légitimité.

 

Le risque de remplacer des notables cumulards par des apparatchiks des partis peut être minoré en faisant ces élections sur une base régionale : les listes auraient intérêt à choisir des candidats qui représentent au mieux l’ensemble des territoires dans leur diversité avec un éventail socio-professionnel des plus larges. Parité femme/homme bien sûr. Non cumul. Seuil de représentativité suffisamment élevé pour écarter le total émiettement. Répartition nationale des sièges équitable.

Bien sûr, les jacobins pousseraient des cris d’orfraie. A tort, sans doute, car cela permettrait de remettre à leur vraie place les indépendantistes de tout poil qui, d’ailleurs, n’ont guère percé dans les élections régionales, sauf en Corse.

 

Resterait ensuite à cette chambre inédite à démontrer qu’elle est capable de fonctionner, d’enrichir de la diversité de ses familles le débat démocratique et le travail législatif. Ce qui, étant donné notre culture politique, basée sur l’affrontement, ne serait pas gagné.

 

Guère d’illusions à avoir. Une telle réforme constitutionnelle est évidemment impossible par la voie du congrès : on n’imagine mal les Sénateurs se faire harakiri. Et il est peu probable que F. Hollande se lance dans un referendum sur ce thème et dans le climat actuel. De Gaulle, il est vrai en proposant une véritable usine à gaz à la place du Sénat, s’y est cassé les dents en 1969.

 

Poids démographique des sénateurs

Poids démographique des sénateurs

Aléas d'une (non) publication sur "Le Plus" !

 

Ayant mis en ligne ce même article sur "Le Plus" - une annexe du Nel Obs - j'ai été interrogé par une de ses journalistes (10/01) :

"...j'aurais souhaité avoir les sources concernant des informations de votre tribune :
 
 "La répartition est telle qu’il y a un sénateur pour 60 000 habitants en Creuse, et un pour 260 000 habitants en Loire-Atlantique. Pourquoi le Creusois pèse-t-il largement 4 fois plus que le ligérien ? Mystère.

 

Quant aux grands électeurs, la commune de Mercey, 52 habitants, compte un grand électeur. La ville voisine de Vernon, elle, tout son conseil municipal, c’est-à-dire 35, soit un pour 708 habitants. Le Merceyen pèse donc 13 fois plus que le Vernonnais.

 

[...] Ainsi dans l’évêché Crotté du Bas-Poitou la liste majoritaire comptait un élu pour 128 suffrages exprimés en sa faveur et la liste d’opposition un élu pour 366."

 

Pour éditer votre contribution, j'ai besoin de sources précises pour légitimer ces informations."

 

Le choix de la Creuse et de la Loire Atlantique était pifométrique : les données de population étaient tirées de wikipedia, le nombre de sénateurs du site du Sénat.

Pour y voir plus clair j'ai donc repris tous les départements, tirant leur population de l'INSEE : il ressort du tableau que si c'est bien la Creuse dont les deux sénateurs ont le poids démographique le plus léger, c'est l'Hérault qui a le poids démographique le plus lourd (1 creusois vaut 4,33 héraultais).

Quant au reste (Mercey/Vernon et Luçon, choix arbitraires fait en fonction de mon propre parcours), j'ai mis les liens dans le texte.

Chateauvieux-les-Fossés dans le Doubs fait encore mieux que Mercey avec 12 habitants ! On a même pire avec Rochefourcat, un seul habitant, mais un conseil municipal de 9 membres, dont aucun ne réside dans la commune, avec un maire à nom à charnière, Jean-Baptiste Le Moyne de Martigny, qui doit faire « grand électeur ».

