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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 20:22
DELACROIX et le MAROC

La fête du trône au Maroc s’inspire toujours de ce cérémonial. Sauf que ce n’est plus à Meknès. C’était en mars 1832, quand le sultan reçoit l’ambassadeur de Louis-Philippe, le Comte de Mornay.  Le sultan Abd-er-Rahman régnait depuis dix ans.  L’ambassadeur essayait d’obtenir sa neutralité face à la conquête de l’Algérie, entamée par Charles X en 1830, mais que Louis-Philippe allait poursuivre. Ambassade apparemment couronnée de succès mais en fait un échec puisque le Maroc allait soutenir Abd-el-Kader jusqu’à la bataille d’Isly en 1844. Delacroix accompagnait de Mornay. Et allait nous donner, avec son carnet de voyage, une image du Maroc presque un siècle avant le protectorat.

«Le  tableau  reproduit  exactement  le  cérémonial  d’une  audience  à laquelle l’auteur a assisté lorsqu’il accompagnait la mission extraordinaire du roi, dans le Maroc. A la droite de l’empereur sont  deux  de  ses  ministres,  le plus  près  de  lui  est  Muchtar,  qui  était  son  favori; l’autre est l’Amyn Bias, administrateur  de  la  douane.  Le  personnage  le  plus  en  avant  et  qui  tourne  le dos  au  spectateur  est  le  Kaïd  Mohammed  Ben-Abou,  un  des  chefs  militairesles plus considérés, et dont le nom a figuré dans la dernière guerre et dans les négociations.  L’empereur,  remarquablement  mulâtre,  porte  un  chapelet  de nacre roulé autour de son bras ; il est monté sur un cheval  barbe d’une grande taille,  comme  sont  en  général  les  chevaux  de  cette  race.  A  sa  gauche  est  un page chargé d’agiter de temps en temps un morceau d’étoffe pour écarter les insectes. Le sultan seul est à cheval. Les soldats que l’on voit sous les armes au loin sont les cavaliers qui ont mis pied à terre. Ils sont rangés les uns près des autres, jamais sur deux hommes de profondeur, et, lorsqu’ils montent à cheval, ils n’ont pas d’autres manières de marcher ou de combattre, c’est-à-dire en front de bandière ou en demi-cercle, et les étendards en avant. »

DELACROIX et le MAROC

Delacroix tient un carnet de voyages où il note - par le dessin et le texte - ses impressions de voyage : là c'est, plus de deux mois après son arrivée à Tanger, sa découverte de Meknès.

DELACROIX et le MAROC
DELACROIX et le MAROC
DELACROIX et le MAROC
DELACROIX et le MAROC
DELACROIX et le MAROC

Du carnet aux esquisses dessinées puis aquarellisée on arrivera au tableau, reconstitution historique un peu sublimée !

 

Le tableau

Il représente le sultan Moulay Abderrahmane sortant de son palais de Meknès escorté de sa garde et à sa droite deux personnages clefs du Makhzen : Le caïd Ben Abbou, reconnaissable à sa barbe pointue et nez busqué, qui était à la tête de l’escorte accompagnant la mission française de Tanger à Meknès. Toute la logistique et la sécurité du voyage reposait sur ce personnage ; et Sidi Tayeb Biaz : administrateur des douanes à Tanger. A gauche du sultan, le garde en chef Mokhtar tenant le cheval gris pommelé. Au premier plan, le sultan et son cheval constituent le point focal de la composition. Le cheval, avec un regard vif, scrute les invités vêtue à la mode arabe (…). Le souverain projette son regard à l’horizon contemplant la foule. Le sultan ne donne audience qu’à cheval  c’était une règle chez Moulay Abderrahmane et chez les sultans alaouites.

La scène vécue par Delacroix en ce 22 mars 1832 était un peu différente de celle figée dans le tableau. En effet, dans la réalité historique, le sultan donna une audience à l’ambassadeur de France, le comte de Mornay, envoyé extraordinaire du roi Louis-Philippe, qui s’est présenté naturellement à la cérémonie avec une tenue européenne (redingote, chapeau etc). (…) Delacroix avait inclus cette représentation dans quelques études et esquisses mais finira à enlever la présence de la partie française de l’oeuvre finale.

