Ça vous a peut-être échappé, mais Madame Marie-Josée Roig, ex- Maire d’Avignon, s’est reconnue, deux ans après sa parution, dans un épisode scabreux d’un roman à clés sur la sarkozie dans les Hauts-de-Seine. Le Monarque, dans le récit, demande à une Maire d’une ville du Sud, venue quémander une subvention, de lui faire, vite fait, une petite gâterie. Se disant représentée «comme une femme légère, prête à tout, sans aucune morale», elle réclame 15 000 €.
Le 14 juin 2012, pile entre les deux tours des législatives, paraissait Le Monarque, son fils, son fief, sous la signature de Marie-Célie Guillaume, à l’époque directrice de cabinet de Patrick Devedjian, président du Conseil général des Hauts-de-Seine. Sorte de chronique de la guerre picrocholine qui s’est livrée dans les Hauts-de-Seine entre le Dauphin soutenu par le Monarque contre l’Arménien. Là les clés sont évidentes avec donc Jean Sarkozy et son papa d’un côté, Patrick Devedjian de l’autre.
La plupart des personnages sont aussi facilement reconnaissables. Ainsi des Thénardier, les époux Balkany ou Don Léonard, Charles Pasqua ou L’Humoriste Attitré, André Santini. Plus ambiguë est cette Belle-Amie désignant Rachida Dati. Un peu facile, mais bien vu est ce Gominet, pour le petit David Martinon, d’abord désigné par le Monarque pour lui succéder à Rockyville, puis descendu par le Dauphin. La Pravda pour Le Figaro de Mougeotte, ça s’imposait.
« Sous le nom de "Baronne", référence au "Baron perché" d'Italo Calvino, qui prend de la hauteur pour supporter la médiocrité du genre humain, la narratrice du livre raconte les coups de colère téléphoniques du "monarque", les complots ourdis par les élus du département pour destituer l'"Arménien". Elle restitue les accusations contre lui des "Thénardier", ses pires ennemis, qui sont aussi les meilleurs amis du "monarque". » résume la journaliste du Monde. « Au final, le lecteur retire du récit l'image d'un "monarque" despote et clanique, qui n'a de cesse d'humilier l'"Arménien", coupable à ses yeux d'avoir prétendu "nettoyer les écuries d'Augias" de sa "principauté" des Hauts-de-Seine et d'avoir torpillé la carrière politique naissante du "dauphin" Jean. » commente-t-elle.
Intitulé Rocky et le monologue du périnée, un seul chapitre est un peu croustillant. Il met en scène une Madame de P. « maire d'une ville de 150 000 habitants ceinte de magnifiques remparts classés monuments historiques, présidente d'une agglomération de 265 000 habitants », venue solliciter une subvention pour un musée de sa cité au près du monarque. Mais notre Rocky, monarque non plus des Gaules mais à la gaule, lui réclame une faveur sexuelle : «tu ne peux pas me laisser comme ça, tu vois bien que j’ai besoin de me détendre, allez c’est pas grand chose». En quelque sorte une petite pipe à Rocky, avant qu’il ne décore ! Car il doit, dans la foulée, remettre la Légion d’honneur à la dame Thénardier ! "Ce sont des choses qui existent. Dans les milieux du pouvoir, certains hommes se permettent des choses. Toutes les femmes qui sont dans cet environnement sont exposées à ces situations", expliquera l’auteure. Pas moins de trois élues ont déjà été plus ou moins identifiées à l’édile dévouée, sorte de Monica Lewinsky sur le retour d'âge.
Marie-Josée Roig, déchargée de fonctions, a dû mettre son temps libre à profit pour lire, tardivement, l’ouvrage de la Baronne, comme se désigne l’auteure du livre. Mais lors de l’audience – tout au moins dans le peu que nous dit l’AFP reprise par quelques articles – l’avocate de la plaignante ne dit pas à-en-sur quoi Mme Roig s’est reconnue dans la compréhensive Madame de P (P comme Pipe ?).
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En guise d'épilogue
Faveur sexuelle au "Monarque" Sarkozy : l'ex-maire d'Avignon perd son procès, titre RTL
Comme l'avaient fait valoir la défense et le parquet, la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a estimé que l'ex-maire n'était pas identifiable avec certitude. Elle a déclaré son action irrecevable.
L'ex-maire d'Avignon a été condamnée à verser 1.500 euros pour les frais de justice à l'éditeur Yves Derai.
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