Suzanne Ballivet a quelque problème avec la postérité. Certains ont nié son existence, en faisant un avatar d’une autre dessinatrice et peintre, Mariette Lydis. Elle a pourtant existé la fille d’un photographe Montpelliérain, Jules Ballivet, née en 1904. Mais pour beaucoup, elle n’est connue que comme la deuxième épouse d’Albert Dubout.
Singulière promotion que celle de 1922 à l’école des Beaux-Arts de Montpellier. Dans son atelier, on trouve Renée Altier, Gabriel Couderc, Camille Decossy, Georges Dezeuze, Germaine Richier et Albert Dubout. En 1925, elle épouse Camille Decossy. Renée Altier sera la première épouse de Dubout.
Elle fait du dessin de mode et expose à l’expo coloniale, à Paris. Puis redescend à Montpellier où elle fait des décors de théâtre et du dessin anatomique. En 1941, elle divorce. Déjà elle collabore avec Albert Dubout : dessins d’humour, puis création de dessins animés, à Paris, puis à Nice. Mais elle ne l’épousera qu’en 1968.
En 1943, elle illustre son premier ouvrage: Les chansons de Bilitis de Pierre Louÿs. En 1945, Les Aventures du Roi Pausole, du même. En 1946, retour à Paris où elle réalise de nombreuses illustrations. « Daphnis et Chloé » de Longus (1946); « Thaïs » (1948) d'Anatole France ; "Le rideau levé, ou l’éducation de Laure" Mirabeau ;« Faisons un rêve » (1952) de Sacha Guitry; « L'ingénue libertine » (1947), « Claudine à l'école » (1950) de Colette; « Monsieur Nicolas ou le coeur humain dévoilé » (1956 - 1957) de Restif de la Bretonne; des oeuvres de Marcel Pagnol... A partir de la fin des années 40, collaboration avec les plus grands humoristes français : Ben, Peynet, Bellus, Dubout bien sûr… à la revue "Le Rire" et à la revue "Fou-rire"... Outre les ouvrages de Pierre Louÿs, elle illustre aussi des ouvrages érotiques, certains anonymes, comme « Initiation amoureuse » titré aussi « Prélude charnel », d’autres comme Gamiani attribué à Musset.
Avec Albert Dubout, elle va partager sa vie entre Mézy-sur-Seine et la maison familiale de Saint-Aunès proche de Palavas-les-flots dont le petit train inspirera son époux. Albert Dubout décède en 1976. Atteinte de rhumatisme articulaire, elle cesse de dessiner et de peindre. Elle meurt en 1985, à Saint-Aunès.
Mes fouilles curieuses – sans doute pas assez poussées – étaient restées impuissantes à découvrir un autoportrait ou un portrait, ou une quelconque photo* où elle pourrait apparaître. A-t-elle inspiré les dessins de son deuxième époux ?
Parmi les nombreuses illustrations d’ouvrages, celles de Gamiani sont sans doute les plus osées, il est vrai que l’ouvrage attribué à Alfred de Musset s’y prête. Mais elle illustra aussi Mirabeau, Sacher-Masoch, après les saphiques « Chansons de Bilitis » ou les gaillardes aventures du roi Pausole… et, plus sagement, comme Dubout d'ailleurs, les oeuvres de Pagnol. Bien avant Paula Meadows, avec plus de talent de mon point de vue, elle fut une pionnière de l’illustration érotique.
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En fond sonore Debussy "Les chansons de Bilitis" puis Sydney Bechet "Petite fleur"
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En fond sonore Enigma "Mea culpa"
En "bonus" un Billar español que le site semble attribuer - faussement à mon sens - à Suzanne Baillivet
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Ce "Noble art del billar" est en fait d'Eusebi Planas, illustrateur catalan.
* Un site en langue anglaise, aimablement signalé par un lecteur, outre trois photos de Suzanne Ballivet donne des précisions sur sa biographie.
Elle est née à Paris, mais, à part une courte période fin dans les années 1920, elle a passé la plus grande partie de sa vie à Montpellier ou dans les environs. Son père, Jules, était photographe. En 1923, elle entama ses études supérieures à l’École des Beaux Arts de Montpellier qui comptait comme une des plus prestigieuses écoles d’art en France. Parmi ces élèves, il y avait deux de ses futurs époux, Camille Descossy et Albert Dubout, ainsi que la future première femme de Dubout, René Altier, qui deviendra dessinatrice de mode.
Suzanne et Camille se marièrent en 1925 et leur fils Michel (qui deviendra écrivain de voyage et photographe) naquit en 1927. Ils quittèrent Paris où ils travaillaient, pour revenir sur Montpellier en 1931. Pendant cette période Suzanne Ballivet travailla principalement comme illustratrice de mode mais aussi comme réalisatrice de décor de théâtre. Son mari lui, peignait et enseignait à l’École des Beaux Arts. Comme l’époux s’impliquait de plus en plus dans l’enseignement, la peinture de paysages et le rêve d’une communauté rurale de peinture, Suzanne sentit croître le besoin de développer son propre talent artistique. En 1941, elle et Camille divorcèrent et suivirent chacun leur voie. Suzanne avait gardé le contact avec Albert Dubout, qui lui-aussi, s’était séparé de Renée Altier fin 1940. Leur amitié aboutit à une collaboration artistique. Dubout, déjà reconnu comme un dessinateur satirique, avait connu un énorme succès avec ses illustrations des romans de Marcel Pagnol à la fin des années 1930. Il introduisit Suzanne dans les milieux de la publication à Paris.
Suzanne et Albert ne se marièrent qu’en Mai 1968 ! Pendant plusieurs années ils partagèrent leur temps entre Mézy-sur-Seine à l’ouest de Paris et leur maison à Saint-Aunès près de Montpellier. Suzanne continua son travail d’illustratrice d’œuvres diverses jusqu’en 1973, quand l’arthrite l’empêcha de poursuivre ce travail d’illustrations au dessin précis qui était sa marque de fabrique.
Albert Dubout mourut en juin 1976. Retirée à Saint-Aunès, Suzanne Ballivet continua de dessiner et peindre pour son propre plaisir. Elle mourut le 15 juin 1985.
Traduction très approximative (et partielle) se reporter au site qui donne un très large aperçu des talents d'illustratrice de Suzanne Baillivet avec :
Les aventures du Roi Pausole
Les chansons de Bilitis
Daphnis et Chloé
Le diable au corps
Initiation amoureuse (édition 1950)
Le rideau levé, ou l’éducation de Laure
Les fleurs du mal
La Vénus aux fourrures
Monsieur Nicolas
Initiation amoureuse (édition 1994)
Contes de La Fontaine
Poésies libres
Rimbaud oeuvres complètes
En supplément quelques dessins osés d'Albert Dubout
Dubout reste dans la dérision avec ses personnages mâles dominants plus que velus, mais gardant lunettes et pratiquant des jeux à faire frémir un juge d'instruction lillois.
Cette joyeuse scène orgiaque illustre la Justine de Sade
Le même site en langue anglaise, qui donne des indications biographiques sur Suzanne Baillivet, présente des illustrations de son 2e mari, Albert Dubout :
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