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28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 15:39

foot nasri-benarfa-menez

Après les blacks, les beurs sont dans le collimateur des grands moralistes que sont les journalistes sportifs appuyés par les de souche, bien beaufs, de tous les zincs ! Pernaut en tête.


« Ils ont encore  souillé le maillot bleu » ne craint pas de titrer Minute. Minute qui justifie, s’il en était besoin, cette recommandation de Desproges « Au lieu de vous emmerder à lire Sartre, achetez Minute : vous aurez Les mains sales et la Nausée ! » Et même Pernaut, le chantre des concours de boudins  en province profonde, y va de son couplet : "Nos joueurs sont partis en vacances, ils doivent être fatigués, c'est vrai. Toute la semaine, on va parler des métiers de l'été, ça leur donnera peut être des idées s'ils veulent changer de métier : marchand de glaces ou loueur de matelas par exemple."


foot Samir-Nasri-Euro-2012 pics 390Qu’a donc fomenté ce Samir Nasri ? Une nouvelle grève ? A-t-il insulté le coche ? ou l’arbitre ? Que nenni ! Après avoir marqué un beau but, il a mis son doigt devant sa bouche, pour inviter au silence un journaliste de L’Equipe. Non content de cela, il aurait invité un autre journaliste, de l’AFP, à pratiquer l’hellénépiphanisation ou, si vous préférez, à se faire socratiser. Certes, par son geste puéril, il a fait oublier que l’équipe de France lui doit l’égalisation face aux britiches. Certes, ce n’est pas bien d’insulter les journalistes… quoique, quand c’est Mélenchon, on l’applaudit. Mais on voit mal en quoi, cela mériterait, excusez du peu, deux ans de suspension de l’équipe de France ?


foot Ben-ArfaBen Arfa, lui, dans le vestiaire, après la défaite peu honorable devant la Suède aurait, tel un Sarkozy en audience papale, tapoté un message sur son téléphone portable au lieu d’écouter son coche. Blanc lui ayant fait une remarque irritée, Ben Arfa lui aurait fait une réponse insolente, du style « Si t’es pas content, t’as qu’à me virer » ! Mais, une fois encore, c’est du témoignage de seconde main, car ni Blanc, ni le blanc-bec n’ont donné leur version des faits.


foot menezMénez, qui, pour avoir joué en Italie, connaît la langue de Dante, à peine entré sur le terrain, invita l’arbitre italien à pratiquer la sodomie passive. Arbitre indulgent, puisqu’il ne lui infligea qu’un carton jaune. Puis il s’alpaga avec son capitaine Lloris qui lui reprochait de ne pas prendre sa part du travail défensif (alors qu’il entrait, tout frais, en cours de partie). Mais Lloris, en bon camarde, le disculpe dans un entretien dans L’Equipe.


Faut-il parler de M’Vila qui n’est pas le premier et qui ne sera pas le dernier à sortir fâché du terrain sans saluer son remplaçant ni l’entraîneur ? Mouvement d’humeur dont il s’est excusé.


Ne pourrait-on avec Stéphane Beaud s’interroger aussi sur le comportement des journalistes sportifs ? et le rôle plus qu’ambigu que joue L’Equipe ? Que penser d’un Riolo, journaliste à RMC qui touitte, sur le geste de Nasri après son but : « La mentalité racaille domine dans ce pays… C comme ça et nulle part ailleurs ». Si le geste était débile, le commentaire l’est encore plus, puisque le journaliste confond la pelouse d’un terrain de foute avec le « pays » entier et veut ignorer, outre les frasques des hooligans anglais et maintenant russes (qui feraient passer les membres de l’ex « kop de Boulogne » pour de gentils supporters), que bien d’autres joueurs d’autres pays ont un comportement d’ados attardés. Ainsi, en Italie Cassano est pire que Nasri, si l’on en croit V. Dhorasoo. Mais surtout, pour pourrir un climat, on peut compter sur L’Equipe, qui répercute tous les bruits de ch….., pardon de vestiaires, en les grossissant, jusqu’à en faire cinq colonnes à la une ! Et, malgré donc ces informations croustillantes, qui laissent penser qu’il dispose de sources au sein de l’équipe et/ou du staff, ce journal est incapable de se livrer à une vraie enquête sur la fameuse grève d’il y a deux ans ou sur la dégradation possible du climat entre joueurs et/ou le manque d’autorité supposé de Blanc.


Et en arrière-plan, Minute le démontre, le racisme. Samir Nasri est un minot de Marseille, né donc en France, de parents Français : il est de la 3e génération. Ben Arfa est né à Clamart. Les deux sont des purs produits de nos centres de formation. Ben Arfa a même été à l’INF de Clairefontaine. Il a refusé une tentative de débauchage de Lemerre – l'ex successeur d’Aimé Jacquet ! - d’intégrer l’équipe de Tunisie. Avec Menez, justement, et Benzéma, Nasri et Ben Arfa ont fait les beaux jours des sélections jeunes. Quant à Jérémy Ménez, les « gaulois » doivent bien reconnaître qu’il est des leurs, ce natif de Longjumeau, formé à Sochaux. Aucun d’eux, sauf erreur, n’a participé au naufrage d’Afrique du Sud.  Et si leur comportement a laissé à désirer – là et là seulement on entre dans ce qui devrait être le seul objet d’éventuels ressentimenst, car c’est leur boulot de fouteux sélectionnés qu’ils auraient saboté – lors de l’échauffement, le petit Martin aurait fait pire encore en visant une caméra espagnole d’un ballon rippé !


