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31 octobre 2014 5 31 /10 /octobre /2014 21:05
Marie-Josée Roig, ex-Maire d'Avignon

Marie-Josée Roig, ex-Maire d'Avignon

Ça vous a peut-être échappé, mais Madame Marie-Josée Roig, ex- Maire d’Avignon, s’est reconnue, deux ans après sa parution, dans un épisode scabreux d’un roman à clés sur la sarkozie dans les Hauts-de-Seine. Le Monarque, dans le récit, demande à une Maire d’une ville du Sud, venue quémander une subvention, de lui faire, vite fait, une petite gâterie. Se disant représentée «comme une femme légère, prête à tout, sans aucune morale», elle réclame 15 000 €.

 

          Le 14 juin 2012, pile entre les deux tours des législatives, paraissait Le Monarque, son fils, son fief, sous la signature de Marie-Célie Guillaume, à l’époque directrice de cabinet de Patrick Devedjian, président du Conseil général des Hauts-de-Seine. Sorte de chronique de la guerre picrocholine qui s’est livrée dans les Hauts-de-Seine entre le Dauphin soutenu par le Monarque contre l’Arménien. Là les clés sont évidentes avec donc Jean Sarkozy et son papa d’un côté, Patrick Devedjian de l’autre.

 

La plupart des personnages sont aussi facilement reconnaissables. Ainsi des Thénardier, les époux Balkany ou Don Léonard, Charles Pasqua ou L’Humoriste Attitré, André Santini. Plus ambiguë est cette Belle-Amie désignant Rachida Dati. Un peu facile, mais bien vu est ce Gominet, pour le petit David Martinon, d’abord désigné par le Monarque pour lui succéder à Rockyville, puis descendu par le Dauphin. La Pravda pour Le Figaro de Mougeotte, ça s’imposait.

 

   « Sous le nom de "Baronne", référence au "Baron perché" d'Italo Calvino, qui prend de la hauteur pour supporter la médiocrité du genre humain, la narratrice du livre raconte les coups de colère téléphoniques du "monarque", les complots ourdis par les élus du département pour destituer l'"Arménien". Elle restitue les accusations contre lui des "Thénardier", ses pires ennemis, qui sont aussi les meilleurs amis du "monarque". » résume la journaliste du Monde. « Au final, le lecteur retire du récit l'image d'un "monarque" despote et clanique, qui n'a de cesse d'humilier l'"Arménien", coupable à ses yeux d'avoir prétendu "nettoyer les écuries d'Augias" de sa "principauté" des Hauts-de-Seine et d'avoir torpillé la carrière politique naissante du "dauphin" Jean. » commente-t-elle.

 

Intitulé Rocky et le monologue du périnée, un seul chapitre est un peu croustillant. Il met en scène une Madame de P. « maire d'une ville de 150 000 habitants ceinte de magnifiques remparts classés monuments historiques, présidente d'une agglomération de 265 000 habitants », venue solliciter une subvention pour un musée de sa cité au près du monarque. Mais notre Rocky, monarque non plus des Gaules mais à la gaule, lui réclame une faveur sexuelle : «tu ne peux pas me laisser comme ça, tu vois bien que j’ai besoin de me détendre, allez c’est pas grand chose». En quelque sorte une petite pipe à Rocky, avant qu’il ne décore ! Car il doit, dans la foulée, remettre la Légion d’honneur à la dame Thénardier ! "Ce sont des choses qui existent. Dans les milieux du pouvoir, certains hommes se permettent des choses. Toutes les femmes qui sont dans cet environnement sont exposées à ces situations", expliquera l’auteure. Pas moins de trois élues ont déjà été plus ou moins identifiées à l’édile dévouée, sorte de Monica Lewinsky sur le retour d'âge.

