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25 mars 2019 1 25 /03 /mars /2019 19:00
Serment de Vincennes et Loi Debré

Par un concours de circonstances, je me suis retrouvé, au nom de mon syndicat, à assister à une réunion d’un Carrefour départemental d’action laïque (CDAL) de la Vendée. Et un de ses animateurs a invoqué, d’un ton inspiré, le serment de Vincennes de 1960 :

  « Nous faisons le serment solennel : De manifester en toutes circonstances et en tous lieux notre irréductible opposition à cette loi contraire à l’évolution historique de la Nation ;

De lutter sans trêve et sans défaillance jusqu’à son abrogation ;

Et d’obtenir que l’effort scolaire de la République soit uniquement réservé à l’Ecole de la Nation, espoir de notre jeunesse »

Or, pour avoir écrit « L’article 89 comme la proposition de loi Carle rompt avec la Loi Debré (1959) qui ne mettait à la charge des communes que les écoles privées sous contrat d’association sur leur territoire. » j’ai été accusé de soutenir la loi Debré et de renier ce serment de Vincennes. Comme si renvoyer la droite au respect de ses propres textes valait approbation desdits textes !

Serment de Vincennes et Loi Debré

Ce serment qui avait été prononcé devant 400 000 personnes, représentant les près de 11 millions de pétitionnaires, visait à l’abrogation de la Loi Debré du 31 décembre 1959, loi qui atteindra donc les 60 ans à la fin de cette année.

Loi qui a failli, non pas être abrogée, mais en quelque sorte dépassée par le haut, par la Loi Savary visant à la création d’un grand service public unifié et laïque de l'éducation nationale. Mais, le projet de Loi, fruit de négociations ardues avec l'enseignement catholique, a été d’abord saboté par deux amendements d’André Laignel, puis coulé par les ultras d’en face qui ont mobilisé massivement, le 24 juin 1984, soutenus par toute la droite, Jacques Chaban-Delmas allant jusqu’à dénoncer « une société totalitaire dont [les manifestants] ne veulent pas. ».

Le 14 juillet 1984, Mitterrand, annonçait l’abandon du projet.

L’Histoire ne repasse pas les plats : ni Jospin, ni Allègre, ni Lang,  ni Peillon, Hamon ou Valaud-Belkacem ne remettront le SPULEN sur le tapis et encore moins n’envisageront une suppression pure et simple de la Loi Debré.

Serment de Vincennes et Loi Debré

Paradoxalement, dix ans après, la réponse laïque à la grande manif du privé contre le Loi Savary se fera pour défendre une Loi Faloux de 1850, un Faloux qui prônait une forte main-mise de l'église sur l'éducation. Double paradoxe, car au moment où la manifestation géante se met en route, le 16 janvier 1994 (1), trois jours avant le Conseil constitutionnel avait retoqué les articles les plus controversés de la proposition de loi Bourg-Broc qui abrogeait la Loi Faloux.

En revanche, l'abrogation de la Loi Debré ne fut que sous-jacente dans cette splendide démonstration de force laïque.

Serment de Vincennes et Loi Debré

Loin donc d’être rognée, la Loi Debré, on l’a vu avec la Loi Carle-Charasse, on le voit encore avec l’obligation scolaire démarrant à 3 ans qui va entraîner l’extension des financements aux maternelles privées, s’est, c'est le cas de le dire, enrichie d’apports nouveaux. Et, malheureusement, le Serment de Vincennes risque fort de rester vain.

1 Quelques images supplémentaires de la partie vendéenne de la manif du 16 janvier 1994 :

Serment de Vincennes et Loi Debré
Serment de Vincennes et Loi Debré
Serment de Vincennes et Loi Debré
Serment de Vincennes et Loi Debré
La délégation de MONTAIGU
La délégation de MONTAIGU
La délégation de MONTAIGU
La délégation de MONTAIGU

La délégation de MONTAIGU

Serment de Vincennes et Loi Debré

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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 07:33
BERGOT : LE militant syndical CFDT

Des militants, je le crains, comme il ne s'en fait plus ; un peu le genre baroudeur au grand coeur, à la vraie générosité et truculent . La grande époque du SGEN-CFDT ! P.L.

Réaction reçue par courriel qui résume bien le militant !

Jacques BERGOT est décédé le 1er juin 2015 d'un cancer. Il a choisi de donner son corps à la science car il ne voulait pas de cérémonie ni de "discours hypocrites". Il risquerait donc de ricaner s’il lisait, non pas cet hommage, mais cette évocation.  Bonne occasion de se raconter sur le dos du disparu dirait-il. Quoique… il était plus indulgent qu’il ne s’en donnait l’air.