Peut-être que Delacroix a jugé qu’une présence européenne allait du point de vue esthétique déranger l’ambiance pittoresque et orientaliste de ce Maroc, resté jusqu’à cette date, impénétrable et mystérieux pour la majorité des européens. Peut être aussi que Delacroix, en exécutant ce tableau en 1845, soit 13 ans après la cérémonie, ne voulait pas faire revivre à l’opinion publique française l’échec de cette mission diplomatique de 1832 puisque le sultan Moulay Abderrahmane continua à aider le soulèvement des algériens sous l’égide de l’émir Abdelkader jusqu’à ce que la France réussit à trancher la question sur le terrain avec le bombardement des villes de Tanger et Mogador et bien sûr la bataille d’Isly en 1844 et la défaite des troupes marocaines sous le commandement du fils du sultan dont la tente souveraine fut exposée avec tout le butin de guerre dans les jardins des tuileries à Paris. Toujours est-il que quelques soient les explications, il faut admettre que ce fut un trait de génie d’avoir osé éliminer la représentation de la  délégation française de la composition. En 1965, le tableau de Delacroix fut édité sous forme d’un timbre postal par la poste du Maroc pour rappeler aux générations d’alors cet épisode, qu’on semble oublier, de l’histoire franco-maghrébine.

Extraits d'UNE HISTOIRE MECONNUE D’UN TABLEAU DE DELACROIX

Professeur Jamal Hossaini-Hilali

Le COURRIER de la SIELEC*—n° 7

* Société Internationale d'Etudes des Littératures de l'Ere Coloniale.

«J’avais tant de fois désiré voir l’Orient que je le regardais de tous mes yeux  et croyant à peine  ce que  je  voyais... Il a été comble quand  j’ai  vu approcher un canot rempli de gens du pays qui nous amenaient le consul... Une vingtaine de marabouts noirs, jaunes, verts, etc., qui [s’étaient] mis à grimper  comme  des  chats  dans  tout  le  bâtiment et à se mêler à nous. [...] Je ne pouvais détacher les yeux de ces singuliers visiteurs »

En janvier 1822, La perle jette l'ancre à Tanger. Son navire était passé par Algésiras, mais pour cause de quarantaine, n'avait pas permis à Delacroix d'aller jusqu'à Gibraltar.

DELACROIX et le MAROC

« Je viens de parcourir la ville. [...] Je suis tout étourdi de tout ce que j’ai  vu.  Je  ne  veux  pas  laisser  partir  le courrier,  qui  va  tout  à  l’heure  à Gibraltar, sans te faire part de mon étonnement de toutes les choses que j’ai vues. Nous avons débarqué au  milieu du  peuple  le plus étrange. Le  pacha de la  ville  nous  a  reçus  au  milieu  de  ses  soldats.  Il  faudrait  avoir  vingt  ras  et quarante huit  heures  par  journée  pour  faire  passablement  et  donner  une  idée de tout cela. Les Juives sont admirables. Je crains qu’il soit difficile d’en faire  autre  chose  que  de  les  peindre :  ce  sont  des  perles  d’Eden.  Notre réception  a  été  des plus  brillantes  pour  le  lieu.  On  nous  a  régalés  d’une musique  militaire  des  plus  bizarres.  Je  suis  dans  ce  moment  comme  un homme qui rêve et qui voit des choses qu’il craint de lui voir échapper.»

DELACROIX et le MAROC
DELACROIX et le MAROC
DELACROIX et le MAROC

« Je dois vous avouer que nous n’avons ici ni le boulevard, ni l’Opéra, ni rien qui  y  ressemble.  [...]  La  rue  Vivienne  de  l’endroit  est  un  ramassis  de  loges comparables  à celles des  fous de  Bicêtre, dans  lesquelles sont tapis et ramassés de graves Maures en capuchons comme des chartreux, au milieu de la graisse rance et d’un beurre de six mois qu’ils débitent aux gens. Tout cela ne sent ni l’ambre ni le benjoin ; mais je ne suis pas venu ici pour le plaisir des sens et l’amour pur du beau fait passer sur bien des inconvénients.»

