ou L’aristocrate, l’évêque et le cornard
Voilà qui résonne comme un fabliau, sauf que le curé paillard est un évêque bien en chair(e) et celle qu’il trousse une fille de comte et comtesse, mariée de surcroît. Ça se passait à Palma de Majorque, mais le cornard a saisi Rome et le pauvre évêque a dû rendre sa mitre ! Quant à la belle, elle accuse l’époux cocu de harcèlement verbal.
L’évêque, Javier Salinas, ouvre le portail de son palais épiscopal, dans le centre historique de Palma, autour de minuit. Il est vêtu d’un survêtement bleu sombre. Sonia Valenzuela, sa secrétaire aux relations institutionnelles, passe le seuil de la résidence épiscopale au volant de sa discrète Nissan Patrol.
Sonia Valenzuela van Moock-Chaves est la fille du Comte de Peñalba et de la Comtesse de Albercón qui est aussi Marquise de Rivas de Jarama. Cette sévillane a épousé un Majorquin de vieile souche, Mariano de España.
Sonia Valenzuela van Moock-Chaves et Mariano España Morell renouvelèrent leurs vœux de mariage pour leurs noces d’argent. La cérémonie se devant d’être à la hauteur de leurs lignages et de leur statut social, ce fut l’évêque en personne, Javier Salinas, qui officia. Vingt-cinq ans de mariage sous le regard de dieu, trois enfants, une vie bien rangée, un réseau de relations influentes et une finca extraordinaire dans une vallée de l’île, jalonnent cette union, parfaite aux yeux de leur entourage.
L’évêque est un ami du couple.
Des photos, commandées par un détective privé, le montreraient en peignoir de bain au côté de la dame en bikini.
Les deux protestent que c’est après ce renouvellement de mariage que Salinas se serait baigné dans la piscine de la finca : la dame Valenzuela aurait préféré passer le reste de la journée à la plage mais elle comprit qu’il était difficile d’y emmener le prélat. C’était en été et, si photos il y eut, elles ont été prises par le mari ou un autre invité et elles ont été utilisées de façon délictueuse. De plus, Sonia ne porte jamais de bikini !
L’évêque était connu pour fréquenter la haute bourgeoisie et goûter aux plaisirs d’une bonne table. Il fréquentait les restaurants de renom et ne se privait pas de se jeter une bière ou du vin derrière le faux-col avec un petit digestif pour conclure. Cette désinvolture dans le comportement inquiétait le Palais épiscopal.
Sonia Valenzuela , 52 ans, est militante du Parti Popular (PP) ; elle fut directrice générale de l’éducation de Palma et est professeur d’économie à l’Université des îles Baléares. Mais surtout, elle fait partie de l’état-major épiscopal, puisqu’elle occupe une fonction de Secrétaire aux relations institutionnelles.
Certains ont peut-être la bosse des maths, mais Mariano, lui, se sent pousser des cornes.
Il engage donc un détective privé – celui qui surprend l’évêque ouvrant le portail à sa secrétaire et qui aurait commandé les photos de baignade. Et fort de ce qui sont pour lui les preuves de son infortune il envoie un dossier pas piqué des hannetons au légat du pape à Madrid. D’où la convocation de Salinas à Rome…
Salinas proteste de son innocence, de même que l’épouse. Interrogé par la COPE – une radio catholique – sur des anneaux qu’il a échangé avec la dame, l'évêque explique qu’ils marquaient leur appartenance à un groupe spirituel baptisé Caminantes (qu’on pourrait, hardiment, traduire par En marche), groupe spirituel formé de... deux personnes, elle et lui !
Je devine que les rares esprits pervers et mécréants qui lisent ces saints et purs aveux du prélat, dans leur vicieuse imagination, se figurent les exercices spirituels auxquels ils pouvaient se livrer dans le style de ceux que décrit Thèrèse philosophe.
Et les plus paillards se réfèreront plus prosaïquement aux images de prélats en épectase que diffusaient de charmantes brochures bien avant le national-catholicisme franquiste !
Le soi-disant cocu demande la séparation. Sa famille est plus affligée par le scandale qu’il a soulevé que par l’infortune qu’il affiche. La dame, soutenue par ses trois enfants majeurs, veut sa part des biens du couple. Quant au Prélat, le 8 septembre 2016, le pape François a accepté sa démission d'évêque du diocèse de Majorque et l’a nommé évêque auxiliaire de Valence.
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