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30 avril 2023 7 30 /04 /avril /2023 17:31

Policiers mafieux, procureur et juge menacés d’assassinat, politiciens véreux se faisant offrir des fiestas dans un bordel par un magnat local, témoin passée à tabac… on est loin de la romance de l’évêque Salinas avec l’aristocratique Sonia Valenzuela mais plutôt dans de la série noire… bien noire.

Bartolome Cursach

Bartolome Cursach

C’est « Público », journal en ligne, qui nous apprend en exclusivité que Bartolomé Cursach, hommes d’affaires et magnat des nuits majorquines, a payé plus de 150 000 euros dans de joyeuses soirées sexuelles pour des caciques locaux du Parti Popular (PP) et des policiers. Dépenses découvertes sur le carnet de la « Madame » (en Français dans le texte) du bordel où se déroulaient ces fiestas.

Un vrai polar 

En Juin 2017, à Palma de Majorque, une femme est passée à tabac à la porte de sa maison alors qu'elle sortait un sac poubelle. Deux hommes de main la jettent au sol, la battent, lui causant une grave blessure à la jambe. Avant de partir, ils lancent une menace : « Si tu ne retires pas les plaintes, nous te tuerons et tu finiras dans la poubelle ». La femme a dû être admise à l'hôpital Son Espases de Palma.

Malgré l’agression et les menaces, la victime reste ferme dans sa décision de collaborer avec la Justice. Trois mois plus tôt, elle s'était rendue au tribunal d'instruction où le juge Manuel Penalva et le procureur anti-corruption Miguel Ángel Subirán enquêtaient sur un complot policier lié au magnat majorquin de la nuit Bartolomé Cursach , en détention provisoire. à ce moment-là [du 3 mars 2017 au 28 avril 2018]. 
 

La femme a déclaré que plusieurs policiers locaux et plusieurs politiciens avaient bénéficié de services sexuels gratuits payés par Bartolomé Cursach, connu sur l'île sous le nom de Tolo Cursach. Elle avait en sa possession un carnet ayant appartenu à la madame du bordel où elle travaillait. La mère maquerelle étant décédée, elle avait récupéré le calepin en lui succédant.

 

Après cette agression brutale, elle a remis au tribunal ce calepin qui montre les paiements de Cursach pour des services sexuels offerts à plusieurs agents de la police locale et deux personnalités politiques d’importance à cette époque sur l'île.

Majorque, son univers impitoyable

Publico a pu accéder audit calepin, qui est versé dans l'affaire ouverte à la Cour supérieure de justice des îles Baléares contre le juge Penalva, le procureur Subirán et six agents du groupe anti blanchiment de la police nationale.  Les parties sexuelles facturées à Cursach dépassent les 150 000 euros. Tous les services notés n'indiquent pas le prix, il n'est donc pas risqué d'en déduire que le chiffre final peut dépasser de loin ce total.

L'authenticité du calepin, n'a pas été mise en doute ;  les enquêteurs ont mené une enquête détaillée sur ces révélations. Ils ont vérifié qu'en effet, un bordel était situé au deuxième étage d'un immeuble de la calle Lluís Martí à Palma qui fournissait des femmes prostituées pour des fêtes de Cursach.

Concernant l'identité des deux politiciens du PP et de deux commandants de la police locale qui apparaissent également,  Antonio Vera Martínez et Juan Miguel Mut García , les enquêteurs ont pu vérifier qu'il s'agissait bien d'eux. Le carnet donne des références explicites. Par exemple, "Mairie, M. Rodríguez", c'est le seul conseiller avec ce nom de famille, et son numéro de téléphone portable est également apparu.

José María Rodríguez

José María Rodríguez

Ce Rodriguez, José María Rodríguez, ancien président du PP des Baléares, purge actuellement une peine pour une affaire de corruption. Rodríguez, 75 ans, était tout dans la politique des Baléares. Durant sa présidence, le PP des Baléares a remporté quatre majorités absolues consécutives, entre 1995 et 2007. En 2016, après avoir appris qu'il faisait l'objet d'une enquête pour sa relation présumée avec l'affaire Cursach , le PP l'a expulsé du parti. L'autre bénéficiaire présumé est Álvaro Gijón , ancien secrétaire général du PP des Baléares et ancien conseiller municipal de Palma, bras droit de Rodríguez, et aujourd'hui retraité de la politique. Il a nié sa présence à ces soirées sexuelles, où l'alcool et la drogue étaient consommés.

