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4 mai 2019 6 04 /05 /mai /2019 15:35
Affaire Cassez-Vallarta : dans ce théâtre de la tromperie Jorge Volpi cherche la vérité

Le 9 décembre 2005, deux chaînes de télévision mexicaines, Televisa et TV Azteca, se prêtaient à une mise en scène totalement bidonnée de la pseudo arrestation d’Israel Vallarta et de Florence Cassez, avec une libération toute aussi bidon de trois otages. C’est le début du théâtre de la tromperie (El teatro del engaño) qu’allait analyser la journaliste belge, correspondante au Mexique de plusieurs journaux français, Emmanuelle Steels. Et c’est la lecture de ce livre qui allait inciter l’écrivain Jorge Volpi à enquêter sur cette affaire.

Affaire Cassez-Vallarta : dans ce théâtre de la tromperie Jorge Volpi cherche la vérité

La spectaculaire arrestation de Florence Cassez et d’Israel Vallarta allait faire d’eux des coupables idéaux, pour une opinion mexicaine excédée par les enlèvements et les violences, bernée qu’elle fut par la mascarade.

Mais aussi pour des journalistes comme Schneidermann qui n’hésitait pas à citer un ex-commissaire, Georges Moréas, vantant la justice mexicaine, Caroline Parienti, Elisabeth Levy sans oublier une Aude Baron (à l’époque « rédactrice en chef » du « Plus », une annexe du site du Nel Obs) qui m’écrivait : « Nous ne pouvons effectivement pas dire que Florence Cassez est innocente, pour la simple et bonne raison que juridiquement, elle ne l'est pas. Il n'y a pas preuve de culpabilité. Mais dans les faits, on ne sait pas ce qu'il s'est passé. »

Affaire Cassez-Vallarta : dans ce théâtre de la tromperie Jorge Volpi cherche la vérité

Á la recherche des zodiacos

la bande de ravisseurs

qui n’a  jamais existé.

Je ne la cite que parce que la citation est caractéristique de la totale négation de la présomption d’innocence, et qu'en même temps, sans le savoir bien sûr, elle annonce ce qui est la quête impossible de Jorge Volpi. « Outre le moment de l’arrestation, l’affaire entière est une succession de montages et de mensonges : tant de la part de la police, des hommes politiques que de la justice. La fiction était déjà de leur côté. C’était paradoxalement à moi, en tant que romancier, de tenter de rétablir les faits. »

« Á cette fin [j’ai fait ce récit] – mon investigation personnelle et littéraire de l’affaire – en procédant comme auraient dû le faire, alors, la police et les autorités judiciaires : avec la présomption qu’Israel Vallarta et Florence Cassez sont innocents, aussi longtemps qu’on ne prouvera pas le contraire. »

Un roman sans fiction

Truman Capote et son célèbre De sang froid est évoqué pour définir ce roman sans fiction, ainsi qu’un écrivain argentin Rodolfo Walsh. Mais, étonnamment, pas Javier Cercas qui, peu ou prou, se rattache à ce genre, notamment avec Anatomie d’un instant.

AVERTISSEMENT

Lecteur, tu vas entrer dans un roman documentaire ou un roman sans fiction. Ce qui signifie que si j’ai tâché de donner une forme littéraire au chaos de la réalité, tout ce que je raconte repose sur le dossier  des  poursuites  pénales  engagées  contre  Israel  Vallarta  et  Florence Cassez, les reportages qui les ont précédées, les déclarations des protagonistes de cette affaire, et encore les entrevues qu’ils ont  accordées.  Pour  autant  que  je  me  sois  efforcé  de  confronter  et  de  ratifier  les  témoignages  contradictoires,  je  n’ai  souvent  eu  d’autre recours que d’opter pour la version qui m’a semblé la plus vraisemblable. Pour combler les innombrables vides et lacunes, j’ai parfois pris le risque d’établir des conjectures – ou d’imaginer – des scènes ou des situations privées de substance dans les documents, les preuves ou les témoignages officiels : en de tels cas, je l’indique explicitement pour éviter qu’une fiction que j’ai conçue puisse être confondue avec une de celles tramées par les autorités.

