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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 18:18

Marin2

« Au risque de vous surprendre, il est constant, dans une affaire où des prévenus condamnés font appel, que le procureur fasse aussi appel, pour que tous les prévenus soient présents » dit, à peu près, Jack Lang à Laurent Delahousse, sur France 2, dimanche 31/01/10, journal de 13 h.

Sauf que, l’ex-professeur de Droit ne peut ignorer que nous ne sommes pas dans un procès entre N. Trouduc et D. Vilbrioche, pour complicité de dénonciation calomnieuse par abstention, au tribunal de Trifouillis-les-Oies (bientôt rayé de la carte judiciaire), mais dans celui qui oppose en fait l’actuel président de la République à un ex-premier ministre, que le procureur n’est pas celui du parquet de bas-Poitou, mais du parquet de Paris. En bref, qu’il se paye notre tête.

 

« La plus grande des humiliations aurait été que l’on exigeât » du procureur Marin de ne pas faire cet appel, prétend P. Robert-Diard, journaliste du Monde. Incroyable, un Procureur doit faire appel pour surmonter l’humiliation ressentie pour n'avoir pas été suivi dans son réquisitoire par le tribunal. De la Justice au service de ses … serviteurs ! Présumés.

 

Le Monde, sous la plume complaisante de G. Davet, nous le présente comme « Un homme seul. Blessé. Enseveli sous les critiques, venant de tous bords. » « C'est donc la curée, comme sur le plateau du "Grand Journal" de Canal +, vendredi 29 janvier, où journalistes et animateurs semblaient subjugués par le verbe cinglant d'un Dominique de Villepin déchaîné. » Etonnant renversement de situation où l’accusateur est transformé en victime de l’accusé !

 

Ce procureur qui laissait son adjoint s’occuper du menu fretin, n’allant au tribunal que pour « soutenir l’accusation contre l’ancien premier ministre et contre lui seul » aurait « beaucoup énervé le chef de l'Etat et ses proches, en n'épousant pas la thèse, prônée par les sarkozystes, d'un Dominique de Villepin instigateur du complot ». Il est vrai qu’il avait su inventer un délit original, la culpabilité par abstention. Je ne l’ai pas calomnié mais j’aurais pu le faire, en quelque sorte.

 

Ce « fin juriste » comme dit Le Monde, interjette appel sur Europe 1, radio privée ! Sauf erreur, une première juridique, mais c’est, pour Le Monde, Villepin qui a de la « haine dans les yeux » !

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9 août 2008 6 09 /08 /août /2008 15:48

Le seul Léotard que j'ai croisé était « Léotard, le vrai », Philippe, l'acteur, le chanteur, dans un quatre pentes sur l'autoroute, visage ravagé par l'alcool, mais avec un regard bouleversant. L'autre, l'UDF, ne gagna une vague estime que quand il se retira de la vie politique. Mais qui n'alla pas jusqu'à lire son livre sur celui qu'il tutoie et pour qui il a voté. A tort. Car ces quelques courts extraits, dans une langue ciselée, sont d'une lucidité extrème.

« Ça a débuté comme ça. Une élection, une fête, du Champagne. Et du chiffre d'affaires au mètre carré. C'était pétillant. Je n'allais pas bouder mon plaisir puisque j'avais voté pour lui. [...] Naturellement mon côté gaulliste avait quelques regrets. La France prenait des allures de grande surface, et parmi les candidats mon produit était en tête de gondole. La publicité et les promesses s'accompagnaient l'une l'autre comme deux petites voleuses qui font les sacs à main. Ensemble tout était possible. J'étais heureux qu'on soit ensemble. C'est étonnant comme on aime à croire ce qui n'est pas croyable.