 

 

Décidément je suis tombé sur une "mal comprenante" sur "Le Plus", puisque, après que je lui ai donné toutes les sources qu'elle réclamait, elle me relance (14/01) :

 

Je reviens vers vous une nouvelle fois pour votre tribune. Certaines de vos sources ne sont toujours pas assez claires. Il serait nécessaire d'être plus précis concernant le calcul et les sources qui entourent ces chiffres. 
Les explications doivent être développées; en particulier dans ce passage :

"Quant aux grands électeurs, la commune de Mercey, 52 habitants, compte un grand électeur. La ville voisine de Vernon, elle, tout son conseil municipal, c’est-à-dire 35, soit un pour 708 habitants. Le Merceyen pèse donc 13 fois plus que le Vernonnais.

[...] Ainsi dans l’évêché Crotté du Bas-Poitou la liste majoritaire comptait un élu pour 128 suffrages exprimés en sa faveur et la liste d’opposition un élu pour 366."

 

Ainsi que la source de celui-ci : " Pas moins de 11 partis ont obtenu des députés, dont un "parti des animaux" ; 150 places, le parti en tête en a 41 ; donc aucun gouvernement possible qui ne soit de coalition"

 

Il s'agit d'une "journaliste" qui donc - alors que je lui ai envoyé les liens très originaux de wikipedia pour Mercey et Vernon et rappelé qu'une commune aussi petite soit-elle compte au moins 1 grand électeur et que dans les communes entre 9000 et 30000, tous les membres du conseil municipal sont grands électeurs - ne comprend toujours pas le principe de la ... division ! Même chose pour Luçon. Et j'ai tenté de lui expliquer que l’objet de ces exemples n’est pas de rentrer dans les détails d’un calcul, mais de montrer, par la comparaison entre départements que les sénateurs ont un poids démographique assez inégal et que le système des “grands électeurs” est totalement inéquitable et est même aggravé par le système des élections municipales au dessus de 3500 habitants, avec la prime à la liste majoritaire.

 

Pour ce qui est des bataves, je lui ai juste rappelé que le lien renvoyait à un article qui comprenait un tableau complet des résultats.

 

Mais non contente de cela, elle a cru bon de réécrire le texte. sans manifester beaucoup plus de compréhension. Ainsi

“Le risque de remplacer des notables cumulards par des apparatchiks des partis peut être minoré en faisant ces élections sur une base régionale : les listes auraient intérêt à choisir des candidats qui représentent au mieux l’ensemble des territoires dans leur diversité avec un éventail socio-professionnel des plus larges. Parité femme/homme bien sûr. Non cumul. Seuil de représentativité suffisamment élevé pour écarter le total émiettement. Répartition nationale des sièges équitable.”
devient
Néanmoins, il y a un risque a vouloir remplacer des notables cumulards par des "apparatchiks". Des partis peuvent-être minorés en faisant ces élections sur une base régionale. De ce fait, les listes seraient complétées par des candidats qui représentent au mieux l’ensemble des territoires dans leur diversité, avec un éventail socio-professionnel des plus larges. En autre, la parité femme/homme, le non cumul des mandats, un seuil de représentativité suffisamment élevé pour écarter le total émiettement ou encore la répartition équitable des sièges nationaux.”
 
Ce qui, pour autant qu'à mon tour je comprenne ce paragraphe confus, me ferait dire l'inverse de ce que j'écris !
 
Et la plaisanterie dure depuis le 09/01/14 !
 
suite et fin
 
Alea jacta est ou Finita la commedia

 

Reçu ce courriel comminatoire (16/01, soit une semaine après la mise en ligne) :

Sent: Thursday, January 16, 2014 2:46 PM
Subject: votre publication sur le Plus
 

Bonjour Jean-François,

Voilà plusieurs jours que nous travaillions sur votre contribution sur Le Sénat avec N B
Votre propos est parfaitement clair dans ce texte : il est temps de réformer le Sénat. Votre argumentation a sa place sur le Plus. Néanmoins vous exposez des chiffres, nombreux, qu'il est de votre responsabilité de vérifier.
 
Sachez à titre d'exemple que Wikipédia n'est pas ce que nous appelons une source fiable : c'est un bon indicateur mais les données n'y sont pas toujours à jour. D'où le besoin, de notre part, d'aller plus loin pour comprendre l'origine de vos chiffres.
 