Volpi, qui fut avocat, s’est plongé dans l’étude des personnages : les accusés, les enquêteurs, les victimes, les familles, les leaders d’opinion, les diplomates... Il a épluché les 20000 pages du dossier, les publications sur le sujet. Il a rencontré de nombreux acteurs de cette histoire : Valéria, ancienne otage, ainsi que des magistrats, juges, policiers et les deux accusés et leur famille… Il a pu consulter le journal tenu par Florence Cassez pendant sa détention ainsi qu’un manuscrit de son frère Sébastien Cassez, qu’elle avait rejoint au Mexique et par qui elle avait connu Israel Vallarta. De cette masse documentaire, il va tenter de transformer le chaos de cette affaire “en une histoire plus ou moins cohérente. ‘Plus ou moins’, car il subsiste de nombreuses lacunes et des aberrations difficiles à éclaircir”.

Genaro García Luna

Genaro García Luna

L’arrestation bidon se déroule en décembre 2005, alors que le Mexique connaît une vague d’enlèvements. C’est dans ce contexte que le chef de la police, Genaro García Luna, décide d’offrir une mise en scène aux médias afin de montrer l’efficacité de ses services. “Quelques mois plus tard, en février 2006, les journalistes Yuli García et Denise Maerker révèlent des incohérences entre les témoignages des policiers et ce que nous avons vu à la télévision. Florence Cassez et Israel Vallarta n’ont pas été arrêtés dans cette maison, mais sur une route. Denise Maerker invite García Luna dans son émission, et il invente alors un second mensonge pour tenter de maquiller le premier : Florence et Israel ont été arrêtés alors qu’ils rentraient, et il y a eu reconstitution des faits à la demande de la presse. C’est scandaleux à tous points de vue, et c’est mensonger, comme le révèlent de nombreux témoignages dans le livre. N’importe quel responsable de la police aurait été sanctionné, or à son arrivée à la présidence [en décembre 2006], Felipe Calderón nomme García Luna ministre de la Sécurité publique. À ce poste, ce dernier va perfectionner les méthodes testées lors de l’arrestation d’Israel Vallarta et de Florence Cassez : manipulation, torture, collusion avec les médias.

« Je me suis rendu compte que je ne découvrirais jamais la vérité. Je me suis donc efforcé de montrer comment les juges et la police s’étaient employés à la dissimuler. »

Crise Franco-Mexicaine

La diplomatie française s’est, pour une fois – et grâce sans doute aux articles des correspondantes francophones au Mexique – préoccupée du sort d’une ressortissante, F. Cassez. Et le nouveau Président Français, Sarkozy, s’empare de l’affaire ce qui va aboutir, lors d’une visite au Mexique, à une quasi rupture, avec l’annulation d’une "année du Mexique" en France. “Au moment de l’offensive diplomatique, Sarkozy a en partie raison, car il entend défendre l’une de ses ressortissantes, mais son intervention a été disproportionnée. […) Sarkozy déboule convaincu qu’il doit l’aider, il transgresse le protocole et cela débouche sur une altercation avec Calderón. C’est un épisode délicat : l’action des deux chefs d’État n’a pas grand-chose à voir au fond ni avec Florence Cassez ni avec Israel Vallarta, c’est une bataille d’egos entre deux hommes qui courent après la popularité. Sarkozy est prêt à tout pour avoir le dernier mot, Calderón clame qu’il ne tolérera pas l’ingérence étrangère. Les conséquences seront graves pour le Mexique, mais plus encore pour la famille d’Israel Vallarta, puisque lors d’une deuxième mise en scène, une partie de sa famille est arrêtée dans le seul but de prouver que Cassez dirigeait la prétendue bande du Zodiac.

Illustration parfaite du mensonge rajouté au mensonge pour essayer de faire tenir la fable initiale.