Majorque, son univers impitoyable

Joyeux anniversaire

Le carnet, qui couvre une partie de 2014 et pratiquement toute l'année 2015, montre des épisodes croustillants. Par exemple, le 29 août 2015, pour l'anniversaire de Rodríguez, une fête a été organisée dont le coût a atteint le chiffre de 14 000 euros. "Préparez trois filles et des gâteaux". D'autres fêtes pour Rodríguez étaient plus chères : 23 000 euros et jusqu'à 36 000 euros.

Majorque, son univers impitoyable

José María Rodríguez Barberá (cousin de Rita Barberá), Álvaro Gijón, et les commissaires Antonio Vera et Juan Miguel Mut ont fait l'objet d'une enquête, avec Cursach, pour corruption abusive, c'est-à-dire corruption effectuée non pas pour obtenir un avantage immédiat mais faire en sorte que le fonctionnaire ou l'agent public qui a reçu le cadeau se sente redevable envers le donateur. 

Miracle : policiers, politiciens du PP et généreux donateur, Tolo Cursach, s’en tirent avec un non lieu dans l’affaire du bordel.

Et, entre temps, le procureur et le juge qui instruisaient le dossier ont non seulement été écartés mais mis en accusation !

À l’été 2015, deux policiers locaux font irruption dans une réunion de direction et profèrent des insultes et des menaces de mort à l’encontre du  procureur Miguel Ángel Subirán et de la juge Carmen González qui enquêtaient sur eux.

Une enquête a été ouverte sur cet irruption, mais aucun des commandants de police présents à la réunion n'a donné la même version : l'un regardait par la fenêtre et n'a rien vu ; un autre a entendu les insultes contre la juge mais pas celles adressées au procureur ; et ainsi de suite pour toutes les personnes présentes. La juge a immédiatement demandé sa mutation et sera remplacée par Manuel Penalva.  

Commence alors une longue campagne de harcèlement pour le procureur Subirán ! Accusé de pédophilie, il va devoir se défendre devant un tribunal majorquin.

Majorque, son univers impitoyable

Quant à la plainte concernant un plan présumé d'assassinat du procureur Subirán et du juge Penalva elle est restée sans réponse !

Le procureur  Subiràn (chapeau) et les juge Penalva (lunettes de soleil)

Le procureur Subiràn (chapeau) et les juge Penalva (lunettes de soleil)

Accusés acquittés, juge et procureur accusés

Et tandis que tous les accusés de l’affaire Cursach étaient tous acquittés, ce sont le juge Penalva et le procureur Subirán qui vont être jugés dans quelques mois. Ils sont accusés de révélation de secrets, de détentions illégales et d'entrave à la justice dans plusieurs pièces issues de l'enquête sur la mafia policière. Au total, le procureur anti-corruption demande 118 ans pour Penalva et 121 pour Subirán. 

Quant à Gijón et Rodríguez, s’ils ont été condamnés fermes à trois ans et demi de prison, c’est pour avoir truqué des marchés publics sur l'attribution des automates de stationnement à Palma en faveur de la société de publicité Over Marketing.

On ne pourra pas dire que la magistrature espagnole fait preuve de corporatisme, puisque c'est le procureur d'une cellule anti-corruption qui met en cause son collègue de Palma de Majorque ! Público ayant visiblement pris parti pour le juge et le procureur majorquins on se gardera de toute conclusion.... quoique !

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26 août 2015 3 26 /08 /août /2015 20:31
WOERTH : un innocent aux mains pleines

Woerth recevant une ovation au congrès fondateur des Ripoublicains, quoi de plus normal ? Car derrière les titres de la presse de droite sur Woerth « blanchi » après le procès Bettencourt et ses vibrantes déclarations sur son honneur retrouvé, il faut rappeler que « la lecture (…) du jugement (…) est cependant de nature à refroidir son enthousiasme, le tribunal n’a visiblement pas cru un mot de sa version mais n’a pas trouvé suffisamment d’éléments probants pour le condamner. » comme le souligne F. Johannès.

Faut-il rappeler qu’au tout début de l’histoire quand, de privée, elle a pris un tour politique avec l’apparition des écoutes du Maître d’hôtel, Eric Woerth prétendait ne pas connaître de Maistre, enfin à peine, une vague relation ? Mais comme le rappelait L’Humanité, dans les enregistrements clandestins, réalisés par le majordome, le gestionnaire de fortune de Maistre évoque, s’adressant à Madame Bettencourt, son « ami Éric Woerth », un homme « très sympathique » qui « en plus s’occupe de vos impôts »*.