Or ce matin, quelle (mauvaise) surprise que de découvrir sur votre blog
- non seulement la publication d'extraits de vos échanges par mails avec N, soit la publication d'une correspondance privée
- d'autre part des propos méprisants à l'égard de N, de son travail et de la patience dont elle a fait preuve pour essayer d'enfin valider votre contribution.
 
 
Jean-François, après tous les échanges que nous avons pu avoir depuis des mois (des années ?), je ne vous cache pas que ce billet de blog est quelque peu décourageant.
 
Vous dénoncez sans cesse une "censure", mais constatez que régulièrement nous avons sélectionné vos textes, et que nous travaillions sur celui-ci afin, au bout du compte, de pouvoir le sélectionner lui aussi.
 
Pouvons-nous vous faire confiance pour collaborer sereinement ? Permettez-moi d'en douter, si dès lors que nous rencontrons un texte complexe, nous prenons le risque, en vous écrivant, de voir nos propos publiés sur un blog et de voir les journalistes en question décrédibilisés, méprisés sous votre plume.
 
La confiance et le respect sont des valeurs qui me sont chères, et que je défendrai toujours avec ardeur au sein de la communauté du Plus.
 
Votre billet de blog est la preuve d'un mépris irrespectueux envers la journaliste qui travaille depuis 3 jours sur votre texte. Nous ne validerons pas votre texte, malgré tout le travail de N qui était venu à bout de ses recherches pour vérifier toutes les infos. Une perte de temps pour tout le monde, c'est dommage, mais comprenez que nous ne pouvons pas travailler dans ces conditions.
 
Aude
 

 

 

Rédactrice en chef du Plus - Nouvel Obs

Tél : 01.44.88.35.70
Twitter : @AudeBaron
Blog : resto-de-paris.com
 
Réponse du vieux berger à la jeune bergère :
 
"Votre courriel, s’il me déplaît souverainement par le ton et sur le fond, ne me surprend pas.
 
Bien que ce soit sans doute inutile, car votre sens du dialogue consiste à envoyer un message péremptoire, mais ensuite à ne plus répondre, je me permets de rappeler que j’ai mis en ligne cette contribution il y a une semaine, que j’ai répondu à une demande de “clarification” de N., que malgré cela, elle m’a refait une autre demande de clarification, que le texte a été modifié à un point tel que, pour autant que je comprenne, elle me faisait dire le contraire de ce que j’écrivais...
 
Que wikipedia ne soit pas une “source fiable” sur tout, certes, mais en l’occurrence c’était d’une fiabilité suffisante pour aboutir à la démonstration de la représentativité à géométrie variable des “grands électeurs”.
 
Je dénonce une censure réelle, en témoigne les quelques textes que j’ai indiqués (parmi tous les autres)*.
En témoigne aussi ce courriel : s’il y a eu “mépris irrespectueux” comme vous dites c’est dans votre volonté, non pas de “collaborer sereinement”, mais d’imposer un point de vue, le vôtre.

Je me félicite cependant de voir que vous lisez mon “deblog” : vous invoquez une “correspondance privée”, alors qu’il ne s’agit pas de cela, mais d’un échange sur la publication ou non d’un texte. Rien de privé là-dedans. Et écrire que la journaliste (...) travaille depuis 3 jours sur votre texte c’est un peu me prendre pour un gogo.

Je subodorais d’entrée que seul le hasard d’une lecture par une stagiaire avait fait que le blacklisté que je suis voyait un texte retenu (le dernier remontait au 6 mars 2013 !). Ce que j’ai pris, je m’en excuse auprès d’elle, pour des difficultés de compréhension, était sans doute dû au respect de consignes de temporiser en attendant un prétexte pour bloquer la publication. Le temps passant et vu le titre ajouté, le “désolé, mais ce n’est plus d’actualité” était possible. Là l’indignation feinte, nimbée de grands mots – confiance et respect que je n’ai guère sentis en l’occurrence – permet le blocage prévu. Et certainement perpétuel.