Comme son titre l’indique – l'original « Una novela criminale », comme sa transposition « Un roman mexicain » - le récit est romanesque, avec ses multiples personnages, ses rebondissements, ce tissu de montages et de mensonges. Florence Cassez y apparaît comme un personnage à la Joseph K de Kafka : « Arrivée dans un lieu étranger, elle s’est retrouvée accusée de choses qu’elle ne comprenait pas, obligée de réagir comme elle pouvait. »

Proceso (article de 2014, voir le lien plus bas)

Proceso (article de 2014, voir le lien plus bas)

Mais son ex-compagnon, Israel Vallarta, alors que comme elle il a vu tous ses droits bafoués, a été torturé, sa famille a été harcelée, ses frères et neveux emprisonnés, 13 ans après l'arrestation bidonnée, est toujours emprisonné sans jugement.

« Cette année [2023], le 8 décembre exactement, cela fera dix-huit ans que le Mexicain, aujourd’hui âgé de 53 ans, est maintenu en détention préventive dans la prison de haute sécurité de l’Altiplano, à 90 kilomètres de Mexico, accusé d’être le chef d’un gang de kidnappeurs, dit « bande du Zodiaque », mais sans avoir eu droit au moindre procès.
 
Les noms de René, Mario, Alejandro, Juan Carlos et Sergio Vallarta ne disent, eux, rien à personne. Ces deux frères et ces trois neveux d’Israel Vallarta ont été incarcérés pour que la police puisse conforter ses accusations contre Florence Cassez, au moment où la France demandait son transfèrement. Trois d’entre eux ont passé sept ans en prison, deux sont toujours en détention préventive, depuis onze ans. Comme Florence Cassez et Israel Vallarta, tous les cinq sont, selon toute vraisemblance, innocents. »
 
  M le magazine du Monde 9/12/2023
Affaire Cassez-Vallarta : dans ce théâtre de la tromperie Jorge Volpi cherche la vérité

Délétère justice mexicaine

On ne peut que dédier le jugement de Volpi sur la justice de son pays au fameux commissaire Moréas, cher à Schneidermann : “J’aimerais que notre système judiciaire indigne mes lecteurs autant qu’il m’indigne moi. C’est un système qui ne marche pas, qui est mal pensé dès le départ, mal organisé, gangrené par la corruption, où les puissants gagnent toujours, et où la torture est une pratique banale. Si nous ne nous élevons pas contre ça, nous sommes sans défense face aux puissances criminelles, comme face à la puissance du pouvoir. Il faut qu’il y ait une prise de conscience, et que la question devienne une priorité. Par ailleurs, au-delà de l’opinion que chacun s’est forgée sur l’innocence ou la culpabilité de Florence et d’Israel, je suis convaincu qu’il ne peut y avoir de justice à deux vitesses. Alors que la Française a recouvré la liberté sur une décision de justice en raison des vices de forme dans l’affaire, Israel Vallarta est détenu sans jugement depuis douze ans. Je veux faire connaître cette injustice, et contribuer à ce qu’il soit enfin jugé, pour qu’il soit libéré pour les mêmes raisons que Florence Cassez.

Il est hélas peu probable que les contempteurs de Florence Cassez – les Schneidermann, Elisabeth Levy ou Clémentine Autain, etc. – se donnent la peine de revoir leur jugement sur l’affaire. Car, eux, si prompts à appeler les autres à confesser leurs erreurs, ne reconnaissent jamais les leurs !

Affaire Cassez-Vallarta : dans ce théâtre de la tromperie Jorge Volpi cherche la vérité
Affaire Cassez-Vallarta : dans ce théâtre de la tromperie Jorge Volpi cherche la vérité

« Un roman mexicain. L’affaire Florence Cassez » (Una novela criminal), de Jorge Volpi, traduit de l’espagnol (Mexique) par Gabriel Iaculli, Seuil, 384 p., 22 €.

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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 18:27
DELENDA EST SENAT ?

En marge de cet article, un échange croquignolet avec une journaliste, puis la rédactrice en chef du Plus, une annexe du Nel Obs (voir en bas de l'article)

 

Faut-il détruire le Sénat ?

Dans sa forme actuelle oui ! Sénateurs élus au second degré selon des modalités et une  représentativité variables. Remplaçons cette deuxième chambre archaïque par une assemblée élue à la proportionnelle et au suffrage universel direct.