« LE militant syndical CFDT » ai-je titré. C’est le Bergot que j’ai connu. Mais, Jacques a eu plusieurs vies. Au fil d’anecdotes, brièvement évoquées, on découvrait qu’il avait eu des vies antérieures. Un jeune homme passant un permis de conduire au Maroc en venant de Mazagan ou Mogador jusqu’à Casa, au volant de la Studebaker paternelle et l’examinateur de lui demander « Si je ne vous le donne pas, vous repartirez quand même avec ? ». Un directeur de CEG qui, au lendemain de petits congés (hiver ? printemps ?) ne réapparaissait pas et qui se retrouvait à taper le carton dans un centre de convalescence de la MGEN. Un père de famille nombreuse, avant d’en refonder une nouvelle… mais peut-être est-ce une reconstruction imaginaire.

Assemblée générale au Lycée de Vernon en 1979

Assemblée générale au Lycée de Vernon en 1979

BERGOT : LE militant syndical CFDT
BERGOT : LE militant syndical CFDT

Sûr, en tout cas, que le Jacques Bergot, du 1er cycle du lycée polyvalent de Vernon était LE militant syndical CFDT-sgen, CFDT d’abord !

 

Comment ne pas évoquer ce grand mouvement national d’auto-limitation des horaires des PEGC mené, sous son impulsion… à trois !

Petite explication : avant les années 80 du siècle dernier, les collèges comptaient dans leurs enseignants des certifiés à 18 h et des professeurs d’enseignement général de collège (PEGC) à 21 h. Les PEGC réclamaient l’alignement des horaires, mais pas 21 h pour tous, l’inverse 18 ! Et donc, sur le modèle de l’auto-limitation des effectifs*, le sgen avait lancé le mouvement d’auto-limitation des horaires. Donc, avec Jocelyne X, de semaine en semaine, nous ne faisions plus cours pendant 3h, en changeant de demi-journée pour ne pas pénaliser les mêmes classes. Un jour de salaire sucré par semaine, c’était prévu. Mais le Recteur y avait ajouté la baisse de la notation. D’où recours en tribunal administratif contre une sanction disciplinaire s’ajoutant à une sanction financière. Mais le 10 mai 1981 arrivant, Alain Savary non seulement annula la baisse de note, mais rétablit l’intégralité des salaires. Jacques le regretta presque car il eût souhaité que le recours au TA fasse jurisprudence.

C’est quasiment au lendemain de la victoire PS aux législatives qui suivirent qu’à sa demande un rendez-vous fut fixé avec Christian Join-Lambert, chargé de mission au cabinet d’Alain Savary qui suivait le dossier de la mise en place des Zones d’Education Prioritaire. Il s’y était impliqué d’entrée – car le militant syndical était aussi un militant pédagogique – et voulait faire part du point de vue des acteurs de terrain.

BERGOT : LE militant syndical CFDT

Grand moment encore que le Congrès Sgen de Forges-les-Eaux qui allait aboutir à la création du syndicat sgen de l’Eure dont il fut l’animateur. Mais là ce serait à ses trois principaux équipiers de conter l’aventure. A Forges, bien sûr, les troupes locales ne se réduisaient pas à celle de l’Eure, mais Jacques fut grandement le manager de l’équipe d’organisation. Tout en gardant une vitalité joyeuse, qui le faisait se plier de rire quand un certain Jean-Michel L., quelque peu imbibé de calva, monta à la tribune pour descendre un amendement qu’il était censé défendre !

Forges-les-eaux (cliquer pour agrandir)Forges-les-eaux (cliquer pour agrandir)Forges-les-eaux (cliquer pour agrandir)

Forges-les-eaux (cliquer pour agrandir)

Avec les membres de la 1ère équipe du syndicat de l'Eure : Marie-France, Bruno, Nicole.
Avec les membres de la 1ère équipe du syndicat de l'Eure : Marie-France, Bruno, Nicole.
Avec les membres de la 1ère équipe du syndicat de l'Eure : Marie-France, Bruno, Nicole.

Avec les membres de la 1ère équipe du syndicat de l'Eure : Marie-France, Bruno, Nicole.

Souvenir impérissable encore que ce baptême républicain du fiston qu’il avait eu avec Odette. Je ne sais plus d’ailleurs s’il a eu lieu, nous étions un peu à la bourre. Mais reste surtout en mémoire cette après-midi ensoleillée et amicale.

BERGOT : LE militant syndical CFDT
BERGOT : LE militant syndical CFDT

Après la retraite, il continuera à militer à la CFDT retraités.

 

Un hommage lui est rendu (ainsi qu'à Roger Cueiuille), ce samedi 3 octobre à 11h30, à la CFDT Haute -Normandie !