Quand je pense que, j’allais écrire naguère, mais c’est plutôt autrefois, il y a longtemps, bien longtemps... vous envisagiez un pot avec moi, vieux vieillard – mais comme dit la chanson, les vieillards ne sont jamais jeunes – je trouve des plus plaisant de me faire morigéner par vos soins.

Malgré tout le déplaisir que me cause votre poulet, vous n’arriverez pas à me faire abandonner la lecture du pire des hebdos à l’exception de tous les autres, que j’ai commencé à lire du temps où il s’appelait France Observateur, de Martinet et Bourdet...

 

J. F. Launay

 

* Sur ma fiche du Plus, j'ai mentionné quelques articles non parus, dans tous ceux que j'ai soumis depuis mars 2013.

 

NB Particulièrement marrant cette "patience dont elle a fait preuve pour essayer d'enfin valider votre contribution", alors que j'ai immédiatement répondu à ses demandes assez incongrues au demeurant, car quiconque a un minimum de connaissances sur les élections sénatoriales n'ignore pas que le système des "grands électeurs" favorise outrageusement les petites communes. La demande sur ce point témoignait d'un évident manque de confiance à l'égard de mon travail. Ce que confirme ce "N qui était venu à bout de ses recherches pour vérifier toutes les infos".

Car peut-on parler de "respect et de confiance" quand le contributeur se voit enjoindre de prouver que ce qu'il avance sur Mercey, Vernon ou Luçon, la Creuse et la Loire-Atlantique, est authentique, comme s'il allait inventer, pour les besoins de sa cause, des chiffres farfelus ?

 

Arrogance et puérilité

 

Sur le fond, il est tout-à-fait normal que le support qui publie une contribution vérifie qu'elle ne comporte évidemment pas d'éléments tombant sous le coup de la loi, car sa responsabilité peut être engagée.

Il peut aussi se donner le droit de rajouter un chapeau et revoir et/ou compléter la titraille. Sauf que, du temps très lointain où j'étais publié sur Le Plus, j'avais dû demander la modification d'un titre qui était en total contre-sens avec le texte (Ce fut peut-être l'origine de ma mise sur la touche ultérieure).

Les corrections orthographiques ou syntaxiques s'imposent. Mais celles qui se veulent stylistiques sont déjà plus problématiques. Et, quand ça porte sur le fond, ça devient vite : "J'aime votre point de vue, à condition qu'il soit conforme à l'idée que je m'en fais." Et même sur le ton : pour avoir assez vivement attaqué Mélechon, je me suis vu reprocher mon ... agressivité. J'ai eu beau citer les termes insultants que l'imprécateur avaient eu à l'encontre de Joffrin*, patron du Nel Obs, donc du Plus, mon interlocutrice n'a rien voulu entendre.

Car derrière l'affabilité du ton - votre avis nous intéresse - perce l'arrogance du professionnel envers l'amateur (même si l'amateur en question a eu craché beaucoup de copies dans une vie antérieure), professionnel qui détient le pouvoir de publier ou pas.

Le courriel de la rédactrice en chef est, à cet égard, éclairant dans sa puérilité sous-jacente : "votre argumentation a sa place dans Le Plus", mais vous n'avez pas été gentil, donc à la poubelle.

 

Et voilà comment une belle idée constitutionnelle ne connaîtra pas tout l'écho qu'elle mérite !

 

* "Lisez l’éditorial ahurissant de Joffrin à propos de PSA pour comprendre à quel point ce système peut durcir ses méthodes d’intoxication mentale. [...]

Le médiacrate social libéral enragé voit dans l’affaire PSA, « le cimetière des illusions idéologiques françaises »! Intellectuellement c’est révulsif." Mélenchon sur Joffrin, par exemple, en juillet 2012.

Pire encore, il avait emprunté à Maître Collard (député F-Haine) une photo de Joffrin jeune, aux côtés de Le Pen père.