"Smen" ce beurre rance dont je garde un cruel souvenir quand, conduit par le père Gilbert, un bénédictin de Tioumliline, nous nous étions retrouvés dans un ksar, un vrai de vrai qui fermait ses portes la nuit, avec le chef dudit et qu'un bol de liquide jaunâtre circulait entre les invités et les hôtes où il fallait tremper son pain. Fort civilement j'y trempais le mien pour avaler un truc infâme, tout en feignant d'apprécier, tandis que le moine et l'épouse, feignant de tremper, mangeaient leur pain sec ! Ce "smen" était du beurre rance liquide.

DELACROIX et le MAROC
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DELACROIX et le MAROC
DELACROIX et le MAROC

« Les types de cette forte race s’agiteront tant que je vivrai dans ma mémoire ; c’est en eux que j’ai vraiment retrouvé la beauté antique. Je faisais mes  croquis  au  vol  et  avec  beaucoup  de difficultés,  à  cause  du  préjugé musulman contre les images. J’arrivai néanmoins à faire poser de temps en temps hommes et femmes pour quelques pièces de monnaie dans les salles du consulat français. Le modèle avait ordinairement une rare intelligence de mes moindres intentions. Mon croquis fait, il le prenait, le tournait et le retournait en  tout  sens  avec  la  curiosité  du  singe  qui  chercher  à  lire  un  papier,  et  le remettait en place, riant de pitié pour moi qui pouvaient m’attacher à de telles puérilités.  Un  de  ces  Arabes  voulut  pourtant  garder  son  portrait : c’était un jeune  homme  superbe  et  marqué  au  front  d’un  signe  bleu  que  les  pères marocains impriment  à  leur  enfant  le  plus  beau  pour  le  recommander  à  la clémence du sort. »

DELACROIX et le MAROC
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DELACROIX et le MAROC
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« Le  peuple  de  ce  pays-ci est un peuple à part à beaucoup d’égards ils sont différents des autres peuples  mahométans. Le costume  est très uniforme et  très  simple,  cependant  par  la  manière  diverse  de  l’ajuster,  il  prend  un caractère de beauté et de noblesse qui confond.»

DELACROIX et le MAROC
DELACROIX et le MAROC
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Delacroix va réaliser des aquarelles dont il, fera cadeau à de Mornay.

DELACROIX et le MAROC
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POUR COMPLETER

Carnets de voyage de Delacroix au Maroc

Maroc - Delacroix aquarelles, croquis et peintures

 

"En 1832, le casanier Delacroix accompagne l’ambassade du comte de Mornay au Maroc. La révélation d’une Antiquité vivante : « Le beau court les rues […] Les Romains et les Grecs sont là, à ma porte. » L’illumination vient avec « la précieuse influence du soleil qui donne à toute chose une vie pénétrante ». En précurseur du genre, le peintre remplit sept carnets de voyage de croquis, d’annotations, d’impressions fugaces volés avec l’instantanéité un œil photographique, animé d’un souci quasi ethnographique. Plus de mille dessins.

Ce vocabulaire nourrira près de quatre-vingts toiles d’inspiration orientale : chasses aux lions qui rugissent de tons fauves ; scènes d’intérieurs nimbées d’une bienheureuse intimité ; hommes et chevaux vrillés dans une même touche tourbillonnante. Ce surcroît de véhémence marocaine, de contrastes, Delacroix l’applique aux grands genres dans lesquels il veut triompher : la peinture de plafond et la peinture religieuse. Le Maroc lui a aussi donné le goût de peindre en plein air, de s’abandonner aux plaisirs optiques, quand le motif se dissout dans la vibration colorée. Impressions d’un soleil levant, celui de la peinture moderne."

Télérama

 

Tanger, mercredi 25 janvier 1832, 10 heures du matin. Eugène Delacroix (1798-1863) pose le pied sur le sable africain. Face à lui, accrochés aux rochers, les remparts, construits par les Portugais au XVIIe siècle.