 

Marie-Josée Roig, déchargée de fonctions, a dû mettre son temps libre à profit pour lire, tardivement, l’ouvrage de la Baronne, comme se désigne l’auteure du livre. Mais lors de l’audience – tout au moins dans le peu que nous dit l’AFP reprise par quelques articles – l’avocate de la plaignante ne dit pas à-en-sur quoi Mme Roig s’est reconnue dans la compréhensive Madame de P (P comme Pipe ?).

 

 

Pour compléter, vous pouvez relire Le sperme : un antidépresseur

En guise d'épilogue

 

Faveur sexuelle au "Monarque" Sarkozy : l'ex-maire d'Avignon perd son procès, titre RTL

Comme l'avaient fait valoir la défense et le parquet, la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a estimé que l'ex-maire n'était pas identifiable avec certitude. Elle a déclaré son action irrecevable.

L'ex-maire d'Avignon a été condamnée à verser 1.500 euros pour les frais de justice à l'éditeur Yves Derai.

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24 août 2013 6 24 /08 /août /2013 15:32
DSK, le marlou ?

Le Figaro renoue avec sa grande époque investigatrice –souvenez-vous, du temps où Mougeotte publiait même la photocopie d’un interrogatoire de police - en publiant, en exclusivité, l’ordonnance de renvoi de DSK en correctionnelle pour proxénétisme aggravé. DSK, un marlou ? En marge d’émoluments confortables au FMI, il taxait des tapineuses ? Même si la notion juridique du proxénétisme semble assez extensive, on comprend que le parquet ait été un peu sceptique sur cette accusation. Et l’ordonnance semble plus empreinte de moralisme que de juridisme.

Canard enchaîné 13 août 2013

Canard enchaîné 13 août 2013

Le Canard enchaîné a eu beau jeu d’ironiser sur certains attendus de cette ordonnance. « Le Figaro (…) livre des détails insoutenables. Par exemple, les soirées libertines de DSK et de ses copains ressemblaient à de "la consommation sexuelle". Et même pire à un "carnage avec un tas de matelas au sol" ! Et ces experts d’ajouter « Il n’était nullement question de libertinage, mais d’abattage ».

Crepax

Crepax

Certes, DSK n’a pas l’élégance et le raffinement d’un Sir Stephen, dans Histoire d’O. Mais on conviendra cependant que, malgré la brutalité que lui prêtait Anne Mansouret, la mère de la célèbre Tristane Banon, il n’a jamais marqué, de ses initiales, au fer rouge (tel un gardian, les taurillons de sa manade) le fessier d’une de ses victimes ou complices.

 

Libertinage ou abattage ?

Et s’agissant d’abattage que diraient nos juges d’instruction en découvrant ces aveux d’une bénévole des partouzes :

Dans les plus vastes partouzes auxquelles j’ai participé (…) il pouvait se trouver jusqu’à cent cinquante personnes environ (…), parmi lesquelles on peut en compter un quart ou un cinquième dont je prenais le sexe selon toutes les modalités : dans les mains, dans la bouche, par le con ou par le cul.    Dans [ces] circonstances (…) l’enchaînement et la confusion des étreintes et des coïts étaient tels que si je distinguais les corps ou plutôt leurs attributs, je ne distinguais pas toujours les personnes. 

Pire encore :

Le parking de la porte de Saint-Cloud se trouve en bordure du périphérique (…) Je n’avais que mes chaussures aux pieds (…) on m’a plaquée contre un mur perpendiculaire (clouée par les bites, comme un papillon). Deux hommes me soutenaient par-dessous les bras et les jambes, tandis que les autres se relayaient contre le bassin auquel j’étais réduite.

 

Catherine "M", photographiée par Jacques Henric

Catherine "M", photographiée par Jacques Henric

Elle décrit ainsi un club échangiste, pourtant assez distingué :

C’était éclairé comme dans une salle à manger, il y avait du monde nu sur des matelas à terre...

Et peut-être a-t-elle croisé, chez Aimé, un autre club échangiste très couru, DSK en personne :

Eric m’énumérait les noms des personnalités, vedettes du cinéma, de la chanson ou du sport, hommes d’affaire que j’avais pu y connaître sans avoir suffisamment ouvert les yeux pour les reconnaître.