 

Le Sénat vient de s’autodéconsidérer par deux votes. Le premier a fait le plus de bruit et provoque la fureur puisque, dans un vote à bulletins secrets, une commission a refusé de lever l’immunité parlementaire de Serge Dassault. La gauche étant majoritaire, l’un de ses élus a donc rejoint les élus de droite farouches défenseurs du vieillard. Va-t-on débusquer le traître ?

Mais un vote plus grave a eu lieu où les sénateurs s’exemptent de la loi interdisant le cumul des mandats. Sous réserve d’être réélus comme Maires, les Sénateurs Collomb et Gaudin pourront continuer d’accumuler les casquettes battus par leur collègue Dellebarre, champion absolu du cumul (pas moins de 26 mandats et fonctions, l’équivalent de 7 temps plein pour un homme ordinaire).

 

Des anomalies connues, mais non corrigées

 

La répartition géographique comme le système d’élection par de grands électeurs est des plus baroques. Les uns sont élus au suffrage prétendument universel, mais indirect, uninominal, à deux tours, les autres à la proportionnelle.

La répartition est telle qu’il y a un sénateur pour 60 000 habitants en Creuse, et un pour 260 000 habitants en Loire-Atlantique. Pourquoi le Creusois pèse-t-il largement 4 fois plus que le ligérien ? mystère.

Quant aux grands électeurs, la commune de Mercey, 52 habitants, compte un grand électeur, la ville voisine de Vernon, elle, tout son conseil municipal, c’est-à-dire 35, soit un pour 708 habitants. Le Merceyen pèse donc 13 fois plus que le Vernonnais.

Prisme déformant supplémentaire : les élections municipales donnent une forte prime à la liste arrivée en tête. Ainsi dans l’évêché crotté du Bas-Poitou la liste majoritaire comptait un élu pour 128 suffrages exprimés en sa faveur et la liste d’opposition un élu pour 366.

Comme disait Coluche, tous égaux, mais il y en a qui sont plus égaux que d’autres.

 

Ces anomalies – pour rester dans l’euphémisme – sont connues. Mais jamais corrigées ou à la marge avec une extension de la proportionnelle à 3 sièges au lieu de 5. Cependant, EELV, appuyé en ce cas par l’extrême gauche comme par l’extrême droite, réclame une représentation proportionnelle.

L’instaurer pour l’élection de l’Assemblée Nationale serait prendre un risque du retour à l’impuissance parlementaire donc gouvernementale, avec des majorités à géométrie variable. Pour qui veut voir les délices de la proportionnelle, il n’est pas interdit d’aller scruter les élections bataves. Pas moins de 11 partis ont obtenu des députés, dont un « parti des animaux » ; 150 places, le parti en tête en a 41; donc aucun gouvernement possible qui ne soit de coalition.

Ne parlons pas de grande coalition à l’allemande totalement – quoi que disent les détracteurs d’une prétendue UMPS – inenvisageable dans notre beau pays où le compromis est honni. Mais, après tout, avec le retour du Franc et ses doux cycles inflation-dévaluation, on peut être nostalgique d’une 4e République et de ses crises ministérielles à répétition…

En revanche, si on ne tient pas à retrouver les charmes vénéneux des combinaisons propices aux partis charnières, le maintien d’une élection au scrutin majoritaire uninominal pour l’Assemblée Nationale s’impose.

DELENDA EST SENAT ?

Pour un Sénat à la proportionnelle

 

Mais rien ne s’oppose, au contraire, à ce que les 348 sénateurs, soient eux élus - par tranche comme maintenant - à la proportionnelle et bien sûr au suffrage universel direct. Le Sénat y gagnerait en légitimité.

 

Le risque de remplacer des notables cumulards par des apparatchiks des partis peut être minoré en faisant ces élections sur une base régionale : les listes auraient intérêt à choisir des candidats qui représentent au mieux l’ensemble des territoires dans leur diversité avec un éventail socio-professionnel des plus larges. Parité femme/homme bien sûr. Non cumul. Seuil de représentativité suffisamment élevé pour écarter le total émiettement. Répartition nationale des sièges équitable.

Bien sûr, les jacobins pousseraient des cris d’orfraie. A tort, sans doute, car cela permettrait de remettre à leur vraie place les indépendantistes de tout poil qui, d’ailleurs, n’ont guère percé dans les élections régionales, sauf en Corse.

