Un mélenchonnien batave qui se banane, les partis europhiles qui l’emportent, l’extrême-droite populiste qui s’effondre dans une élection à la proportionnelle intégrale : circulez, y a rien à voir !
Le 8 septembre, le magazine du Monde, pleine page, annonçait qu’Emile Roemer, un néerlandais mélenchonniste, devançait le Parti Libéral dans les sondages. Le 9, le site de l’Express titrait sur le Mélenchon à la sauce hollandaise, dont le parti avait le vent en poupe. Résultat le 12 septembre, le « Parti socialiste » - eh oui, c’est son nom – de Roemer stagnait, tandis que les libéraux gagnaient 10 sièges et les travaillistes 8 ! Mais avec un système de proportionnelle intégrale, seule une coalition peut gouverner.
Le gouvernement sortant s’appuyait sur une alliance libéraux-démocrates chrétiens qui ne survivait que grâce à l’appui de l’extrême-droite populiste et xénophobe de Geert Wilders, pratiquant un soutien sans participation. Le parti europhobe – partisan comme le FN de la sortie de l’Euro – avait provoqué la démission du 1er ministre, donc les élections. Il n’en a tiré aucun bénéfice puisque il a perdu 5 points et 9 députés. Ce dont, ici, on aurait dû de réjouir.
Emile Roemer, le Mélenchon batave, est aussi perpétuellement souriant que son modèle français est constamment rogue. Le Parti socialiste dont il est le leader est un ancien parti maoïste qui ne s’est un peu démaoïsé qu’après la chute du mur de Berlin. "Voter SP, c'est prendre une assurance pour que les sociaux-démocrates cessent leur politique de droite" : remplacez SP par Front de gauche et vous avez du Mélenchon en V.O. ! Il se voyait beau, l’oncle Emile, surnom que lui valait son côté jovial : la 2e place, devant les travaillistes, lui était promise par les sondages. Vanitas vanitatum, et omnia vanitas. Le triomphe annoncé ne s’est quand même pas transformé en déroute comme pour l’extrême droite : le SP a maintenu ses positions, ni plus, ni moins. En revanche les sociaux-traîtres, les travaillistes, talonnent les libéraux et ont gagné 8 sièges.
Le vote europhobe attendu s’est traduit par la victoire claire des partis europhiles. A juste titre, sans doute, les eurosceptiques ont refusé de voir dans ce vote un plébiscite pour l’Europe. Pas plus que le non au référendum dans notre beau pays ne constituait un plébiscite contre l’Europe. Vote protestataire avant tout où les enjeux européens passaient au second plan, chez nous. Chez les bataves, crainte d’un saut dans l’inconnu avec l’abandon de l’euro, ce qui n’enlève pas la réticence à financer les cigales du Sud, que l’on retrouve dans l’opinion allemande.
Source du tableau : wikipedia
Beauté de la proportionnelle intégrale : un parti des animaux avec à peine 2 % des voix obtient 2 sièges. Sur 150 sièges le parti le mieux placé, libéral, obtient 41 sièges. Le parti travailliste 39.
Si l’on projetait ce système en France – en prenant pour base les scores au 1er tour des présidentielles seul résultat utilisable pour ce genre d’exercice – on aurait un PS+Radicaux de gauche à 165 députés, l’UMP à 157, le FN à 103, le Front de gauche à 64, le Modem à 53, les verts à 13, Debout la République à 10, le NPA à 7, L.O. à 3 et Cheminade avec 1 siège ! Aucune majorité ! Même une alliance UMP-FN n’aurait qu’une majorité relative. Une improbable alliance PS+verts+Front de gauche serait encore plus minoritaire même avec les trotskystes.
Le fonctionnement du parlement européen avec des majorités à géométrie variable n’est pas transposable. Les néerlandais qui ont la pratique du compromis aboutiront sans doute à une alliance libéraux-travaillistes, non sans difficiles et longues négociations.
Inimaginable en France où même une alliance PS-MODEM provoquerait les hauts cris de bogôs mélenchonnistes, plus prompts à descendre du social-traître qu’à combattre la droite.
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