Catherine "M", l'album, Jacques Henric

Catherine "M", l'album, Jacques Henric

Et DSK, encore, l’a peut-être sodomisée, sait-on jamais ?

Pour quelle raison – période d’ovulation ? blenno ? – m’est-il arrivé, dans une partouze où (…) il y avait foule, de ne baiser qu’avec mon cul ?

 

(extraits de La vie sexuelle de Catherine M.)

 

On conviendra cependant que, si ces scènes défient la morale judéo-chrétienne, chère aux cagots, sauf dans l’exhibitionnisme d’un parking, elles n’enfreignent pas la loi. Mais l’héroïne de cette autobiographie sexuelle, Mme C. Millet, est une amatrice bénévole de l’amour au pluriel. Alors que, s’agissant de cet épisode de la vie sexuelle débridée de DSK, il s’agit de professionnelles.

DSK, le marlou ?

Professionnelles « parties civiles » qui justifieraient l’accusation de proxénétisme !

 

DSK entre les mains des call-girls titre un article d’O. Toscer, dans le Nel Obs. « Deux au moins d’entre elles sont aujourd’hui parties civiles, c’est-à-dire victimes présumées dans le dossier. » Victimes de qui ? de quoi ? Fabrice Paszkowski et David Roquet, les amis de DSK qui les recrutaient, auraient-ils oublié de les rémunérer pour leurs services ? ou bien, les prestations demandées ne correspondaient-elles pas à celles qui étaient prévues ? L’une d’entre elles, Aurélie D., aurait participé à une dizaine de partouzes avec DSK, victime pour le moins consentante !

 

Mais le seul fait que des professionnelles, fussent-elles occasionnelles, aient participé à ces lubriques rencontres permet d’asseoir l’accusation de proxénétisme.

D’aucuns, dont je suis, avaient une image d’Epinal du maquereau qui mettait ses tapineuses sur le trottoir puis récupérait le fruit de leurs ébats tarifés. Autrement dit que le proxénète tirait profit de la prostitution d’autrui. Dodo la saumure, héros secondaire de l’affaire dite du Carlton, en étant un exemple quasi folklorique.

 

Eh bien non ! à la limite le client qui paye pratique le proxénétisme comme M. Jourdain la prose. Loue-t-il une chambre d'hôtel pour se partager avec un copain les services d’une « belle de jour »  trouvée sur internet, qu’il devient maquereau ! En effet, si l’on en croit Le Figaro*, il est reproché à DSK d'avoir mis à disposition, pour ces soirées, un appartement qu'il louait: il aurait ainsi «accompli un acte matériel de proxénétisme», selon les magistrats ! Car « mettre à disposition un local pour de la prostitution, c'est du proxénétisme. Un arrêt de la Cour de cassation l'a établi dans la jurisprudence, en considérant qu'une prostituée qui prête sa camionnette à une collègue pouvait être vue comme proxénète.» Du co-voiturage comme un délit. La loi – sarkozyenne ? – a ses raisons que la raison ne connaît pas.

 

Mmes Stéphanie Ausbart, Ida Chafaï et M. Mathieu Vignau, les trois juges d’instruction ont donc passé deux ans pour que deux d’entre eux – qui se serait désisté ? – signent cette ordonnance de renvoi. DSK ayant sans doute de meilleurs avocats que la malheureuse prostituée taxée de proxénétisme pour prêt de camionnette, les cagots hyaineux risquent d’être déçus. 

 

Mais, en marge de la future loi objet de polémique entre Valls et Taubira, est-il permis, sans être inculpé d’outrage à magistrats, de se demander si le trio n’a pas confondu sa morale et la justice ? et surtout s’il n’a pas perdu son temps sur une affaire bénigne qui n’aurait pas mobilisé tant de zèle si un des protagonistes n’avait eu la célébrité de DSK ? et ce faisant laissé traîner d’autres dossiers en souffrance ?