 

Resterait ensuite à cette chambre inédite à démontrer qu’elle est capable de fonctionner, d’enrichir de la diversité de ses familles le débat démocratique et le travail législatif. Ce qui, étant donné notre culture politique, basée sur l’affrontement, ne serait pas gagné.

 

Guère d’illusions à avoir. Une telle réforme constitutionnelle est évidemment impossible par la voie du congrès : on n’imagine mal les Sénateurs se faire harakiri. Et il est peu probable que F. Hollande se lance dans un referendum sur ce thème et dans le climat actuel. De Gaulle, il est vrai en proposant une véritable usine à gaz à la place du Sénat, s’y est cassé les dents en 1969.

 

Poids démographique des sénateurs

Poids démographique des sénateurs

Aléas d'une (non) publication sur "Le Plus" !

 

Ayant mis en ligne ce même article sur "Le Plus" - une annexe du Nel Obs - j'ai été interrogé par une de ses journalistes (10/01) :

"...j'aurais souhaité avoir les sources concernant des informations de votre tribune :
 
 "La répartition est telle qu’il y a un sénateur pour 60 000 habitants en Creuse, et un pour 260 000 habitants en Loire-Atlantique. Pourquoi le Creusois pèse-t-il largement 4 fois plus que le ligérien ? Mystère.

 

Quant aux grands électeurs, la commune de Mercey, 52 habitants, compte un grand électeur. La ville voisine de Vernon, elle, tout son conseil municipal, c’est-à-dire 35, soit un pour 708 habitants. Le Merceyen pèse donc 13 fois plus que le Vernonnais.

 

[...] Ainsi dans l’évêché Crotté du Bas-Poitou la liste majoritaire comptait un élu pour 128 suffrages exprimés en sa faveur et la liste d’opposition un élu pour 366."

 

Pour éditer votre contribution, j'ai besoin de sources précises pour légitimer ces informations."

 

Le choix de la Creuse et de la Loire Atlantique était pifométrique : les données de population étaient tirées de wikipedia, le nombre de sénateurs du site du Sénat.

Pour y voir plus clair j'ai donc repris tous les départements, tirant leur population de l'INSEE : il ressort du tableau que si c'est bien la Creuse dont les deux sénateurs ont le poids démographique le plus léger, c'est l'Hérault qui a le poids démographique le plus lourd (1 creusois vaut 4,33 héraultais).

Quant au reste (Mercey/Vernon et Luçon, choix arbitraires fait en fonction de mon propre parcours), j'ai mis les liens dans le texte.

Chateauvieux-les-Fossés dans le Doubs fait encore mieux que Mercey avec 12 habitants ! On a même pire avec Rochefourcat, un seul habitant, mais un conseil municipal de 9 membres, dont aucun ne réside dans la commune, avec un maire à nom à charnière, Jean-Baptiste Le Moyne de Martigny, qui doit faire « grand électeur ».

 

 

Décidément je suis tombé sur une "mal comprenante" sur "Le Plus", puisque, après que je lui ai donné toutes les sources qu'elle réclamait, elle me relance (14/01) :

 

Je reviens vers vous une nouvelle fois pour votre tribune. Certaines de vos sources ne sont toujours pas assez claires. Il serait nécessaire d'être plus précis concernant le calcul et les sources qui entourent ces chiffres. 
Les explications doivent être développées; en particulier dans ce passage :

"Quant aux grands électeurs, la commune de Mercey, 52 habitants, compte un grand électeur. La ville voisine de Vernon, elle, tout son conseil municipal, c’est-à-dire 35, soit un pour 708 habitants. Le Merceyen pèse donc 13 fois plus que le Vernonnais.

[...] Ainsi dans l’évêché Crotté du Bas-Poitou la liste majoritaire comptait un élu pour 128 suffrages exprimés en sa faveur et la liste d’opposition un élu pour 366."