Il a fallu plusieurs mois pour entendre parler de faillite. L'homme de Matignon, Mon* le velouté, s'était laissé aller. Faillite ! C'est un mot que l'on aurait aimé entendre au mois de mars, avant l'élection... Au moment des giboulées. On s'y serait fait. Moi, je pensais à Churchill : "Je n'ai à vous offrir que de la sueur, des larmes et du sang." Et Londres bombardée tous les soirs. Nous, on allait très bien. Merci. La dette faisait à peu près l'équivalent du budget de l'Éducation nationale. Les intérêts seulement ! Pas le capital. Je me disais : ça va être bien. On pourra faire deux fois plus de lycées... Il suffira de rembourser ce que nous devons, de revenir à l'équilibre et le tour sera joué ! D'autres le font autour de nous. C'aurait été une promesse de grande qualité. Un millésime rare au rayon de l'œnologie politique. J'avais oublié que la dette, c'est comme la morphine : du bonheur immédiat ! On a donc choisi la béatitude. [...] Dès le lendemain on ne fut pas déçu : la retraite monastique bercée par le clair de lune sur un scénario de Fitzgerald, le clapotis des flots au large de Malte, puis aussitôt après le déferlement des milliardaires, la chasse aux nigauds baptisée modestement "ouverture", les infirmières bulgares, le drapeau tricolore relooké par Prada, les intermittences du cœur sous les ombrages de la Lanterne, un gouvernement tétanisé par les engueulades, les escapades à Saint-Tropez, enfin les bien-aimés du pouvoir, le gratin du Bottin mondial : Chavez, El-Assad, Kadhafi, Poutine... les cancres du passage en terminale de la démocratie. Je commençais, petit à petit, à bouffer mon bulletin de vote.

[...] Sarkozy, c'est Glenn Gould en moins délicat. Il joue avec les mots sur son piano. Un artiste. Comme l'interprète canadien, il accompagne ses partitions de soupirs, de mouvements du visage qui donnent à la pièce jouée la permanente allure d'un chef d'œuvre. Mais ce n'est pas du Bach. Prenons l'exemple de ses rapports avec la police. Ils ont séduit une droite qui ne plaisante pas avec ces choses-là, ils ont alimenté ses nombreux discours, et sans doute, comme pour tous les enfants, marqué son parcours. Voilà une institution qu'il aime. Il s'y plaît. [...] Sarkozy ne parle pas de la police. Il est la police. Il est l'ordre. L'ordre seulement, mais l'ordre complètement. Sa doctrine est faite : les loubards des banlieues n'ont pas de problèmes sociaux, ni de logement, ni de culture, ni d'emploi. Les pédophiles n'entrent pas dans la catégorie de l'acquis mais dans celle de l'inné, les récidivistes que la prison a largement amochés doivent y retourner le plus vite possible. Ils ont été jugés ? Aucune importance. Pour le même délit, déjà purgé, on va inventer 'un suivi' en milieu fermé, c'est-à-dire une deuxième prison qui s'ajoute à la première, mais sans jugement. A quoi bon ? C'est l'Etat qui doit décider, c'est-à-dire l'exécutif, c'est-à dire la police. Il semble que notre président n'ait lu ni Tocqueville, ni Montesquieu, ni Benjamin Constant, il semble que la séparation des pouvoirs lui soit une énigme. Si l'on rend la justice Place-Beauvau, ce sera plus rapide. Et surtout plus près de l'Élysée. [...] On se souvient qu'il répétait volontiers qu'on ne faisait appel à lui que dans les moments désespérés. Alors il arrivait, soulevait le RPR et l'exaltait en quelques jours, redressait le budget de la nation, rendait à la police la confiance qui lui manquait. [...]

C'est vrai, on aurait dû se méfier. Dans le monde sauvage des animaux politiques, il ne faut pas être sur le passage d'un prédateur. Je le sais, j'ai traversé imprudemment la savane. Chirac était un carnassier débonnaire. Avec lui, on était mort, mais c'était sans rancune. Chacune de ses victimes, antilope déchiquetée et consentante, devenait digne d'une amitié nouvelle définitivement inoffensive. Avec Sarko, c'était différent. Le fauve avait - si l'on peut dire - une mémoire d'éléphant. Un jour, me parlant justement de Chirac, il m'avait dit : "François, n'oublie jamais ceci : je suis fidèle à mes ennemis." J'en ai encore froid dans le dos. L'ouverture n'a rien changé à cela.