 

* Figaro qui avait déjà eu l’exclusivité du Procès-verbal de l’interrogatoire de DSK, le 26 mars 2012 à Lille : la source de cette violation flagrante du secret de l’instruction pouvait être policière ; ici, elle ne peut-être que judiciaire.

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20 juillet 2013 6 20 /07 /juillet /2013 16:07
Délimitation d'une zone de sécurité à Brétigny

Délimitation d'une zone de sécurité à Brétigny

Des CRS plus crédibles que la Croix rouge ou le SAMU, une caméra de la RATP dont la RATP nie l’existence, un prétendu alibi, un interrogatoire qui disculpe Sarkozy, etc. des policiers distillent des infos, rapports, PV, etc. repris par de soi-disant journalistes d’investigation. Et des fuites policières aux buts politiques à peine déguisés.

Jean-Michel Décugis _ Le Point

Jean-Michel Décugis _ Le Point

Tenez-vous bien, c’est un journaliste, un vrai de vrai, qui nous l’affirme dans Le Point « EXCLUSIF. Brétigny : des scènes de vol et de caillassage ont bien eu lieu ». Exclusif, on veut bien, mais le « ont bien eu lieu » relève de l’affirmation gratuite.

Eh quoi, vous en doutez ? alors qu’un – tenez-vous bien -  document confidentiel de la direction centrale des CRS  fait état de jets de projectiles et de vols sur les victimes du déraillement du train. Sauf que Croix-Rouge et Samu affirmaient n'avoir constaté "aucune agression et avoir travaillé de façon tout-à-fait normale" en gare de Brétigny. Nos CRS strasbourgeois venus de Meaux, eux "À leur arrivée (…) devaient repousser des individus, venus des quartiers voisins, [très forts nos CRS strasbourgeois déterminant, sans coup férir, l’origine de ces « individus »] qui gênaient la progression des véhicules de secours en leur jetant des projectiles".  Comment peut-on oser mettre en doute un tel rapport, alors que le même hebdomadaire, dans un autre article, ne fait état, comme L’Express son rival de droite, que de quatre plaintes enregistrées et que le directeur départemental de la sécurité publique de l'Essonne, persiste et signe : "J'étais sur place, il y a certes eu des tensions pour repousser des individus, mais je n'ai vu ni scène de pillages ni violences urbaines."

Mais, évidemment, entre ce prétendu rapport de CRS qui n’ont aucun rôle d’investigation et une déclaration d’un personnage officiel, « nos révélations, écrivent sans vergogne les deux journalistes, ne vont pas manquer de relancer la polémique. En effet, dès le vendredi, le syndicat de police Alliance avait fait état de scènes de pillage avec un groupe de jeunes qui "aurait dépouillé les victimes et notamment les premiers cadavres" » (dans l’exagération ignoble ce syndicat ne recule devant rien).

 

Car, au départ, de fait, il y a eu Europe 1 qui s’est fait complaisamment l’écho d’Alliance, syndicat policier très proche de l’UMP, dont la porte-parole, répercutant de prétendus témoignages de policiers sur place, parlait de ces jeunes détrousseurs de cadavres !

 

Faut-il rappeler qu’en principe, sur place, se trouvait une flopée de journalistes qui, à part, commenter la catastrophe, du dessus des voies pour avoir une vue globale de la gare, n’ont pas été foutus capables de dégoter un témoin, voire une victime –pas chez les cadavres bien sûr, mais les rescapés - de ces actes odieux ?

Journalistes d’investigations-bidons !

La complaisance se transforme même en complicité quand, dans l’affaire Méric, le journaliste de RTL relaie une abracadabrantesque histoire de vidéo de la RATP. De source policière comme il se doit.

  

Yldune Levy (affaire Tarnac)

Yldune Levy (affaire Tarnac)

On atteint même le summum de la servilité pour les thèses policières avec O. Toscer journaliste du Nel Obs qui relaie les dernières imbécilités de policiers dont l’incompétence – pour rester dans l’euphémisme – s’est étalée dans « l’affaire Tarnac ».