Il ne manque plus que le commentaire du grand philosophe Alain Finkielkraut pour évoquer la division ethnique comme en 2010 où il avait oublié que le nègre du communiqué des joueurs était l’avocat de Jérémy Toulalan, souchiais, né à Nantes et formé au FC Nantes.  

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 11:38

Politique fiction rétrospective

mohamed-merah-assaut-raid.jpg

La France a peur” s’était écrié Pernaut en ouverture du journal de TF1 après le massacre qui frappait une école juive de Toulouse, massacre qui faisait suite aux meurtres de trois militaires, par un mystérieux tueur. Le Figaro titrait : « Un massacre fruit de cinq ans de laxisme socialiste ». Le candidat Sarkozy suspendait sa campagne électorale et empruntait un Falcon à l’ami Bolloré, pour précéder la Présidente sur les lieux du drame, Présidente qui, ne dérogeant pas à son engagement pris après la crise de 2008 de réduire le train de vie de l’état, avait pris un avion de ligne.

 

sego-gaullebis.jpgTout s’annonçait cependant bien pour la Présidente sortante qui avait fait sensation en l’emportant en 2007 d’une très courte tête, au grand dam d’une droite désemparée qui avait vu une fraction de l’UMP rejoindre l’UDF de Bayrou. Certes le début de quinquennat, avec un Bianco 1er ministre assez effacé, lui avait valu d’être traitée d’hyper-présidente brouillonne se mêlant de tout. Le scandale qui avait frappé son Ministre des finances et ex-rival, DSK, l’avait aussi affaiblie alors même qu’éclatait la crise.

Mais elle avait su se séparer d’un fidèle pour nommer Fabius à la tête du gouvernement avec un Michel Sapin aux finances qui avait géré avec maestria l’héritage Strauss-Khanien. Quant à la sécurité, le choix de Manuel Valls à l’Intérieur (conseillé par son ami du temps du rocardisme,  Alain Bauer) laissait peu de place à une attaque en règle sur ce créneau cher à la droite. Et cela, malgré les frottements entre Valls et la très jeune Garde des Sceaux, Najat Vallaud-Belkacem, très à cheval sur les prérogatives de la Justice face à la police et ô combien attaquée et de la plus nauséabonde façon par les identitaires, faux-laïques en tête.

Le sémillant Montebourg, nommé de façon très imprévue Ministre de l’emploi et des relations sociales, avait su, à la surprise générale, après de longues négociations, aboutir à un quasi consensus sur la réforme des retraites. Face à la crise, elle avait pris des accents quasi-churchilliens, tandis que Fabius était à la manœuvre, avec Sapin. Un Sapin qui avait minimisé l’impact des attaques des agences de notation en faisant appel à l’épargne interne, sur le modèle japonais : les « bons du Trésor » étaient devenus le must des épargnants qui vidaient leurs bas de laine ! Bref, malgré la dissidence de Mélenchon qui avait joué les Chevènement sur un accord européen de discipline budgétaire, démissionnant avec fracas du Ministère de l'Apprentissage et de la Formation Professionnelle, la réélection se présentait sous les meilleurs auspices.

 

sarkozy-toulouse.jpg Quand la Présidente arriva sur les lieux du drame, son challenger y jouait déjà le rôle de Shadow-Président et elle sentit comme un climat de réprobation pour être arrivée si tard.

Valls prit immédiatement l’enquête en main, venant interférer avec une hiérarchie policière qui en voulait toujours à la présidente d’avoir privilégié le corps gendarmesque, en bonne fille de militaire qu’elle était. Policiers dont beaucoup étaient restés proches de l’ancien Ministre de l’Intérieur.

Meurtres antisémites, meurtres contre des militaires d’origine maghrébine : l’hypothèse d’un terroriste d’extrême-droite était tentante. Valls se garda d’y tomber qui évoqua en contre-point l’hypothèse salafiste. Mais quelques voix du PS, heureusement accompagnées par Bayrou, évoquèrent le discours de haine de la candidate F-Haine qu’orchestrait le candidat UMP, avide une fois encore de siphonner ses voix.

 

Vous connaissez, la suite. Les enquêteurs enfument les journalistes, avec l’aide du ministre. Un suspect est repéré. La présidente exige que ce soit le GIPN qui le capture. L’assaut du refuge du présumé terroriste se solde par sa mort et par plusieurs blessés chez les gendarmes. L’ex-commissaire Requini, surnommé bien sûr, le requin (il avait démissionné avec l’arrivée de la gauche, pour se reconvertir dans les casinos, tout en restant proche de Sarkozy), a critiqué avec sévérité ce ratage, disant que le RAID eût certainement fait mieux.