      Elle donne à la victime un côté comestible qui la fait s'aplatir avec une docilité déconcertante. La douceur de Jack Lang dans ses approches concentriques du pouvoir fait penser aux roucoulements des pigeons qui ne voient pas, dans la casserole, les olives dont ils seront bientôt entourés. [...] Et je crains que la belle histoire qui nous est racontée du haut de Élysée ne se termine mal. Parfois je ne peux empêcher un certain malaise de venir en moi. J'essaie de le chasser et il revient. Je prends un livre et ça revient de plus belle. [...] Depuis que tu es à Élysée je suis inquiet. Qu'est-ce qui t'a pris exactement ? Je lis dans un journal que désormais la police française arrête des enfants... J'ai suivi avec consternation le morceau de Grand-Guignol qui t'a mis dans les bras de Kadhafi... J'apprends que tu as une « plume » qui te fait dire des bêtises... Il paraît que tu n'écoutes plus ceux qui t'entourent... Tu aurais même traité mon ami Martinon d''imbécile"... Et ce pauvre Mon* avec ses beaux yeux de labrador... C'est pas bien tout ça, Nicolas. Je te le dis parce que nous avons grandi ensemble. [...] Et puis ces histoires d'ADN pour le regroupement familial, ce n'est pas toi ! Tu t'es fait déborder par quelques malades de l'UMP. Des frénétiques... [...]

Tu as eu raison de citer Guy Môquet. Cette jeunesse-là, intacte et fervente, qui s'abat d'un seul coup, laissant derrière elle le grand silence du courage, cette jeunesse-là, elle est belle et sans doute plus belle que la nôtre... J'aurais aimé qu'à côté de Guy Môquet tu cites Aragon, celui de 'l'Affiche rouge'. Parce qu'il parle de Manouchian et que le poème d'Aragon est lové dans l'écriture de la dernière lettre du futur fusillé. Pourquoi dis-je cela ? Parce que ces étrangers "mais nos frères pourtant" ont davantage honoré la France que ces "bons Français" qui tranquillement la salissaient à Vichy. Parce que ce sont souvent des étrangers qui ont aimé notre pays plus que nous ne l'avons fait. Parce qu'ils portaient "des noms difficiles à prononcer", parce qu'ils considéraient que peut-être dans le mot France il y avait un désir de droit et - qui sait - une résistance cachée. »

 

"Ça va mal finir", par François Léotard, Grasset, mars 2008.

* "Mon" : François Fillon

Images empruntées à sarkostique

 

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23 juillet 2008 3 23 /07 /juillet /2008 09:59

A chaque saison de foot, il y a toujours quelques joueurs qui arrivent à marquer contre leur camp. Mais les malheureux ne le font pas volontairement (sauf peut-être du temps où Tapie achetait des joueurs adverses pour faire gagner l'OM).

Au lendemain d'un congrès où des retouches constitutionnelles n'ont été adoptées que grâce à Jack Lang, quatre députés (que nous ne qualifierons pas comme les quatre généraux d'une célèbre chanson des Républicains espagnols) jouent sciemment contre leur camp*.

La forme même - une tribune dans un organe de presse - est, pour le militant de base qui cotise au PS, choquante. Je sais, je suis d'un archaïsme indécrottable qui persiste à penser qu'on débat en interne, sans donner des os à ronger aux pitbulls de la majorité, par ces prises de position publiques tonitruantes. Décidément les éléphanteaux méprisent encore plus l'adhérent de base que les éléphants qu'ils vilenpident.

Or donc, le parti auxquels ils appartiennent, leur groupe parlementaire auraient cru à tort que la majorité des trois cinquièmes pouvaient ne pas être atteinte. Erreur grossière... qui s'est jouée à une voix, voix d'un député socialiste qui ne doit de l'être que grâce à un parachutage doré de la part de son parti. A cela s'ajoute une autre erreur, celle, rendez-vous compte, de poser « des conditions, notamment sur le Sénat, qu'il savait impossible à satisfaire par le gouvernement et la majorité »**. Mais le principe de contradiction n'étant pas apparemment acquis, cela n'empêche pas nos mousquetaires d'écrire un peu plus loin le contraire : « En suivant la majorité sénatoriale dans sa volonté choquante d'empêcher toute évolution du mode de désignation du Sénat, la droite a bloqué, sur un point qu'elle savait essentiel, toute possibilité de discussion avec l'opposition. Elle a privilégié sa cohésion au détriment de la recherche d'un compromis. »