   Quelques semaines après leurs premiers rendez-vous, le 12 mars 2007, Éric Woerth envoie, sur du papier à en-tête de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, et en tant que « trésorier », un courrier informant du « souhait » de Patrice de Maistre de se voir « décoré de la Légion d’honneur ». Une note manuscrite montre qu’il ne s’agit pas d’un courrier standard : « Ce serait bien daccéder à cette demande. Je ten reparle. » Le 15 mars 2007, Patrice de Maistre rencontre Florence Woerth, banquière spécialisée dans la gestion de patrimoine. En juillet, le gestionnaire de fortune est élevé au grade de chevalier de la Légion d’honneur. En septembre, Florence Woerth sera embauchée chez Clymène, société de gestion de la fortune de Mme Bettencourt, à un salaire nettement supérieur (140 000 euros de fixe, 60 000 euros de bonus et une voiture de fonction) à celui affiché par le cabinet chargé, au départ, du recrutement.

Atypique ? vous avez dit atypique ?

Sur cette accusation de « trafic d’influence », les juges stigmatisent tout à la fois l’embauche « totalement atypique » de Florence Woerth au service de Liliane Bettencourt et la procédure de remise de la Légion d’honneur à Patrice de Maistre. « Il est établi qu’Eric Woerth est bien à l’initiative de la demande de légion d’honneur pour Patrice de Maistre, dans des conditions totalement atypiques ». Woerth « a profité de sa qualité de trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy pour favoriser l’obtention de la légion d’honneur par Patrice de Maistre » et il est intervenu « non pas en sa qualité de député de l’Oise et en raison de la carrière de Patrice de Maistre mais bien en raison de l’attitude de ce dernier pendant la campagne ».

Mais même « s’il est certain qu’il peut exister un intérêt personnel pour Patrice de Maistre de recruter Florence Woerth », la femme du ministre, dans le but de lui « rendre service », « il n’est pas démontré l’existence d’un pacte de corruption dont la contrepartie serait l’emploi de Florence Woerth ».

Comme quoi, dans certains cas, le doute, si mince soit-il, peut profiter à l’accusé.

Concomitance n’est pas causalité

Comment a-t-on pu oser soupçonner le distingué Eric Woerth d’abus de faiblesse ?

A vrai dire personne, mais en revanche d’avoir contribué – c’est le mot – au financement illicite de la campagne électorale de Sarkozy dont il était le trésorier, si ! Mais, ouf ! la Justice dit qu’il n’en est rien.

Quoique… « Il existe donc une forte suspicion de remise d'argent des fonds Bettencourt » ont conclu les juges.

 

"Il ressort des agendas saisis qu'une rencontre est intervenue entre Eric Woerth et Patrice de Maistre le 13 septembre 2006 (…) pour présenter les maximas légaux pour le financement par un particulier d'un parti politique. Il est pour le moins étrange que Patrice de Maistre ait eu besoin de rencontrer le trésorier de l'UMP en personne pour recueillir cette information qu'il était loisible de trouver sur un site internet". Ils écrivent aussi qu' "il est constant que les deux rencontres entre Patrice de Maistre et Eric Woerth, à une période où ce dernier était très occupé par l'organisation de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, sont intervenues [à des dates] qui peuvent corroborer les déclarations de Claire Thibout**". La comptable de Liliane Bettencourt a toujours soutenu que Patrice Maistre lui avait réclamé, en 2007, 150 000 euros pour Eric Woerth, elle ne lui en avait remis que 50 000 euros dans une enveloppe kraft. L’homme de confiance de la vieille dame en avait ajouté 100 000 en lui disant, « comme quoi, c’est bien pratique d’avoir des comptes en Suisse ». "Il existe donc une forte suspicion de remise d'argent des fonds Bettencourt sans que la démonstration de la remise ne soit totalement acquise. Il importe peu que la destination finale des sommes remises ne soit pas en l'état connue. Il n'est pas démontré qu'Eric Woerth avait connaissance de l'origine illicite de cette somme ou de ces sommes." "Si la juridiction voulait retenir le délit d'abus de faiblesse, il faudrait démontrer la connaissance par Eric Woerth de la particulière vulnérabilité de Liliane Bettencourt. [Or,] il est nullement rapporté qu'il l'ait rencontrée avant janvier 2008 (…) Ainsi, il n'est pas démontré qu'Eric Woerth a eu connaissance de l'état de particulière vulnérabilité de l'intéressée".