 

 

* L’école en lutte Petite collection Maspero

PROFESSION EDUCATION

Supplément retraités

Novembre 2015

Au hasard d'une recherche, photo de Jacques à "L'Arbre de l'Epte" en 1979

BERGOT : LE militant syndical CFDT
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18 décembre 2014 4 18 /12 /décembre /2014 18:07
ZEP-REP : colère et oeillères à la Nouvelle édition

La nouvelle édition (Canal +) s’est livrée à une drôle d’opération en accueillant une prof et une mère d’élève d’un collège de Clichy-la-Garenne. Non pas qu’il soit scandaleux de leur part de protester contre le déclassement de leur collège. Mais parce que, outre une séquestration du principal filmée dans des conditions humiliantes, la séquence fut totalement à charge, le présentateur en rajoutant dans les accusations contre la Ministre de l’Education Nationale.

http://www.canalplus.fr/c-infos-documentaires/c-la-nouvelle-edition/pid6850-la-nouvelle-edition.html?vid=1184952

Le collège Jean Macé a donc eu les honneurs de La nouvelle édition le mercredi 17/12/2014 pour illustrer la réforme de l’éducation prioritaire lancée par la Ministre de l’Education nationale. Sorti de la carte, on peut comprendre que ses représentantes – une prof de lettres et une mère d’élève – soient mécontentes. On peut comprendre aussi qu’elles ne soient pas toujours d’une parfaite objectivité. On comprend moins bien qu’apparemment Ali Badou n’ait pas bénéficié d’une fiche un peu plus fournie. Et que, dans son style de prédilection de l’étonnement indigné – mais comment se fait-ce qu’alors que la ministre promet plus de moyens elle vous en enlève ? demande-t-il en substance – il donne dans le Najat-bashing.

Et surtout, l’équipe de l’émission a pu regarder sans broncher une assez pénible séquence où l’on voit le principal filmé, séquestré dans son bureau, dans une position humiliante. Séquence largement attentatoire à sa dignité. Diffusée sur les réseaux sociaux. Complaisamment reprise par les chaînes d’infos en continu (BFM, I-Télé) mais filmée par les enseignants geôliers d'une nuit eux-mêmes.

 

NB La photo est tirée d'un touitte @Maceendanger, le principal est donc filmé dans une position inférieure sur un lit de fortune avec trois preneurs d'images et de son qui le dominent.

Un principal ou un proviseur, même s’il est parfois ainsi nommé affectueusement ou ironiquement par les personnels de son établissement, n’a rien à voir avec un patron d’entreprise. Il n’a évidemment aucun pouvoir de licencier qui que ce soit. Il n’a même pas de véritable autorité statutaire sur les professeurs : ce qui se passe en classe n’est, en principe, que de la compétence des inspecteurs qui ne viennent que très rarement et en avertissant une semaine avant. Il est d’ailleurs au premier chef concerné par le volume d’heures – la dotation horaire globale DHG – attribué au collège ou au lycée qu’il dirige.

Les personnels qui ont séquestré ce principal se la sont jouée cégétistes de Goodyear, mais là ce n’est ni la boîte qui va fermer ni leur emploi qu’ils risquent de perdre. Un plagiat infantile d’une pratique déjà contestable. Avec pratiquement aucun risque de poursuites que le Recteur se gardera bien d’engager.

Mais l’essentiel n’est-ce pas est que ça bouzze. Splash !

ZEP-REP : colère et oeillères à la Nouvelle édition

DONNER PLUS Á CEUX QUI ONT MOINS

 

 « Donner plus à ceux qui sont défavorisés pour rétablir l’égalité réelle » c’est le principe de base de cette éducation prioritaire lancée dès son arrivée à l’éducation nationale par Alain Savary*.

Plus de trente ans après, il reste malheureusement toujours d’actualité, puisque d’enquête PISA en enquête PISA, Le poids du déterminisme social est en France loin de diminuer se creuse. Le bilan des ZEP n’est donc pas a priori très satisfaisant. A cela, on peut rétorquer que le « plus » n’est pas suffisant et surtout que les enseignants qui y sont affectés sont pour beaucoup débutants à cause d’un fort turnover. La carte des ZEP s’est agrandie en 1989-90, sans qu’on touche aux ZEP lancées en 1982 et depuis les modifications ne se sont faites qu’à la marge (ou dans une complète dérive avec les « internats d’excellence »). D’où la décision de remettre tout à plat. Des critères objectifs, des moyens renforcés, une attractivité des postes (primes, mais surtout avancement) améliorée pour stabiliser les équipes…  

 

Premier critère donc les catégories socio-professionnelles des parents : la parente rétorque que, certes la zone de recrutement n’est pas formée que de CSP défavorisées, mais les CSP + désertent le collège public pour le privé (ou, ce qu’elle n’ose dire, les dérogations). Le second est la proportion de boursiers : là elle objecte que des familles éligibles aux bourses, faute d’information, ne remplissent pas les dossiers. Là, l’objection est fragile car il est peu probable que ce phénomène, pour autant qu’il soit significatif, ne touche pas des familles d’autres secteurs.