Le dernier exemple est symptomatique. Le journaliste travaille dans un hebdo, certes vilipendé par les bogôs, mais qui dans l’affaire Tarnac a été assez circonspect. Il n’a donc pas une pression de sa hiérarchie. Mais il pratique, comme ses collègues, un journalisme dit d’investigation qui est, en fait, un sport en chambre consistant à attendre le PV, le rapport, le communiqué d’Alliance, etc., sans se donner la peine de quitter l’écran ou le portable, pour aller recouper sur le terrain. Leur complaisance est l’assurance de nouvelles fuites policières qui alimenteront le bouzze ou plutôt la bouse de l’info bidon !

Mougeotte et Courroye

Mougeotte et Courroye

Le grand maître de ce type de journalisme fut, sans conteste, Mougeotte, quand, naguère, il dirigeait Le Figaro. Il a été ainsi capable, lors d’un interrogatoire totalement illégal, de l’ex-comptable de Mme Bettencourt de publier, soigneusement caviardé, le PV, photocopies à l’appui, de cet interrogatoire. Inutile de trop chercher la source, le procureur chargé à l’époque de l’affaire était Courroye (dit de transmission), qui remontait directement le PV au fur et à mesure à l’étage au-dessus, les policiers faisaient de même et Mougeotte était en ligne directe avec le palais non de Justice mais de l’Elysée. Il réédita cet exploit avec l’interrogatoire de DSK par les juges Lillois.

  

Est-ce tomber dans la théorie du complot que d’affirmer que certains journalistes, à l’insu de leur plein gré, se font complices de manipulations d’origine policière et/ou politique ? Pour Mougeotte, c’est flagrant. Pour ceux du Point pointe fort le désir de se faire mousser : il fallait voir plastronner l’un des deux sur les étranges lucarnes avec son document tellement confidentiel qu’il avait atterri sur son bureau. Pour deux autres, il est probable que leur « intime conviction » - culpabilité de Coupat-Levy pour l'un, culpabilité de Méric la victime pour un autre - est confortée par des  révélations secrètes que leurs sources policières se font un devoir de leur refiler.

Reste aussi à s’interroger sur lesdites sources policières, fort accommodantes avec l’ancien pouvoir et qui, là, jouent visiblement contre le pouvoir actuel sur Brétigny et dans l’affaire Méric.

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 11:38

Politique fiction rétrospective

mohamed-merah-assaut-raid.jpg

La France a peur” s’était écrié Pernaut en ouverture du journal de TF1 après le massacre qui frappait une école juive de Toulouse, massacre qui faisait suite aux meurtres de trois militaires, par un mystérieux tueur. Le Figaro titrait : « Un massacre fruit de cinq ans de laxisme socialiste ». Le candidat Sarkozy suspendait sa campagne électorale et empruntait un Falcon à l’ami Bolloré, pour précéder la Présidente sur les lieux du drame, Présidente qui, ne dérogeant pas à son engagement pris après la crise de 2008 de réduire le train de vie de l’état, avait pris un avion de ligne.

 

sego-gaullebis.jpgTout s’annonçait cependant bien pour la Présidente sortante qui avait fait sensation en l’emportant en 2007 d’une très courte tête, au grand dam d’une droite désemparée qui avait vu une fraction de l’UMP rejoindre l’UDF de Bayrou. Certes le début de quinquennat, avec un Bianco 1er ministre assez effacé, lui avait valu d’être traitée d’hyper-présidente brouillonne se mêlant de tout. Le scandale qui avait frappé son Ministre des finances et ex-rival, DSK, l’avait aussi affaiblie alors même qu’éclatait la crise.