Ignorant les pressions assez scandaleuses dont ont été victimes des parlementaires de droite de la part de l'Élysée ou de l'UMP*** (une élue MPF a dit clairement dans Ouest-France que promesses et menaces avaient été maniées à son encontre, à un autre député on a agité la menace d'un redécoupage de circonscriptions défavorable, ce qui laisse bien augurer du charcutage électoral qui se prépare), la bande des quatre affirme que c'est la politisation (sic) du débat par le PS qui aurait ressoudé la droite !

 

Que François Mitterrand, pendant quatorze ans (dont il faudrait soustraire la cohabitation) se soit accommodé d'une constitution, qu'il avait pourtant condamnée sévèrement, est indéniable. Mais eût-il voulu la modifier, qu'il n'aurait jamais eu de majorité des trois cinquièmes avec un Sénat majoritairement et structurellement à droite et une opposition de droite sans états d'âme dans l'anti-union de la gauche viscérale. Quant à la voie référendaire, sur une question institutionnelle, c'est totalement casse gueule.

  « Plutôt que de se réfugier dans une attitude négative et stérile, il valait mieux se mettre en disposition de les discuter sérieusement afin d'aboutir à un compromis. » Affirmation un petit peu osée, quand tous ont pu constater qu'après que la majorité a non seulement refusé toute avancée, mais même rogné des propositions de la commission Balladur (49.3, par exemple), Sarkozy, dans les mêmes colonnes du Monde a feint de condescendre à donner quelques miettes de concession alors que le texte était bouclé.  Affirmation d'autant plus cocasse qu'au paragraphe suivant, les quatre déplorent que la droite « a privilégié sa cohésion au détriment de la recherche d'un compromis. »

Le clou est bien sûr cet anti-sarkozysme pavlovien ! Ce qui décrébilise ce parti, c'est justement ce type d'affirmation, ce qui décrébilise le PS, c'est cet étalage indécent de dissensions internes ! Ce qui décrébilise le PS c'est  de ne pas jouer son rôle d'opposition. Il faut que ce soit un Bayrou, qui pourtant avait essuyé comme ministre de l'éducation nationale la dernière grande manifestation laïque, qui condamne nettement les propos du chanoine de Latran. Est-ce faire preuve d'anti-sarkozysme pavlovien que de dénoncer les mœurs claniques de sa clique, l'agitation vibrionesque de celui qui « fait président », l'échec patent et les dangers de sa politique sécuritaire, sans parler de l'attentat contre l'audio-visuel public (au profit des ses amis du privé), une politique étrangère qui aboutit à l'humiliation de la France par Kadhafi puis par l'ambassadeur de Chine, etc.

Certes les Français n'attendent pas seulement que l'on condamne une politique qu'ils sont de plus en plus nombreux à dénoncer, mais ils demandent que l'opposition fasse son boulot qui est d'abord celui-là.

 

Pour tout dire, une opposition qui s'oppose !

 

* « Occasion manquée pour le Parti Socialiste » Les députés Christophe Caresche (PS, Paris), Jean-Marie Le Guen (PS, Paris), Gaëtan Gorce (PS, Nièvre), Manuel Valls (PS, Essonne). Le Monde 22/07/08

** A noter que la commission Balladur proposait pour le Sénat une représentation des collectivités territoriales en fonction de leur population (ce qui en bonne démocratie devrait aller de soi).

*** A la soupe : ça n'a pas tardé, le sénateur UMP, Alain Lambert, qui a viré du non au oui le lundi, vient d'être nommé au conseil de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations.

 

Pour compléter :

Des socialistes civilisés se répandent pour demander que cesse "l'antisarkozysme pavlovien". Il faudrait que l'opposition cesse de s'opposer. Il faudrait qu'elle salue comme elles le méritent les heureuses initiatives présidentielles, injustement décriées. Ils sont partout. On n'entend qu'eux. La jeune garde socialiste antipavlovienne squatte les colonnes du Monde et le micro de France Inter. Qu'ils parlent, et les caméras frétillent. On le comprend. Pourquoi donner la parole aux 99% de tristes pavloviens que compte le Parti Socialiste, quand 1% antipavlovisent si talentueusement ?