 

 

 

 

 

 

 

PS 21/09/17

Depuis la dame Baron est passée à Eurosport !

Ce qui ressort de cet épisode - précédé d'autres - c'est que L'OBS, faute de vrais journalistes compétents, à l'époque, dans le domaine - a confié les clés du camion "Le Plus" à de jeunes "journalistes" aussi arrogant-e-s qu'incultes, mais ayant un vernis d'Internet ! Qu'une pseudo journaliste soit incapable de vérifier des données aussi élémentaires que celles qu'elle mettait en doute le prouve, si besoin était.

Et c'est ce genre de personnes qui contribuent à dévaloriser le métier de journaliste par leur suffisance à la hauteur de leur incompétence !

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 14:58

Charlie-hebdoLuz

Je ne sais pourquoi, en lisant Schneidermann, Birenbaum, Marcelle, B. Roger-Petit, j’ai revu le trio de faux-culs Demorand, Guetta et Legrand (De-Gue-Le), au Grand Journal de Canal +, en train de se payer Didier Porte, après sa chronique où il faisait dire à Villepin qu’il empapaoutait le nabot.

 

Mêm’ pô drôle !

 

Passons sur Birenbaum accablé à l’idée d’avoir à soutenir un journal dont les locaux venaient d’être anéantis par les flammes (« J’en ai eu marre d’avance… »). Le propos est totalement décousu.

 

Schneidermann est lui explicite : « Quand on a vu passer (…) la couverture fatale de Charlie Hebdo (…), la question s'est posée: la signaler ou non ? (…) Ce fut non. Pas envie de faire de la pub à cette provocation pas drôle. La dénonciation de toutes les charias, les vraies, les fausses, les réelles, les imaginaires, est un fonds de commerce comme un autre. C'est un placement sans risque (enfin disons, ce matin, sans trop de risque).*** »

Du De-Gue-Le tout craché, avec le « sans trop de risque », pensez-donc, tout l’outil de travail foutu en l’air...

La conclusion est à la hauteur : « Qu'une poignée de cons balance un cocktail Molotov, et l'abstention devient interdite. Nous voilà enrôlés, qu'on le veuille ou non, sous la banderole de la liberté menacée par les cons. Et amenés, (…) à rappeler ceci: oui, on a le droit de dessiner Mahomet à la Une, même si on n'est pas drôle, comme on a le droit de moquer, tant qu'on veut, les imams, les curés et les rabbins, (…) oui, on a même le droit (…) de faire la Une sur la Charia (…) alors que chez nous, en France, à Paris, à quelques stations de métro des locaux de Charlie Hebdo, d'autres cons (se réclamant, eux, du catholicisme) tentent par tous les moyens d'entraver les représentations d'une pièce qui ne leur plait pas, (…) Nous soutenons hautement le droit de Charlie Hebdo à faire la Une sur ces cons-ci, plutôt que sur ces cons-là. C'est dit. On peut passer à autre chose ? »

Pour soutenir, Schneidermann soutient… comme la corde soutient le pendu. Inutile de dire que les commentaires sur Arrêt sur images furent pires encore, avec notamment quelques imbéciles prétendant que Charlie-Hebdo n’attaquait pas les autres religions. Outre que dans le même n° charia une page pratiquement était consacrée aux cathos intégristes évoqués, Charlie venait de gagner un procès intenté par un groupuscule catho-facho  sur son n° spécial-pape.

Charlie-auxchiottes

 

« …que Charlie ne me fasse plus rire devrait, dites-vous, m’empêcher de condamner ? Vous rigolez, là ? Je condamne les atteintes à la liberté d’expression, tiens, comme Voltaire, dans sa scie fameuse : «Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.»Je condamne avec la plus grande fermeté, ce qui, venant d’un citoyen comme moi résolument athée, ne mange vraiment pas de pain. »

Là c’est du Marcelle, dont on voit toute la dérision de son prétendu soutien. Comme il fait un parallèle avec les ratichons et cagots qui essaient de saboter une représentation théâtrale, il s’en prend aux « pleurnicheries de Castellucci clamant que sa pièce très chiante, loin d’agresser la religion catholique, ne constituait à son endroit qu’un brame d’amour ». Autrement dit, l’auteur de la pièce essayait en vain d’expliquer aux fanatiques qu’ils n’avaient rien compris à une pièce qu’ils n’avaient ni vue, ni lue ! Marcelle nous a donc produit du super De-Gueu-Le !