Mais elle avait su se séparer d’un fidèle pour nommer Fabius à la tête du gouvernement avec un Michel Sapin aux finances qui avait géré avec maestria l’héritage Strauss-Khanien. Quant à la sécurité, le choix de Manuel Valls à l’Intérieur (conseillé par son ami du temps du rocardisme,  Alain Bauer) laissait peu de place à une attaque en règle sur ce créneau cher à la droite. Et cela, malgré les frottements entre Valls et la très jeune Garde des Sceaux, Najat Vallaud-Belkacem, très à cheval sur les prérogatives de la Justice face à la police et ô combien attaquée et de la plus nauséabonde façon par les identitaires, faux-laïques en tête.

Le sémillant Montebourg, nommé de façon très imprévue Ministre de l’emploi et des relations sociales, avait su, à la surprise générale, après de longues négociations, aboutir à un quasi consensus sur la réforme des retraites. Face à la crise, elle avait pris des accents quasi-churchilliens, tandis que Fabius était à la manœuvre, avec Sapin. Un Sapin qui avait minimisé l’impact des attaques des agences de notation en faisant appel à l’épargne interne, sur le modèle japonais : les « bons du Trésor » étaient devenus le must des épargnants qui vidaient leurs bas de laine ! Bref, malgré la dissidence de Mélenchon qui avait joué les Chevènement sur un accord européen de discipline budgétaire, démissionnant avec fracas du Ministère de l'Apprentissage et de la Formation Professionnelle, la réélection se présentait sous les meilleurs auspices.

 

sarkozy-toulouse.jpg Quand la Présidente arriva sur les lieux du drame, son challenger y jouait déjà le rôle de Shadow-Président et elle sentit comme un climat de réprobation pour être arrivée si tard.

Valls prit immédiatement l’enquête en main, venant interférer avec une hiérarchie policière qui en voulait toujours à la présidente d’avoir privilégié le corps gendarmesque, en bonne fille de militaire qu’elle était. Policiers dont beaucoup étaient restés proches de l’ancien Ministre de l’Intérieur.

Meurtres antisémites, meurtres contre des militaires d’origine maghrébine : l’hypothèse d’un terroriste d’extrême-droite était tentante. Valls se garda d’y tomber qui évoqua en contre-point l’hypothèse salafiste. Mais quelques voix du PS, heureusement accompagnées par Bayrou, évoquèrent le discours de haine de la candidate F-Haine qu’orchestrait le candidat UMP, avide une fois encore de siphonner ses voix.

 

Vous connaissez, la suite. Les enquêteurs enfument les journalistes, avec l’aide du ministre. Un suspect est repéré. La présidente exige que ce soit le GIPN qui le capture. L’assaut du refuge du présumé terroriste se solde par sa mort et par plusieurs blessés chez les gendarmes. L’ex-commissaire Requini, surnommé bien sûr, le requin (il avait démissionné avec l’arrivée de la gauche, pour se reconvertir dans les casinos, tout en restant proche de Sarkozy), a critiqué avec sévérité ce ratage, disant que le RAID eût certainement fait mieux.

 

Mais surtout le tir de barrage se déclenche. Les titres assassins de Mougeotte barrent la une du Figaro. Pernaut, sur TF1, abandonne les reportages de terroirs pour des enquêtes dans tous les cafés du commerce de notre France profonde. FOG et Le Point, longtemps sceptiques sur la candidature de l’agité, comme l’avait surnommé FOG, cognent à bras raccourcis sur la sortante. L’Express n’est guère en reste. RTL et Europe 1, sans oublier RMC, se concurrencent sur le créneau. Le Monde, comme à son habitude – Valls ayant répliqué à une attaque de Copé – titre « Valls engage une polémique avec l’UMP ». Même Libé et le Nel Obs, jusqu’alors soutiens sans faille de Royal, s’inquiètent d’une campagne qui bascule. D’autant que le Ministre des Affaires étrangères, Jean-Pierre Jouyet, interrogé sur Europe 1 concède : « Je comprends qu'on puisse se poser la question de savoir s'il y a eu une faille ou pas. Comme je ne sais pas s'il y a eu une faille, je ne peux pas vous dire quel genre de faille mais il faut faire la clarté là-dessus. »