Les juges soulignent par ailleurs qu'il n'est pas possible de retenir le délit de recel de blanchiment de fraude fiscale. La bonne qualification, si délit il y a, serait "recel de financement illicite de parti politique". Car le tribunal a « la conviction de la réalité de cette remise d’argent à Patrice de Maistre » et estime qu’« une telle opération financière est contraire au financement légal d’une campagne électorale ». Mais l’ancien ministre du budget a obtenu un non-lieu définitif en 2013 sur le financement illicite de parti politique.

"Dès lors, envisager une telle requalification n'est pas juridiquement possible".

On constate que le blanchiment relève d’un léger ravalement et qu’il y a très peu de justiciables qui, accablés d’un tel faisceau d’indices concordants, s’en seraient tirés à si bon compte. Un jugement atypique donc où la défense a pu faire valoir que concomitance(s) n’est pas synonyme de causalité et où la présomption d’innocence, faute de preuve formelle absolue, a été scrupuleusement respectée.

 

 

* Assez bien d’ailleurs, puisque Bercy ne faisait pas preuve d’un acharnement fiscal à l’encontre de l’héritière de l’Oréal. Héritière qui possédait un compte à Genève avec 12 ou 13 millions d’euros et un deuxième à Vevey avec 65 millions. Les enregistrements clandestins de l’ancien majordome de Mme Bettencourt montrent que ces deux comptes n’ont pas été déclarés au fisc et que son gestionnaire de fortune, Patrice de Maistre en aurait transféré une partie hors de Suisse en raison des pressions de la France sur la Suisse pour lever le secret bancaire. Enfin, La Tribune de Genève cite une source anonyme qui évoque un troisième compte.

 

** Claire Thibout, la comptable, qui, heureux hasard, a fait elle-même l’objet d’une mise en examen par un juge d’instruction que Sarkozy ne soupçonnera pas d’être un juge rouge !

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15 décembre 2013 7 15 /12 /décembre /2013 18:01
Schneidermann se paye Cohen, une fois de plus

Cohen plutôt que Bourdin ; Pujadas plutôt que  Pernaut : les Schneirdermanniens expliqueront : service public, redevances, nos sous ! Sauf que, Barthès Yann en particulier et Canal plus en général ; sauf que Perdriel et pas le débris Dassault… Sauf que Le Monde plutôt que Le Figaro, sauf que Le Nouvel Obs plutôt que Le Point…

 

La dernière rubrique de Schneidermann est un peu la « mère de toutes ses rubriques ».

Une tête de turc Patrick Cohen.
Une cible habituelle France Inter.

 

Un schéma de pensée – qu’on ne qualifiera pas d’unique mais qui est assez constant – les journalistes, ses confrères, sont des lâches en interne et des  pugnaces en externe où ils prennent l’étranger de haut. « France Inter sermonne la Roumanie ».

Souvenez-vous du temps lointain où Florence Cassez étaient ignominieusement incarcérée, il accusait ses collègues de se contenter de répercuter ses protestations d’innocence.  Sous-entendu : ils font preuve d’arrogance quasi néo-coloniale vis-à-vis des pays de l’est ou d’Amérique latine. Dans l’affaire Cassez, il alla jusqu’à oser sortir le point de vue d’un ex-commissaire pour justifier une pseudo décision de justice en appel. Tout cela fut balayé par la cour suprême Mexicaine elle-même, mais jamais Schneidermann ne reconnut s’être mis le doigt dans l’œil, jusqu’au coude. Même après que le metteur en scène de l’arrestation de Florence Cassez eût été convaincu d’être pourri jusqu’à la moelle.

 

« Faut vous dire que chez ces gens-là, on n’s’excuse pas, on persiste ! »

 

Donc Schneidermann persiste et signe dans la même veine.

La Roumanie vient de connaître, si l’on en croit le quotidien Romania libera : « Le jour le plus noir dans la lutte anticorruption », tandis qu’Adevarul publiait en Une une caricature peignant les élus en malfaiteurs sur les bancs de l’Assemblée, sous le titre « Banditisme d’Etat au Parlement roumain ». L’Union des juges (UNJR) a fustigé un « dérapage constitutionnel extrêmement grave » et un « défi sans précédent à l’adresse de la justice ».  En effet, en catimini, les députés roumains ont voté une série d’amendements qui leur garantissent leur immunité dans les affaires de corruption. « Le Président Traian Basescu, qui avait appelé à rejeter ce projet d’amnistie, a déploré « l’anéantissement de dix ans de travail des institutions anticorruption ». Selon le Parquet anticorruption, 28 parlementaires sont actuellement jugés ou purgent des peines de prison pour corruption. Depuis deux ans, un ancien Premier ministre et des ministres reconnus coupables de corruption ont été condamnés à de la prison ferme, du jamais vu en Roumanie. » Le courrier des balkans