 

Ainsi que la source de celui-ci : " Pas moins de 11 partis ont obtenu des députés, dont un "parti des animaux" ; 150 places, le parti en tête en a 41 ; donc aucun gouvernement possible qui ne soit de coalition"

 

Il s'agit d'une "journaliste" qui donc - alors que je lui ai envoyé les liens très originaux de wikipedia pour Mercey et Vernon et rappelé qu'une commune aussi petite soit-elle compte au moins 1 grand électeur et que dans les communes entre 9000 et 30000, tous les membres du conseil municipal sont grands électeurs - ne comprend toujours pas le principe de la ... division ! Même chose pour Luçon. Et j'ai tenté de lui expliquer que l’objet de ces exemples n’est pas de rentrer dans les détails d’un calcul, mais de montrer, par la comparaison entre départements que les sénateurs ont un poids démographique assez inégal et que le système des “grands électeurs” est totalement inéquitable et est même aggravé par le système des élections municipales au dessus de 3500 habitants, avec la prime à la liste majoritaire.

 

Pour ce qui est des bataves, je lui ai juste rappelé que le lien renvoyait à un article qui comprenait un tableau complet des résultats.

 

Mais non contente de cela, elle a cru bon de réécrire le texte. sans manifester beaucoup plus de compréhension. Ainsi

“Le risque de remplacer des notables cumulards par des apparatchiks des partis peut être minoré en faisant ces élections sur une base régionale : les listes auraient intérêt à choisir des candidats qui représentent au mieux l’ensemble des territoires dans leur diversité avec un éventail socio-professionnel des plus larges. Parité femme/homme bien sûr. Non cumul. Seuil de représentativité suffisamment élevé pour écarter le total émiettement. Répartition nationale des sièges équitable.”
devient
Néanmoins, il y a un risque a vouloir remplacer des notables cumulards par des "apparatchiks". Des partis peuvent-être minorés en faisant ces élections sur une base régionale. De ce fait, les listes seraient complétées par des candidats qui représentent au mieux l’ensemble des territoires dans leur diversité, avec un éventail socio-professionnel des plus larges. En autre, la parité femme/homme, le non cumul des mandats, un seuil de représentativité suffisamment élevé pour écarter le total émiettement ou encore la répartition équitable des sièges nationaux.”
 
Ce qui, pour autant qu'à mon tour je comprenne ce paragraphe confus, me ferait dire l'inverse de ce que j'écris !
 
Et la plaisanterie dure depuis le 09/01/14 !
 
suite et fin
 
Alea jacta est ou Finita la commedia

 

Reçu ce courriel comminatoire (16/01, soit une semaine après la mise en ligne) :

Sent: Thursday, January 16, 2014 2:46 PM
Subject: votre publication sur le Plus
 

Bonjour Jean-François,

Voilà plusieurs jours que nous travaillions sur votre contribution sur Le Sénat avec N B
Votre propos est parfaitement clair dans ce texte : il est temps de réformer le Sénat. Votre argumentation a sa place sur le Plus. Néanmoins vous exposez des chiffres, nombreux, qu'il est de votre responsabilité de vérifier.
 
Sachez à titre d'exemple que Wikipédia n'est pas ce que nous appelons une source fiable : c'est un bon indicateur mais les données n'y sont pas toujours à jour. D'où le besoin, de notre part, d'aller plus loin pour comprendre l'origine de vos chiffres.
 
Or ce matin, quelle (mauvaise) surprise que de découvrir sur votre blog
- non seulement la publication d'extraits de vos échanges par mails avec N, soit la publication d'une correspondance privée
- d'autre part des propos méprisants à l'égard de N, de son travail et de la patience dont elle a fait preuve pour essayer d'enfin valider votre contribution.
 
 
Jean-François, après tous les échanges que nous avons pu avoir depuis des mois (des années ?), je ne vous cache pas que ce billet de blog est quelque peu décourageant.
 
Vous dénoncez sans cesse une "censure", mais constatez que régulièrement nous avons sélectionné vos textes, et que nous travaillions sur celui-ci afin, au bout du compte, de pouvoir le sélectionner lui aussi.
 
Pouvons-nous vous faire confiance pour collaborer sereinement ? Permettez-moi d'en douter, si dès lors que nous rencontrons un texte complexe, nous prenons le risque, en vous écrivant, de voir nos propos publiés sur un blog et de voir les journalistes en question décrédibilisés, méprisés sous votre plume.
 