Delacroix pénètre dans la médina par Bab el Mersa (la porte de la Marine)

L’artiste, qui accompagne une mission diplomatique française, a rendez-vous le jeudi dans la Kasbah, la place forte militaire, sur le point le plus haut, où il va être reçu par le pacha Sidi Larabi Saïdi. Il y accède par un entrelacs de ruelles tortueuses. Arrivé en haut d’un escalier, le peintre franchit sans doute l’arc de Bab el Assa (la porte du Bâton), devant lequel les délinquants subissaient la bastonnade, et arrive sur la place du Méchoir, qui évoque une cour de château fort

Delacroix tourne à gauche et disparaît dans Dar el Makhzen, le blanc palais du sultan. Le voilà au milieu des notables, dans le splendide patio entouré d’une colonnade et décoré de céramiques délicates.

Subjugué par « le sublime vivant et frappant qui court ici dans les rues », Delacroix est surtout attiré par les costumes. Burnous bleus et caftans verts donnent aux Marocains une dignité de sénateurs romains, juge-t-il.

Extraits de Quand Delacroix prit la tangente à Tanger

 

DELACROIX et le MAROC
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11 décembre 2014 4 11 /12 /décembre /2014 18:38
Majida Khattari, plasticienne

Rencontre encore au hasard du net, que cette artiste d’origine marocaine qui fait dans la photo mais aussi dans la création de vêtements qu’elle met en scène dans des défilés-performances. A travers son art c’est la condition des femmes dans le monde musulman, mais aussi le regard occidental sur ces femmes et sur l’Orient qu’elle évoque.

 

Majida Khattari est née en 1966 à Erfoud, dans le Tafilalet, berceau de la dynastie régnante des alaouites, oasis sur le Ziz fleuve qui se perd dans le Sahara. « Au collège, un professeur a repéré que je dessinais bien. Il m’a orientée vers les arts plastiques. » Etant d’une famille libérale, elle a donc pu s’inscrire à l’École des beaux-arts de Casablanca, avant de poursuivre ses études à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (Ensba) dont elle sort diplômée en 1995.

 

   ''J'habite Paris depuis 1988, j'avais vingt-deux ans quand j'ai quitté Casablanca. J'y retourne voir ma mère trois fois par an. Mais, à force de présenter mes défilés en France, en Europe, toujours dans des pays riches et démocratiques, j'ai commencé à me demander ce que je pouvais faire dans mon pays natal, pour accompagner l'ouverture politique du régime. Je me suis aperçue que je ne connaissais pas la ville ni ses habitants. J'ai vécu dans un milieu familial très protégé, symbolisé par l'appartement de ma sœur, rue d'Agadir, dont le balcon panoramique domine un centre-ville dense, architecturé. La ville coloniale et bourgeoise est blanche et bleue comme la mer le long des plages aménagées de la Corniche. La ville des pauvres, bricolée, brûlée par le soleil, est cassée, jaune comme la terre, dans le quartier de Sidi Othman comme dans le bidonville de El Hank."

Voile noir
Voile noir
Voile noir

Voile noir

Orientalisme (cliquer pour agrandir)Orientalisme (cliquer pour agrandir)
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Orientalisme (cliquer pour agrandir)

Ses photographies jouent avec les codes de l’orientalisme dont Etienne Dinet - Nasr Eddine fut un représentant, avec des artistes plus prestigieux comme Ingres, Gérôme ou Delacroix. Un Orient fantasmé, rêvé et fantaisiste, images de harems peuplés d’odalisques, atmosphères d’oisiveté hédoniste. Dans « Luxe, désordre et volupté » que présente l’Atelier 21, avec de belles reproductions, on découvre des variations sur le voilé dénudé qui auront des échos dans ses futurs défilés-performances avec le voilé-dévoilé.

Sac grenadeSac grenade

Sac grenade

Majida Khattari, plasticienneMajida Khattari, plasticienne
Voilée/dévoilée (cliquer pour agrandir)Voilée/dévoilée (cliquer pour agrandir)Voilée/dévoilée (cliquer pour agrandir)

Voilée/dévoilée (cliquer pour agrandir)

Arrivée en France en plein débat sur l’interdiction du voile dit islamique – en fait un foulard – à l’école, elle va s’emparer de ce thème :