Faire parler les morts

Le plus marrant dans le lot fut Bruno Roger-Petit, dit BRP, un transfuge du Post (filiale du Monde) au PLUS (annexe du Nel Obs). Car lui fait parler les morts. Guéant, Copé et même Jeanne-Marine Le Pen, toute auréolée de son brevet de laïcité décerné par Mme E. Badinter, se sont sentis obligés, comme dit Schneidermann, d’apporter leur soutien, évoquant sans doute, comme Marcelle, la « scie fameuse » de Voltaire. « Est-ce que le professeur Choron* aurait accepté cela sans rien dire ? » demande le chapô de l’article.

 

Charb et Luz s’expriment par des dessins mieux que par le verbe, mais ils ont cependant ironisé sur ces soutiens. Et, quant à dénoncer des souteneurs suspects, pourquoi BRP n’a-t-il pas mis en relief les identitaires souchiais, à commencer par Riposte soi-disant laïque ?

Charlie suspects

J’étais tenté de reprendre la conclusion d’un excellent article de Jean-François Julliard (Reporters sans frontières), mais comment résister à la tentation de citer Siné-mensuel : « Bien que nos rapports soient assez tendus**, il va sans dire que toute la rédaction de Siné Mensuel trouve dégueulasse et inadmissible l’incendie des locaux de Charlie Hebdo par des extrémistes dégénérés. Nous serons toujours du côté de ceux qui conchient toutes les religions. » En quelques mots tout est dit et nous console des tartuffes qui feignent de soutenir Charlie pour mieux le descendre.

 

* Je ne suis pas sûrs que les jésuites Birenbaum, Schneidermann, Marcelle et B. Roger-Petit trouveraient drôle Harakiri, le seul, le vrai, le mensuel des années Pompidou-Marcellin.

 

** Siné, lui-même, est plus fielleux.

 

 

Charlie maurice

Merdilège

En cadeau « bonus », quelques extraits de commentaires glanés sur « Arrêt sur images » (@si) et sur le + du Nel Obs. En principe donc des internautes sélectionnés, puisque @si est un site payant et le + oblige à avoir un compte fesseubouqueu ou touiteur pour, en principe, trier le lecteur (depuis peu les abonnés aussi peuvent s’inscrire directement, miracle).

Certains de ces commentateurs, qui se la jouent porte-parole du « peuple », font partie de l’agence de notation de la « vraie gauche », la seule à pouvoir attribuer le AAAAA et vous décorer de l’ordre de la grande andouillette gauchesque (proche de l’ordre de la grande gidouille ubuesque).

NB Les pseudos sont indiqués, les patronymes – souvent faux d’ailleurs – ne comportent que les initiales. Les extraits sont parfois tirés de plusieurs commentaires du même auteur, certains étant particulièrement logorrhéiques ! Il s’agit de copiés-collés : ortografe et saint-axe d’origine.

@si

> ce Charlie que je ne lis plus depuis qu'il a choisi de surfer sur la vague anti-Arabe qui sévit en France depuis quelques années, s'acoquinant pour ce faire avec de très droitiers danois et s'emplissant les poches par la même occasion Ndjocka

> des provocations ras-du-gazon entraînent des réactions ras-du-gazon Djac baweur

> C'était une entreprise de marketing. Tant que l'enquête n'est pas bouclée, il est difficile d'affirmer quoi que ce soit et de crier à l'attentat à la liberté d'expression. Il est possible que ce soit plus compliqué que ça. Yanne