Un aspect trop méconnu des expériences de Ivan Petrovitch Pavlov sur son chien, est le rôle qu'y jouait la nourriture. Pavlov faisait saliver son chien, en faisant tinter une sonnette avant de lui apporter sa nourriture. Au bout d'un moment, la sonnette seule suffit à le faire saliver. C'est ce que l'on appelle "le réflexe pavlovien".

On voit donc l'importance dans le phénomène du pavlovisme, de la salive, et de la soupe.  Allez savoir pourquoi, cela nous ramène à l'actualité. Au premier rang des antipavloviens, se dresse Sa Cohérence Jack Lang,  véritable Rin Tin Tin de l'antipavlovisme, comme l'ont montré les dernières semaines. On l'a entendu  en rafale défendre Sarkozy injustement mis en cause par Royal dans la libération de Bétancourt, s'émerveiller  au milieu des petits fours de la garden party de l'Elysée du succès du Sommet pour la Mediterranée, ou assurer le vote de la réforme constitutionnelle.  De quoi faire naitre une certaine perplexité. On se gardera bien de traiter un ancien ministre de cabot, de toutou ou de chien de garde. Mais entre l'antisarkozysme pavlovien et le sarkozysme pavlovien, la distance est parfois mince. Il faudrait demander à une commission d'experts  indépendants, ou  à quelque tribunal arbitral irréprochable, de se pencher sur le sujet.

Arrêt sur images

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12 juillet 2008 6 12 /07 /juillet /2008 20:05

Rappelez-vous, c'était sur la « Grande Muraille », Ségolène Royal - en blanc, couleur de deuil pour le chinois, nous disaient doctement les sinologues, comme si nous ne portions jamais du noir en dehors des enterrements  - parlait de « bravitude » ! Presqu'au même moment, Sarkozy, Ministre de l'Intérieur, candidat, déclarait au Mont-Saint-Michel : «Il y a quelques années, François Mitterrand, dans une réplique superbe, avait dit : "Vous n'avez pas le monopole du cœur."  Libé, très indulgent de commenter cette bêtise « Rien de bien terrible, certes ». Un néologisme hardi d'un côté, le témoignage d'une inquiétante inculture politique de l'autre, c'est évidemment sur le néologisme que les médias ont lourdement ironisé !  

 

Le jeudi 10 juillet, Libé titrait sur « La Gaffitude »  de Mme Royal.

Cherchez bien, si vous trouvez la une du Figaro sur les gaffes de Sarkozy faites signe. Il a pu, sans que ce soit relevé parler d'un plaquiste au chômage refusant 60 offres d'emploi, de dockers de Barcelone ou d'ailleurs travaillant 4000 h par an, il écorche la langue française avec constance (confondant parler populaire avec vulgaire) maniant le néologisme avec moins de talent que son ex-concurrente en parlant d'héritation pour héritage. S'il n'y avait pas Le Canard Enchaîné, dans les médias traditionnels, ça passerait inaperçu. Et ce n'est que grâce à Internet que « Casse-toi, pauvr' con ! » a dû être repris par télés et presse.

Non, il fallait que le seul quotidien de gauche qui nous reste titre sur la gaffitude de Ségolène Royal.

 

Ayant commis une « Lettre ouverte à Jack Lang »* qui, quand déjà S. Royal s'était fait agresser par les pitbulls de Sarko après un entretien avec des journalistes au moment de la libération d'Ingrid Betancourt**, en avait ajouté une louche, sans même se préoccuper de ce qu'avait dit sa camarade, j'ai reçu un mot d'un député « c'est en direct, sans coupure, que trois jours plus tard nous avons entendu Ségolène commencer à délirer sur son cambriolage... J'ai eu des frissons... car je me suis demandé si elle n'était pas complétement tombée dans la paranoïa profonde... Je me demande comment tout cela va se terminer ». Voilà donc la gaffitude suprême qui lui a valu un déchaînement de haine des pitbulls.

