Curiosa (nom masculin) : Terme de collectionneur. Un livre, une œuvre d’art ou une photographie est nommé curiosa lorsqu’il présente un caractère érotique, léger, grivois.
C'est un ancien camarade, dont les initiales PL éveilleront peut-être des souvenirs chez les ex-membres des EDEN, qui m'a signalé cette vente de CURIOSA. J'ai tiré quelques images du catalogue de la vente, catalogue que vous pourrez télécharger.
Jean-François de BOEVER, illustration des Fleurs du mal
Marie de HEREDIA, photographiée par Pierre LOUYS (sur la première elle tient leur fils, "Tigre", dont le père officiel est le mari de Marie, le poète Henri de REGNIER).
Pierre LOUYSa pris des photos plus osées de Marie...
Mes fouilles curieuses ne m’ont pas fait découvrir quel artiste se cache sous ce nom ou pseudo*. Ses dessins, comme coloriés, semblent bien illustrer un texte coquin. Un des sites les date de 1930. Peut-être s’agit-il d’un manuscrit ou tapuscrit en quelques exemplaires qui, à l’époque, circulaient sous le manteau.
Une joyeuse paillardise, c’est ce qui domine, même quand le thème devient scabreux. Ne parlons pas des jeux de pots-de-chambre. Mais, à une époque où ce n’est pas encore devenu un tabou (revoir Pierre Louÿs et Pybrac, par exemple), cette initiation de très jeunes gens et jeunes filles. C’est avec une curiosité amusée que les cousines plus ou moins troussées s’intéressent au vit dressé du tonton tandis que la tata accueillante se fait enfiler par le maître d'hôtel…
Groom, liftier, majordome et femme de chambre participent parfois aux ébats. Un maharadjah qui s’abreuve de lait de femme, est aussi de la fête. Et notre dessinateur propose un jeu de colin-maillard des plus originaux.
Quelques autres dessins lui sont attribués. Mais cette série a une évidente unité de style aussi bien dans le dessin que dans l'atmosphère : on jouit et on se réjouit !
*Le côté joyeux des dessins et leur franche paillardise est à rapprocher de ceux d'Alex ou Alexander SZEKELY
En annexe :
un petit montage sur quelques dessins d'un artiste inconnu - de moi en tout cas - de facture proche de ceux d'Izvrasaki
Suzanne Ballivet a quelque problème avec la postérité. Certains ont nié son existence, en faisant un avatar d’une autre dessinatrice et peintre, Mariette Lydis. Elle a pourtant existé la fille d’un photographe Montpelliérain, Jules Ballivet, née en 1904. Mais pour beaucoup, elle n’est connue que comme la deuxième épouse d’Albert Dubout.
Singulière promotion que celle de 1922 à l’école des Beaux-Arts de Montpellier. Dans son atelier, on trouve Renée Altier, Gabriel Couderc, Camille Decossy, Georges Dezeuze, Germaine Richier et Albert Dubout. En 1925, elle épouse Camille Decossy. Renée Altier sera la première épouse de Dubout.
Elle fait du dessin de mode et expose à l’expo coloniale, à Paris. Puis redescend à Montpellier où elle fait des décors de théâtre et du dessin anatomique. En 1941, elle divorce. Déjà elle collabore avec Albert Dubout : dessins d’humour, puis création de dessins animés, à Paris, puis à Nice. Mais elle ne l’épousera qu’en 1968.
En 1943, elle illustre son premier ouvrage: Les chansons de Bilitis de Pierre Louÿs. En 1945, Les Aventures du Roi Pausole, du même. En 1946, retour à Paris où elle réalise de nombreuses illustrations. « Daphnis et Chloé » de Longus (1946); « Thaïs » (1948) d'Anatole France ; "Le rideau levé, ou l’éducation de Laure" Mirabeau ;« Faisons un rêve » (1952) de Sacha Guitry; « L'ingénue libertine » (1947), « Claudine à l'école » (1950) de Colette; « Monsieur Nicolas ou le coeur humain dévoilé » (1956 - 1957) de Restif de la Bretonne; des oeuvres de Marcel Pagnol... A partir de la fin des années 40, collaboration avec les plus grands humoristes français : Ben, Peynet, Bellus, Dubout bien sûr… à la revue "Le Rire" et à la revue "Fou-rire"... Outre les ouvrages de Pierre Louÿs, elle illustre aussi des ouvrages érotiques, certains anonymes, comme « Initiation amoureuse » titré aussi « Prélude charnel », d’autres comme Gamiani attribué à Musset.
