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22 septembre 2009 2 22 /09 /septembre /2009 16:32

Cette célèbre phrase de Francis Blanche est reprise par le Sénateur Carle, à l’adresse des communes, dont des parents envoient leur progéniture dans une école privée hors commune. Ce sénateur  UMP, rédacteur d’une PROPOSITION DE LOI tendant à garantir la parité de financement entre les écoles primaires publiques et privées sous contrat d'association lorsqu'elles accueillent des élèves scolarisés hors de leur commune de résidence*, n’est pourtant qu’un épigone de son collègue Michel Charasse.


En effet, sans doute à l’issue d’un bon repas où un marc d’Auvergne accompagnait les volutes du havane, l’ultra-laïc sénateur (PS à l’époque, depuis il en a été viré pour de sombres magouilles) avait déposé un amendement de la même encre (l'article 89 de la loi du 13 août 2004 "relative aux libertés et responsabilités locales"). Les communes qui n’avaient pas d’école publique devaient participer au financement de ou des écoles publiques qui accueillai(en)t leurs enfants. Charasse eut donc la géniale idée d’étendre cette participation au bénéfice des écoles privées sous contrat. Le fait que les sénateurs de droite unanimes votèrent pour cet amendement aurait dû dissiper les vapeurs d’alcool de marc qui, à l’évidence, encombrait le cerveau du sénateur auvergnat.  Ce fut pain bénit pour le privé. Charasse eut cette explication surréaliste : c’était pour pousser les communes à créer une école publique sur place. Outre que beaucoup d’entre elles n’auraient même pas suffisamment d’enfants pour ouvrir une classe unique, celles qui s’y refusent, comme dans le bocage vendéen, ne peuvent que se réjouir de cet amendement qui les autorise à mieux favoriser encore l’école privée.


L’umpiste Carle reprend donc cette imbécillité charassienne. En y ajoutant bien sûr quelques assouplissements supplémentaires. L’un d’eux est particulièrement hypocrite. Même si la commune a la possibilité d’accueillir un enfant dans son école publique, la prise en charge d’un gosse dans le privé sera obligatoire dans la mesure où un frère ou une sœur y est déjà ! Donc, la famille paye plein pot pour le premier, mais après a droit à une participation communale. Assez vicelarde aussi est l’autorisation, pour les communes qui n’y seraient pas tenues, d’accorder volontairement cette participation à une école privée extérieure.  Sinon, s’appuyant sur une notion de parité plus que douteuse, il cadre le montant de cette participation.


L’article 89 comme la proposition de loi Carle rompt avec la Loi Debré (1959) qui ne mettait à la charge des communes que les écoles privées sous contrat d’association sur leur territoire. Les laïcs qui ont combattu l’article 89 ne peuvent que se battre contre l’adoption de la loi Carle qui l’aggrave. « La liberté d’enseignement invoquée par certains  n’implique aucunement de financement public. » (La Ligue de l’enseignement).

Mais n’oublions pas que c’est un soi-disant laïc qui a ouvert cette brèche.


* Adoptée par le Sénat, elle va être soumise à l’Assemblée nationale dans quelques jours.

 

Pour ceux qui gardent un souvenir ému de Francis Blanche, quelques extraits d'un spectacle hommage : http://cbhg.org/?p=5688

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commentaires

D
<br /> Blogs are so informative where we get lots of information on any topic. Nice job keep it up!!<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Thank you ! but, quand on a comme pseudo "dissertation", on doit pouvoir commenter en langue française. Yes, you can !<br /> <br /> <br />
L
<br /> laïc et pourquoi ne pas dire laïque? Cherchons<br /> Trop facile de rejeter "dans l'histoire ancienne", je crois surtout que c'est se donner bonne conscience à bon compte et de cautionner l'existence des deux écoles.<br /> J'ai une pensée pour SAvary, sans doute de l'histoire ancienne<br /> La mobilisation contre la loi Falloux sans doute del'histoire ancienne<br /> Supprimons la loi Debré et il n'y aura plus de loi Carle<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Bel exemple de la "pensée magique" : "supprimons la loi Debré" (bientôt 50 ans à la St Sylvestre) "et il n'y aura plus de Loi Carle"... Et si ma tante en avait, on l'appellerait...<br /> Quant à "laïc" et "laïque" : de l'art de chercher la petite bête pour en tirer des conclusions désobligeantes.<br /> Si j'n crois le dictionnaire de l'académie l'un et l'autre s'emploient indifféremment :<br /> <br /> (1)LAÏC adj. m.<br /> Autre forme de Laïque, qu'on rencontre surtout lorsque ce mot est employé substantivement.<br /> (2)LAÏQUE adj. (au masculin, on écrit quelquefois Laïc). XIIIe siècle. Emprunté du latin ecclésiastique laicus, de<br /> même sens.<br /> 1. Qui, à l'intérieur de l'Église, n'appartient ni au clergé séculier ni au clergé régulier ; qui n'est ni<br /> ecclésiastique ni religieux. Les membres laïques du conseil paroissial. Il est de condition laïque. Réduction d'un clerc, d'un prêtre à l'état laïque, son retour à cet état, soit parce que<br /> son ordination a été invalidée, soit par l'effet d'une décision pénale de l'Église, soit à sa demande (aujourd'hui, le droit canon dit Perte de l'état clérical). Costume, habit<br /> laïque. Subst. Les clercs et les laïques ou les laïcs. 2. Qui est étranger à toute confession ou doctrine religieuse. Morale laïque. Un État laïque, qui ne<br /> reconnaît aucune religion comme religion d'État. Les lois laïques de Jules Ferry, inspirées par le laïcisme. L'enseignement laïque, conforme aux principes de la laïcité.<br /> L'école laïque et, subst. (fam. et vieilli), la laïque. Subst. Un laïque, une laïque,<br /> personne qui soutient le laïcisme, la laïcité.<br /> <br /> <br />
L
<br /> Commentaire défaitiste<br /> S'en tenir là c'est cautionner la loi Debré etle financement sur fonds publics des établissements privés...<br /> On a du mal parfois à renier son itinéraire<br /> <br /> <br />
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J
<br /> De quel itinéraire s'agit-il ?<br /> La loi Debré est de l'histoire ancienne : on peut toujours se la jouer "plus laïc que moi, je meurs" en feignant de vouloir l'abolir.<br /> Maintenant, qu'on explique sur quel rapport de forces concret (et démocratique)on peut la faire disparaître (pas dans 50 ans, dans un délai proche) ?<br /> Et en attendant, la loi Carle - comme d'ailleurs l'article 89 - comment on la bloque ?<br /> <br /> <br />
L
<br /> A la lecture de ce texte on dirait que la loi de Debré était quelque chose de tout à fait normal : non la loi Carle aggrave encore la situation de la loi Debré<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Exemple typique de lecture symptomale !<br /> L'article indique clairement que la proposition de loi Carle va au delà d'une loi Debré, dont on peut discuter la "normalité", mais qu'il serait vain, quand on voit le sénateur Charasse en fait<br /> l'adouber, d'essayer de l'abolir.<br /> Déjà faire échec à cette proposition de loi -qui n'existe que grâce à Charasse - sera difficile !<br /> <br /> <br />

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