 

Libé dans une subtile analyse (bien analysée par Arrêt sur images »), titrait « L'opposante favorite de l'UMP » : si Estrosi, dit bac-5, la traite de bigorneau, si Lefebvre, bave aux babines, se déchaîne contre elle, c'est, bien sûr, pour valoriser cette opposante favorite de notre Ouf 1er. Et n'oublions pas Fillon, le larbin souffre-douleur, qui, sans doute pour faire oublier qu'il s'était drôlement pris les pieds dans le tapis au Québec (sans grands échos médiatiques), ose la traiter de « petite fille ».

 

Toujours est-il que la gaffitude a fait bouger les choses.

La police, qui avait clos l'enquête infructueuse pour un premier cambriolage en 2006, rouvre le dossier pour découvrir que des empreintes digitales correspondaient à une voleuse yougoslave. Ètonnant, non ? L'information sur cette identification vient non pas du Ministère de l'intérieur, mais de Claude Guéant, secrétaire général de l'Èlysée (au lendemain des déclarations de Royal). J. P. Mignard, avocat de S. Royal, a beau jeu d'ironiser sur cette suspecte providentielle, présentée comme voleuse, qui n'a rien volé et qui aurait donc ce soir-là exercé son activité habituelle à titre bénévole, mue par la seule curiosité.

Délire, paranoïa ? Comme le dit finement Joffrin, directeur de Libé, des millions de français ont été cambriolés et ne mettent pas en cause Sarkozy, sauf qu'ils n'ont pas été candidats contre Sarko et qu'en général on les a cambriolés pour leur piquer quelque chose.

 

Pour preuve de la bonne foi sarkozyenne, Libé encore, je crois, cite tout le mal qu'il a pu dire des officines et son engagement de ne pas y avoir recours. Il s'était aussi engagé à être le Président du pouvoir d'achat et à défendre les droits de l'homme dans le monde !

 

* 09/07/08 Lettre ouverte à M. Jack Lang

Cher camarade,

Puis-je dire mon étonnement et ma réprobation, quand je t’ai entendu condamner Ségolène Royal, pour une phrase que, comme d’habitude, de pseudos journalistes – de ceux qui s’esclaffent aux saillies médiocres de celui qui, comme il dit, « fait président » - avaient ôté de son contexte et qui, de toutes façons, ne disait rien d’autre que ce que Claude Guéant avait admis. Les autorités françaises ne furent pour rien du tout dans l’action qui a libéré Ingrid Betancourt ! Elles ne furent d’ailleurs mises au courant que par une dépêche d’agence. Dire cela est-ce scandaleux ?

Que les pitbulls de Sarkozy, Lefebvre, Estrosi, Guaino, etc. se livrent à de basses  attaques contre celle qui fut – ai-je besoin de le rappeler ? – la candidate de gauche face à Sarkozy, c’est indigne mais c’est au diapason de leur patron. Mais que le réflexe premier d’un membre du même parti que celle qui est ainsi agressée ne  soit pas, a priori, de la défendre heurte ma conception, sans doute vieillotte,  de ce que doit être un parti.

Il est vrai que cette conception est bien dépassée. Alors que la discipline de vote – nul n’est obligé d’adhérer à un parti et encore moins de se présenter aux élections sous telle ou telle étiquette, cette discipline est donc bien librement consentie – est essentielle, surtout quand on est dans l’opposition, on a encore vu, il y a quelque temps, une dizaine de parlementaires se prononcer dans la presse pour la réforme constitutionnelle de Sarkozy, affaiblissant immanquablement la capacité de négocier du groupe. (Il est vrai, que l’on avait vu pire, avec des personnes faisant fi d’un vote clairement majoritaire des adhérents du PS et cela en toute impunité).

Oui, je le confesse, j’en suis resté à une vision totalement rétrograde de la vie d’un Parti qui demanderait aux élus un minimum de respect des votes des militants, de la discipline d’un groupe, etc.

Je te prie donc d’excuser cette bouffée d’archaïsme et je n’oserais conclure sur mes craintes que le futur congrès voit la victoire d’une coalition hétéroclite cimentée uniquement par le « sus à Royal ».