Copie d'écran

Copie d'écran

Mais sur le troisième critère évoqué par A. Badou, la part d’élèves entrant en 6e avec un an de retard ou plus, la prof s’est lancée dans une diatribe sur les redoublements qu’on interdisait pour raisons d’économies, allant jusqu’à oser dire « J’ai claqué la porte du conseil de classe ! » à cause de cela, démontrant sa méconnaissance totale de l’inutilité globale des redoublements et une conception des plus singulières de ses obligations professionnelles. Comme porte-parole, ses collègues ne pouvaient rêver pire.

 

Personne n’a réagi sur le plateau. Bien qu’en fait l’enseignante n’ait pas répondu sur ce critère (il ne s’agit pas des redoublements en 6e,mais avant). Et la fiche de l’animateur ne devait pas indiquer que la France, bien que battant des records de redoublements parmi les pays de l’OCDE (PISA 2009 : 39% de redoublants à 15 ans, contre 13 % en moyenne des pays concernés) est à un rang très médiocre dans ses résultats.

 

On a eu droit pour conclure, avec le ricanement approbateur d’A. Badou, à l’invitation à la Ministre de prendre ses classes une journée. Car les ministres, c’est bien connu, ne connaissent rien à la réalité du terrain. La prof nous a même appris qu’un collège de Clichy qui, lui, venait de bénéficier** du classement REP, soutenait leur action. Et pour conclure, une petite observation sournoise du présentateur sur l’habileté de la Ministre qui annonce ces décisions « à la veille de vacances ».

 

Répétons-le, il n’est pas étonnant ni scandaleux que les établissements sortis de la liste des prioritaires ne l’acceptent pas de gaieté de cœur. Il n’est cependant pas sûr que celui qui était invité ne le fût pas pour de très mauvaise raisons. Et il est sûr que le téléspectateur, peu au fait, des décisions prises pour la réussite des élèves, en auront une image négative. D’autant plus qu’elles n’ont jamais été présentées.

 

Rappelons d’abord que les établissements qui ne relèveront plus de l’éducation prioritaire bénéficient d’une clause de sauvegarde : pendant trois ans, les enseignants verront leur régime indemnitaire spécifique maintenu. La remise à plat, après plus de 30 ans, n’est a priori pas scandaleuse. D’autant qu’elle repose sur quatre critères relativement objectifs. Qu’elle apporte un plus en moyens notamment pour la concertation des équipes d’enseignants. Avec un coup de pouce aux primes et le maintien d’avantages en avancement. Et ces REP ne sont qu’un élément de nouveaux critères d’attribution des moyens non plus seulement au nombre d’élèves mais aussi en intégrant le revenu des familles et les caractéristiques des territoires. Par exemple, l’académie de Lille dont les effectifs en primaire vont baisser aurait dû perdre 20 postes, avec ces nouveaux critères elle en gagnera une centaine !

 

Toutes les revendications ne sont pas légitimes, et même si elles l’étaient, La nouvelle édition, en l’occurrence, a failli à l’honnêteté intellectuelle en ne les situant pas dans un contexte de moyens globalement accrus pour l’école. En n'instruisant qu'à charge le procès de la Ministre de l'Education Nationale.

* Alain Savary, dont le nom rime avec Ferry, fut sans doute un des plus grands ministres de l’éducation nationale de la Ve République. Mais il fut victime de la bêtise et de la lâcheté.

Chargé par Mitterrand de créer un service public laïque de l’enseignement englobant l’école privée, par la négociation, il arrivera à un compromis accepté par ses interlocuteurs de l’enseignement confessionnel. Compromis saboté par des laïcistes modèle A. Laigniel, dit le Joxe-terrier, avec le silence peu courageux de Mauroy. Résultat, triomphe des tenants les plus acharnés de l’enseignement privé. Manifestation monstre. Compromis à la poubelle.

 

** Réaction typique de l'Education nationale. Non seulement on ne voit pas les établissements nouvellement intégrés dans les REP clamer leur joie, mais selon l'inoxydable principe qu'on n'habille pas Pierre en déshabillant Paul, ils soutiennent des pauvres exclus.

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