 

Sur ce France Inter s’est « en grande pompe décentralisé à Bucarest (avec des subventions de l'UE) ». Notons cette grande pompe, cliché un peu usé, et surtout ces subventions européennes : "les opérations spéciales de France Inter pour les élections européennes (la délocalisation dans une capitale européenne, tous les quinze jours jusqu'en mai, d'une partie de leurs émissions, comme ce fut le cas ici à [Bucarest]) devraient (…) bénéficier d'une aide, versée par le parlement [européen], au titre de la couverture du scrutin 2014" révèle Mediapart. Pour une fois, on pourrait féliciter P. Val de chercher des financements pour la radio de service public dont il a la responsabilité. Mais la parenthèse de Schneidermann paraît plus accusatrice que flatteuse.

 

Et que fait donc P. Cohen, l’indigne, quasiment au lendemain du vote du parlement roumain, qui s’entretient avec le Premier Ministre : il l’interroge bien sûr sur ce vote qui venait d’avoir lieu. Interroge ? Mais non, sous la plume du procureur ça devient « sermonne gentiment mais fermement le Premier ministre roumain Victor Ponta. » Et voilà notre Cohen habillé pour l’hiver roumain, campé en « journaliste libre d'un Etat de droit » venu faire la leçon à un premier ministre balbutiant.

Et de quel droit, ce journaliste français vient faire la leçon (?), alors qu’en 1989, les députés Français ont voté une « fameuse amnistie parlementaire, consécutive à un scandale de financement occulte du PS » ?

Là le procédé est en quelque sorte à triple détente :

- l’amalgame entre deux événements aussi lointains dans le temps que dans les faits ;

- l’attaque rituelle contre le PS, alors qu’à l’époque, la « république des copains et des coquins » se situait plutôt du côté de la droite gaulliste (qui en a gardé quelques séquelles cf les Balkany) ;

- enfin la disqualification du journaliste : du fait d’un lointain vote (quasi un quart de siècle) du parlement français pouvant s’apparenter à celui de l’assemblée roumaine, Cohen n’est pas habilité à poser des questions au premier ministre roumain.

 

Emporté par son élan amalgameur Schneidermann se laisse aller au n’importe quoi : ainsi évoque-t-il des parlementaires fulminant contre une enquête sur le lobby du tabac, alors que ça démontre que des collègues de Cohen, du service public de la télé du coup, ont justement montré un prétendu humoriste, Santini, des plus grossiers face aux questions d’une journaliste tenace.

 

Démontrant sa totale ignorance de la corruption en Roumanie – même si ça peut arriver, il est rare qu’en France, de nos jours, il faille graisser la patte d’un fonctionnaire pour obtenir un papier indispensable – il met sur le même plan des faits plus ou moins avérés, comme le soupçon pesant sur une députée européenne dont l’activité parlementaire se réduit à déposer des amendements favorables aux intérêts des gaziers, et une corruption généralisée.

Rien d’original : trafic d’influence, trucage de marchés et détournement de fonds publics, quasi impunité de certains hommes politiques impliqués dans des "affaires", etc. Et Schneidermann pourra trouver, en France ou ailleurs, des exemples d’exactions de ce type et d’impunité (Balladur, Tibéri…). Mais pas à la même échelle.

 

L’attaque est d’autant plus gratuite que Patrick Cohen est d’une exquise urbanité, ne fait preuve d’aucune arrogance et qu’il laisse respectueusement son interlocuteur, pas balbutiant du tout, botter en touche. Il suffit de réécouter l’entretien : sur les 12 minutes, le problème du vote du parlement prend un peu plus de 20 secondes !  

Aurait-il pris ce ton respectueux « avec une parlementaire européenne [qui dissimule] ses revenus d'avocate, et [lobbyise] pour le compte d'intérêts gaziers », que son procureur l’aurait taxé de complaisance.

 

A part satisfaire une haine tenace à l’encontre de P. Cohen, complaire à ses fidèles qui voient les journalistes dans leur ensemble comme une sale corporation à la botte du capitalisme, et, bien sûr, se payer le PS en général et Bartolone en particulier, que cherche Schneidermann ?

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