« C’est l’actualité sur le voile islamique et la violence en Algérie qui m’ont poussée à travailler sur l’idée de culture et d’identité. J’ai cherché la forme juste permettant un dialogue entre les Occidentaux et les Orientaux » Son projet est de «sortir le voile du religieux» en montrant qu'il a une histoire culturelle et n'a pas à être pris en otage par ceux qui veulent le bannir ou l'imposer. «Je travaille sur l'apparence, le visible et l'invisible, de la même façon que les islamistes jouent sur l'apparence»

''L'idée de dessiner des robes qui figurent la situation des femmes dans l'islam contemporain m'est venue en 1995, au moment des polémiques sur le foulard islamique : fallait-il accepter dans les écoles de la République des jeunes femmes voilées ? Je présente ces robes dans des défilés conçus comme des performances. Ce ne sont pas des prototypes, et je n'ai jamais collaboré avec l'industrie de la mode. Mais je reconnais volontiers que mon travail résulte du goût que j'ai toujours eu, depuis mon adolescence à Casablanca, pour le contraste de l'apparat moderne du corps féminin avec les normes de la tradition islamique. Je suis une musulmane vivant en France, j'adhère à l'Islam, mais je tiens à dénoncer les usages répressifs de la foi et de l'ignorance (55 % d'analphabétisme au Maroc) dans tout régime théocratique.''

Défilé-performance (cliquer pour agrandir)
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Défilé-performance (cliquer pour agrandir)

Houris (cliquer pour agrandir)
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Houris (cliquer pour agrandir)

Sans doute son défile-performance le plus récent (20 mars 2014), à Francfort, que celui des Houris. Dans le cadre d’une exposition réunissant des artistes africains, intitulé « La divine comédie, ciel, enfer et purgatoire » que Majida Khattari, avec 72 jeunes femmes, sélectionnées localement après un casting réalisé plusieurs semaines avant, a présenté cette performance. Khattari interprète donc la promesse faite aux martyrs de bénéficier dans l’au-delà de 72 houris, jeunes pucelles. La grille de la burka est ici représenté par un masque et les jeunes vierges sont à peine vêtues de blancs atours, voire dénudées…

Le reportage porte sur toute l'exposition : Houris apparaît à 1'23"

Majida Khattari, plasticienne
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27 décembre 2011 2 27 /12 /décembre /2011 16:36

00 Lehnert-Landrock

 

Ernst Lanrock fut un peu le Pierre Bergé de Rudolf Lehnert, en tout cas l’homme d’affaires qui fit fructifier l’œuvre de l’artiste, en Tunisie, puis en Egypte. Comparaison osée ? Outre que l’amitié qui les liait, toute platonique semble-t-il, s’est brisée au bout de 27 ans, Lehnert, s’il fut un photographe reconnu, n’eut pas la célébrité du couturier. Mais l’attrait du Maghreb se fit aussi sentir chez Saint-Laurent-Bergé : les cendres d'Y. Saint-Laurent ont été déposées dans les Jardins de Majorelle à Marrakech. Si Lehnert retrouve, plus d’un demi-siècle après sa mort, une certaine popularité dans le monde photographique, son œuvre – comme celles dites orientalistes – fait l’objet de controverses.

 

20- L&L A côté des peintres qui, comme Matisse et surtout Etienne Dinet ont participé peu ou prou à l’orientalisme, des photographes européens nombreux ont œuvré dans les pays du Maghreb. Rudolf Lehnert fut de ceux-là qui commença sa carrière photographique à Tunis, la poursuivit en Egypte, avant de revenir en Tunisie. Son nom est le plus souvent associé à celui de Ernst Landrock, le gestionnaire de l’entreprise tunisienne, puis égyptienne.

 

Lehnert, Autrichien, né en 1878, a appris la photographie à Vienne. Son futur associé était né la même année en Saxe. Quand ils se rencontrent et se lient d’amitié en Suisse, en 1903, Lehnert revenait d’un périple qui l’avait mené à travers l’Europe, puis de Palerme en Tunisie, une Tunisie sous protectorat Français depuis 12 ans. Les deux nouveaux amis décidèrent de lancer une entreprise de photographie d’art à Tunis.

