Cette célèbre phrase de Francis Blanche est reprise par le Sénateur Carle, à l’adresse
des communes, dont des parents envoient leur progéniture dans une école privée hors commune. Ce sénateur UMP, rédacteur d’une PROPOSITION DE LOI tendant à garantir la parité de financement entre les écoles primaires publiques et privées sous contrat d'association
lorsqu'elles accueillent des élèves scolarisés hors de leur commune de résidence*, n’est pourtant qu’un épigone de son collègue Michel Charasse.
En effet, sans doute à l’issue d’un bon repas où un marc d’Auvergne accompagnait les volutes du havane, l’ultra-laïc sénateur (PS à l’époque, depuis il en a été viré pour de sombres magouilles) avait déposé un amendement de la même encre (l'article 89 de la loi du 13 août 2004 "relative aux libertés et responsabilités locales"). Les communes qui n’avaient pas d’école publique devaient participer au financement de ou des écoles publiques qui accueillai(en)t leurs enfants. Charasse eut donc la géniale idée d’étendre cette participation au bénéfice des écoles privées sous contrat. Le fait que les sénateurs de droite unanimes votèrent pour cet amendement aurait dû dissiper les vapeurs d’alcool de marc qui, à l’évidence, encombrait le cerveau du sénateur auvergnat. Ce fut pain bénit pour le privé. Charasse eut cette explication surréaliste : c’était pour pousser les communes à créer une école publique sur place. Outre que beaucoup d’entre elles n’auraient même pas suffisamment d’enfants pour ouvrir une classe unique, celles qui s’y refusent, comme dans le bocage vendéen, ne peuvent que se réjouir de cet amendement qui les autorise à mieux favoriser encore l’école privée.
L’umpiste Carle reprend donc cette imbécillité charassienne. En y ajoutant bien sûr quelques assouplissements supplémentaires. L’un d’eux est particulièrement hypocrite. Même si la commune a la possibilité d’accueillir un enfant dans son école publique, la prise en charge d’un gosse dans le privé sera obligatoire dans la mesure où un frère ou une sœur y est déjà ! Donc, la famille paye plein pot pour le premier, mais après a droit à une participation communale. Assez vicelarde aussi est l’autorisation, pour les communes qui n’y seraient pas tenues, d’accorder volontairement cette participation à une école privée extérieure. Sinon, s’appuyant sur une notion de parité plus que douteuse, il cadre le montant de cette participation.
L’article 89 comme la proposition de loi Carle rompt avec la Loi Debré (1959) qui ne mettait à la charge des communes que les écoles privées sous contrat d’association sur leur territoire. Les laïcs qui ont combattu l’article 89 ne peuvent que se battre contre l’adoption de la loi Carle qui l’aggrave. « La liberté d’enseignement invoquée par certains n’implique aucunement de financement public. » (La Ligue de l’enseignement).
Mais n’oublions pas que c’est un soi-disant laïc qui a ouvert cette brèche.
* Adoptée par le Sénat, elle va être soumise à l’Assemblée nationale dans quelques jours.
Pour ceux qui gardent un souvenir ému de Francis Blanche, quelques extraits d'un
spectacle hommage : http://cbhg.org/?p=5688