Socialistement,

 

** "Elle dit son admiration pour «le courage physique» et «la force» de Betancourt. Elle parle d'une «lumière» que porte en elle l'otage libérée, d'un «message d'amour qui déplace les montagnes». Pour Royal, Ingrid Betancourt «a tenu parce qu'elle a senti que des millions de gens attendaient sa libération».

Alors qu'on lui fait remarquer que l'otage libérée a notamment remercié Nicolas Sarkozy, elle répond qu'il s'est agi d'une «opération colombienne rondement menée qui a bien marché». Et que cela prouve que «les négociations avec les Farc étaient inutiles et n'avaient débouché sur rien». Ne craint-elle pas, lui demande-t-on encore, que cette libération donne lieu à une «récupération politique»? Il ne peut y avoir, répond-elle, «ni polémique ni récupération» et ce d'autant moins que Nicolas Sarkozy n'est «absolument pour rien» dans cette libération." Libé 10/07/08 http://www.liberation.fr/actualite/politiques/338187.FR.php

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7 novembre 2007 3 07 /11 /novembre /2007 18:40

Un collègue Principal me signale, un texte de Pierre Frackowiak, mis en ligne sur le site de Philipe Meirieu (http://www.meirieu.com/FORUM/frackowiak_inspection.pdf). P. Frackowiak avait été victime de menaces de sanction de la part du plus calamiteux Ministre de l’éducation nationale de ces dernières années (Allègre est furieux qu’il lui ait fauché le titre), Robien, le hobereau Picard.

IEN, il oppose pilotage et indicateurs à l’observation de l’acte pédagogique.

 

Je ne sais pourquoi, cela m’a rappelé deux Inspecteurs d’Académie.

Le 1er, appelons-le Jojo, m’a appris à cinquante ans – on apprend à tout âge – que les amis des amis ne sont pas obligatoirement des amis. C’était en effet un condisciple d’Ecole Normale, d’un de mes meilleurs amis, et nous avions dû, d’ailleurs, nous croiser chez cet ami commun au Maroc. Me présentant à lui, je tombais sur un personnage qui, pieds appuyés sur le fond de son bureau pour mieux se balancer sur son fauteuil, se balançait tout aussi visiblement de ce que je lui contais de mes expériences précédentes. Peu après, alors que je protestais pour m’être fait sucrer des heures de la dotation globale, j’eus droit à un adjudantesque « ce n’est pas ainsi qu’on s’adresse à son Inspecteur d’Académie ! » Et cet état d’esprit régnait dans tous les services. Notre Jojo ne s’embarrassait ni de pilotage ni d’indicateurs et encore moins d’autonomie des établissements.

 

Son successeur, lui, qui s’était choisi comme bras droit un remarquable IIO, était féru d’Indicateurs de Pilotage des Etablissements Secondaires (IPES*) dont j’étais devenu assez expert (http://donges.ac-nantes.fr/peda/ress/persdir/pindic.htm). Ce fut, pourtant, de tous les IA que j’ai croisés certainement la personnalité la moins imbue d’elle-même, la plus attentive aussi bien au bon climat de son Inspection Académique qu’à l’aide aux équipes de direction et aux IEN (favorisant le travail en bassin, en y associant les IPR, notamment). Son prédécesseur avait prétendu avoir refusé de succéder à Antoine Prost comme conseiller du 1er ministre (il est vrai que c’était Edith Cresson après Michel Rocard, les proportions auraient été respectées). Lui, s’est retrouvé au cabinet de Jack Lang, en 2000.

 

Donc pilotage, tableau de bord, indicateurs, etc. sont des outils indispensables, mais ne sont que des outils.

 

D’ailleurs le personnel de direction, lui, n’a officiellement aucun pouvoir sur les pratiques des enseignants. Même si, en réalité, c’est à nuancer quelque peu. Justement le pilotage par les résultats des élèves est un levier possible.

