N.B. Que les non Luçonnais veuillent bien excuser ce billet localier. Pour ceux qui auront l’indulgence d’y jeter un coup d’œil, précisons qu’à ces élections, il n’y a eu que deux listes en présence, l’une menée par le maire sortant UMP, l’autre par son opposant de gauche, mais non encarté et formée pour l’essentiel de personnes issues, comme on dit, de la société civile. Perrier, pour l’UMP donc et Demy, pour la gauche. Un seul tour, bien sûr.
Quelques évidences :
- malgré une progression du nombre d’inscrits, le nombre de votants et d’exprimés baisse, donc montée des abstentions nette (même si le taux est inférieur au taux national) et légère montée des blancs/nuls
- les pertes en voix sont dix fois plus fortes pour la liste Demy
- donc arithmétiquement l’écart entre les deux listes se creuse.
Ces portes ouvertes enfoncées, reste à tenter d’analyser ce scrutin
A l’évidence, bien que la liste DEMY ne comportait que très peu d’encartés à des partis, elle a subi localement le contrecoup de la claque infligée au pouvoir, donc au PS nationalement.
Le non vote des abstentionnistes que les experts ès analyses électorales dissèque brillamment est, à l’échelle de Luçon, beaucoup plus difficile à interpréter. Il est communément admis que les abstentionnistes se recrutent principalement dans les 18-24 ans et dans les classes dites populaires. Donc que l’abstention est plus préjudiciable à la gauche.
Or, les législatives 2012 ont connu une forte abstention, de 5 points supérieure à celle des municipales. En 2012, Fourage (PS) l’emporte d’une courte tête. En 2014, Perrier (UMP) gagne dans un fauteuil. On serait plutôt tenté de dire que l’abstention profite au camp qui a le vent en poupe. S’y ajoute, en 2012, la déception de ceux qui avaient opté pour Souchet (MPF) au 1er tour.
L’analyse des abstentions bureau par bureau en 2014 n’est guère concluante. Le bureau 7 (J. Moulin), le seul qui a donné une légère avance à la liste DEMY, est quasiment à la moyenne, alors que les bureaux 1 et 2, favorables à la liste PERRIER ont un taux d’abstentions significativement plus élevés.
L’analyse des blancs et nuls n’est guère plus évidente. Certes, ces électeurs-trices ont fait leur devoir électoral. Mais que signifient leurs votes ? Passons sur ceux rares qui agrémentent un bulletin d’insultes. Sinon ? Que les candidatures proposées ne leur agréent pas ? A La Roche où le choix était large ces votes font quand même 3,9%. Un refus des règles du jeu électif actuel ?
Si l’on additionne les blancs et les nuls ce sont 4 électeurs sur 10 qui n’expriment aucun choix entre les deux listes, si bien que la liste Perrier fait un tiers* des inscrits et la liste Demy un peu plus du quart.
A noter que le système de répartition, qui assure certes, la stabilité des municipalité en donnant à la liste en tête non seulement la majorité, mais en plus une répartition proportionnelle de la moitié restante, fait qu’à Luçon 56% donne 80% et 44%, 20% ! C’est-à-dire 23 sièges sur 29 d’un côté, 6 sur 29 de l’autre. En gros un élu de gauche représente, au conseil municipal, trois fois plus d’électeurs qu’un élu de droite.
Ce qu’oublie évidemment le maire-UMP sortant-rentrant. Qui commence d’ailleurs son mandat par un mensonge puéril. Il affirme que sa liste a maintenu ses voix de 2008, alors que l’opposition en a perdu. Ce qui est faux. Et que la vérité eût été aussi sévère, puisque si sa liste a perdu 15 voix, la liste adverse en a perdu dix fois plus. Mensonge inutile. Mais chez lui c’est une seconde nature.
C’est donc à cette aune qu’il faut juger la fausse main tendue à ses adversaires.
Même sur des propositions de simple bon sens, qui ne mettaient pas en péril ses orientations droitières, puisqu’elles venaient de la gauche, elles étaient sectairement refusées. Exemples : à la sortie de la venelle de l’écours des halles, côté Place des acacias, le piéton discipliné est censé emprunter un passage protégé en remontant jusqu’à la hauteur de la pharmacie… Perrier, ou bien en descendant jusqu’à la hauteur de la banque CIC, le passage à la sortie de la venelle, permettant de rejoindre en face le passage protégé sur le parking, des Acacias a été supprimé ; sur le parking du petit Champ-de-foire, les places handicapées ont été placées juste en face d’une descente… en escalier…
Comme c’était l’opposition qui le proposait, remettre un passage, déplacer un stationnement inapproprié, NON !
C’est dire l’esprit d’ouverture et de dialogue qui anime le personnage imbu de lui-même.
* Ce qui permettrait, si le cœur y était, d’ironiser sur les UMPistes qui, au lendemain des Présidentielles, soulignaient que le score de Hollande ne représentait que 40% des inscrits !