La paternité du Billar español, qu’un site attribuait faussement à Suzanne Baillivet, revient à Eusebi, pour les Catalans, Eusebio pour les Castillans, Planas y Franquesa (1833-1897). Un des principaux illustrateurs espagnols de la seconde moitié du XIXe siècle.
Eusebi(o) Planas y Franquesa était destiné au Droit par tradition familiale. Mais sa vocation artistique s’imposa : il commença des études à l’école des Beaux-Arts de la Lonja et dans un atelier de gravures. Et à seize ans, en 1849, son père l'envoya à Paris où il a appris les techniques de la lithographie dans l'atelier d’Eugène Lassalle.
Une épidémie de choléra parisienne, en 1854, l’amène à revenir à Barcelone. Sa formation lui a permis de nettement améliorer l’art de la lithographie catalane qui utilisait de la pierre de médiocre qualité, avec un excès d’acide, ne donnant qu’un rendu rude et grossier. Dessinateur prolifique, mais il suivait son œuvre du dessin initial jusqu’à la parution. Lithographie, xilographie, chromographie, il a maîtrisé toutes les techniques d’impression de son époque.
Du dessin à la gravure
L’illustrateur a fait passer l’image de simple ornement à un rôle-clé dans les œuvres auxquelles il collabore. Quasi innombrables. Entre autres : Los secretos de la Inquisición en España (1855) de Joaquín María Nin ; Isabel II. Historia de la reina de España* (1859) de Manuel Angelón ; Atrás el extranjero ! (1861) et l’ Álbum de la guerra de África (1860)... Il se consacre aussi à Dumas avec El conde de Montecristo (1858) et d’autres. Il illustre El Quijote (Don Quichotte). Eusebi Planas illustra également des centaines de romans populaires : sentimentaux, d’aventures ou historiques.
La femme fut son thème de création par excellence. Il a notamment illustré des Amores célebres, recueil de légendes historiques de toutes nations. Mais surtout il a publié une Historia de una mujer (1890) : deux cents lithographies qui expriment les vices et les passions humaines, mais sans se départir des limites de la correction « fait de la grâce et l'élégance de son crayon ».
Grâce et élégance, certes, mais dépassant peut-être, pour les cagots au moins, les limites de la correction que ses œuvres sous le manteau.
Ne parlons pas de ses Academias de mujer, ses nus académiques. Mais de ses dessins plus lestes.
Et notamment de ses illustrations du Noble art du billar ou du non moins Noble art du tresillo. Inutile d’expliquer le billar fût-il español, sauf à préciser que les sous-titres bilingues (espagnol/catalan) indiquent des coups de billards.
Même chose pour ce mystérieux tresillo** : un jeu de cartes, mais avec des cartes inusitées en France. Et là aussi, Eusebi Planas sous-titre avec des phases de ce jeu.
Planas fut sans doute un des initiateurs de l’art érotique en Espagne.
* Sur Isabel II voir aussi Las borbones en pelota
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** Ce jeu de cartes a donné lieu à des éditions quelque peu coquines et certainement clandestines avec des variantes translucides, la figure leste ne pouvant se voir qu'à contre-jpur (on ne peut en attribuer la paternité à Eusebi Planes, mais ces cartes seraient dignes de figurer dans le
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Or
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