 

Mais surtout le tir de barrage se déclenche. Les titres assassins de Mougeotte barrent la une du Figaro. Pernaut, sur TF1, abandonne les reportages de terroirs pour des enquêtes dans tous les cafés du commerce de notre France profonde. FOG et Le Point, longtemps sceptiques sur la candidature de l’agité, comme l’avait surnommé FOG, cognent à bras raccourcis sur la sortante. L’Express n’est guère en reste. RTL et Europe 1, sans oublier RMC, se concurrencent sur le créneau. Le Monde, comme à son habitude – Valls ayant répliqué à une attaque de Copé – titre « Valls engage une polémique avec l’UMP ». Même Libé et le Nel Obs, jusqu’alors soutiens sans faille de Royal, s’inquiètent d’une campagne qui bascule. D’autant que le Ministre des Affaires étrangères, Jean-Pierre Jouyet, interrogé sur Europe 1 concède : « Je comprends qu'on puisse se poser la question de savoir s'il y a eu une faille ou pas. Comme je ne sais pas s'il y a eu une faille, je ne peux pas vous dire quel genre de faille mais il faut faire la clarté là-dessus. »

 

Evidemment l’UMP ne se fait pas faute de dénoncer cette faille, devenue gouffre, entre les différents services. Le « présumé coupable » comme ils disent, avait fait des séjours en Pakistan et Afghanistan, dont il avait été expulsé vers la France par la CIA. La DGSE avait donc alerté la DST qui n’avait fait qu’une note de routine aux RG ; ceux-ci, bien que connaissant l’individu pour divers petits délits, ne l’avaient soumis qu’à une surveillance distraite. La droite avait beau jeu de rappeler la décision de Sarkozy, ministre de l’intérieur, de fondre DST et RG dans un seul service, ce qui aurait permis, prétendaient-ils, une véritable surveillance.

A un article du Figaro demandant pourquoi ce djihadiste n’était pas sur écoutes, un communiqué du ministère de la Justice voulut rappeler les règles de droit qui régissent ses écoutes. La quasi-totalité des médias s’empressa d’asséner que ces fameuses règles n’avaient guère été respectées dans l’affaire Pascoup, un groupuscule identitaire, vivant dans un pseudo village Gaulois, soupçonné d’avoir saboté le chantier d’une future mosquée. Ni dans des histoires de fadettes de journalistes saisies quand des rumeurs avaient couru sur la participation de la Présidente à des « parties fines » organisées par DSK !

 

L’enquête elle-même fut passée au crible. Le premier militaire avait été tué alors qu’il était à un point de rendez-vous pour vendre une moto. L’annonce de cette vente avait été faite sur un site internet. Pourquoi avait-il fallu cinq jours pour que l’on recherche les adresses IP des personnes s'étant connectées sur l'annonce ? C’est un site proche de la gauche qui le révèle : « D'ordinaire, nous confirme une source policière, ce genre d'opérations ne prend que quelques minutes. Une autre source, proche de ceux qui répondent à ce type de réquisitions judiciaires, indique de son côté qu'elles sont traitées “en 48 heures maximum”. »

 

Non seulement, la collecte des IP avait tardé, mais il avait encore fallu plusieurs jours pour qu’on les recoupe avec la liste des suspects (d’extrême-droite ou islamistes). Quand enfin le nom de la mère de Merah qui figurait sur la liste d'adresses IP a fait tilt, car il était lié à ceux de deux de ses fils, eux-mêmes « connus des services de police », le meurtrier avait continué ses méfaits. Les explications des enquêteurs arguant que Mohamed Merah, condamné à quinze reprises par le tribunal pour enfants de Toulouse avait un “profil d'autoradicalisation salafiste atypique” ne pouvaient qu’être jugées dérisoires.

 

Faut-il ajouter que la volonté de Manuel Valls de superviser toute l’opération lui a valu une critique acerbe de sa collègue de la Justice qui a estimé que les opérations auraient dû être menées par un magistrat soit du parquet, soit du siège. Même la candidate écologiste, parti membre de la coalition gouvernementale, a ajouté : "Voir un ministre de l'Intérieur présent sur le théâtre des opérations, commentant en temps réel ce qui se passe, se faisant le haut-parleur des dires de Mohamed Merah en temps réel, c'est du jamais vu, c'est inouï".

 

Le déchaînement des lieutenants de Sarkozy a atteint, lui aussi, un degré inouï. Copé qui n’a jamais caché qu’il visait 2017 est en 1ère ligne, concurrencé par tous les féaux Hortefeux, Morano, Lefebvre, Lucca, Wauquiez, et les autres. Juppé, replié sur Bordeaux, sentant peut-être le vent tourner, sort de sa réserve et concurrence, dans l'outrance, Fillon, candidat au poste de 1er ministre si Sarko l’emporte.

 

Même les observateurs les plus modérés parlent d’un tournant dans la campagne. Bien qu’il reste encore un mois avant le 1er tour, il faudrait un miracle pour que la sortante, S. Royal, l’emporte.

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