La confiance et le respect sont des valeurs qui me sont chères, et que je défendrai toujours avec ardeur au sein de la communauté du Plus.
 
Votre billet de blog est la preuve d'un mépris irrespectueux envers la journaliste qui travaille depuis 3 jours sur votre texte. Nous ne validerons pas votre texte, malgré tout le travail de N qui était venu à bout de ses recherches pour vérifier toutes les infos. Une perte de temps pour tout le monde, c'est dommage, mais comprenez que nous ne pouvons pas travailler dans ces conditions.
 
Aude
 

 

 

Rédactrice en chef du Plus - Nouvel Obs

Tél : 01.44.88.35.70
Twitter : @AudeBaron
Blog : resto-de-paris.com
 
Réponse du vieux berger à la jeune bergère :
 
"Votre courriel, s’il me déplaît souverainement par le ton et sur le fond, ne me surprend pas.
 
Bien que ce soit sans doute inutile, car votre sens du dialogue consiste à envoyer un message péremptoire, mais ensuite à ne plus répondre, je me permets de rappeler que j’ai mis en ligne cette contribution il y a une semaine, que j’ai répondu à une demande de “clarification” de N., que malgré cela, elle m’a refait une autre demande de clarification, que le texte a été modifié à un point tel que, pour autant que je comprenne, elle me faisait dire le contraire de ce que j’écrivais...
 
Que wikipedia ne soit pas une “source fiable” sur tout, certes, mais en l’occurrence c’était d’une fiabilité suffisante pour aboutir à la démonstration de la représentativité à géométrie variable des “grands électeurs”.
 
Je dénonce une censure réelle, en témoigne les quelques textes que j’ai indiqués (parmi tous les autres)*.
En témoigne aussi ce courriel : s’il y a eu “mépris irrespectueux” comme vous dites c’est dans votre volonté, non pas de “collaborer sereinement”, mais d’imposer un point de vue, le vôtre.

Je me félicite cependant de voir que vous lisez mon “deblog” : vous invoquez une “correspondance privée”, alors qu’il ne s’agit pas de cela, mais d’un échange sur la publication ou non d’un texte. Rien de privé là-dedans. Et écrire que la journaliste (...) travaille depuis 3 jours sur votre texte c’est un peu me prendre pour un gogo.

Je subodorais d’entrée que seul le hasard d’une lecture par une stagiaire avait fait que le blacklisté que je suis voyait un texte retenu (le dernier remontait au 6 mars 2013 !). Ce que j’ai pris, je m’en excuse auprès d’elle, pour des difficultés de compréhension, était sans doute dû au respect de consignes de temporiser en attendant un prétexte pour bloquer la publication. Le temps passant et vu le titre ajouté, le “désolé, mais ce n’est plus d’actualité” était possible. Là l’indignation feinte, nimbée de grands mots – confiance et respect que je n’ai guère sentis en l’occurrence – permet le blocage prévu. Et certainement perpétuel.

Quand je pense que, j’allais écrire naguère, mais c’est plutôt autrefois, il y a longtemps, bien longtemps... vous envisagiez un pot avec moi, vieux vieillard – mais comme dit la chanson, les vieillards ne sont jamais jeunes – je trouve des plus plaisant de me faire morigéner par vos soins.

Malgré tout le déplaisir que me cause votre poulet, vous n’arriverez pas à me faire abandonner la lecture du pire des hebdos à l’exception de tous les autres, que j’ai commencé à lire du temps où il s’appelait France Observateur, de Martinet et Bourdet...

 

J. F. Launay

 

* Sur ma fiche du Plus, j'ai mentionné quelques articles non parus, dans tous ceux que j'ai soumis depuis mars 2013.

 

NB Particulièrement marrant cette "patience dont elle a fait preuve pour essayer d'enfin valider votre contribution", alors que j'ai immédiatement répondu à ses demandes assez incongrues au demeurant, car quiconque a un minimum de connaissances sur les élections sénatoriales n'ignore pas que le système des "grands électeurs" favorise outrageusement les petites communes. La demande sur ce point témoignait d'un évident manque de confiance à l'égard de mon travail. Ce que confirme ce "N qui était venu à bout de ses recherches pour vérifier toutes les infos".