Dans ce collège, étaient instaurées de longue date, des épreuves communes aux quatre niveaux, en Français, Maths, Histoire-Géo et Anglais. En maths, nous avions touché un agrégé qui toisait ses collègues (l’un certifié, les deux autres PEGC) de haut et refusa de participer à quelque travail d’équipe que ce soit. Epreuves communes de 4e : un écart significatif entre la « sienne » et les deux autres (près de 3 points sur la moyenne). Conseil de classe : les résultats globaux des élèves  sont projetés, en même temps que chaque prof donne sa synthèse ; notre agrégé, devant la courbe de Gauss dont le sommet était vers 9, interpelle les délégués des élèves sur le manque de travail de leur classe et évoque les épreuves communes. Projection des résultats du niveau et de chaque division en maths, ce qui conforte le prof ; puis des résultats de cette division dans les trois autres matières où là ils étaient tout-à-fait en phase avec les résultats d’ensemble… Juste un petit commentaire quand même pour souligner que le problème ne se posait qu’en maths. La superbe de l’agrégé fut un peu ébranlée.

 

Plus globalement, l’information égale et lisible de tous les membres d’un conseil de classe est indispensable pour qu’il joue son rôle.

La mise en place d’épreuves communes n’instaurera pas le travail d’équipe, mais obligera à une progression commune et, par le biais de la mise au point du contenu précis de ces épreuves, à une réflexion collective sur ce qu’on veut évaluer.

 

Claude Thélot, évoqué par Pierre Frackowiak est justement le maître d’ouvrage des IPES, dont Jean-Claude Emin fut le maître d’œuvre avec son équipe.

Les personnels de direction n’avaient pas attendu, d’ailleurs, ces fameux IPES pour se doter d’indicateurs propres. Indicateurs qui permettent d’avoir une vue plus globale de la marche d’un établissement (d’une circonscription ?) et de situer le bilan d’une année dans son histoire. Mais les IPES, s’ils ne sont pas, par définition, spécifiques à tel établissement précis, permettent de se situer dans un espace plus vaste et surtout de se situer parmi des établissements comparables.

 

Reste l’ineffable, l’indicible, tout ce qui fait qu’une école, qu’un collège, qu’un lycée a son climat propre.

Il faut bien en prendre, cependant, la mesure qui n’est ni dans les PCS accueillies, ni dans les résultats obtenus par rapport à ceux « attendus », mais qui peut être le fruit amer de polémiques anciennes qui ont laissé des lignes de fracture souterraines, mais prêtes à s’ouvrir à nouveau sous les pieds du chef qui lance une idée qui a pourtant eu les meilleurs échos dans un poste précédent.

Mais dans cet impalpable même, l’image du pilotage qui implique non seulement d’être attentif aux cadrans du tableau de bord, mais surtout à la route à prendre et aux virages à négocier, me semble riche pour une équipe de direction.


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Ipes et culture de l’évaluation

Les IPES (Indicateurs pour le Pilotage des Etablissements Secondaires) participent de ce que Claude Thélot  appelle une culture de l’évaluation. Ils ont connu, de la part des chefs d’établissement, la même méfiance vis-à-vis de ce cadeau de la « centrale » que celle d’Enée à l’égard de ceux des grecs. Cette batterie d’indicateurs standards offre - ce que les indicateurs propres aux EPLE n’ont pas – des références académiques et nationales (plus rarement départementales). Un premier malentendu vient de la confusion entre moyenne et norme. Surtout – et c’est là l’origine de beaucoup de réticences – avec la notion de valeur ajoutée, elle amène à s’interroger sur l’efficacité des EPLE : ainsi, à partir des « indicateurs bac », les lycées ont pu être, avec des outils statistiques rigoureux, répartis en quatre classes à partir des taux de réussite mais surtout de leur capacité de mener le maximum d’élèves de la seconde au bac. Deuxième malentendu : il ne s’agit pas de distribuer des bons points et des bonnets d’âne, mais d’inciter les personnels d’encadrement (recteur, IA y compris IPR, Personnels de direction) à analyser ces performances. Cet outil peut et doit être utilisé au sein de l’EPLE : outil de diagnostic pour le projet d’établissement, outil de bilan pour le rapport pédagogique annuel. Mais pour que tous les acteurs s’en emparent il faut qu’ils puissent comprendre ce qui sous-tend ces IPES, comment ils sont fabriqués, ce qu’ils décrivent. http://donges.ac-nantes.fr/peda/ress/persdir/pindic.htm

 

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