Avec Albert Dubout, elle va partager sa vie entre Mézy-sur-Seine et la maison familiale de Saint-Aunès proche de Palavas-les-flots dont le petit train inspirera son époux. Albert Dubout décède en 1976. Atteinte de rhumatisme articulaire, elle cesse de dessiner et de peindre. Elle meurt en 1985, à Saint-Aunès.
Mes fouilles curieuses – sans doute pas assez poussées – étaient restées impuissantes à découvrir un autoportrait ou un portrait, ou une quelconque photo* où elle pourrait apparaître. A-t-elle inspiré les dessins de son deuxième époux ?
Parmi les nombreuses illustrations d’ouvrages, celles de Gamiani sont sans doute les plus osées, il est vrai que l’ouvrage attribué à Alfred de Musset s’y prête. Mais elle illustra aussi Mirabeau, Sacher-Masoch, après les saphiques « Chansons de Bilitis » ou les gaillardes aventures du roi Pausole… et, plus sagement, comme Dubout d'ailleurs, les oeuvres de Pagnol. Bien avant Paula Meadows, avec plus de talent de mon point de vue, elle fut une pionnière de l’illustration érotique.
Ce "Noble art del billar" est en fait d'Eusebi Planas, illustrateur catalan.
* Un site en langue anglaise, aimablement signalé par un lecteur, outre trois photos de Suzanne Ballivet donne des précisions sur sa biographie.
Elle est née à Paris, mais, à part une courte période fin dans les années 1920, elle a passé la plus grande partie de sa vie à Montpellier ou dans les environs. Son père, Jules, était photographe. En 1923, elle entama ses études supérieures à l’École des Beaux Arts de Montpellier qui comptait comme une des plus prestigieuses écoles d’art en France. Parmi ces élèves, il y avait deux de ses futurs époux, Camille Descossy et Albert Dubout, ainsi que la future première femme de Dubout, René Altier, qui deviendra dessinatrice de mode.
Suzanne et Camille se marièrent en 1925 et leur fils Michel (qui deviendra écrivain de voyage et photographe) naquit en 1927. Ils quittèrent Paris où ils travaillaient, pour revenir sur Montpellier en 1931. Pendant cette période Suzanne Ballivet travailla principalement comme illustratrice de mode mais aussi comme réalisatrice de décor de théâtre. Son mari lui, peignait et enseignait à l’École des Beaux Arts. Comme l’époux s’impliquait de plus en plus dans l’enseignement, la peinture de paysages et le rêve d’une communauté rurale de peinture, Suzanne sentit croître le besoin de développer son propre talent artistique. En 1941, elle et Camille divorcèrent et suivirent chacun leur voie. Suzanne avait gardé le contact avec Albert Dubout, qui lui-aussi, s’était séparé de Renée Altier fin 1940. Leur amitié aboutit à une collaboration artistique. Dubout, déjà reconnu comme un dessinateur satirique, avait connu un énorme succès avec ses illustrations des romans de Marcel Pagnol à la fin des années 1930. Il introduisit Suzanne dans les milieux de la publication à Paris.
Suzanne et Albert ne se marièrent qu’en Mai 1968 ! Pendant plusieurs années ils partagèrent leur temps entre Mézy-sur-Seine à l’ouest de Paris et leur maison à Saint-Aunès près de Montpellier. Suzanne continua son travail d’illustratrice d’œuvres diverses jusqu’en 1973, quand l’arthrite l’empêcha de poursuivre ce travail d’illustrations au dessin précis qui était sa marque de fabrique.
Albert Dubout mourut en juin 1976. Retirée à Saint-Aunès, Suzanne Ballivet continua de dessiner et peindre pour son propre plaisir. Elle mourut le 15 juin 1985.
Traduction très approximative (et partielle) se reporter au site qui donne un très large aperçu des talents d'illustratrice de Suzanne Baillivet avec :
En supplément quelques dessins osés d'Albert Dubout
Dubout reste dans la dérision avec ses personnages mâles dominants plus que velus, mais gardant lunettes et pratiquant des jeux à faire frémir un juge d'instruction lillois.
Un précurseur de DSK ?
Deux femmes, un homme
Deux hommes, une femme
Et si t'es gay, ris donc...
Cette joyeuse scène orgiaque illustre la Justine de Sade
Le même site en langue anglaise, qui donne des indications biographiques sur Suzanne Baillivet, présente des illustrations de son 2e mari, Albert Dubout :
Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas
s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus
souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent
érotiques, des contributions aux tonalités diverses,etc. Pour les articles que je
rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les
bienvenus, mais je me donne bien sûr le droit d'y répondre.
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