Car peut-on parler de "respect et de confiance" quand le contributeur se voit enjoindre de prouver que ce qu'il avance sur Mercey, Vernon ou Luçon, la Creuse et la Loire-Atlantique, est authentique, comme s'il allait inventer, pour les besoins de sa cause, des chiffres farfelus ?

 

Arrogance et puérilité

 

Sur le fond, il est tout-à-fait normal que le support qui publie une contribution vérifie qu'elle ne comporte évidemment pas d'éléments tombant sous le coup de la loi, car sa responsabilité peut être engagée.

Il peut aussi se donner le droit de rajouter un chapeau et revoir et/ou compléter la titraille. Sauf que, du temps très lointain où j'étais publié sur Le Plus, j'avais dû demander la modification d'un titre qui était en total contre-sens avec le texte (Ce fut peut-être l'origine de ma mise sur la touche ultérieure).

Les corrections orthographiques ou syntaxiques s'imposent. Mais celles qui se veulent stylistiques sont déjà plus problématiques. Et, quand ça porte sur le fond, ça devient vite : "J'aime votre point de vue, à condition qu'il soit conforme à l'idée que je m'en fais." Et même sur le ton : pour avoir assez vivement attaqué Mélechon, je me suis vu reprocher mon ... agressivité. J'ai eu beau citer les termes insultants que l'imprécateur avaient eu à l'encontre de Joffrin*, patron du Nel Obs, donc du Plus, mon interlocutrice n'a rien voulu entendre.

Car derrière l'affabilité du ton - votre avis nous intéresse - perce l'arrogance du professionnel envers l'amateur (même si l'amateur en question a eu craché beaucoup de copies dans une vie antérieure), professionnel qui détient le pouvoir de publier ou pas.

Le courriel de la rédactrice en chef est, à cet égard, éclairant dans sa puérilité sous-jacente : "votre argumentation a sa place dans Le Plus", mais vous n'avez pas été gentil, donc à la poubelle.

 

Et voilà comment une belle idée constitutionnelle ne connaîtra pas tout l'écho qu'elle mérite !

 

* "Lisez l’éditorial ahurissant de Joffrin à propos de PSA pour comprendre à quel point ce système peut durcir ses méthodes d’intoxication mentale. [...]

Le médiacrate social libéral enragé voit dans l’affaire PSA, « le cimetière des illusions idéologiques françaises »! Intellectuellement c’est révulsif." Mélenchon sur Joffrin, par exemple, en juillet 2012.

Pire encore, il avait emprunté à Maître Collard (député F-Haine) une photo de Joffrin jeune, aux côtés de Le Pen père.

 

 

 

 

 

 

 

PS 21/09/17

Depuis la dame Baron est passée à Eurosport !

Ce qui ressort de cet épisode - précédé d'autres - c'est que L'OBS, faute de vrais journalistes compétents, à l'époque, dans le domaine - a confié les clés du camion "Le Plus" à de jeunes "journalistes" aussi arrogant-e-s qu'incultes, mais ayant un vernis d'Internet ! Qu'une pseudo journaliste soit incapable de vérifier des données aussi élémentaires que celles qu'elle mettait en doute le prouve, si besoin était.

Et c'est ce genre de personnes qui contribuent à dévaloriser le métier de journaliste par leur suffisance à la hauteur de leur incompétence !

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Nota Bene

Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent érotiques, des contributions aux tonalités diverses,etc. Pour les articles que je rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les bienvenus, mais je me donne bien sûr le droit d'y répondre.

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Nelle Formule

Overblog - hébergeur du deblog-notes - a réussi l'exploit de lancer une nouvelle formule qui fait perdre des fonctions essentielles de la version précédente. Ainsi des liens vers des sites extérieurs disparaissent (désolé pour  Koppera, cabinet de curiosités, ..). Les albums se sont transformés en diaporamas, avec des cadrages coupeurs de têtes. La gestion des abonnés et des commentaires est aussi transparente que le patrimoine de Copé. Et toutes les fonctions de suivi du deblog-notes - statistiques notamment - sont appauvries.