 

47- L&L  Débuts modestes, au centre de la médina, dans une maison arabe. Mais la réputation de Lehnert fut vite établie. Et en 1907, ils s’installent, non loin de collègues d’installations plus anciennes, comme Soler et Garrigues, là, lui, depuis 1860, Avenue de France (au 17 d’abord, puis au 9, racheté à Garrigues qui s’est réinstallé un peu plus loin). « Après le succès international remporté par les tirages de luxe, les héliogravures et les cartes postales, succès dû au savoir-faire de l’artiste et au savoir-vendre du gestionnaire, l’histoire s’arrêta brutalement en 1914 avec l’arrestation des deux hommes pour espionnage et le séquestre sur leurs biens en tant que ressortissants germaniques. » (Michel Megnin)

 

Après un séjour européen, où chacun fonde une familles, les associés rebondissent en Egypte en 1924. Mais leurs destins vont se séparer. Landrock, très germanophile récupéra l’entreprise égyptienne (et le fonds de l’œuvre de son ex- ami) ; le francophile Lihnert, dont l’épouse était alsacienne, repartit en Tunisie où il s’installa à Sidi Bou Saïd en 1930. Il obtiendra la nationalité française en 1931. Mort en 1948, il est enterré avec sa femme à Carthage.

 

789 LA PORI RE AU D SERT Son œuvre a été diffusée en tirages au bromure, en héliogravures sépia, en chromolithographies et en innombrables cartes postales noir et blanc et colorisées. On retrouve aussi les photos de Lehnert dans de multiples ouvrages.

 

02- L&L Il produit bien sûr des images de Tunis et de la Tunisie, puis de l’Egypte, avec ses hauts lieux touristiques, de Jérusalem. La plupart des « tableaux vivants » sont mis en scène. On y note, cependant, un sens certain de la composition. Lehnert excelle dans les portraits. Mais, la partie la plus controversée de son œuvre est constituée de ses nus. Nus féminins et masculins. Beaucoup se sont vendus sans censure comme nus académiques. Les odalisques y sont représentées, proches de tableaux orientalistes qu’ils Jeune arabe,ont peut-être inspirés. Ils sont soumis à une double critique. D’abord, à travers l’accusation de colonialisme, la question du nu en pays d’Islam sur laquelle se greffe celle du « consentement éclairé des modèles » (Le courrier de l’Atlas, n° 25, avril 2009*). Ensuite la focalisation sur les affaires de pédophilie a mis en procès des photos d’éphèbes nus qui devaient, s’il les a connues, réjouir l’immoraliste Gide.

 

Ce procès double tombe sous le coup de l’anachronisme. Sûr que l’œuvre de Lehnert était imprégnée de l’idéologie colonialiste de l’époque. Cela n’enlève rien aux qualités esthétiques de beaucoup de ces clichés.  Clichés qui obéissaient aussi à des motifs commerciaux : les cartes postales avaient pour clientèle les colons, les troupes et les quelques touristes en Tunisie. M. Meignin a montré que les modèles étaient souvent des (semi)professionnel-le-s posant aussi pour des peintres. Si Lehnert a envisagé de faire un ouvrage de nus masculins, ceux qui plus tard feront un ouvrage ne présentent pas de tirages sulfureux.

 

Nu-contrejour Tunis    Hamideddine Bouali, répondant au dossier à charge de Courrier de l’Atlas - «Orientalisme, art, histoire ou scandale ?** » - répond : « Art : sûrement puisque les œuvres de Lehnert ne sont pas dénuées d’un certain souffle artistique. Histoire : forcément car elles ne peuvent se lire qu’à la lumière de la colonisation des sujets photographiés et la biographie du photographe. Scandale ? inévitablement comme pour toute œuvre qui transgresse. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

* Un entretien, non publié, d’H. Bouali avec une journaliste, Y. Ouazzani, du Courrier de l’Atlas porte sur ce thème.

 

Courrier-de-latlas

 

** Le vrai titre est « Art, histoire et indécence »

 

 

C6549 SIESTE

A voir un petit montage d'oeuvres arbitrairement choisies (cliquer sur l'image)

 

 

 

Pour compléter :

http://www.imagesetmemoires.com/doc/Articles/Lehnert.pdf

http://www.photos-site.com/s.htm

et surtout http://michel.megnin.free.fr/ où vous trouverez une impressionnante quantité d’œuvres de Rudolf Lehnert.

 

Garrigues01

Photo Garrigues

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