> Une seule religion semble déranger les rigolos de Charlie : les musulmans.
Un peu comme le gouvernement. Dont le big boss nous rappelle que la France est un pays "de tradition chrétienne". Non mais sans blague. Je me demande si à Charlie ils auraient eu la niaque de mettre en une : dalaï-lama hebdo, ou torah hebdo...
Mais ils sont pas antisémites, chez Charlie, la preuve : ils ont viré Siné. Et ils défendent les tibétains... Alors.. Sans doute Charlie avait-il besoin de pognon, voilà donc une occase de faire parler de lui, après l'affaire des caricatures de Mahomet. Ce qui est dommage, à mon avis, c'est que Charlie soit rentré dans le rang des bien-pensants, et écrive désormais dans le sens du vent... à la place des journalistes de Charlie, je serais très mal à l'aise d'être soutenue par toute la clique d'extrême droite. En tous cas, la rédac de Charlie doit être vraiment aux anges d'être "soutenue" par Marine Le Pen et consorts... Gavroche

> Cette union sacrée entre ceux qui s'attaquent à l'Islam au nom de la laïcité et ceux qui s'attaquent à l'Islam au nom de nos (prétendues) racines chrétiennes est en effet assez bizarre... et très dangereuse, car on peut parier que ce qui va surnager de cette confusion et emporter le jackpot, ce sont, bien entendu, nos fameuses (et fumeuses) racines chrétiennes. Cultive ton jardin

> Du story telling discount.
Une blague pourrie.
Un dessin bâclé.
Des cocktails Molotov, plus cheap ça n'existe pas à part des allumettes. Poisson

> J'ai autant de mal à soutenir Charlie dans ses délires islamophobes, que j'en aurais à soutenir Minute ou Rivarol dans leurs délires antisémites. Charlie a fait ce numéro spécial pour provoquer des réactions violentes de la part des extrémistes musulmans. Ils ont réellement souhaité ce qui leur arrive, ça faisait partie de leur stratégie. G. M.


> Charlie Hebdo, plus personne n'achetait ce torchon d'où cette une, bien entendu sur les Musulmans, c'est une manière de se faire de l'argent...
Charlie Hebdo comme les extrémistes de droite ont un point commun, ils s'enrichissent sur le dos des immigrés sous prétexte de liberté d'expression... Sémir

> Et si finalement cet incendie était une aubaine ? Et si c'était l'effet recherché ? Et si on attendait le résultat de l'enquête ? Le fiscalite

> Charlie nous enfume. Charlie la bonne conscience à deux balles. Charlie qui sait qu'une fois le processus engagé, ce sera le bordel absolu, la foire d'empoigne. Mais putain, que faut-il avoir dans le ciboulot pour se laisser entrainer dans de telles situation.
Charlie tu ne nous plais plus, mais alors plus du tout. C. A.

> La liberté d'expression a bon dos, fort d'avoir gagné son procès pour les caricatures de Mahomet infectes, moches, pas drôles, Charlie Hebdo récidive. Bysonne

> Le blasphème est dans la volonté de l'équipe de charlie de faire un buzz * commercial , préparé de longue date , sur le dos des Tunisiens ,
Le blasphème est dans la solidarité journalistique sans nuance : parler de liberté d'expression au lieu de signaler la grossièreté d'un humour ** qui a disparu de ce journal  Mona 

> est-ce qu'une vilaine caricature dans un journal satirique, par sa facture grotesque si semblable à celle du juif sous Vichy ne saurait évoquer les dérives du feu Crapouillot? Après l'intervention très controversée de l'OTAN, Il semble qu'ici la cible de la moquerie crée un fâcheux malentendu qui touche plus à l'image du monde arabe en lutte, qu'au caractère religieux. P. N.