 

Evidemment l’UMP ne se fait pas faute de dénoncer cette faille, devenue gouffre, entre les différents services. Le « présumé coupable » comme ils disent, avait fait des séjours en Pakistan et Afghanistan, dont il avait été expulsé vers la France par la CIA. La DGSE avait donc alerté la DST qui n’avait fait qu’une note de routine aux RG ; ceux-ci, bien que connaissant l’individu pour divers petits délits, ne l’avaient soumis qu’à une surveillance distraite. La droite avait beau jeu de rappeler la décision de Sarkozy, ministre de l’intérieur, de fondre DST et RG dans un seul service, ce qui aurait permis, prétendaient-ils, une véritable surveillance.

A un article du Figaro demandant pourquoi ce djihadiste n’était pas sur écoutes, un communiqué du ministère de la Justice voulut rappeler les règles de droit qui régissent ses écoutes. La quasi-totalité des médias s’empressa d’asséner que ces fameuses règles n’avaient guère été respectées dans l’affaire Pascoup, un groupuscule identitaire, vivant dans un pseudo village Gaulois, soupçonné d’avoir saboté le chantier d’une future mosquée. Ni dans des histoires de fadettes de journalistes saisies quand des rumeurs avaient couru sur la participation de la Présidente à des « parties fines » organisées par DSK !

 

L’enquête elle-même fut passée au crible. Le premier militaire avait été tué alors qu’il était à un point de rendez-vous pour vendre une moto. L’annonce de cette vente avait été faite sur un site internet. Pourquoi avait-il fallu cinq jours pour que l’on recherche les adresses IP des personnes s'étant connectées sur l'annonce ? C’est un site proche de la gauche qui le révèle : « D'ordinaire, nous confirme une source policière, ce genre d'opérations ne prend que quelques minutes. Une autre source, proche de ceux qui répondent à ce type de réquisitions judiciaires, indique de son côté qu'elles sont traitées “en 48 heures maximum”. »

 

Non seulement, la collecte des IP avait tardé, mais il avait encore fallu plusieurs jours pour qu’on les recoupe avec la liste des suspects (d’extrême-droite ou islamistes). Quand enfin le nom de la mère de Merah qui figurait sur la liste d'adresses IP a fait tilt, car il était lié à ceux de deux de ses fils, eux-mêmes « connus des services de police », le meurtrier avait continué ses méfaits. Les explications des enquêteurs arguant que Mohamed Merah, condamné à quinze reprises par le tribunal pour enfants de Toulouse avait un “profil d'autoradicalisation salafiste atypique” ne pouvaient qu’être jugées dérisoires.

 

Faut-il ajouter que la volonté de Manuel Valls de superviser toute l’opération lui a valu une critique acerbe de sa collègue de la Justice qui a estimé que les opérations auraient dû être menées par un magistrat soit du parquet, soit du siège. Même la candidate écologiste, parti membre de la coalition gouvernementale, a ajouté : "Voir un ministre de l'Intérieur présent sur le théâtre des opérations, commentant en temps réel ce qui se passe, se faisant le haut-parleur des dires de Mohamed Merah en temps réel, c'est du jamais vu, c'est inouï".

 

Le déchaînement des lieutenants de Sarkozy a atteint, lui aussi, un degré inouï. Copé qui n’a jamais caché qu’il visait 2017 est en 1ère ligne, concurrencé par tous les féaux Hortefeux, Morano, Lefebvre, Lucca, Wauquiez, et les autres. Juppé, replié sur Bordeaux, sentant peut-être le vent tourner, sort de sa réserve et concurrence, dans l'outrance, Fillon, candidat au poste de 1er ministre si Sarko l’emporte.

 

Même les observateurs les plus modérés parlent d’un tournant dans la campagne. Bien qu’il reste encore un mois avant le 1er tour, il faudrait un miracle pour que la sortante, S. Royal, l’emporte.

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