Le + du Nel Obs

> Les Faux Subversifs de Charlie Hebdo hébergés par le "Groupe Rotschild / Libération / Demorand", la boucle est enfin bouclée et tous les masques de la Manipulation tombent. Que vous le vouliez ou non, sans cette affaire qui tombe à pic, ce journal était au bord de la faillite. FreezBee - Treize - XIII

 

> Me lever de bon matin pour entendre MM. Guéant et Mougeotte appeler à l'union sacré derrière l'ancien journal de M.Val, et bien que voulez-vous, je me suis dit : mon petit père, tu n'es plus un bisounours, cette histoire pue la provocation; et je n'ai pas encore changé d'avis. P. G.

 

> si Charlie Hebdo n'a plus de corps, il n'a plus non plus d'esprit.
Claude "Maximilien Aue" Guéant a embrassé sur la bouche l'opîme dépouille : on peut la jeter maintenant à la fosse commune...P.L.

 

> on ne peut pas rire d’israël et des sionistes.
Alors pourquoi peut t on rire d'une religion sachant que attisera la colère et la haine de millions de musulmans ?
Lorsqu'on provoque une personne dans la rue en ce moquant de sont appartenance religieuse, avec un peu de chance il ne nous cassera pas la figure.
Mais faire sa a grande échelle dans un média, a quelques centaines de millions de musulman sur terre, c'est forcé qu il y en ait un parmi eux que sa ne fasse pas rire et qui en vienne au mains Lynxd Islamd

 

> leur "humour" n'a plus rien de subversif et faire rire gras, au premier degrés les beauf et les fashos

as-t-on le droit de penser que Charlie est passé de l'autre coté du manche que le titre "charia hebdo" est de l'humour gras qui plait avant tout aux beaufs, aux racistes ordinaires que nos compatriotes de cultures musulmanes doivent se coltiner tous les jour au boulot ou dans les bistrots?

N'importe quel enquêteur ayant un minimum de bon sens envisage toujours comme une hypothèse solide l'incendie volontaire. Attention, je n'accuse pas, je n'en sait rien, pas plus que n'importe qui, mais je m'étonne cependant que 100% des chroniqueurs foncent dans le scénario criminel alors que statistiquement dans pareil cas, le scénario "volontaire" est quand même assez courant.
Ca manque cruellement d'équilibre et de recul tout ça! Blabla 4444

 

> A qui profite le crime... ventes dopées, pub internationale gratuite, seul du matériel assurable touché... j'attends d'en apprendre + avant de juger. VC

> En fait, il y a un réel problème de fond dans ce qu'a fait le Charlie Hebdo, cela concerne l'étiquette "Liberté d'expression" qu'on lui colle. Ce problème est que, la liberté n'existe pas réellement. Si liberté et démocratie signifient : " dire ce que l'on pense et faire ce que l'on veut " Alors il y a une énorme confusion avec le mot " ANARCHIE " Atom Light

 

> Entre "pour un droit au..." et "utiliser ce droit"...il y a quand même un monde. Personne n'est obligé de blasphémer, non plus. On peut rire des chansonnier, de l'humour, même un peu poussé, mais faire "exprès" de blasphémer parce que c'est un droit... c'est une question d'éducation aussi.
Il me semble nécessaire de garder tout de même un minimum de décence. E. M.

charlie pape

 

Pour finir une petite attaque me visant (avec une pseudo traduction bretonne du prénom) : le petit faraud qui prône l’anonymat s’est fait remonter les bretelles par une autre intervenante :

 

Déjà que pour mettre son vrai nom sur un blog pareil, doit pas être futé le JeanFanch..ou bien y croise pas les DRH... Jakez P.

Tragique épilogue le 7 janvier 2015

*** Sans vergogne, le même Schneidermann qui, donc, affirmait, après l'incendie des locaux de Charlie-Hebdo, que la dénonciation de toutes les charias était un placement sans trop de risque écrit maintenant : "On pouvait estimer que les dessins de Charlie flirtaient parfois avec l'islamophobie. On ne s'en est pas privés ici. On ne le regrette pas." Comme si les accusations assez abjectes de faire de la lutte contre les fanatismes un fonds de commerce relevaient du débat.

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